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CHAPITRE 14

Tristan de Martel

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— Quoi ? s'écria le maître des potions, ébahi. De quel mal es-tu donc atteint pour m'imaginer amoureux du Seigneur des Ténèbres ?!

Amaury resta muet quelques secondes, incapable de comprendre l'attitude dégoûtée du professeur de potions. Aurait-il mal compris quelque chose ?

Severus lâcha un soupir affligé lorsqu'il remarqua la confusion affichée sur le visage du jeune sorcier. Il était inutile de dire qu'il avait surestimé ce jeune homme et qu'il soit encore plus idiot que son jeune double.

— Mais… mais, balbutia Amaury, perdu.

Severus se pinça l'arête du nez, profondément irrité. Il aurait souhaité ne jamais avoir ce genre de conversation avec Amaury mais à présent qu'il se tenait ouvertement à ses côtés, il ne pouvait le lui cacher indéfiniment. De toutes manières, il avait la vague intuition qu'il finirait un jour par le découvrir et il ne souhaitait pas qu'il puisse l'entendre de la bouche d'une autre personne.

Il ouvrit la bouche pour parler mais avant qu'un seul son ne sorte de sa gorge, il fut touché par le maléfice du Saucisson et son corps tomba lourdement sur le sol. Il entendit un bruit sourd un peu plus loin et conclut qu'Amaury avait été également touché. Il voulut se libérer mais se rendit compte que c'était comme si sa magie avait été soudainement supprimée de son corps. Il sentit une immense panique l'envahir soudainement alors qu'aucun sortilège informulé ne semblait fonctionner, sa magie restant désespérément muette.

Il essaya de trouver rapidement une solution à leur situation, quand, brusquement, tout son être se figea. Il se sentit comme opprimé par une puissance magique qui se rapprochait dangereusement. Il n'avait jamais senti une telle aura auparavant, même pas auprès de Dumbledore ou du Seigneur des Ténèbres, même pas en étant aux côtés d'Amaury qu'il trouvait déjà effrayant et plus puissant que les deux vieux chnoques.

Il frissonna lorsqu'il entendit des bruits de pas lents et réguliers.

— Surprise, surprise, fit une voix de stentor.

Le maître des potions eut la chair de poule à l'entente de cette voix forte et parfaitement audible. La personne qui venait de parler dégageait de façon nonchalante une aura meurtrière.

— Qui aurait pu penser qu'une simple disparition de ma part provoquerait autant de changements en mon absence ?

Severus se raidit un peu plus et contracta douloureusement sa mâchoire lorsqu'il devina l'identité de la personne qui venait de les attaquer.

— J'ai non seulement gagné un conjoint mais aussi un fils, poursuivit l'homme d'une voix traînante.

Tristan était bien évidemment moqueur et souhaitait simplement s'amuser un peu plus longtemps avec ces deux usurpateurs. Aussi, il se rapprocha du maître des potions et baissa la tête vers l'homme tout de noir vêtu puis esquissa un sourire goguenard lorsqu'il remarqua le regard du potionniste. Il était amusé par l'homme qui semblait contenir en lui un certain feu. L'homme avait clairement conscience qu'il n'était pas un match pour lui mais restait néanmoins menaçant malgré sa posture.

— Il semble que vous soyez fidèle à votre personnage, monsieur Snape, ricana Tristan. Ou devrais-je dire, monsieur De Martel ?

Severus ne put ouvrir la bouche pour lui répondre mais fusilla tout de même l'homme du regard, masquant habilement sa peur de l'homme. Le maître des potions n'était pas stupide et avait clairement conscience qu'Amaury et lui passeraient un sale moment.

Tristan détourna son regard du maître des potions pour s'avancer vers Amaury qui avait un visage aussi lisse que de la porcelaine, aucune émotion n'étant visible sur son visage.

— Je suis curieux, fils, de savoir ce que tu es réellement, dit-il. Bien que je sache qui tu es, car seul un Potter pourrait avoir accès à mes biens, je n'arrive toujours pas à distinguer ta véritable nature. Veux-tu bien le dire à ton père ? Qu'es-tu, Amaury ?

