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37.

Iris Genevria Dawson avait changé depuis la dernière fois que je l'avais vue. Si ce n'était qu'elle me paraissait plus petite. Ses boucles blanches surmontaient son visage fripé et éternellement hâlé. Ses yeux marron s'étaient foncés. Ou alors c'était l'épaisse couche de mascara qui maculait ses cils qui me donnait cette impression.

De lourdes cernes soulignaient ses yeux, le fond de teint ne parvenant pas à les dissimuler totalement. Et pourtant, elle devait avoir mis une sacrée couche.

Elle enleva son pardessus et me le tendit. Je l'accrochai à la patère en roulant des yeux. Elle agissait toujours comme si elle était la Reine d'Angleterre en visite chez un pauvre sujet. Je détestais ça, cette attitude.

Je l'observai avancer vers le salon. Elle pourrait faire ce qu'elle voulait, ça ne changerait rien à cette apparence latente de fragilité. Un coup de vent et elle pourrait s'effondrer en poussière. Un choc et elle se briserait un membre.

- Je savais que tu finirais par me contacter, dit-elle en s'asseyant sur le bord de mon canapé.

Louis me jeta un regard depuis la cuisine. Il ne l'appréciait pas plus que moi. Je ne cherchais même pas à jouer à son jeu. Je préférais attaquer tête première le sujet qui m'intéressait.

- Vous savez donc ce qui est vraiment arrivé à Lila et ce qu'il se passe ici.

Elle leva ses lourdes paupières vers moi, un éclat de confusion dans ses prunelles.

- Lila a été assassinée par un fou furieux.

- Non. Elle a été assassinée par un démon. Parce qu'elle était une sorcière et qu'elle voulait me protéger, défaire la malédiction qui pèse sur moi.

La petite vieille s'affala dans les coussins, perdant de sa superbe. J'eus vraiment à faire à une grand-mère qui affronte son pire cauchemar. Une vieille femme fatiguée et usée par la vie, par ce qu'elle avait vu et fait.

- Un démon, tu dis ?

Je hochai la tête.

- Elle m'avait juré de ne pas s'en mêler. Elle m'avait juré de ne pas le faire.

- Vous étiez au courant ? Vous saviez tout ce temps et vous ne m'avez rien dit ?

Elle n'eut même pas l'air embarrassée ou de regretter. Au contraire, elle semblait furieuse, désespérée. Elle secoua la tête, refusant de me croire.

- Elle ne peut pas avoir fait ça. Elle n'est pas si bête que ça. C'est impossible.

- Elle l'a fait, Iris, intervint Louis en nous rejoignant avec des tasses de café et une tasse de thé pour moi. Elle a posé un sort sur Yvana pour lui faire oublier ses vies précédentes.

- Elle n'est pas si idiote que ça !

- Elle voulait aider sa meilleure amie. Elle n'était pas idiote. Elle voulait simplement aider, stopper une malédiction qui n'a déjà que trop duré.

J'étais étonnée de voir Louis défendre les choix de Lila. Je n'aurais pas pensé qu'il réagirait ainsi. J'aurais pensé que, comme Iris, il aurait blâmé Lila pour ses choix. Au lieu de ça, il prenait sa défense avec ferveur, me donnant les larmes aux yeux.

- Et pourquoi m'avoir appelée ? Je vivais très bien en pensant qu'elle était morte à cause d'un fou furieux. Je ne veux rien avoir à faire avec des démons.

- Alors vous allez juste repartir et laisser la mort de Lila ne servir à rien ? Vous comptez laisser les choses en l'état et détourner le regard ? Sans aucune honte ?

Iris le fusilla du regard. Elle se leva et nous toisa. Bien qu'elle soit largement plus petite que nous, une aura si puissante qu'elle semblait nous dépasser de très loin.

- Ne m'insulte pas, Louis Trinkett !

- La vérité blesse, soufflai-je.

- Vous ne savez pas de quoi vous parlez ! cria-t-elle, tremblante. Vous ignorez à quoi vous avez à faire ! Vous n'y connaissez rien et pensez tout savoir. Mais vous ne savez pas. Vous ne savez pas ce qu'ils font. Ce que ça prend d'en chasser un.

Elle se rassit. Louis poussa une tasse vers elle. Elle s'en saisit et y porta ses lèvres. Son petit doigt en l'air faillit me faire rouler des yeux. Elle ne pouvait pas être devenu le véritable stéréotype de la vieille femme qui va au club du troisième âge et joue les précieuses en buvant son café.

- Exorciser un démon... Ça prend des heures de travail et une énergie vitale immense. Et celui-là... Il doit être terriblement puissant.

- Il est né...

J'hésitai sur le terme. Je doutais que l'on puisse dire d'un démon qu'il naisse...

- Il est apparu, me repris-je, il y a 78 ans. Il me l'a dit. Lorsque Carter a passé les cent ans, le démon est apparu.

- Oh. C'est ce type de démon...

Je haussai un sourcil, encore plus inquiète. Qu'entendais-elle par là ?

Iris reposa sa tasse et serra ses mains l'une contre l'autre dans son giron et nous considéra avec un air de professeur.

- Il a beau être jeune, il n'en est pas moins puissant. Il est né d'une malédiction, de la rage, de la haine au fond d'un cœur. Il est un peu la gangrène du cœur de ce Carter. Le déloger risque d'être une tâche très complexe. Il va falloir arracher cette partie qui fait partie de chacun de nous. Chez ce Carter, elle s'est gangrenée et il va falloir l'amputer. Il ne se laissera pas faire. Il va lutter, se battre contre nous.

