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3. Itou (1/3)

Dans son t-shirt de pyjama XXL Sailor Moon et ses chaussettes de sport qui lui montaient jusqu'aux mollets, Itou glissa sur le carrelage de sa chambre. Avec un jeu de jambes qui n'était pas sans rappeler des pas de danse, elle se déchaînait sur un tube des années quatre-vingt. Ses lèvres remuaient en play-back, la voix de la chanteuse à plein volume dans ses écouteurs sans fil. Le seul spectateur de son show se résumait à l'idole au regard ténébreux sur le poster géant de sa porte. Au refrain, l'air l'entraîna vers des expérimentations corporelles qui manquaient de cohérence et de style, mais elle s'en fichait. Le but de l'exercice était d'oublier le monde autour d'elle, surtout ses parents dont les éclats de voix résonnaient dans tout l'appartement. Aoi avait lâchement filé avec Tobio, son petit-ami lorsque la tempête avait éclaté pour de bon, avant qu'Itou ne rentre des courses. Lorsqu'elle avait passé la porte, la cuisine et le salon s'étaient transformés en No-Mans-Land. Ses achats négligemment posés sur la table à manger, elle avait rejoint les murs rassurants de sa chambre à quatre pattes. Personne ne l'avait vue, ils étaient bien trop occupés à s'envoyer les pires insultes à la figure. Inutile d'essayer de temporiser les choses, leurs disputes ne demandaient qu'une infime étincelle — vaisselle dans l'évier, un mot plus haut que l'autre — pour que le tout n'explose.

Au début, Itou était bien décidée à faire ses devoirs. Elle avait un peu d'avance, surtout que sa scolarité à domicile laissait la part belle à la liberté d'organisation. C'était la faute à l'application musicale de son smartphone et à sa playlist aléatoire. Les notes bien connues avaient titillé son cerveau, les basses s'étaient réverbérées dans son corps, ses hanches s'étaient balancées toutes seules sur la chaise de bureau. À présent, la tête lui tournait à force de la lancer d'avant en arrière. Ses mèches courtes lui fouettaient le visage.

Elle recula vers le lit défait, le drap traînait par terre et elle se prit les pieds dedans. Le monde bascula. Le chanteur japonais à la chevelure parfaitement méchée tomba vers le bas tandis qu'Itou chutait sur le matelas.

La musique prit fin. À bout de souffle, la jeune fille sursauta lorsque le son de la prochaine chanson fut remplacé par sa sonnerie de téléphone. Elle se traîna comme un ver jusqu'à sa table de nuit pour aviser un numéro qui lui était inconnu. Son doigt glissa néanmoins sans hésitation sur l'icône de réponse.

« Allo ? »

Sa tête lui tourna, pas à cause du manque d'oxygène, mais bien à la voix grave et granuleuse de son correspondant.

« Je ne reviens pas de ce que je m'apprête à dire, mais je vais avoir besoin de votre expertise. »

Un silence gênant se posa entre eux. Elle était certaine de reconnaître cette voix, mais pas moyen de se rappeler à qui elle appartenait.

« Mlle Kurotani, vous m'entendez ?

— Oui ! Oui, oui. Je vous entends, répondit-elle avec un timbre qu'elle espéra adulte, on ne l'avait jamais appelée mademoiselle, auparavant. C'est juste que... Je peux savoir qui vous êtes ? »

Nouveau silence. À l'autre bout du fil, elle devina que son interlocuteur changeait son téléphone de place, peut-être soupirait-il.

« Minobe Kitashi, inspecteur à la brigade criminelle. Vous m'avez donné votre numéro il y a deux jours. Au tombeau, précisa-t-il alors qu'elle ne réagissait pas. »

La bouche d'Itou forma un O. Elle coupa le son de son téléphone et poussa un cri, à présent sur le dos, les jambes fouettant l'air.

« Allo ? Vous m'entendez ?

