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14.

Je ne réussis pas à en parler. Ni à Carter, ni à Lila. Je notai tout dans un cahier, en détails. Chaque seconde de cette nuit d'horreur. Tout ce dont je me souvenais, même les détails les plus inutiles pourraient peut-être se révéler utiles au final.

Toujours était-il que je gardais le silence sur ce qu'il s'était passé. Rien de tel ne survint à nouveau, me faisant presque croire que tout n'était qu'un très long et très complexe cauchemar. Toutefois, les blessures sous mes pieds contraient cette version de mon esprit.

C'était bel et bien arrivé et aucun tour de mon cerveau ne pourrait l'effacer.

Le week-end arriva et j'eus de la chance. Lila et Louis devaient partir sur Portland pour fêter l'anniversaire de mariage des parents de celui-ci. Je n'aurais pas de visite impromptue de ma meilleure amie.

Mon seul problème était Carter. Aussi bizarre que cela soit. Il avait vu que je montrais fuyante. Que je mentais à tout va. Notamment sur ce qu'il se passait à St John's. Le froid, les portes qui claquent, les pas au grenier...

Je commençais à comprendre pourquoi Jenna avait fait une crise de nerfs et avait fui la ville. Ce que je ne comprenais pas, c'était pourquoi ça tombait sur moi. Sur elle. Ginny, Michelle, Judith, Holly, Carter, Andrew... Aucun d'eux n'était affecté. Alors pourquoi Jenna et moi vivions-nous cela ?

Je devais la revoir.

Dans le bureau, j'avais accès aux dossiers de tout le personnel, passé et présent. Il me suffit de trouver celui de Jenna et j'y trouvai son adresse et son numéro de téléphone. L'école devait obligatoirement avoir une copie de son contrat d'embauche et dessus, il y avait au moins son adresse. Ca serait sûrement la seule fois où je serais bien contente d'être secrétaire à St John's...

Je ne voulais pas passer tout le week-end seule dans le cottage. Les phénomènes ne s'étaient pas répétés mais mes nuits étaient hantées par des cauchemars de plus en plus horribles et je n'y tenais plus. J'étais si fatiguée que mes journées étaient une suite sans fin de moments flous et embrouillés.

Il me fallait m'éloigner de Bloomingdale au moins un week-end. Rien que pendant deux jours. C'était l'occasion de retourner sur Portland. Si mes parents ne me laissaient pas dormir chez eux, je savais que je pouvais aller chez la grand-mère de Lila. Il me suffirait de lui raconter une partie de l'histoire pour qu'elle me laisse rester.

Je me fis un sac, verrouillai le cottage et rejoignis la voiture de Lila et Louis qui était garée devant. Ils avaient parus surpris que je leur demande de me déposer chez mes parents mais ils avaient accepté que je fasse le trajet avec eux.

- Pourquoi cette soudaine envie d'aller voir tes parents ? me demanda Lila, à moitié à genoux sur son siège pour me regarder.

Je haussai les épaules.

- Comme ça. Tu sais que je n'aime pas rester fâchée avec les gens qui comptent pour moi.

- Tu les as prévenus, au moins ?

- Pas vraiment. S'ils s'attendent à me voir débarquer, ils auront le temps de prévoir un joli discours pour maintenir la hache de guerre en l'air. Tu connais ma mère, après tout. Si tu lui donnes le temps de réfléchir, elle peut être un vrai démon.

Un frisson glacé dévala mon échine lorsque le dernier mot résonna dans l'habitacle, par-dessus la musique de Louis. Heureusement, aucun de mes deux amis ne s'en rendit compte.

- Tu n'as pas tort mais tout de même. Et s'ils ne sont pas là ? Ils avaient parlé de voyager, la dernière fois.

- On sait toutes les deux qu'ils n'en feront rien. Ils sont casaniers. Ils ne bougeront pas de leur maison.

Elle ne put que hocher la tête. Elle connaissait mes parents, savait comment ils étaient. Elle se remit correctement sur son siège sans répondre.

Ça ne dura que quelques secondes avant qu'elle ne se retourne à nouveau.

- Tu n'as pas peur de perdre du terrain, à partir tout un week-end ?

- De quoi est-ce que tu parles ?

- De Carter ! Ça a fait le tour de la ville, tu sais. Tout le monde sait qu'il est venu dîner chez toi. Que tous les deux, vous êtes déjà très proches. D'après ce que je sais, Holly a piqué une crise si terrible que les oreilles de Mona sifflent encore.

- Nous sommes amis. Rien de plus. Je ne vois pas pourquoi tout le monde en fait un tel plat.

S'ils savaient pourquoi il était venu dîner chez moi... Holly ne chanterait plus la même chanson. Elle aurait même plutôt tendance à fuir Carter. Elle nous prendrait tous les deux pour des fous.

Je me demandais d'ailleurs si ce n'était pas ce que j'étais. Folle. Je devais être folle. Je savais que je n'avais pas halluciné ce qu'il s'était passé mais depuis... Je n'étais plus très sûre de ma santé mentale.

