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10. Itou (2/3)

*

Le nœud qui se forma dans sa gorge ne se desserra pas pendant tout le temps qu'elle passa chez elle.

Vêtue de son pyjama à l'effigie d'un dessin animé de son enfance et assise dans sa chaise de bureau à roulettes, sa chambre rose bonbon lui parut terne et ennuyeuse. À la lumière de sa lampe de bureau, elle se tacha les doigts d'encre en s'entraînant à fabriquer des talismans. Le sol de la pièce était recouvert de papiers sacrés. Son père toqua à sa porte lorsqu'il rentra du travail. Il avait l'air fatigué, ses yeux étaient petits derrière ses lunettes rectangulaires et sa voix sonnait faux quand il débita son sermon. Itou n'en écouta pas un mot. Sa litanie paraissait trop éloignée de la réalité dans laquelle elle avait été plongée ses dernières soixante-douze heures. Elle venait de vivre la plus terrifiante et la plus excitante aventure de toute sa vie. L'adrénaline retomba et elle se sentit, elle aussi, épuisée.

« Itou, tu m'écoutes ? »

Elle acquiesça, le regard rivé sur les nouveaux cheveux blancs qui étaient apparus sur les tempes de son père. Ce dernier soupira. Il s'avança jusqu'à elle, déposa un baiser sur le haut de son crâne et dit :

« Tu ne peux pas rester autant de temps chez tes amis. C'est ici ta maison.

— Moi, j'appelle plutôt ça un champ de bataille. »

Son père resta silencieux un instant, l'air désolé.

« Aoi m'a dit que vous aviez une cérémonie ce soir. Tu veux que ta mère et moi y assistions ?

— Non, ne t'inquiète pas. C'est dans un temple un peu loin d'ici et, en plus, je vais me ridiculiser, comme d'habitude.

— Je suis sûre que non. Bonne chance ! »

Il sortit et la porte se referma délicatement. Elle avait à peine touché le battant qu'Itou soupira longuement. Elle se propulsa avec ses pieds jusqu'à son placard recouvert de posters de mangas. Elle l'ouvrit et apprécia la tenue de miko parfaitement repassée qui pendait à un cintre. Le tissu noble glissa contre la pulpe de ses doigts. Ce qu'elle avait toujours souhaité était de devenir un exorciste. Comme Tobio, elle porterait secours à la population dans l'ombre en éliminant les yōkais qui leur causaient du tort. Elle avait cependant découvert que les démons n'étaient pas tous malveillants. L'un avait tenté de lui ôter la vie, l'autre l'avait sauvée. Pourtant, si les grands prêtres apprenaient l'existence d'un Bakeneko au sein de la police criminelle, ils n'hésiteraient pas une seconde à donner l'ordre de l'éliminer. Iwasaki exploserait-il lui aussi comme un ballon de baudruche entre les mains de Tobio ? Disparaîtrait-il pour toujours de cette Terre aussi rapidement qu'un courant d'air ? Ce n'était pas juste. Il était trop bon pour mériter un tel sort. Les lèvres d'Itou se pincèrent pour ne former qu'une fine ligne blanche. Par ailleurs, c'était bien des yōkais qui se dissimulaient derrière les meurtres du mont Ōeyama. Eux, en revanche, étaient bel et bien maléfiques.

L'adolescente s'écroula au fond de son siège en poussant un grognement de frustration. Elle bondit sur ses pieds quand on frappa à la porte. C'était Aoi, déjà habillée, son smartphone à la main.

« Katō est en bas. Tu n'es pas prête ?

— Donne-moi cinq minutes », s'empressa de déclarer Itou qui se jeta sur sa tenue, encore étouffée par les nœuds qu'elle avait elle-même noués dans son cerveau.

Elle s'emmêla les pieds, s'écroula dans son placard au milieu des cintres qui tombèrent et s'entrechoquèrent dans un fracas. Les jambes au-dessus de la tête, la douleur irradia de son coccyx et les larmes lui montèrent aux yeux.

À présent, tout ce qu'elle souhaitait était de mettre le costume à la poubelle et de se cacher sous sa couette. Elle en avait assez de visionner l'homme du concessionnaire automobile se vider de son sang à chaque fois qu'elle fermait les yeux, ou le masque qui dissimulait la tête décapitée du tombeau quand son esprit s'égarait à rêver éveillé. Marre de se demander ce qu'elle avait fait de travers pour que M. Minobe et Iwasaki la laissent au sanctuaire comme une vieille chaussette après tout le mal qu'elle s'était donné pour les aider et leur prouver qu'elle servait à quelque chose. Saoulée de tenter de deviner quels ennuis elle allait devoir affronter, une fois montée dans la voiture de Katō. Alors elle pleura. D'abord aussi discrètement que possible, puis la bouche grande ouverte et le nez plein de morve lorsque sa sœur se précipita pour la prendre dans ses bras. Son odeur familière et rassurante brisa les dernières barrières qui endiguaient sa fatigue et sa tristesse.

« Tu t'es fait mal ? »

Itou mima un non de la tête avant de fourrer son visage dans le cou d'Aoi. Alertée par le bruit, sa mère pénétra elle aussi dans la chambre. Itou la reconnut au son de ses pas.

« Je ne sais pas pourquoi elle pleure... », s'inquiéta Aoi.

Une nouvelle paire de bras l'entoura. Tendres et aimants, exactement comme quand elle était petite. Et puis la démarche lourde de son père affaissa le parquet et lui aussi se serra dans le petit placard.

« Je crois que c'est le stress de sa représentation de ce soir », murmura-t-il à sa femme.