— Oui, je vous entends, M. Minobe, déclara-t-elle en s'empressant de remettre le micro en marche. Je suis désolée de ne pas vous avoir reconnu tout de suite. En fait, je ne pensais pas que... vous me rappelleriez. »

À présent que la musique n'inondait plus ses tympans, les cris de ses parents lui étaient de nouveau audibles. Un objet en verre se brisa.

« Pour être franc, enchaîna l'inspecteur, je ne le pensais pas non plus. Seulement, après ce qui vient de se passer, je crois que j'ai besoin d'un autre point de vue dans cette affaire. »

Son timbre était devenu étrangement faible.

« Bien sûr, si je peux vous aider, j'en serais ravie. Qu'est-ce que je peux faire pour vous ? »

Il soupira franchement.

« Je ne suis moi-même pas certain de ce que j'ai vu. Disons que... Est-ce que ça serait possible qu'un - un animal sorte du corps d'un homme ? Bon sang, mais qu'est-ce que je raconte ? »

Un rire nerveux lui échappa. Itou se redressa en tailleur sur son matelas.

« Un animal ? Quel genre ?

— Je ne sais pas. Un petit chien ? C'était rapide comme l'éclair. »

Itou se redressa.

« La personne, vous pouvez me la décrire ? Est-ce qu'elle avait un comportement inhabituel ?

— Elle était dans un état de transe et - Écoutez, je ne peux pas vous transmettre ce genre d'information. C'est complètement stupide de vous avoir appelée. Maintenant que je raconte ça à voix haute, je me rends compte que c'est ridicule. Pardon de vous avoir dérangée.

— Non ! Ne raccrochez pas ! s'exclama Itou en se levant, une main en avant, comme si elle pouvait retenir l'inspecteur depuis sa chambre. Je sais que ça à l'air dingue. D'ailleurs, beaucoup de gens considèrent ceux qui croient aux yōkais pour des dérangés, mais je vous assure que si c'est ce que vous avez vu, je peux vous aider. »

M. Minobe ne répondit pas. Face à son mutisme, Itou vérifia qu'il n'avait pas raccroché.

« Vous vouliez un point de vue extérieur, c'est ça ? tenta-t-elle d'une voix suppliante. Je peux vous l'apporter, même si vous me prenez pour une folle. Au pire, continua-t-elle dans un murmure, j'ai un cousin qui travaille dans un zoo. Il pourra peut-être vous aider à reconnaître l'animal que vous avez -

— Je vous envoie l'adresse. Soyez -là dans trente minutes maximum.

— Quoi ?

— Vous préférez que je contacte plutôt quelqu'un du sanctuaire ? Vous n'êtes pas la seule miko spécialiste des fantômes et autres histoires de grand-mère, si ?

— OK ! J'arrive. N'appelez pas le sanctuaire ! Euh... je veux dire, personne ne répondra à cette heure-là.

— Vous feriez bien de vous dépêcher, parce que je commence déjà à changer d'avis.

— Surtout pas ! hurla-t-elle dans le combiné, sautillant sur une jambe alors qu'elle tentait d'enfiler un jean d'une seule main. Je ne vous décevrai pas, monsieur, je vous le promets. »

Cinq minutes plus tard, après s'être cognée contre ses meubles et avoir jeté des vêtements sur le sol jusqu'à trouver le bon, Itou souleva la fenêtre de sa chambre. Une bouffée de panique lui serra les tripes. Elle n'avait jamais osé faire le mur auparavant. Désobéir à ses parents non plus d'ailleurs. Leur tenir tête, ça, ça lui était plus familier. Pour les convaincre de l'inscrire avec Aoi à la formation du sanctuaire pour devenir miko, par exemple. Ou encore pour qu'elle soit scolarisée à domicile, mais, là, elle les avait plus suppliés qu'autre chose. Ce qu'elle s'apprêtait à faire était de loin la plus grosse bêtise de sa vie, mais n'aurait-elle jamais une occasion comme celle-là ? Un inspecteur de police lui demandait son expertise. Même si cette histoire ne menait à rien, en fin de compte, elle ne pouvait pas laisser passer sa chance. C'était le moment de prouver aux prêtres qu'elle était utile, qu'elle était prête à entamer sa formation d'exorciste.

