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8. Jun (2/3)

*

Un quart d'heure plus tard, Kitashi arrêtait la voiture devant l'entrée du sanctuaire Matsunoo-taisha.

Quittant le silence pesant qui régnait dans l'habitacle, Jun sortit pour ouvrir la portière arrière, où Itou boudait, la tête dans les épaules et les bras croisés contre sa poitrine. Quand Jun saisit la poignée, Itou s'en empara de son côté comme une lionne pour lui opposer tout mouvement.

« Itou, s'il te plait. Ne rends pas les choses plus difficiles. »

Ses petits yeux humides à travers la vitre lui fendirent le cœur.

« Laissez-moi une autre chance ! Je peux encore vous aider, je vous le jure ! S'il vous plaît ! »

L'agitation attira l'attention d'un prêtre qui marchait le long du torii en béton.

« Itou ? s'étonna-t-il alors que le bois de ses getas claquait sur le chemin. Que se passe-t-il ? »

Alors que Jun, qui faisait à présent face au shintoïste tout de blanc vêtu, s'apprêtait à lui demander de ne pas intervenir, fut interrompu par Kitashi qui sortait à son tour de la voiture. Le prêtre ouvrit grands les yeux avant de se reconstituer un masque impassible.

« Inspecteur Minobe. »

Kitashi se contenta de hocher la tête.

« C'est qui ? » demanda Jun à son collègue avec une animosité qu'il ne se donna même pas la peine de dissimuler.

L'inspecteur et l'officiant se jugèrent un moment du regard. Sans le quitter des yeux, il répondit à Jun d'une voix calme et claire.

« Monsieur est le prêtre qui m'a arrangé un rendez-vous avec la guji. »

Le prêtre souffla bruyamment dans le dos de Jun, certainement irrité qu'on parle de lui sans le consulter.

« Je suis le bras droit de la grande prêtresse. Koraī Katō. Ce que vous faites ici ne me regarde pas, inspecteurs. En revanche, ce qu'Itou fait dans votre voiture, oui.

— Pourquoi ? Vous êtes sa mère ?

— Jun. Ça suffit. »

Cette fois, Jun planta ses yeux droits dans ceux du kannashi. Ce dernier vacilla une seconde, puis fronça les sourcils. L'inspecteur fut obligé de rompre le contact, mais ce qu'il avait remarqué dans le regard du prêtre ne lui avait pas plu.

« Et vous êtes ? »

Jun serra les dents. Il ne manquait plus que ça. Il ne voulait pas qu'il lui donne son adresse aussi ? Histoire qu'un exorciste vienne le tuer dans son sommeil.

L'inspecteur se renferma sur lui-même, agressif, mais surtout, prêt à déballer un beau gros mensonge pour protéger son intégrité humaine. Son corps était tellement sur le qui-vive qu'il bondit de côté lorsque la portière de la voiture s'ouvrit. Itou en sortit, les yeux rouges et le visage fermé.

« C'est ma faute, Katō. J'ai essayé de suivre les inspecteurs parce que je voulais les aider, mais je me suis perdue. Ils m'ont trouvée et m'ont raccompagnée jusqu'ici. »

Sous la mine ébahie de Jun, la jeune fille traîna des pieds jusqu'au torii à l'entrée du sanctuaire.

Il voulut lui attraper le bras, mais retint son geste juste à temps. Elle leur offrait une porte de sortie en or massif. Il ne pouvait pas la faire exploser avec un lot de C4, même si l'envie d'agir lui brûlait les paumes, sans parler du feu qui coulait dans ses veines.

Cette gamine, si frêle et ingénue, était d'un instinct redoutable et d'une gentillesse infinie. Tout ce qu'il lui manquait, c'était de la confiance en elle. En voulant la protéger, ils venaient de lui asséner un coup dévastateur à l'égo.

Malheureusement, Jun ne voyait pas d'autre solution pour la sortir des ennuis dans lesquels ils l'avaient entraînée.

Ils étaient dans la merde jusqu'aux genoux. Trop loin pour reculer sans empester les problèmes, pas assez pour ne pas avoir le choix de faire demi-tour. En l'occurrence, ils auraient dû la saisir chacun par une épaule pour la sortir du bourbier et la ramener sur la rive. Jun n'avait pas le temps de regretter leur décision qu'Itou disparaissait dans l'allée toujours dépourvue de fidèles.