- Tu es nouvelle en ville, tu es mignonne... En plus, tu travailles avec lui à St John's donc, il est facile de comprendre que tu lui plais. Et je suis sûre qu'il te plaît aussi !

Je forçai un sourire en secouant la tête.

- Je ne lui plais pas. Il est juste gentil avec moi. C'est ce qu'on appelle un ami.

- Il n'a jamais dîné chez Jenna, objecta-t-elle.

- Personne n'a jamais accepté Jenna, ajouta Louis.

- Comment ça ? demandai-je, étonnée.

Lila jeta un regard à son petit ami avant de soupirer. Elle n'avait pas tellement l'air d'avoir envie d'en parler.

- Jenna... Dès son arrivée, les gens ont eu du mal, avec elle. Hauts talons, tailleur, quelque peu méprisante... Elle détestait Bloomingdale alors Bloomingdale l'a détestée. Il ne fallait pas s'attendre à autre chose.

Je comprenais la réaction des gens du village. C'était une petite bourgade rurale alors voir quelqu'un débarquer, pendant être le roi du monde... Pas étonnant qu'elle n'ait pas été acceptée dans la communauté.

- Ils auraient cherché à la chasser en lui faisant peur ? osai-je.

- Je ne sais pas. Si c'est le cas, c'est un secret bien gardé. Si elle n'avait pas fait sa crise de nerf ou je ne sais quoi, peut-être que les gens auraient été plus bavards. Là, s'ils lui ont vraiment fait peur comme ça, ils ne diront rien.

Je hochai la tête, comprenant parfaitement. Ils n'allaient pas se dénoncer, communauté soudée ou non. Il en allait de la santé d'une personne. Ils ne pouvaient pas se vanter de l'avoir terrifiée au point de la faire consulter un psy.

- Toujours est-il que ta côte de popularité en ville est plutôt élevée pour une petite nouvelle. Notamment grâce au séduisant professeur de CM2 qui te fait de l'œil.

- Il ne me fait pas de l'œil. Arrête d'inventer.

- Ça ne vient pas de moi, pour une fois ! s'écria-t-elle, outrée. Tu ne me racontes plus rien de ta vie. C'est grâce à Mona que je le sais. Qui le sait par Holly.

Je roulai des yeux en lui donnant un petit coup sur le front.

- Tu écoutes Holly, maintenant ?

- Même Ginny le dit ! Elle m'a aussi dit qu'elle aimerait bien que tu sortes avec Carter. Holly arrêterait peut-être enfin de saouler le monde.

Cette fois, je la repoussai carrément sur son siège, agacée. Elle éclata de rire et je vis Louis rouler des yeux dans le rétroviseur. Il ralentit à un stop et baissa sa radio.

- Tu devrais essayer de sortir avec lui, dit-il, sérieusement. C'est un bon gars. Je le connais depuis un sacré bout de temps.

- Je ne savais pas que tu le connaissais.

- Je suis né ici. Ma famille a déménagé à Rosding quand j'avais dix ans. Je connaissais Carter depuis toujours et quand je suis revenu ici, il était de retour de la fac et avait son job à St John's. On a renoué et on se fait encore des sorties entre mecs parfois.

Je sentis qu'il y avait plus que ce que Louis voulait bien dire. Toutefois, je me doutais que nous arrivions sur le territoire purement masculin et qu'il ne me dirait rien. S'il ne l'avait pas encore fait, il ne le ferait pas.

- Tout ça pour dire que ce n'est pas un mauvais bougre. Tu peux lui faire confiance.

- Parce que, forcément, je suis censée être intéressée par lui, raillai-je.

- Ne tente pas de nous faire croire que ce n'est pas le cas ! répliqua Lila.

- Je ne l'ai jamais vu autrement que comme un ami. Une relation amoureuse n'est vraiment pas ce dont j'ai besoin pour le moment, de toute manière.

- Tu n'es pas en train de mourir d'un cancer ! Tu es juste plus fragile que le commun des mortels. Tu peux très bien enfin retomber amoureuse. Cette fois, essaie juste de faire un meilleur choix. Pour l'instant, tu es sur la bonne voie.

Je donnai un coup sur la tête de Lila.

- Fiche-moi la paix avec tes idées à trois sous ! Ça n'arrivera pas.

- Ne vends pas la peau de l'ours avant de l'avoir tué, Nana.

Je ne pris même pas la peine de répondre. Cette conversation m'agaçait en plus de me mettre mal à l'aise. Je ne voyais pas pourquoi tout le monde me voyait avec Carter. Certes, nous passions beaucoup de temps ensemble et il avait dîné chez moi. Y avait-il un code spécial à Bloomingdale qui disait que si un homme dînait chez une femme, ils sortaient ensemble ou étaient sur le point de le faire ?