Amaury sentit qu'il avait été libéré du maléfice mais n'osa pas agir imprudemment. Contrairement à ce que l'on pensait de lui, il n'était pas stupide au point d'être téméraire.

— Je… je suis le Maître de la Mort, révéla-t-il faiblement tout en jetant un bref regard au potionniste qui était toujours soumis au maléfice du Saucisson sur le sol.

Tristan évalua le jeune homme un instant avant d'hocher la tête. Il regardait Amaury d'un air indéchiffrable avant de finir par libérer le maître des potions qui se précipita aussitôt auprès du jeune sorcier qu'il protégea de son corps, se plaçant devant ce dernier.

— Ne devriez-vous pas être mort ? demanda Severus d'un ton sec.

— Et j'aurais dû le rester encore quelques années mais quelle ne fut pas ma surprise lorsque j'appris récemment que j'avais un homme et un enfant qui m'attendaient à la maison, répondit simplement Tristan comme s'il parlait de la pluie et du beau temps.

Severus se crispa, sachant que la présence soudaine de Tristan de Martel n'était en aucun cas un signe de bon augure pour eux car il pouvait clairement dire que cet homme était extrêmement dangereux et qu'il valait mieux affronter le seigneur des ténèbres plutôt que de lui faire face. Il ne saurait l'expliquer mais la présence de l'homme le rendait extrêmement tendu et tout son corps était en état d'alerte rouge.

— C'est tout naturellement que j'ai dû cesser toutes mes activités pour rentrer à la maison, termina Tristan avec un sourire.

Severus lui lança une œillade noire, essayant de supprimer l'intention meurtrière qui brillait dans son regard.

— Maintenant que je suis de retour à la maison, j'ai soudainement très faim, dit-il. Mon mari, qu'y a-t-il de bon à manger pour moi ?

Severus n'avait qu'une seule envie, celle d'envoyer un avada entre les deux yeux à cet homme insupportable, mais il réussit vaillamment à réprimer ses intentions malveillantes.

— Je vais demander à ce que l'on vous fasse quelque chose à manger, dit le potionniste. Avez-vous une préférence ?

— Cela fait si longtemps que ton cher époux n'a pas mangé de la nourriture préparée de tes propres mains.

Severus comprit parfaitement ce que voulait le français et riva un instant son regard sur Amaury, réticent à le laisser seul en compagnie de cet homme mais ne put rien faire d'autre que se plier aux exigences du sorcier. Si ce dernier voulait faire du mal à Amaury, il l'aurait fait depuis bien longtemps. Alors, il quitta la pièce en direction de la cuisine du manoir.

Les lèvres de Tristan se courbèrent en un sourire narquois avant de porter toute son attention sur Amaury.

— Maître de la Mort, railla-t-il. Il semble que mon fils, malgré qu'il soit majeur ait encore besoin de son père pour assurer sa protection.

— Votre protection ? fit Amaury, déconcerté. Je n'ai pas besoin de votre protection.

Tristan haussa élégamment un sourcil en lançant un regard moqueur au jeune homme.

— Aussi vaste qu'est le monde alors nombreux sont ceux qui sont puissants et veulent devenir le Seigneur de cette terre, dit-il. Bien que tu viennes du futur, tu ne sais rien du monde magique et je ne peux vraiment blâmer ton manque de connaissance malgré ta puissance. Mais quoi qu'il en soit, tu as attiré des regards indésirables dans ta direction.

— Des regards indésirables ?

— Tu as usurpé la mauvaise identité, gamin. Ton porteur et toi, parce que vous êtes liés à moi êtes devenus des cibles de personnes bien plus fortes et plus cruelles que Dumbledore ou Jedusor.

Amaury sentit un frisson d'horreur parcourir ses veines alors qu'il rencontrait le regard d'un bleu glacial de Tristan de Martel.