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2. Kitashi (1/3)

La théière trembla dans la main de Mme Kushiyoko. Des gouttes de thé brûlantes s'écrasèrent contre le bois verni de la table basse, libérant les notes iodées de la boisson chaude. Un sanglot lui échappa. Elle se rassit au bord du canapé, titubante. Son mari, engoncé dans un pull marin porté au-dessus d'une chemise, passa un bras protecteur par-dessus ses épaules. Lui aussi peinait à retenir ses larmes.

« Je suis désolée, déclara la quinquagénaire d'une voix lointaine. C'est que... Je n'arrive pas à me rendre compte que tout ça est réel. »

Du coin de l'œil, Kitashi observa Iwasaki se penchant vers le couple, coude sur les genoux, doigts entrelacés. Il parla de son timbre le plus doux, dont il ne s'armait que devant les enfants et les familles des victimes. Il vous donnait envie de le prendre par la main, ou encore de poser sa tête contre son épaule, et de se laisser aller. Kitashi fronça les sourcils et se concentra sur son travail.

« C'est tout à fait normal, Mme Kushiyoko. Ce que vous traversez, vous et votre mari, mais aussi toute votre famille, et une épreuve ô combien douloureuse que seul le temps pourra apaiser.

— Ce qui pourra nous apaiser, inspecteur, c'est de savoir que le meurtrier de notre fils et de ses amis sera puni pour ses crimes. »

Le mari toisa tour à tour Iwasaki et Kitashi à travers ses lunettes rectangulaires. Son visage fatigué s'était durci, mais on pouvait presque voir les fissures de la tristesse sur sa peau. Il suffisait d'un filet d'air pour le voir exploser en mille éclats. Mme Kushiyoko craqua pour de bon. Elle se blottit tout contre l'homme, leurs mains entrelacées. Les anneaux d'or à leur annulaire reflétaient la lumière qui filtrait par les stores du salon.

« C'est pour ça que nous sommes là, continua Iwasaki. Vous pouvez nous aider à trouver le coupable. Je sais que c'est difficile, mais -

— Mais plus vite vous répondrez à nos questions, plus vite nous pourrons faire notre travail. Commençons. »

Son interruption lui valut un rictus désapprobateur d'Iwasaki, dont les lèvres se pincèrent et qui criaient « Toi et ton tact ! ». Pas le temps pour les courbettes quand il s'agissait d'une enquête.

« Quand avez-vous vu votre fils pour la dernière fois ?

— Il y a deux jours, le samedi soir où Tadashi est venu le chercher en voiture en bas de l'immeuble. Ils devaient ensuite passer prendre Yuriko.

— Vous parlez de Tadashi Fushigui et de Yuriko Hamanaki ? Les deux autres victimes ? »

Mme Kushiyoko s'étrangla avec ses pleurs. Son époux lui caressa le dos alors qu'elle cachait son visage dans son cou. Ce dernier confirma les informations d'un simple hochement de tête solennel. Il ajouta que tous les trois faisaient partie du même groupe de recherches à l'université.

« Ça s'est décidé dans l'après-midi. Ils s'étaient donné rendez-vous au cimetière de Nishiyama pour une randonnée.

— Ils s'entendaient bien, tous les trois ? questionna Iwasaki, la voix toujours aussi soyeuse.

— Oh oui ! s'exclama Mme Kushiyoko. Ils se sont rencontrés à leur entrée à la fac et ne se sont plus quittés. Hinori était si heureux quand Yuriko a accepté d'être sa petite amie, et Tadashi était si fière de son meilleur ami. Et quand ils ont appris qu'ils étaient acceptés dans le groupe de recherche du professeur Ashigaka... »

Son visage disparut dans ses mains. Iwasaki se permit un triste sourire.

« Je comprends, ils étaient vraiment très proches. C'est ce que nous ont également précisé les parents de Yuriko et Hinori. Un trio de petits génies, n'est-ce pas ?

— Oui, nous sommes très fiers de notre garçon. Il a eu les meilleures mentions, vous savez ? Ils travaillaient tous dans une ambiance bienveillante et motivante. Et leurs liens se sont encore renforcés grâce à M. Ashigaka. Il était souvent à l'origine de ce genre de sortie. »

Kitashi se rapprocha du couple. Ses longues jambes butèrent la table basse, la vaisselle chancela. Le thé devait être froid, à présent.

