La maison des Kervella était située au bord de l'Océan tout prêt de Camaret sur mer, en Bretagne. Sa façade était blanche comme la neige, aucune trace ne venait tacher la belle peinture, son toit fait en ardoise était tout aussi propre. Madame Kervella avait un mot d'ordre, sa maison devait être la plus belle de la côte, plus belle que celle de ses lointains voisins. La promesse était tenue. Le jardin verdoyant entouré d'une magnifique clôture blanche, était fleuri a souhait de toutes sortes de fleurs poussant dans la région. C'était une très belle maison, une maison bretonne pleine de charme habitant autrefois une famille soudées que la mort avait frappé récemment. Néanmoins, la demeure n'avait rien de mélancolique, le soleil éclairé de l'un de ses rares rayons les ardoises du toit donnant ainsi un effet angélique à celui ci. La pluie pouvait bien tomber, la maison des Kervella resterait belle.

Trois jeunes gens passèrent le petit portillon du jardin afin de pénétrer dans la propriété. Ils avaient chacun un carton dans les mains répondant ainsi à la demande de la maîtresse de maison. Réfugiés sous un grand parapluie bleu, leurs pas étaient incertain faisant craquer chaques cailloux qui recouvraient le chemin menant à l'entrée. Ils ne semblaient pas vouloir arriver rapidement et ralentirent plusieurs fois leur marche redoutant l'instant où il faudrait entrer.

L'une des deux jeunes filles présentes, échangea un regard avec ses amis une fois devant la porte. Ils hésitaient encore à sonner ne sachant comment se comporter avec la famille à présent.

- C'est eux qui nous ont demandé de venir, frappe Valéry, dit le jeune homme tout en passant d'un pied à l'autre.

- Je ne sais pas, tu sais très bien que j'ai du mal avec les personnes tristes, je ne saurais pas comment m'y prendre si sa mère me tombe dans les bras en pleurant, répliqua Valéry en s'approchant tout de même un peu plus prêt de la sonnette. Sa main se posa sur le bouton sans pour autant l'actioner.

- Tu lui tapoteras le dos tout en l'écoutant, ce n'est pas bien compliqué.
La deuxième jeune fille avait parlé de sa voix forte et pleine d'assurance, elle avança elle aussi sur le perron et donna trois grand coup sur la porte devançant son amie.

Ils ne leur fallut pas attendre longtemps avant que la porte s'ouvre sur une Madame Kervella inchangée. Ils furent surpris de la voir souriante et vêtu de l'une de ses robes colorés qu'elle adorait porter, l'accueil fut chaleureux et bienveillant comme ils y étaient habitués.
Comme si cette mère n'avait pas perdu son fils quelques jours auparavant. Ils eurent presque l'impression qu'elle allait comme à son habitude leur proposer d'aller dans la chambre de leur ami pendant qu'elle préparerait ses fameuses collations.

- Je suis heureuse que vous soyez tous venu, entrez vite ! Il fait si frais dehors ! Déclara la mère Kervella de sa voix chantante, s'écartant de la porte afin de les laisser passer.
Valéry, Eric et Jeanne échangèrent un rapide regard entre eux, chacun surpris de la gaieté qui remplissait cette demeure. En effet la maison n'était pas en deuil comme cela aurait dû être le cas, rien n'avait changé ni la propreté des lieux qui avec le chagrin aurait pu se dégrader ni la musique qui raisonnait toujours dans la pièce principal, une musique gaie comme il aimait temps.

Simone Kervella après avoir récupéré les manteaux trempés, invita les trois amis à s'installer sur le canapé prêt de la cheminée où brûlait un grand feu dégageant une odeur rassurante de bois fumant.
La femme après avoir deposé un plateau sur la table basse, s'assit sur le fauteuil en face, sans pour autant faire attention aux visage incrédules de ses invités.

- Que pouvons-nous faire pour vous Simone ? Questionna enfin Eric en observant l'intéressée servir une tasse de chocolat chaud à chacun d'entre eux. 

Elle releva la tête s'installant un peu mieux dans son fauteuil et observa avec précision chacun des anciens amis de son fils. Elle voulait se souvenir de leurs traits car elle ne pensait plus les revoir après cette journée.

-Samy avait beaucoup d'affaire, avant de...partir il m'a demandé de vous permettre d'emballer vous même ses affaires. Vous pouvez garder ce qui vous plaît et nous donnerons le reste à des oeuvres de charité, expliqua-t-elle d'une voix très douce dans laquelle on ne décelait aucune pointe de tristesse.

Valéry, très émotive, avait une larme au coin de l'oeil qui menaçait à tout moment de couler sur sa joue rosée par le froid.

-Mais...vous ne souhaitez pas garder quelques unes de des affaires ?

Simone lui sourit tendrement avant de lui tendre un mouchoir.

- Samy est dans mon coeur, dans le coeur de mon mari. Je n'ai pas besoin de ses vetements ou de bricoles pour me souvenir de mon garçon. Ne soyez pas triste trésor, Samy voulait que vous les ayez, il avait d'ailleurs sûrement une idée derrière la tête... il en avait toujours une.
Elle s'arrêta un instant l'air rêveur songeant à son cher fils.

- Il m'a laissé des indications strictes, rien n'a été déplacé dans sa chambre. Vous devez y entrer chacun votre tour dans un ordre précis. Vous êtes la première Valéry.

La jeune fille lança un regard inquiet à ses amis qui eux aussi ne semblaient pas vraiment rassurés. Ils se demandaient tous si le chagrin n'avait pas rendu folle cette pauvre femme, néanmoins, Samy avait toujours fait preuve d'un esprit aiguisé et d'une organisation inégalable. Cela lui ressemblait bien après tout.

Valéry prit donc son carton se dirigeant dans le couloir derrière la cuisine. La porte de la chambre de Samy était la plus large, elle s'arrêta pendant un instant hésitant à entrer, son ami ne l'attendait pas derrière et c'est ce qui la rendait triste. Elle n'était jamais entrée dans sa chambre sans qu'il n'y soit présent. Après un long soupire et quelques grandes inspirations, Elle poussa enfin la porte, pénétrant dans l'antre de Samy.

Ce qu'elle ne savait pas, c'est que son ami avait prévu de lui dévoiler un secret, un secret qu'il voulait transmettre à chacune des personnes qu'il aimait. Le secret du bonheur.