VIII.
« Le pardon n'est pas au bout du chemin ; il est le chemin. »
- Françoise Chandernagor.
- Shin ?
MinHo toqua doucement contre la porte à moitié close.
- Bonhomme ?
Le petit garçon était recroquevillé sous les couvertures.
« Va-t'en ! »
Le jeune homme entra dans la chambre et s'agenouilla devant le lit de son fils.
Ils avaient pleurer longtemps, tous les deux, jusqu'à s'endormir d'épuisement.
- Est-ce qu'on peut se parler, s'il te plaît ?
Shin poussa un long et silencieux soupir avant de se décider à sortir la tête de sous sa couette. Il s'asseya en tailleur, dos à son père, les bras croisés sur son torse.
- Je... Je suis désolé, mon grand. J'étais fatigué hier en rentrant et... Et je me suis mal comporté. J'aurais jamais dû faire ce que j'ai fait : je sais que Yuri et toi vouliez juste me faire plaisir pour mon anniversaire.
L'enfant laissa retomber les bras le long de son corps et se tourna lentement vers son père. Il plongea ses orbes noires dans les siennes en faisant la moue.
- Je... Je veux me rattraper, reprit MinHo en passant une main dans les cheveux de son petit garçon. J'ai appelé le travail ce matin, je leur ai dit que j'étais malade et cloué au lit.
Shin fronça les sourcils.
- J'ai envie de passer ma journée avec toi, qu'on aille manger en ville et-
Le petit brun le coupa en plaquant ses deux mains sur sa bouche.
« Ça veut dire que je vais pas à l'école ? »
MinHo se dégageant doucement en souriant.
- J'ai aussi appelé madame Park et peut-être, il se pourrait bien que je lui ai raconté un petit, tout petit mensonge... Mais ça reste entre toi et moi, hein !
Shin acquiesça d'un énergique signe de tête.
- Alors, par quoi on commence ? Tu t'habilles et on va petit déjeuner dehors ? Lui demanda MinHo en l'aidant à se lever.
« On peut inviter quelqu'un en plus ? »
*
- Yuri ! Yuri, aller, lèves-toi !
- Hmm... Mais grand-mère j'ai pas cours aujourd'hui, grogna la jeune femme en cachant sa tête sous son oreiller.
- Habilles-toi, et fais-toi belle ! Lui dit la vieille femme en tirant les couvertures.
- Pourquoi faire ? Si t'as besoin que j'aille à la supérette je peux-
- Dépêches-toi, ils t'attendent en bas ! Gloussa la femme avant de quitter la chambre de sa petite fille.
Yuri se leva en baillant et récupéra son téléphone qu'elle avait laissé sur son bureau la veille au soir.
- Oh merde ! Jura-t-elle en découvrant les nombreux appels manqués de MinHo.
Elle s'habilla avec les premiers vêtements qui lui tombaient sous la main et descendit rejoindre sa grand-mère au rez-de-chaussée.
*
- Asseyez-vous, ne soyez pas timides, minauda la vieille femme qui était dans la cuisine.
- Non vraiment je... On ne veut pas vous déranger.
- Vous êtes sûr ? Remarquez ma petit Yuri ne devrait plus tarder : je suis allée la réveiller. La pauvre avait l'air assez mal en point en rentrant hier soir.
- Monsieur Lee ? Shin ? S'étonna Yuri en pénétrant dans la cuisine.
Le petit garçon lui offrit un grand sourire en agitant les mains.
- Bonjour mademoiselle Gong, dit MinHo en s'inclinant poliment.
- Ces charmants jeunes hommes t'attendaient dans le froid, tu te rends compte ! Lança la doyenne en secouant la tête.
- Je... J'ai essayé de vous appeler, informa le père de famille.
- Je sais, je suis désolée, répondit Yuri à voix basse.
- Est-ce que... Est-ce qu'on pourrait parler, en privé ?
La jeune femme acquiesça.
- Ok, Shin ? Tu peux attendre sagement papa ici, avec cette gentille dame ?
Le petit garçon hocha la tête et attrapa la main que lui tendait la grand-mère de Yuri.
- Tu aimes les bonbons ? Je parie que oui ! Aller viens je vais te montrer ma cachette secrète, mais ne dis rien à ma petite fille où elle me les enlèverait !
*
- Je suis désolé de faire irruption comme ça chez vous... Shin a beaucoup insisté pour venir, commença MinHo en s'approchant d'un pas.
- C'est moi, je-
- Non, la coupa-t-il. Vous n'y êtes pour rien. J'ai manqué à tout mes devoirs hier et j'en suis désolé. J'ai préféré être égoïste plutôt que de m'occuper de mon fils. Et je... Je ne vous ai même pas remercié pour ce que vous avez fait.