Ses doigts serrèrent la sangle en bandoulière de son sac à dos lorsqu'elle enjamba l'encadrement de la fenêtre. L'air s'était rafraîchi avec la tombée de la nuit. Heureusement, elle avait pensé à mettre un sweat-shirt. Malgré la douleur qui lui électrisa le dos, les massifs d'hortensia amortirent sa chute. Le portillon du jardin grinça. Tout en avisant la lumière d'une des pièces d'où l'on apercevait la silhouette de ses parents derrière les rideaux, Itou se demanda bien pourquoi elle s'était pris la peine de récolter des bleus à sauter du premier étage. Personne n'aurait remarqué qu'elle prenait la porte.

Elle trottina jusqu'à l'arrêt de bus le plus proche, vérifia les horaires et patienta. Le petit quartier après la rivière Katsura était connu pour son calme. De nuit, on ne voyait que les chats marcher sur les clôtures et on entendait que le grésillement des lampadaires et les aboiements lointains des chiens.

Même seule, Itou se sentait en sécurité... jusqu'à ce qu'elle descende à Uji, à dix minutes à pied du point géographique que lui avait envoyé l'inspecteur Minobe. Les rues étaient désertes ici aussi, mais l'ambiance était bien plus oppressante. L'absence de lumière et les volets fermés des résidences environnantes lui donnaient l'impression d'être oppressée. Itou aurait pu croire que le quartier était désert. Pourtant, on entendait les bruits d'une télé au volume trop haut et on voyait les fumées d'une cuisine traditionnelle s'échapper d'une des maisons. Il n'y avait pas de chat, pas de chien qui hurlaient à la lune, pas de fumeurs nocturnes au balcon. Itou déglutit. Quitter la maison n'avait peut-être pas été une si bonne idée que ça.

Elle sortit son téléphone, sa lumière éclaira son visage crispé. L'heure sur l'écran lui indiqua vingt heures trente-deux. Elle allait devoir courir pour arriver à temps. Elle resserra sa prise sur son sac et s'engagea rapidement sur le trottoir. Elle n'eut pas besoin longtemps de la carte. Les gyrophares des voitures de police garés lui indiquèrent le chemin à suivre. Son téléphone resta tout de même allumé, un peu comme une veilleuse en pleine nuit.

Trois véhicules étaient stationnés sur une route encastrée entre une voie ferrée et de minuscules maisons mitoyennes à un étage. Le jardin de celle la plus à gauche, au coin de rue, était balisé de ruban jaune. Itou ralentit sa cadence jusqu'à s'arrêter à bonne distance de la scène. La lumière de son appareil dut la trahir, car l'un des deux hommes qui discutaient sur le pas de la porte — les seuls en chemise qui ne portaient pas l'uniforme — tourna la tête dans sa direction. Il était grand, plus grand que son père, et sa coupe ressemblait à celle que portaient les marines dans les séries américaines. Les hommes autour de lui s'agitaient sous ses directives. D'un geste de la main, il lui intima de s'avancer.

« Elle est avec moi », indiqua l'inspecteur Minobe à l'agent qui lui bloqua le passage au niveau du balisage. Itou remarqua le regard étonné de celui qui ne portait pas l'uniforme, à ses côtés. Plus petit de plusieurs centimètres, il semblait bien plus jeune que l'inspecteur, surtout avec ses mèches caramel et sa demi-queue de cheval. Il lui rappela vaguement une idole d'un groupe à la mode, en plus adulte.

« Merci d'être venue. J'espère que ça n'a pas causé trop de dérangement. »

Itou balaya cette idée d'un revers de la main.

