Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

15. Itou (3/3)

Lorsqu'elle retrouva son souffle, Itou toussa un peu de sang. Une côte cassée, peut-être deux. Comment bouger dans ces conditions ? Il le fallait bien pourtant, car Mitsushi revenait déjà à la charge. Il abattit son épaisse botte à l'endroit où se trouvait la tête de l'adolescente avant qu'elle ne roule brusquement sur le côté.

« Rappelle-toi notre entraînement, Itou, résonna la voix rassurante d'Hana quelque part dans l'entrepôt. Tu as répété tes enchaînements toute la nuit. Tu peux te défendre. »

Ce qui voulait aussi dire qu'elle n'avait pas dormi, aurait-elle voulu ajouter, mais elle n'eut pas l'occasion de le souligner, car elle bondit en arrière. D'abord mettre de la distance entre eux. Ensuite réfléchir. Mitsushi ricana, et une bouffée de colère monta à la tête d'Itou. Il se moquait d'elle. Ils ne moquaient toujours tous d'elle. Et elle en avait assez.

Il lui fallait une arme. Elle fouilla les alentours du regard. Un tube de tuyauterie attira son attention, ça suffirait pour l'instant. Fixé au mur, l'objet lui résista. Elle l'agrippa à deux mains et poussa de toutes ses forces contre la paroi avec son pied. Le tuyau céda alors qu'elle tombait à la renverse. Lorsqu'elle ouvrit les yeux qu'elle avait fermés dans sa chute, la silhouette menaçante de Mitsushi la surplombait. Il leva son poing, qu'il abattit sur l'abdomen d'Itou. L'adolescente roula sur le côté, son arme de fortune serrée contre sa poitrine, avant de se remettre debout. L'air emprisonné dans ses poumons s'échappa soudainement. Elle se rendit à peine compte de ce qu'elle venait de faire. Comment pouvait-elle reproduire dans la vraie vie ce qu'Hana lui avait demandé de visualiser pendant sa séance de méditation ? D'où lui venait cette agilité ?

« Attention ! » hurla la voix paniquée du petit Takeda.

Trop tard. Une épaisse semelle la poussa dans le dos. Elle fut projetée brutalement contre la porte du placard rouillée. Un liquide chaud et épais coula de son nez sur ses lèvres et le goût métallique du sang imprégna sa langue. Un peu sonnée par la douleur qui irradiait jusqu'à ses dents, Itou entendit du cuir se froisser derrière elle. À l'ultime seconde, elle plia les genoux. Les phalanges de Mitsushi s'écrasèrent dans un bruit creux sur le métal de la porte.

Le yōkai ricana. Pas de ce rire sadique qu'Itou avait déjà entendu. Ce rire-là était joueur. Il s'amusait, se rendit-elle compte. Au feu grisant qui pulsait dans ses veines, elle réalisa qu'elle partageait son sentiment. Éviter les attaques, établir un plan pour répliquer avec astuce, tout cela était nouveau pour elle, mais elle pouvait laisser libre cours à ses inventions. Son corps répondait à son appel à un point qu'elle n'aurait jamais soupçonné. Et cette sensation électrisante qui parcourait son corps, celle qui naissait de sa rage de faire ses preuves, était exquise.

Itou pivota sur ses talons d'un demi-cercle. Son pied gauche tendu balaya les jambes frêles du Gashadokuro. Toujours accroupie, elle aperçut l'espace d'une seconde Hana tenant Takeda dans ses bras, le visage crispé. L'adolescente jeta une œillade au squelette à terre. Il lui rendit son regard de ses orbites vides, sur les fesses, les bras à l'arrière.

« Sale petite- »

Itou n'attendit pas qu'il termine sa phrase. Elle leva le tuyau et, telle une batte de baseball, le lança en direction du crâne de son adversaire. Mitsushi leva son bras pour se protéger. Le métal fractura son radius dans un craquement terrible.

« Ça suffit ! » ordonna Hana d'un ton sans appel.

Mais Mitsushi se saisit de l'embout du tuyau sans écouter. Il tira avec tant de force et si brusquement qu'Itou tomba vers l'avant, droit sur lui. De sa main libre, il l'attrapa par le cou. La pression qu'il y exerça la força à cracher pour inhaler une goulée d'air. Immobilisée, elle lâcha son arme pour saisir les os de l'avant-bras du yōkai dans l'espoir de lui faire lâcher prise.