Yuri croisa les bras sur sa poitrine en détournant le regard : cette conversation semblait le mettre mal à l'aise.
- Je suis allée trop loin, je... Après tout je ne suis que la baby-sitter, répondit-elle tout bas. Je n'aurais pas dû me mêler de votre vie privée.
MinHo combla les quelques mètres qui les séparaient et posa doucement sa main sur son épaule.
- Yuri ne dite pas ça... Je n'ai absolument rien à vous reprocher. La seule personne à blâmer ici c'est moi.
La brune sentit son cœur se serrer ; il avait l'air si vulnérable tout d'un coup.
- Peut-être... Peut-être que je devrais vous parler un peu de Shin et moi...
- Vous n'êtes pas obligé de partager ça avec moi, monsieur Lee.
- Je sais, murmura-t-il simplement en souriant tristement.
*
MinHo jouait nerveusement avec le bout de sa paille en plastique, surveillant du coin de l'œil Shin qui jouait dans la piscine à balles avec d'autres enfants.
Yuri avait accepté de les accompagner prendre le petit déjeuner dehors et c'est comme ça qu'ils s'étaient retrouvés tous les trois dans ce café.
L'endroit était coloré, animé, joyeux et bruyant mais qu'importe, le jeune homme tenait réellement à faire plaisir à son fils.
- Shin adorait venir ici, avec sa maman... Ça doit bien faire un an qu'il n'était pas revenu, confia Minho avant de prendre une gorgée de milkshake.
Yuri elle avait prit un thé et une assiette de gaufre encore chaudes était posée devant eux.
- Je crois que j'aurais aimé venir de genre d'endroit, avec mes parents, répondit la jeune femme en souriant.
- Vous sortiez souvent, avec vos parents ?
La brune secoua la tête.
- En fait je ne les ai pas connu. Je vis avec ma grand-mère depuis ma naissance.
- Je... Je suis désolé Yuri, je n'aurais pas dû-
- Ça va, vous ne pouviez pas savoir, et puis c'est du passé tout ça maintenant.
MinHo détourna le regard en se raclant la gorge, visiblement gêné d'avoir poussé Yuri à se confier malgré lui.
- Comment vous avez rencontré votre femme ?
Le père de famille releva la tête vers son interlocutrice, la bouche entre-ouverte.
- Hein ?
- Je... Pardon, je... J'ai été trop loin en vous demandant ça !
Yuri enfouit son visage brûlant entre ses mains.
- Non ! S'empressa de la rassurer MinHo en agitant maladroitement ses mains devant lui. Ça m'a surprit, c'est tout... D'habitude les gens n'osent pas parler de Hye devant moi.
La jeune femme, les joues encore rouges, préféra ne rien répondre.
- Hye et moi on s'est connut à l'université, reprit le coréen. J'étais en deuxième année de littérature et elle, elle venait d'arriver sur le campus. Le jour de la rentrée elle a... Elle a renversé son plateau sur moi, à la cafétéria, devant tout le monde.
Yuri osa enfin relever la tête vers MinHo, les lèvres étirées en un petit sourire.
- J'étais furieux et prêt à lui hurler dessus mais quand j'ai croisé son regard, je... Aucuns sons n'est sortis de ma bouche. Elle me regardait avec ses grands yeux si innocents et... Et...
Le brun s'essuya les yeux en se raclant la gorge.
- Vous n'êtes pas obligé de continuer, monsieur Lee.
- Ça va, je veux en parler.
Yuri acquiesça silencieusement.
- Et après ce jour on ne s'est plus jamais quitté. On a terminé nos études, on s'est marié et Shin est venu au monde quelques années plus tard.
- C'est romantique, murmura l'étudiante en souriant. J'aimerai connaître ça moi aussi.
- Et je suis sûr que ça t'arrivera... Euh... Je... Je veux dire « vous » !
Yuri se mit à rire devant l'air confus de son employeur.
- Ça va, ne vous inquiétez pas. En fait je crois que je préfère quand vous me tutoyer.
- Vraiment ?
- Oui, ça me fait me sentir vieille...
MinHo esquissa un sourire en secouant la tête.
« Yah, papa ! »
Shin rejoignit son père en courant et posa ses deux mains sur ses genoux.
- Ça va, mon grand ?
Le petit garçon acquiesça en souriant.
« Viens jouer avec moi ! »
L'enfant prit la main de son père pour l'obliger à se lever.
- Ok, ok, j'arrive bonhomme.
MinHo retira sa veste et suivit Shin à travers la pièce.
- Yuri, tu viens ?
- J'arrive.
De loin, elle se mit à les observer ; ils riaient et semblaient heureux.
Mais elle savait mieux que personne qu'un sourire, aussi radieux soit-il, pouvait cacher bien des maux.
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