« C'est-à-dire ? Quel genre de sortie ?

— Des fouilles, bien sûr, comme samedi dernier. Les enfants étaient surexcités à l'idée de cette randonnée. Une chance inespérée, nous a dit Hinori, pour son mémoire de fin d'études. »

Les deux inspecteurs échangèrent un regard. Iwasaki lui rendit son expression soucieuse. Il brisa le premier le contact.

« Où était M. Ashigaka au moment de cette randonnée ? »

M. Kushiyoko plissa les paupières, les lèvres entrouvertes.

« Avec les enfants, bien sûr. C'est pour ça que vous avez retrouvé son corps avec ceux de... de notre fils. »

Sa femme se moucha bruyamment dans un mouchoir en papier. Lui s'essuya pudiquement les yeux du pouce et de l'index.

« Nous n'avons rien dit de tel », déclara Kitashi.

Il s'assit lentement au fond du canapé, les bras croisés.

Un silence opaque se déploya dans la pièce à vivre alors que chacun tirait les conclusions d'une telle nouvelle. M. et Mme Kushiyoko, la bouche ouverte, toisèrent Kitashi. Sous son haut à col rond, la poitrine de Mme Kushiyoko se soulevait de plus en plus vite. Son teint pâlit. Il vit le dos d'Iwasaki se tendre alors qu'il prenait une grande inspiration. Soudain, il se redressa et se tourna d'un seul coup vers Kitashi. Ce dernier l'interrogea du regard, les yeux plissés. Au même moment, son téléphone portable vibra dans sa veste. Il vérifia l'appel entrant. C'était Omatsu, de la brigade scientifique.

« Excusez-moi, dit-il en se levant. Il faut que je prenne cet appel. »

Iwasaki le suivit du regard, que Kitashi soutint jusqu'à ce qu'il disparaisse derrière la paroi du couloir. Il se retrancha près du genkan de l'entrée, où il avait laissé ses chaussures pour les troquer contre une paire de pantoufles.

« Minobe, j'écoute.

— On a reçu les résultats des analyses. Ça va t'intéresser.

— Qu'est-ce que vous avez trouvé ? »

« Comme on le pensait, le sang qui recouvrait Kushiyoko Hinori ne lui appartient pas, ni d'ailleurs les bouts de chair qu'on a découverts sous ses ongles. En fait, c'est un mélange de l'ADN des deux autres victimes, Fushigui Tadashi et Hamanaki Yuriko. »

Kitashi croisa son reflet dans le miroir accroché au-dessus de la commode à chaussures. Ses yeux cernés lui rendirent son air placide. Un simple masque, car les hypothèses qui se bousculaient dans son esprit lui firent tourner la tête.

« Tu es en train de me dire que c'est le gamin qui a tué les deux autres ?

— Selon toute vraisemblance, oui. Ce qui est certain, c'est qu'ils n'ont pas été attaqués par un animal, même s'il y a des traces de morsures autour des blessures. Demande au légiste un moulage dentaire de Kushiyoko et compare-le avec les marques sur les corps.

— D'accord.

— Et la cause de sa mort à lui, on a des nouvelles ?

— Pas encore. Je t'appelle quand j'ai la confirmation et les résultats pour les morsures.

— Merci pour votre travail. »

Kitashi resta une minute le combiné collé à l'oreille, immobile, avant que son bras ne retombe le long de son corps. Il rangea l'appareil dans sa poche. Ses pas sonnèrent lourdement sur le faux parquet du couloir qui le guida jusqu'au salon, où Iwasaki et M. et Mme Kushiyoko le scrutèrent sans un mot.

« Nous devons y aller. Merci pour votre accueil. Nous vous recontacterons en cas de besoin. »

Il s'inclina, raide, alors qu'Iwasaki se levait pour l'imiter. Son collègue réitéra son salut juste avant de suivre son collègue.

« Le thé était excellent », déclara-t-il.

Kitashi rangeait les chaussons dans la commode et nouait ses lacets lorsqu'Iwasaki le rejoignit.

« Qu'est-ce qui s'est passé ? »

Il garda le silence jusqu'à ce qu'il ait refermé la porte derrière eux.