Je me frottai les yeux, fatiguée. Je commençais à manquer d'énergie. J'avais besoin de dormir sans me réveiller à cause d'un cauchemar qui me drainait de mes forces. Je priais pour qu'un week-end loin de chez moi fasse l'affaire.

Néanmoins, cela m'angoissait un peu, malgré tout. Si je parvenais à dormir chez mes parents, cela voudrait dire que c'était mon cottage qui était... je ne sais quoi. Hanté, possédé... Peu importe. Par contre, si les cauchemars me suivaient...

Je ne voulais même pas songer à cette éventualité. Vraiment pas. Si je ne parvenais plus à faire de nuit complète où que ce soit, j'allais sérieusement songer à me faire interner. Je ne tiendrais jamais la distance.

Je dus m'endormir pendant le trajet parce que Lila me secouait comme un prunier lorsque je rouvris les yeux. Je me redressai, le dos endolori, la nuque raide. Je grimaçai en me massant un peu, regardant par la fenêtre où nous étions.

- Je ne t'ai jamais vue t'endormir aussi profondément en voiture, remarqua Louis.

- Désolée, répondis-je. Ça a été une longue semaine.

- Ce n'est rien, dit-il. Tu es arrivée.

- Si tes parents posent problème, tu m'appelles, reprit Lila. On passera te prendre, d'accord ?

Je souris en acquiesçant de latête, les remerciant sincèrement tous les deux. Je récupérai mon sac à côté de moi et sortis de la voiture. Je leur fis signe de la main, les regardant partir depuis le trottoir.

Je considérai la maison de mes parents. La façade de brique usée par la pollution, les fenêtres encadrées de vieux volets en bois, les rideaux blancs... J'avais passé tellement d'années dans cette maison que je connaissais chaque creux, chaque relief.

Pourtant, en l'instant, la porte me semblait si éloignée dans ma mémoire, étrangère, presque. J'avais le poing levé pour frapper, hésitant. Je me sentais terriblement mal à l'aise à l'idée de revoir mes parents. Ça faisait près de deux mois que j'avais déménagé, désormais. Deux longs mois sans avoir de nouvelles d'eux. Deux mois de guerre silencieuse.

Je finis par frapper et le son résonna dans le bois. Je patientai, espérant voir la porte s'ouvrir. Je frappai une seconde fois, plus fort. Enfin, j'entendis des pas traînants dans le couloir.

Le battant pivota dans un grincement lancinant. Le visage ridé et fatigué de ma mère apparut dans l'encadrement, ses courts cheveux poivre et sel tirés en arrière. Sa bouche s'ouvrit sans qu'elle ne prononce un seul mot.

- Salut, maman, dis-je doucement, prudemment.

- Yvana.

Je demeurai sur place, gênée. Ne sachant pas si l'accueil serait froid ou chaleureux.

- Tu ne devrais pas être ici. En ville. Tu as tes médicaments au moins ?

Je souris, sentant mes yeux brûler de larmes retenues. Elle me tira à l'intérieur, refermant rapidement la porte derrière nous.

- Viens avec moi. Je vais te faire un bon thé. Ça t'a toujours fait du bien.

Je la suivis jusqu'à la cuisine. Rien n'avait changé. Tout était à sa place, immaculé, comme dans mon souvenir. Je m'assis sur une vieille chaise qui crissa sous mon poids. Le coussin ne parvint pas à arrondir les angles secs et pointus de la chaise.

- Tu aurais dû appeler ! continua-t-elle tout en me préparant ma tasse. Ton père ne serait pas allé à cette soirée avec ses amis.

- Ce n'est pas grave, maman. Je le verrai plus tard.

- Tu restes pour le week-end ? Il faut que j'aère ton ancienne chambre !

- Maman, calme-toi. On a le temps.

Elle s'arrêta en posant la tasse devant moi. J'enroulai mes doigts autour de la brûlante porcelaine. Ma mère se laissa tomber sur la chaise en face de moi.

- Je suis contente de te voir. Vraiment. Bien que tu aies l'air épuisé.

- Longue semaine de travail, éludai-je en sirotant mon thé.

Elle tendit la main pour me caresser le bras.

- Je vais aller aérer un peu ta chambre. Tu as dîné, déjà ?

- Non, on a pris la route directement, avec Lila et Louis.

- Je vais te faire quelque chose à grignoter avant que tu n'ailles coucher alors.

- Merci, maman.

Elle se contenta de sourire en se levant. Elle sortit une boîte du frigo et la mit à réchauffer au micro-ondes. Elle disparut ensuite à l'étage, me laissant seule avec l'odeur des pâtes en train de réchauffer.

J'étais chez mes parents. Ma mère m'avait accueillie avec une chaleur à laquelle je ne m'étais pas attendue. Rien ne pourrait m'arriver, cette nuit. J'étais en sécurité. Quoi que ce fut qui hantât mes rêves, c'était resté à Bloomingdale.

Jamais ce monstre ne pourrait m'atteindre ici.

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