« Mitsushi, arrête ! »

Les orbites vides du squelette semblèrent fixer l'adolescente avec une satisfaction morbide. Sa face minérale se flouta. Itou sentit cette colère nouvelle lui brûler à nouveau les entrailles. La situation ne lui rappelait que trop sa confrontation avec Sasaki, ou encore celle avec Tobio. N'arriverait-elle jamais à survivre par elle-même ?

Soudain, la main disparut. Elle aspira un grand coup, toussa. Hana avait retiré de force la poigne du squelette à la seule puissance de son propre bras. Mitsushi fit claquer ses mâchoires entre elles, contrarié. Se relevant prestement, il alluma une cigarette qu'il cala entre ses dents.

« Cette sale petite princesse n'arrivera pas à la hauteur de tes espérances », dit-il calmement à l'adresse d'Hana.

Itou vacilla alors qu'elle tentait de se remettre sur pied. Hana la rattrapa in extremis, un bras autour de ses épaules. Sa main serra doucement l'épaule de l'adolescente.

« Elle s'est très bien débrouillée pour quelqu'un qui n'a commencé sa préparation qu'hier soir et qui n'a pas dormi de la nuit. La preuve, elle a failli t'avoir. »

Le yōkai souffla.

« T'as pas les yeux en face des trous, Votre Altesse. Elle n'a pas tenu cinq minutes contre moi.

— Laisse-la se reposer. Tu as dû lui casser des côtes. Ce n'est pas très malin si tu veux qu'elle puisse s'entraîner avec toi.

— Avec lui ? s'écria Itou d'une voix enrouée.

— C'est hors de question, rétorqua Mitsushi en chœur.

— Ce n'est pas négociable. Je pars demain matin avec Hirohito pour Ashiyama. Itou, tu commenceras à apprendre l'art du combat demain. Suis-moi, je vais te montrer où te reposer. On oublie trop facilement que tu es humaine et que tu as besoin de dormir. »

Itou ne se fit pas prier pour s'éloigner de Mitsushi, qui ne la quittait pas de ses orbites sans vie. Titubante et la plante des pieds aussi douloureuse que la chair gracile de son cou, elle suivit Hana et Takeda, toujours dans ses bras, à l'extérieur. Elle jeta un dernier coup d'œil derrière son épaule. Sasaki, qui jusque-là avait épié le combat depuis la porte entrouverte du local, était sortie de sa cachette.

« La honte », l'entendit-elle adresser à son aîné.

Le squelette, qui tenait toujours le bout de tuyau, le jeta avec colère. Le bout de métal rebondit bruyamment contre la porte du placard. Sasaki se baissa vivement pour éviter de justesse le projectile. Hana pria Itou de monter à l'avant du van, sur le siège passager, alors qu'elle prenait le volant, et l'adolescente perdit les deux yōkais de vue.

Le petit garçon fut relégué à l'arrière du véhicule où, découvrit Itou, avait été aménagé un véritable espace de vie. Des placards en bois étaient suspendus aux parois de la voiture et on pouvait entendre s'entrechoquer de la vaisselle dans un bruit métallique. Un matelas, des draps froissés étaient ensevelis sous une montagne de coussins colorés. Hirohito y était assis en seiza, toujours aussi indéchiffrable.

« Où allez-vous ?

— Chez moi. Tu viens ou tu descends ?

— Je me joins à vous si ça ne vous dérange pas. J'aimerais t'emprunter un roman.

— Pas de problème. Tu t'occupes du petit ? »

La familiarité avec laquelle ils conversaient donna à Itou l'impression d'un départ en camping pour le week-end. Le genre de scène qu'on pouvait voir dans les séries pour adolescents.

Le yōkai hocha lentement la tête. Il saisit le garçon par le col de son uniforme scolaire, le souleva du sol sans effort et l'installa à ses côtés sur le matelas. Hirohito était à peine plus grand que Takeda, et les voir côte à côte offrait un tableau étrange, comme une illusion d'optique qui donnerait la nausée.