« Pas ici. Dans la voiture. »

Les marches de l'immeuble bourgeois se déroulaient sous ses yeux, mais Kitashi ne les voyait pas. N'y défilaient que les souvenirs des trois cadavres dans la grotte, leurs impressionnantes plaies, et les parents assurant que les victimes avaient été des jeunes personnes formidables et très dévouées envers leurs amis. Y aurait-il eu des tensions si grandes dans le groupe que l'un d'entre eux se soit décidé à tuer ? Ça expliquerait la blessure bénigne du supposé agresseur, Hinori Kushiyoko. Fushigui ou Hamanaki auraient tenté de se défendre. Problème : l'objet responsable de la blessure n'avait pas été retrouvé. Kitashi sortit les clés de sa voiture alors qu'Iwasaki lui tenait la porte de l'immeuble. La périphérie de Kyoto était calme en ce lundi après-midi. De fortes bourrasques avaient été annoncées la veille au soir. La préfecture avait conseillé la prudence et les rues étaient pratiquement désertes. On entendait plus le vent s'écrasant contre les portes et les volets que le vrombissement des moteurs. Les pans de sa veste et ses cheveux courts malmenés par la tempête, Kitashi referma la portière du conducteur et expira. Iwasaki ne tarda pas à le rejoindre à l'intérieur. Sa portière claqua violemment.

« Alors ? s'empressa-t-il de demander, penché vers son coéquipier.

— La scientifique a appelé. »

Iwasaki se tenait si près de lui que son souffle se coupa un instant. Il préféra ne pas le regarder dans les yeux, car il savait qu'un éclair désagréable le traverserait de la tête au pied, un peu comme si on lui renversait un bac d'eau glacée sur le crâne en plein été. Aussi discrètement qu'il put, il se décala sur le bord de son siège.

« Le sang sur le torse et les bras de Kushiyoko n'est pas le sien, mais c'est celui de ses deux camarades, tout comme la peau coincée sous ses ongles de la main droite. J'ai demandé une analyse dentaire, mais on n'en aura pas besoin si le légiste retrouve des traces de chair entre ses dents.

— C'est quand même difficile à croire. Je veux dire : nos trois étudiants avaient l'air d'être les meilleurs amis du monde et Kushiyoko fils n'a pas vraiment le profil du tueur fou. Et puis, il n'avait pas de sang autour de la bouche.

— Mais les morceaux de chair étaient sous ses ongles.

— Je te l'accorde. Bon, admettons qu'il ait sauvagement assassiné ses camarades, dont sa petite amie, l'une de ses deux victimes aurait réussi à le blesser ?

— J'y ai pensé, mais on n'a pas retrouvé l'arme qui aurait été utilisée. Ce qui rend l'affaire encore plus floue. Sauf si on inclut dans l'équation le professeur Ashigaka. »

Kitashi mit le contact. Sa voiture démarra dans un ronronnement sonore.

« Ou le prêtre », ajouta Iwasaki qui se remit correctement sur son siège et attacha sa ceinture.

Kitashi quitta un instant le rétroviseur des yeux pour les plaquer sur le profil de son collègue.

« Le prêtre ?

— Ben oui. Cette histoire de boîte ne m'inspire pas. D'ailleurs, ils ne m'ont pas inspiré tout court, ces moines, et encore moins le prêtre. Je ne leur fais pas confiance. Ce sont peut-être eux qui ont déguisé la scène de crime. Un sacrifice par des religieux fous, ça me semble plus cohérent qu'un chevalier servant qui égorge à pleines dents sa copine. »

Kitashi s'abstint de tout commentaire, même si la véhémence peu commune d'Iwasaki le surprit beaucoup plus qu'il ne voulut bien l'admettre. Depuis les deux années que durait leur collaboration, il ne lui avait jamais vu une expression aussi sérieuse. Sa mâchoire se contractait par à-coups, le regard fixé sur la voiture garée devant eux. Cependant, Kitashi devait admettre que sa piste n'était pas tout à fait à exclure. Jusqu'à ce que le médecin légiste ne donne son rapport d'autopsie, ils n'étaient pas certains que Kushiyoko ait assassiné ses deux camarades. L'inspecteur déboita en douceur et s'inséra dans la circulation modérée.

« Ça vaut le coup de creuser des deux côtés. Je vais à l'université et toi -

— Non, le contraire plutôt, l'interrompit Iwasaki. Ils ont peur de toi, tu te souviens ? »


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Lexique :

genkan : zone d'entrée traditionnelle japonaise permettant aux visiteurs de retirer leurs chaussures et d'accéder aux autres pièces de la maison.



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