Qu'il était bon de l'entendre s'adresser à sa mère sans crier et de sentir sa famille autour d'elle, avec sa chaleur et son amour. Elle n'avait pas ressenti une telle chose depuis très longtemps.

Les larmes cessèrent, les reniflements aussi. Itou n'était plus parcourue que par de petits soubresauts. Sa mère l'embrassa sur le front quand le téléphone d'Aoi vibra dans sa main.

« C'est Katō. Qu'est-ce que je lui réponds ?

— Qu'est-ce que tu veux faire, ma chérie ? demanda son père. Tu n'es pas obligée d'y aller, tu sais.

— Mais papa, rétorqua sa sœur, c'est vraiment très important.

— Rien n'est plus important que votre bien-être, dit sa mère, d'un ton aussi rare que paisible. D'ailleurs, votre père et moi voulions vous annoncer que nous avons pris rendez-vous pour une thérapie de couple.

— C'est super ! »

La voix d'Itou avait tressauté et son nez bouché lui donnait une voix de canard, mais ses parents lui rendirent son sourire. Le téléphone vibra à nouveau. Son père soupira.

« Aoi, dis-lui qu'Itou ne se sent pas bien et qu'elle ne peut pas y aller. »

Cette même phrase avait été prononcée un nombre incalculable de fois l'année dernière, quand Itou feignait régulièrement d'être souffrante pour éviter de se rendre en cours, où les filles, qui prenaient un malin plaisir à la harceler, l'attendaient de pied ferme. Cette comédie avait duré si longtemps qu'Aoi avait fini par découvrir la vérité sur les traitements que sa petite sœur subissait. Elle en avait parlé à leurs parents, qui, à leur tour, avaient proposé à Itou de prendre des cours par correspondance. L'histoire se répétait peut-être inlassablement.

Si j'ai bien compris, tu préfères fuir que d'affronter tous ces petits cons écervelés ?

« Non, c'est bon, articula-t-elle de sa voix nasale. Je vais y aller. Ils ne me font pas peur », ajouta-t-elle en plantant ses yeux rouges dans ceux de sa sœur.

Son père se releva, non sans se plaindre de ses douleurs de dos, suivi par Aoi, qui pianotait une réponse au message de leur chauffeur.

« Tu es sûre que ça va aller, ma puce ? »

Itou entrelaça ses doigts à ceux de sa mère. Elle s'était récemment coupé les cheveux à la garçonne, mais elle l'avait si peu vue depuis qu'elle ne réalisait que maintenant à quel point ça lui allait bien.

« Oui, j'en suis sûre. Est-ce qu'on pourra parler quand je serai de retour ? »

De sa main libre, Mme Kurotani caressa les cheveux de sa fille.

« Bien sûr. Je te laisse t'habiller. Je vais voir si ce pauvre M. Koraī ne veut pas boire un café pendant qu'il t'attend. »

Une fois seule, Itou ôta son t-shirt trop grand et son jean troué pour enfiler son haut de yukata blanc et son hakama rouge. Couleur qui repousse les démons et les maladies, mais, comme Itou en avait si bien pris conscience ces derniers jours, c'était aussi celle du sang.

Katō et sa mère étaient en pleine conversation lorsque les deux sœurs Kurotani descendirent les escaliers, main dans la main. Le prêtre, étrangement décalé avec sa tenue d'officiant à la table de la salle à manger éblouissante de modernité, parlait avec émotion de la solitude de sa fille. Elle s'appelait Yurio, avait sept ans, et sa sœur jumelle, Satomi, était décédée l'année dernière d'un accident de la route. Un automobiliste avait perdu le contrôle de sa voiture et percuté l'enfant. Depuis, Katō n'était plus que l'ombre de lui-même. Mais depuis plusieurs semaines, Itou lui trouvait meilleure mine.

« ... se moquent d'elle parce que son papa est un prêtre shintoïste. Ce qui n'arrange pas son chagrin.

— Je trouve ça triste, déclara la mère d'Itou, assise en face de son invité, les mains sous le menton. Les jeunes n'ont plus aucun respect pour les traditions.

— Malheureusement, beaucoup de mes compères qui vivent dans des sanctuaires plus modestes ne reçoivent plus assez de la part des fidèles pour entretenir les lieux. Même notre guji commence à constater les dégâts dans les sanctuaires dont nous avons la responsabilité. C'est la même chose pour les moines.

— Le sanctuaire va mal ? » s'inquiéta Aoi.

Elle voulut se détacher d'Itou pour prendre place sur une chaise, mais cette dernière refusa de lâcher sa main. Katō leur sourit avec chaleur.

« Ne vous inquiétez pas, les filles, j'ai la situation sous contrôle. »

Un rire bref le parcourut.

« Au fait, Maria vous passe le bonjour. Elle m'a chargé de vous transmettre son souhait de vous inviter à dîner à la maison. »

Katō et sa femme, une Espagnole, s'étaient rencontrés quatre ans auparavant lors d'une visite au sanctuaire. Ils étaient presque tombés dans les bras l'un de l'autre. Itou et Aoi performaient alors une danse printanière pour les touristes. Ils ne s'étaient plus quittés depuis. Maria n'avait même pas utilisé son billet retour. Les sœurs Kurotani avaient assisté à un coup de foudre en direct. La petite Yurio avait le teint hâlé et la belle chevelure ambrée de sa maman, la physionomie si particulièrement japonaise avait pris le dessus sur le reste.

Toute polie qu'elle était, Aoi s'empressa d'accepter l'invitation. Itou embrassa sa mère et son père, qui la serrèrent plus longtemps que nécessaire dans leurs bras, puis elle monta en voiture, ses doigts toujours entrelacés à ceux de sa sœur.


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