Je frémis. Je me doutais que le démon ne se laisserait pas exorciser facilement. Par contre, je n'aurais jamais songé que ce démon soit un bout de Carter. Qu'il vienne d'une partie noire et malade de lui. Ça me brisait le cœur.

- Il y a de nombreux risques aussi, continua Iris. Autant pour Carter que pour la personne qui fera l'exorcisme que pour toi.

- Pour moi ? m'étonnai-je.

Elle acquiesça sombrement de la tête.

- Tu es liée à lui à travers cette malédiction. Ton âme est liée à la sienne. Le démon se nourrit de ce lien magique et non-naturel pour puiser sa force. Il fera tout ce qu'il peut pour se protéger et arrêter l'exorcisme. Il pourra aussi bien tuer son hôte qu'il pourra se tuer, toi, à travers le lien.

Je dus considérablement pâlir parce que Louis se pencha vers moi, un « ça va ? » sur les lèvres. Je ne l'entendis pas vraiment. Je le devinai. Tout le monde disait la même chose dans des cas comme celui-ci.

Je me levai, marchai de long en large, chacun de mes pas résonnant sur le carrelage. Carter pouvait mourir. Je pouvais mourir. Et si je mourrais, tout recommencerait encore une fois. Le sacrifice de Lila aurait été vain.

- C'est quitte ou double, dis-je, sans vraiment parler à quiconque. Soit on parvient à l'exorciser soit il me tue et tout recommencera.

- Parvenir à l'exorciser ne mettra pas fin à la malédiction Yvana.

Je virevoltai vers elle, choquée. Mon cœur rata un battement.

- Quoi ?

- La malédiction est posée sur vos âmes, pas sur ce démon. Lui n'en est qu'une... conséquence, dirons-nous. C'est un dommage collatéral. Pour briser la malédiction, il faut briser le lien entre vos âmes. Et ça, je ne saurais pas le faire. Il faut une sorcière pour défaire un charme sorcier.

Je m'appuyai contre ma bibliothèque. Il fallait que je réfléchisse. Si nous faisions quelque chose, il fallait agir vite. Frapper fort. Le plus urgent était le démon. Évidemment. Je ne pouvais pas le laisser tuer à tout va à la moindre contrariété.

- Rompre la malédiction ne nous débarrassera pas du démon, je suppose ?

- Non. Il sera affaibli par la perte de la magie autour de l'âme de Carter mais il existera encore. Et il sera furieux.

- Donc, il faut l'exorciser avant de rompre le lien.

- Je pense que c'est la meilleure chose à faire.

Elle avait raison, bien sûr. La priorité était ce démon. Cette face de Carter née de sa colère et de sa haine envers Elizabeth.

Bêtement, j'avais pensé que me débarrasser de ce démon aurait suffi à briser la malédiction. J'aurais dû me douter que ça ne pouvait pas être aussi facile. Qu'il y aurait un énième problème à gérer, un obstacle à surmonter.

Nous n'y arriverions jamais. Briser le lien entre mon âme et celle de Carter, faire cesser mes réincarnations, mettre un terme à son immortalité... Jamais nous n'y arriverions. Ni dans cette vie ni dans les suivantes. Depuis sa malédiction, Carter aurait réussi à trouver une solution si c'était possible. Or, il n'en avait rien fait. Il s'était retrouvé pris dans la spirale et ne parvenait toujours pas à en sortir.

- Qu'est-ce qu'il vous faut pour l'exorcisme ? demanda Louis.

- Il me faut une dizaine de bougies, de la sauge, des allumettes, de l'eau bénite, une nappe ou un drap blanc, une coupelle en métal, une croix en métal. De la craie aussi. Et du sel.

Louis hocha la tête, notant tout sur son téléphone. J'observai sa tête brune penchée, l'air concentré. Il avait tendance à froncer le nez et à se mordre le bout de la langue lorsqu'il travaillait et que ça lui demandait toute son attention. Combien de fois m'étais-je moquée de lui pour ça ?

Désormais, j'étais reconnaissante de sa capacité à se focaliser ainsi. J'en aurais été parfaitement incapable. Je voulais seulement me rouler en boule sur mon lit, m'enterrer sous mes couvertures, et attendre la fin de cet enfer. Que quelqu'un réussisse à détruire cette malédiction.

Je regardai la vieille femme si fière, si sûre d'elle. J'observai mon meilleur ami, si appliqué, si fort. Je faisais tache. Je n'avais rien d'une combattante. J'étais le genre à m'effondrer, à me laisser marcher dessus, à prendre les coups sans jamais répliquer. Et eux, alors que ça les concernait de loin, y mettaient tout leur cœur et leur énergie.

Je me laissai glisser à terre. Je ne méritais pas qu'on m'aide. Dans un sens, je ne valais pas mieux qu'Elizabeth. Elle avait pris ce qu'elle voulait quand elle le voulait, se moquant des vies qu'elle avait ruiné sur son passage. Et moi, je poussais les autres à se mettre en danger pour m'aider, pour me sortir d'une malédiction qui pourrait les tuer.

Je ne pouvais pas rester celle que l'on protège, qui pousse les autres à agir et qui reste cachée en attendant la fin de l'orage. Ça devait être moi en première ligne. Personne d'autre. Je devais me secouer les puces et enfin agir, trouver le courage que j'avais toujours étouffé parce que c'était plus facile.

Maintenant, plus rien n'était facile. Ni pour moi, ni pour les autres. Lila était morte en tentant de m'aider et de me protéger. Louis avait été grièvement blessé en voulant me soutenir.

Il était plus que temps que je me lève enfin et que j'affronte la vie et que je règle mes propres problèmes.

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