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le squat


Le regard vide et l'esprit un peu éteint, Moussa est assis au bord du lit. Quelques mètres en dessous, trois quatre jeunes fument des trucs qui ne sont pas des clopes. Un vague relent s'engouffre par la fenêtre sale qui ne ferme jamais tout à fait.

Il pense, sans vraiment accorder d'attention à ses pensées. Il pense aux autres jeunes de l'ancien bâtiment et à leur solitude malgré le fait qu'ils vivent entassés, il pense aux bribes de discussion – pas toujours dans une langue qu'il comprend – il pense à la déchirure sur le col de son t-shirt et à celle tout en bas de son jean. Parfois, une pensée particulièrement violente lui assène un petit coup sur le crâne.

Tellement de mélancolie et d'amertume dans ses pensées, toujours, toujours la même chose, on essaye de s'en sortir mais c'est toujours la même chose. La même boule au fond de la gorge, le même sentiment que tout est vain, la même rage et la même petite voix plaintive et craintive qui résonne dans son corps, voulant juste s'endormir en pensant que tout va bien.

Il pense, quelques larmes coulent, il pense et ses pensées dérivent vers l'odeur âcre de la fumée. Après l'océan, le feu. Les éléments sont contre lui, se dit-il avec un faible sourire qui n'a rien d'heureux. L'agitation et la peur, les têtes qui tournent dans tous les sens, la fuite des uns et des autres, les murmures angoissés et les cris de terreur. Quelques plus vieux qui essayent d'aider les plus jeunes, ceux qui sont encore, au fond, seulement des enfants. Des enfants qui devraient se faire réveiller par le chant chaleureux d'un papa et dont la plus grande peur ne devrait être qu'une mauvaise note en maths.

Mais le pire, ce n'est même pas le chaos ou l'injustice. Le pire, c'est la peur du mourir, celle que Moussa n'espérait ne plus jamais ressentir.

Sans qu'il ne sache vraiment pourquoi, son esprit dévie sur des images un peu plus heureuses. Sa mère, quand tout allait encore presqu'à peu près bien, un sourire rayonnant et un plat qui sent très bon entre les mains. Et puis, tout à coup, vision fugace de sa prof d'Histoire, qui passe son temps à essayer de cacher ses incertitudes sous des phrases toutes faites et qui sonnent un peu faux. Il l'aime bien, cette prof, elle n'a jamais un regard de travers, elle ne semble pas tout le temps en train de le sonder aux rayons X et elle a l'air plutôt gentille, au fond. Moussa est sur le point de se laisser gagner par un sentiment plus paisible, lorsque des gouttes salées coulent de nouveau sur ses joues. Il vient de se rappeler que cette prof, comme tous les autres profs, il ne les reverra plus. Il ne peut pas se pointer au collège, sinon on va l'emmener. Où, il ne sait pas, mais loin, très loin sans doute.

Le ciel s'assombrit et l'averse commence à tomber. Les jeunes sur le trottoir rentrent chez eux, emportant une partie de l'odeur de cannabis. Les minutes passent, le bitume prend l'odeur du mouillé et le vent s'engouffre un peu plus par la misérable fenêtre. Las, Moussa enlève d'un geste vague ses baskets à présent trop petites et s'allonge sur le lit. Peut-on d'ailleurs vraiment appeler ça un lit ? Un matelas fin et troué vaguement posé sur un sommier dont il manque la moitié des lattes ? Le jeune garçon ne sait pas, mais il devra s'en contenter. Il pose sa tête sur son sac qui fait office d'oreiller et s'enroule dans un vieux sac de couchage qui trainait là quand il est arrivé. Une dernière pensée vient à son esprit :

« Les pluies d'ici sont si différentes que celles du Mali »

Le bruit des gouttes bat très fort à ses oreilles. Il a peur et il a froid. Alors, il ferme les yeux. Et il attend.



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