« Vous devriez garder un œil sur elle. »

Katō Koraī acquiesça, les avant-bras croisés dans ses longues manches immaculées.

« Comptez sur moi. Vous savez, ajouta-t-il alors qu'il s'apprêtait à tourner les talons, Itou est une jeune fille intelligente, mais trop innocente. Sachez qu'elle n'avait que de bonnes intentions en tête lorsqu'elle vous a suivis. »

Jun serra les poings à s'en faire blanchir les articulations. Heureusement que Kitashi, dont le cœur de pierre avait parfois ses avantages, répondit, car il n'aurait pas pu articuler un seul mot sans se mettre à courir derrière l'adolescente pour lui demander de repartir avec eux.

« Nous n'en doutons pas. Il n'en reste pas moins qu'une enquête de police est en cours. Notre priorité est sa sécurité.

— Je m'en porte garant. »

Les deux inspecteurs claquèrent les portières du SUV et Kitashi démarra le moteur. Jun regarda dans le rétroviseur le prêtre les suivre des yeux jusqu'à ce qu'ils tournent dans le lotissement.

Les haies taillées et les petites maisons identiques et tranquilles se succédaient sous le soleil couchant. Des maisons qui accueilleraient très certainement des familles à la tombée de la nuit. Avec des parents qui rentreraient du travail et des enfants qui termineraient l'école. Ils se retrouveraient tous autour d'un repas pour parler de leur journée. Jun aurait aimé vivre des moments comme cela. Vivre avec des personnes qui vous connaissent par cœur devait être agréable.

Itou, même s'ils ne se connaissaient que depuis peu de temps, avait en sa possession le plus grand secret de la vie de Jun. En scrutant le profil affirmé de Kitashi, il réalisa qu'il était celui qui le connaissait le mieux sur Terre. À eux deux, ils formaient ce qui se rapprochait le plus du concept de proches. Mais voilà, ainsi allait la vie, les êtres à qui on ouvrait son cœur partaient les uns après les autres. Toujours.

En ce moment même, Jun se demanda quand il allait perdre l'homme qui se tenait à ses côtés. Cette pensée le plongea dans un spleen qu'il tentait le plus possible de fuir. Comme un dernier recours, il sortit son téléphone et ouvrit l'application de son réseau social préféré. Alors qu'ils traversaient le pont qui enjambait la rivière Katsura, il photographia le ciel embrasé par le soleil crépusculaire, appuya sur le bouton d'ajout en haut de l'écran et attendit que le réseau internet daigne poster son œuvre.

Il soupira. La perspective de se retrouver seul dans son appartement lui apparut alors comme le coup de grâce pour sa santé mentale.

« Tu dois t'occuper de ton fils demain ?

— Non. Pourquoi tu demandes ça ? » répondit Kitashi qui, concentré sur la route, jeta un coup d'œil dans le rétroviseur à sa gauche.

Jun sauta sur l'occasion comme il bondit sur son siège. Il se contorsionna en direction de Kitashi. Ce dernier ne quittait pas la route des yeux.

« Je pense qu'on devrait se poser et faire un débriefing de tout ce qu'il s'est passé jusqu'à maintenant. » Kitashi hocha la tête. « Mais on doit aussi avoir les idées claires, c'est pourquoi il faut qu'on trouve un endroit pour se détendre. » Là, il parut plus sceptique. « Je te propose une nuit dans un Ryokan. »

Kitashi grimaça franchement.

« Allez, c'est vendu. Je nous trouve ça, déclara Jun.

— On n'a pas d'affaires, s'empressa de déclarer Kitashi alors que Jun ouvrait déjà une page internet sur son smartphone pour chercher un établissement avec des avis favorables.

— Pas grave. Ils te fournissent toujours des yukatas dans les auberges traditionnelles. On pourra laver nos vêtements. Ah ! Voilà. Celui-ci est super bien noté. »

Jun relia l'appareil au tableau de bord de la voiture à l'aide d'un câble. La voix robotique du GPS leur indiqua de faire demi-tour au prochain rond-point. Kitashi actionna son clignotant avec un soupir. Il ne servait à rien de lutter quand Jun avait une idée en tête, et Kitashi était bien la personne qui connaissait son coéquipier le mieux au monde.

Ils roulèrent vers le Nord en silence jusqu'au plan d'eau à la sortie de la ville. Le soleil paressait à se coucher, ce qui leur offrit un panorama des plus agréables lorsque l'enrobé lisse de la route devint plus cahoteux à mesure que les bâtiments laissaient place à la forêt.

Après une succession de quelques villages entrecoupés de verdure à la lumière des phares, la commune d'Umegahata Nakajimacho les accueillit avec ses courbes tout en virages et ses toits à pignons tantôt urbains, tantôt traditionnels.

« Rivière Kyotaki », lut Jun sur le panneau que la voiture éclaira un court instant. Ils étaient à présent au couvert de grands chênes et le bord de la route, étroite, était recouvert d'humus. « Tu prendras le pont dans deux-cents mètres. »

Le véhicule suivit les indications grâce à la conduite souple de Kitashi. Ils se garèrent devant l'hôtel qui se trouvait juste devant la rivière qu'on ne pouvait, à cause de l'obscurité, que deviner. L'eau qui butait contre les pierres émettait des clapotis rassurants. Jun s'arrêta un instant, debout et appuyé contre la portière, pour écouter. L'air était rempli d'humidité, mais il lui suffisait de faire chauffer ses paumes pour l'empêcher de souffrir du froid.

« Tu viens ? »

Kitashi l'attendait devant les portes en verre de l'entrée.

L'éclairage tamisé qui s'échappait de l'intérieur dessinait des ombres délicates sur ses traits durs et tirés. Il avait toujours eu le visage fatigué, la faute à son amour pour le devoir et le perfectionnisme, mais là, c'était différent. C'était le doute qui creusait les rides sur son front, la peur qui assombrissait ses pupilles.

Kitashi n'avait pas souvent peur. Il rationalisait, analysait, trouvait une solution. Jun apportait son point de vue, des conseils, le pressait de passer à l'action. En ce moment, il voulait simplement arrêter le temps, rien qu'un soir. Sûrement parce qu'il savait que l'immense mare de merde que représentait cette affaire menaçait de les engloutir. Des yōkais étaient impliqués, des créatures comme lui. Dangereuses, à ce qu'ils avaient pu constater tout à l'heure, mais surtout, inconnues.

Il claqua la portière. Kitashi grimaça. Jun sourit.

« J'arrive. »

Ce que Jun préférait dans les ryokans, c'était que le calme y régnait en permanence. Bien sûr, il aimait les environnements bruyants et bondés, comme le Kyoto «A»'s Bar. L'ambiance de rue, de la nuit, était son royaume, alors même qu'il n'était encore qu'un animal. Mais la campagne japonaise avait le don de lui apporter un sommeil réparateur et un esprit serein. À voir si le miracle se répèterait, même avec la tornade de tourments et de questions qui s'entrechoquaient douloureusement dans sa caboche.

La chambre n'était que tatamis et panneaux de riz, plafond bas et zafu. Un service à thé trônait au centre du kotatsu bleu marine, dont le chauffage offrait une température idéale. Les futons étaient soigneusement rangés dans le placard, prêts à être étalés sur le sol et à accueillir son dormeur. La pièce possédait même, en plus d'une minuscule salle de bains rudimentaire, un balcon.

Jun, déchaussé à l'entrée, coulissa le battant. Les bruits de la rivière emplirent à nouveau ses oreilles.

« Pas mal, commenta Kitashi en déposant ses clés et sa veste sur la table. Tu veux prendre ta douche en premier ? »

Jun leva les yeux au ciel.

« On est dans un Ryokan. La douche, c'est pour les touristes occidentaux, mon pauvre ami. Direction les bains. Non ! s'exclama-t-il alors que Kitashi ouvrait la bouche, pour répliquer, il en aurait mis l'une de ces pattes à couper. Tais-toi. On enfile les yukatas, on pique une tête et on débriefe dans le onsen. »

Sans lui laisser le temps de faire un geste, Jun s'empara de la tenue traditionnelle dans le placard, au-dessus des lits, et sortit de la chambre.



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