« Pas de soucis. Les exorcismes n'ont pas d'heure. »

Itou ne fut pas peu fière de cette petite remarque. Elle se sentit plus grande, en l'articulant. Elle avait l'impression d'avoir fait ça toute sa vie. Même si c'était la première fois qu'elle mettait les pieds sur une scène de crime. Ou qu'elle était appelée pour une expertise démoniaque.

L'autre, le plus beau, esquissa un rictus moqueur.

« Oui. Vos parents n'ont pas dû apprécier. Les enfants sont au lit à cette heure-là. »

L'homme à qui appartenait la voix sourde qui venait de s'exprimer de manière ironique était à présent plaqué contre le mur crépi de la maison. Il fixait Itou avec un air dégoûté. Le peu de confiance qu'elle avait construit s'effondra. Jamais elle n'avait provoqué une telle réaction chez quelqu'un, et pourtant, les dieux savaient que sa vie sociale n'était pas un long fleuve tranquille. Ses deux mains serrèrent si fort l'anse du sac à dos qu'elle en eut mal aux paumes.

« Ils me soutiennent beaucoup. Ils ont accepté que je vienne tout de suite », répondit-elle d'une voix fluette.

Le mensonge lui réchauffa le cœur. Pendant un instant, elle y crut elle-même.

Il ne renchérit pas, et se tourna vers M. Minobe.

« Dis-moi que c'est une blague. »

« Je viens de t'expliquer que non, Iwasaki. J'ai vu quelque chose, je veux avoir la certitude que j'ai déliré, d'accord ? »

M. Minobe retroussa les lèvres, l'air très énervé envers son collègue. Ce dernier mima un cercle autour d'Itou d'un long doigt, les traits déformés comme s'il sentait l'odeur des égouts. La jeune fille se sentit immédiatement mal à l'aise.

« Tu as vu un animal près du corps d'Ashigaka et tu appelles à la rescousse une gamine ? Bon sang, je ne te savais pas si superstitieux. Cette affaire te fait perdre la tête ou quoi ? Une exorciste ? Sérieux, Kitashi. Eh ! »

L'inspecteur Minobe saisit Iwasaki par le col de la chemise et le traîna dans la maison contre son gré.

Bon sang, Itou ne savait pas lequel des deux l'effrayait le plus : celui qui ne supportait pas sa simple présence ou M. Minobe et son attitude de bête sauvage. Elle n'osa pas s'approcher pour entendre leurs messes-basses. Elle ne saisit que des bribes lancées un ton trop haut. « Qu'une jeune fille... respect ! » tonnait M. Minobe, ainsi que des allusions relatives au comportement récent de son collègue, car elle l'entendit clairement prononcer la phrase « Je perds la tête ? Tu t'es vu avec tes manières de star sur la scène de crime ? ». Ce à quoi Iwasaki rétorqua une série de marmonnements outrés qui échappa à son oreille, mais il assura que c'était « une très mauvaise idée » et qu'on ne peut pas faire confiance à des gens comme ça. »

Elle sursauta lorsqu'ils revinrent vers elle. M. Minobe avait retrouvé l'attitude qu'elle lui avait connue au tombeau : intraitablement sérieux. Iwasaki, lui, faisait la moue comme un enfant. Il évitait à présent le regard d'Itou. Plus ils se rapprochaient, plus elle se tassait sur elle-même. Ils allaient la renvoyer chez elle, c'était certain.

M. Minobe la toisa de toute sa hauteur. Se rendait-il seulement compte de l'effet qu'il produisait sur les gens ? Le cœur au bord des lèvres, elle se força à soutenir son regard tranchant.

« Vous avez cinq minutes pour trouver quelque chose de convaincant. Venez, c'est en haut. »


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Lexique :

Sailor Moon : série de mangas japonais écrite et illustrée par Naoko Takeuchi de 1991 à 1997.


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