« Accroche-toi à la barre. Ici, indiqua Hirohito au petit garçon en pointant du doigt une tige de métal soudée à même la carrosserie, juste au-dessus du lit de fortune.

— Toi aussi, tu devrais t'attacher », dit Hana à Itou, et le moteur vrombit.

Alors qu'ils s'enfonçaient sur un chemin forestier jonché de nids-de-poule, Itou boucla sa ceinture et le jeune Takeda se cramponna à la barre, comme elle put le constater dans le rétroviseur. Si le chemin était accidenté, Hana n'avait pas non plus une conduite qu'on aurait pu qualifier de souple. L'impression d'Itou se confirma alors que le van s'engagea sur une route goudronnée. Ils quittèrent le couvert des arbres, vite remplacé par l'ombre des immeubles de la ville. Ils ne roulaient que depuis une dizaine de minutes. Vraiment, l'entrepôt était bien plus près de la civilisation qu'Itou l'imaginait. Elle avait à cœur de mémoriser la route, mais la fatigue rendait ses paupières lourdes. Elle eut vaguement conscience qu'ils empruntaient la route Meishin Expwy. Hana sortit de l'artère principale pour s'engager dans un quartier résidentiel aux rues étroites et aux maisons compactes. Elle gara le van un peu plus loin. Il n'y avait en effet pas assez de place pour une voiture d'une telle taille sans que la rue en sens unique ne fut bloquée.

Itou sauta sur le trottoir. Les alentours étaient dissimulés par une végétation colorée par l'automne. Ils devaient être aux abords de Kyoto, et non vers son centre grouillant. On n'entendait à peine la circulation, à l'autre bout de la rue.

Hana sortit de la poche de son bomber un trousseau de clés auquel pendait un renard stylisé, aux grands yeux étincelants et se dirigea vers une des habitations encastrées. Seule différence avec son voisinage, le jardin semblait moins bien entretenu. La pelouse était trop haute, les mauvaises herbes s'incrustaient entre les failles de l'allée en béton et la poussière ramenée par la pluie salissait les vitres. Hana ne devait pas habiter ici depuis longtemps. Ou alors, pensa Itou, elle n'était pas aussi minutieuse qu'elle en avait l'air. L'adolescente s'empressa de rejoindre la propriétaire des lieux.

« On dirait Sasaki, sur ton porte-clés », dit-elle alors qu'Hana ouvrait la porte et qu'une forte odeur de poussière les accueillit.

Le yōkai leva ses clés au niveau de ses yeux noirs et inspecta l'accessoire. Le renard miniature arborait une fourrure synthétique blanche. Hirohito, qui tenait Takeda par le bras, à la manière d'une poupée de chiffon, les dépassa pour pénétrer dans le hall. Il savait apparemment où se trouvait la bibliothèque. À ses côtés, le petit garçon n'osait pas faire de bruit et il le suivit docilement, un peu perdu.

« Oui, c'est ce que je me suis dit quand je l'ai vu au Konbini.

— Est-ce qu'elle ressemble à sa maman, aussi ? »

Les yeux ronds comme des assiettes d'Hana clouèrent Itou sur place. Hirohito s'arrêta net lui aussi, ses getas qu'il venait d'enlever dans une main, et le jeune Takeda dans l'autre.

Itou, dont les bras s'agitaient dans la panique, se dépêcha de clarifier ses propos :

« Sasaki m'a dit tout à l'heure que sa mère avait été tuée par des exorcistes, c'est pour ça que je me suis permis de poser la question. Je suis désolée ! »

Elle s'inclina à quatre-vingt-dix degrés, honteuse de sa bourde.

« Sasaki t'a vraiment parlé de sa mère ? demanda Hirohito qui ne dissimula pas sa méfiance de sa voix enfantine.

— Oui... Enfin, je voulais savoir si elle avait rencontré le Shu- le Roi. C'est là qu'elle m'a révélé qu'elle n'avait pas eu cet honneur, mais sa mère, si, et qu'elle s'était alliée à vous en sa mémoire. »

Elle ne s'était toujours pas redressée. Ce fut Hanna qui l'obligea à se remettre droite d'une main ferme sur l'épaule.

« Je te déconseille de parler d'Himiko devant Mitsushi. Ils étaient très proches. Suis-moi, continua-t-elle comme s'il ne s'était rien passé. Il faut nettoyer les plaies de tes pieds. »

Itou se contenta de hocher la tête, les lèvres pincées en une mince ligne blanche. Elle s'inclina encore lorsqu'elle passa près d'Hirohito, qui la darda d'un regard noir.

Hana entraîna Itou au premier étage. L'endroit rappelait étrangement la maison dans laquelle M. Minobe et Iwasaki lui avaient demandé de repérer des traces énergétiques de yōkais. Sobres et minimalistes, les meubles étaient tous faits de ce même bois clair qui donnait l'impression de n'être qu'une extension du plancher à la teinte identique. Une fois dans la salle de bains, Hana tourna le loquet de la porte. Petite, mais fonctionnelle, typiquement japonaise, un évier avec miroir côtoyait une baignoire trop propre pour servir régulièrement. Itou s'assit sur son rebord tandis qu'Hana s'installait sur ses chevilles, des compresses et de l'alcool à désinfecter posés sur le carrelage poussiéreux. Délicatement, elle retira les chaussettes traditionnelles tachées de sang. Itou grimaça.

« Je vais devoir retirer les gravillons, déclara platement Hana en s'emparant d'une pince à épiler dans le tiroir du meuble. Ça ne va pas te faire du bien, j'en ai peur.

— Ça sera toujours mieux que de marcher avec. Aïe ! »

Hana n'avait pas encore touché une seule des plaies, mais s'était seulement contentée de manipuler le pied de l'adolescente, déjà bien assez douloureux.

« J'aurais dû penser à te porter sur mon dos, quand je t'ai ramenée au hangar. J'ai oublié depuis trop longtemps ce qu'être humain veut dire. Je suis désolée.

— Non, c'est moi qui suis désolééééééééée ! s'exclama Itou alors qu'Hana enlevait un minuscule minéral de la chair. Pour mon manque de tact de tout à l'heure, je veux dire. J'aimerais juste en apprendre plus. Je dois me battre pour vous, mais je ne sais rien de votre combat. Tout me semble flou.

— Tu n'as pas besoin de le savoir, en réalité. Tu pourrais te contenter d'apprendre à te battre, sauver tes amis, et reprendre le cours de ta vie. »

Itou regarda une longue minute Hana, absorbée par la plante de pied meurtrie.

« Je ne pourrais pas reprendre le cours de ma vie si vous ressuscitez le Roi. »

La voix d'Itou résonna dans le vide de la salle de bains, rebondit contre la porte et mourut dans le silence, bientôt rompu par les claquements de la pince au travail. Et, plus tard, par le cri d'Itou lorsqu'une compresse d'alcool rencontra sa peau à vif.

« Qui te dit que c'est mon objectif ? déclara enfin Hana alors qu'elle bandait le premier pied avec application.

— Je l'ai deviné grâce aux allusions de Mitsushi, Hirohito et Sasaki. Le Roi veut sa vengeance contre ceux qui l'ont décapité, les deux samouraïs de la légende, pas vrai ? C'est pour ça que vous voulez tuer leurs descendants, pour le venger, et le faire revenir. »

Hana soupira. Le pied d'Itou à présent recouvert de la gaze blanche, elle se laissa tomber sur le derrière, genoux contre la poitrine, regard dans le vague.

« Oh oui, ils le souhaitent ardemment. Je ne peux pas leur en vouloir. »

En cet instant, son apparence semblait correspondre à son âge. Une jeune femme en proie aux soucis de l'existence. Vulnérable. Comme, si Itou, pour la première fois, pouvait la toucher, l'atteindre sous son masque.

« Est-ce que vous étiez là, Hirohito, Mitsushi et toi, quand il a été tué ? Est-ce que c'est pour ça que vous voulez le faire revenir ? »

Hana hésita, la tête basse.

« Oui, nous étions là. »

Puis, après un silence :

« Sais-tu qui écrit l'Histoire ? interrogea-t-elle, le visage entre les genoux. Qui décide de ce que l'humanité doit retenir ?

— Euh... Les historiens, je suppose ? »

Hana releva la tête pour pourfendre Itou de ses pupilles profondes.

« Non. Ce sont les vainqueurs. »





Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro