Chapitre 3: solitude.
« Ils n'ont rien trouvé d'autre que des tâches de sang— »
« Impossible ! » avait-elle hurlé.
Les hommes firent un pas en arrière effrayer par la réaction de cette femme, qui était d'un naturel si calme.
« Mathilde, calmez-vous. » Lui avait demandé le propriétaire, Gérôme.
« Pardonnez-moi monsieur... Mais » reprit-elle « Mais... »
Mais rien, elle était incapable de traitée les évènements qui venait de se produire : car au petit matin la personne qu'elle chérissait le plus, avait disparu.
Eden s'était volatilisé mais sa route était claire : la forêt. Mais pourquoi y irait-il en pleine nuit ? Que c'était-il passé ? Ces questions rongeaient son esprit tandis qu'elle prenait dans son cœur une partie du blâme.
Au petit matin elle voulait s'excuser d'avoir voulu incendier ses sentiments, tout en lui remettant ce qu'elle lui avait lâchement volé ; mais il n'était plus.
Eden s'était évaporé.
« Demander leur de rasée cette forêt s'il le faut ! Mais par pitié ! Ne rester pas là à ne rien faire ! »
« Mathilde... » réessaya le propriétaire.
« Non...non tout est de ma faute n'est-ce pas... »
Le stress que cette disparition avait causé, commençait à s'emparer de son esprit. Le propriétaire remarquant que son état s'aggravait au fil des minutes, l'invita à prendre congé, mais il n'en n'était rien.
Il a donc dû recourir à la force.
Il aura fallu la concentration de 3 hommes pour faire sortir cette bonne femme et la mené jusqu'à ses quartiers.
La salle était silencieuse, opposant le propriétaire au chef du groupe de recherche.
« Nous pouvons maintenant reprendre... dans de meilleures conditions, si vous le voulez bien. » reprit le propriétaire.
« Bien évidemment. » Continua, le chef. « Comme je le disais, Mes hommes n'ont retrouvé que des tâches de sang suspendu aux arbres, mais aussi des bouts de papier près d'une grotte. Cependant aucun d'eux ne semblait avoir d'importance, à part celui-ci. »
Dit-il tout en sortant un papier ou plutôt une moitié de lettre.
« Cet écrit est le seul, lisible, que nous avons retrouvé au sein de la grotte, non loin des bouts de papier. »
Il posa l'écrit plier en deux sur la table, non loin du propriétaire qui s'affairait à examiner ladite forêt de près.
Ayant remarqué son regard le chef ne put laisser son ami dans un tel supplice mentale, mais que pouvait-il faire ? Lorsque son regard prenait une telle distance il était presque impossible de le faire revenir sur terre.
« Qu'en est-il de lui ? Pense-tu pouvoir le retrouver ? » demanda Gérôme.
« Sincèrement mon cher ami, je n'en ai aucune envie. » répondit vaguement le chef.
« Silace ! »
Un échange monstrueux se produisait entre les deux anciens confrères : car tandis que toute la rage de Gérôme semblait avoir migrée vers ses yeux, Silace lui restait décontracté.
« Écoute... » Reprit Silace, « ce ''démon''— »
« Hermaphrodite. » Rectifia sèchement Gérôme.
« Cet hermaphrodite, souffre de naissance de par sa condition et de la réaction de ceux qui l'entourent dès qu'ils l'apprennent. Il est normal qu'il est voulu fuir de cet univers toxique où tout le monde est dans la confidence. »
« Toxique ? » demanda-t-il stupéfait.
« Tu sais tout comme moi que c'est dans les recoins les plus sombres que les serpents crachent leur venin. »
Il resta pensif, se demandant quel était la meilleure solution. Pour venir à bout de ce malheur.
Mais il n'en trouva aucune.
« Que pense-tu que je devrais faire ? » avoua Gérôme.
« Laisse-le vivre, laisse-le mourir. De cette manière sa vie ne résumera pas à une existence en cage faite d'épine. »
Voyant l'hésitation qui se dessinait sur son visage, il rajouta :
« Je sais que tu le considérais comme ton propre enfant, mais certaines fois il faut les laisser faire des folies. »
Le propriétaire était maintenant seul, songeur. Passer une autre commande aurait été l'une des meilleurs choses à faire, cependant étais-ce vraiment ce qu'il aurait voulu ?
.............
Gérôme méditait sur la possibilité d'annoncer à la gouvernante en chef, Mathilde, sa décision : car quoiqu'il arrive, elle serait en désaccord.
Il devait donc lui annoncer : la mort d'Eden, pour que celui puisse vivre.
Bien que cette ruse puisse s'avérer véridique - ce qu'il implorait de ne pas être- cela le peinait grandement de devoir faire recourt à ce genre de tactique.
Il inspira donc une dernière fois avant d'entrer.
La chambre rayonnait, mais sa propriétaire faisait brouillage à tout ce zèle : avachie contre le lit ses boucles rouges emmêlées les unes contre les autres, contrastaient avec ce chignon studieux dont elle se paraît fièrement de jour en jour.
Il s'installa à quelques pas d'elles. Peu sûr par où il devrait commencer.
Mais lorsqu'il s'anima enfin, pour lui révéler la nouvelle, elle se glaça : poings fermés, agrippant les draps de tel manière à ce que son cœur ne lâche pas avec sa poigne.
Il voulait la réconforter, mais quel remède possédait-il face aux cœurs brisés ? La solitude était peut-être le seul remède.
Il se leva donc prêt à partir, mais déposa, avant, l'écrit que lui avait remis son ami.
« Ceci sont... ses derniers mots. » Commença-t-il délicatement, « J'espère vous revoir... le plus vite possible. »
La salle était maintenant silencieuse.
Le silence était si étrange, il atténuait et amplifiait la douleur...
.........................
Au fil des jours, Mathilde était toujours aussi inapte à reprendre du poil de la bête.
Madame lui aurait bien fait comprendre que la mort d'Eden n'était pas une si mauvaise chose et qu'elle devrait se reprendre sous peine d'être congédier, mais monsieur devait être en train de lui jouer mille et une mélodie pour l'en empêcher.
Toutefois elle avait réussi un exploit : celui de décrypter les quelques mots qu'il avait imprimé sur le papier.
Après avoir rassemblé une quantité titanesque de bravoure, elle s'attelait à le déchiffrer.
L'une après l'autre les larmes dévalaient les remparts de ses joues, pour s'évader sur le papier. Ces morceaux de pluie commençaient à brouiller le code secret qu'il avait inscrit, mais cela n'avait plus d'importance car ce code s'était gravé dans son esprit.
Plus les jours passaient, plus l'on constatait que son état s'améliorait, mais là n'était pas là ce qui avait changé : ses yeux, s'était-ils illuminés ? Son esprit, s'était-il éclairci ? Ou sa détermination s'était-elle renforcée ?
Quoi que cela soit, il était indéniable qu'elle s'était métamorphosée intérieurement.
Et un beau jour tandis que le propriétaire examinait ses revenues, une silhouette qu'il n'attendait que pendant bien trop longtemps se présenta. Ses lèvres s'étiraient sous sa barbe hirsute.
« Comme vous pouvez le voir très cher, » commença-t-il fou de joie, « ce bureau aurait besoin d'une petite rénovation. Après tout cette tâche vous est déléguée a vous et à vous seul »
« Effectivement ! Patientez le temps que je me munisse en bonne et due forme. »
Avant qu'elle n'ait pu quitter la salle, Gérôme murmura :
« Pardonnez-moi. »
« Je ne suis pas encore prête pour cela. » lui rappela-t-elle.
Elle avait changé, c'était indéniable, cependant la cicatrice que trimballait son cœur n'était pas prête de se dissipé de sitôt.
.............
Mathilde avait pris les devants.
Elle s'était jurée qu'Eden serait le dernier à subir toute cette souffrance, finit l'inactivité, le rejet et le déni.
Ses règles avaient changé, plus personne dans le manoir ne pourra infliger une quelconque souffrance à autrui.
Sous ses nouveaux commandements et sa poigne de fer, pas même madame ne pouvait l'atteindre.
Un jour sans crier gare, Mathilde fit une demande que le propriétaire ne pouvait refuser.
Elle savait que l'ambivalence d'Eden était redoutée, de ce faite il était perçu comme une créature maléfique qui avait subi le courroux de son créateur sans aucune réelle raison.
Il était conçu tel un « démon ».
Qui, autoriserais donc la création d'une pierre tombale a la mémoire de cette âme pécheresse si ce n'était ceux qui voyait avec leur cœur et non avec leur croyance.
Elle s'est donc mise au travail et a fait de cet endroit secret, qui se trouvait sur la propriété de Gérôme, un mausolée floral a l'honneur de son seul est unique enfant.
C'est entre les Lys qu'il retrouvait sa pureté, les chrysanthèmes qu'il se rappelait sa tristesse passée et des hortensias qu'il retrouvait l'amour de ceux qui l'ont aimé.
Une fois par semaine elle s'y rendait comme en pèlerinage et s'y reposait tout en repensant à ce code secret qu'il avait gravé avec tendresse dans son esprit.
« Monsieur, mon bienfaiteur, père adoptif
Je vous remercie pour tout. Pour m'avoir élevé et délivré
Et quant à vous chère maîtresse, chère mère
Merci pour cet amour présent que vous n'avez malheureusement pas su exprimer. »
Là où tous voyaient un monstre, elle y voyait un enfant qui ne souhaitait rien d'autre que d'être aimé.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro