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Chapitre 32

‹ Magnus ›

Je me fige et il me faut quelques secondes pour, d'abord, réaliser qu'elle n'a pas parlé notre langue mais bien l'elfique et que j'arrive à la comprendre, mais aussi qu'elle m'a appelé par un prénom qui trouve un étrange écho dans de très lointains souvenirs. Les doigts de mon prince se resserrent sur les miens alors qu'il se place à côté de moi et, quand je lève les yeux vers lui, je vois le même étonnement dans son regard. Lui aussi a compris ce qu'elle a dit.

La jolie elfe à la peau brune s'approche et m'enlace comme si nous étions des amis qui se retrouvent après une longue séparation. Je dois dire que le geste me surprend et je me crispe, encore échaudé par la proximité non-désirée de la Reine Noire. Pourtant, l'étreinte n'est pas désagréable, contrairement à ce que je craignais.

— Vous avez bu l'eau de la source, nous apprend-elle en s'écartant. C'est pour cela que vous me comprenez.

— L'eau de la source ? C'est si simple que ça ?

Mes mots sont sortis tout seul, dans la même langue qu'elle sans même que j'aie à y penser. Elle se met à rire, un son qui résonne agréablement dans les branches, et hoche la tête avant de nous expliquer que la source est censée permettre aux personnes avec des intentions pures de pouvoir communiquer avec la forêt. Encore faut-il la trouver. Donc non seulement nous les comprenons, mais nous pouvons également nous faire comprendre.

Naexi se tourne ensuite vers mon prince qui la salue d'un signe de main, faisant fi du protocole qui régit sa vie.

— Je m'appelle Alec. Je suis un ami de Magnus.

Je souris malgré moi, un peu surpris par cette façon si simple de se présenter mais il me l'a dit plus tôt, pendant le voyage. Il ne veut pas qu'on le traite différemment à cause de son rang, alors il préfère ne pas leur dire qu'il fait partie de la famille royale.

— Enchantée de te rencontrer, Alec. Moi, c'est Naexi.

Elle s'approche pour l'enlacer à son tour et je pouffe de rire devant l'expression perdue de mon amour.

— Les amis de Magnus sont mes amis. Allez venez, les autres nous attendent !

— Attends, Naexi, lancé-je avant de me tourner vers Solstice et Immaculus qui ont traversé la barrière derrière nous.

Le village est en hauteur, impossible pour eux de nous suivre. L'elfe s'avance vers les animaux, comprenant mon hésitation, et défait leur harnachement qu'elle envoie par terre.

— Ne vous en faîtes pas, ils ne pourront pas sortir de l'enceinte du village. Et ils ne risquent rien ici, à part prendre goût à la liberté.

Je caresse Solstice en lui demandant de prendre soin d'Immaculus, requête qu'elle accueille avec un hennissement un peu mécontent. Ensuite, nous suivons Naexi.

Le chemin vertical se compose d'escaliers, de plateformes et d'échelles, sur plus d'une vingtaine de mètres. Ce n'est pas toujours stable et Naexi nous distance rapidement. J'aide Alexander à atteindre certaines plateformes quand des barreaux d'échelle brisés n'ont visiblement pas été réparés. Ils ne doivent pas souvent recevoir la visite d'humains.

Alors que j'aide mon prince à se hisser sur la dernière plateforme, il se laisse tomber sur moi et on se met à rire. Enfin, on est arrivés !

— Promis, la descente est beaucoup plus aisée, lui soufflé-je, amusé.

— Ça ne me fait pas peur, je sais que tu es là pour me rattraper.

Je rougis un peu et me retiens de l'embrasser. Il se relève et attrape mes mains pour m'aider à faire de même alors que Naexi nous observe. Elle ne dit rien, cependant, et je me demande comment les elfes réagiront quand ils se rendront compte de la relation que j'ai avec Alexander. Généralement, les tribus d'elfes sont proches de Natë, et Natë n'a jamais condamné l'amour mutuel, peu importe le sexe. Mais, qui sait ? Il y a des peuples qui se détournent, comme celui de Valmore.

Il est plus tôt dans la journée que la dernière fois, ainsi je peux mieux admirer le village. Les arbres sont entourés de plateformes assez larges et solides pour accueillir deux, voire trois bâtiments. Et entre les arbres, des passerelles retenues à des branches plus hautes. En levant les yeux, je vois qu'il y a même des plateformes près de la cime des arbres, sans doute pour pouvoir surveiller la forêt autour du village.

— Avant de vous faire visiter, je vous emmène voir Iefyr. Il était tellement heureux d'apprendre que tu arrivais, Magnus !

Pour la seconde fois, je me rends compte qu'elle a du mal à prononcer mon prénom, alors je me rappelle de celui par lequel je crois qu'elle m'a appelé à notre arrivée.

— Naexi, comment m'as-tu appelé tout à l'heure ?

Elle s'arrête alors qu'elle a fait quelques pas sur l'une des passerelles qui quitte la plateforme, et se retourne vers moi.

— Je suis désolée, ça m'a échappé, me dit-elle, gênée. Tu veux bien attendre d'avoir parlé à Iefyr ? Il répondra à tes questions.

Je me fais violence pour ne pas insister et j'abdique. Quelques instants de plus d'ignorance ne me tueront sans doute pas. Encore une fois, nous suivons Naexi qui nous emmène jusqu'à un bâtiment assez grand, dont les murs de bois sont décorés de diverses gravures. Quand nous arrivons sur la plateforme, Iefyr sort du bâtiment. Un grand sourire étire sa bouche et il vient poser ses mains sur mes épaules.

— Je suis content que tu sois revenu aussi vite. Et je vois que tu n'es pas venu seul, dit l'homme en regardant Alexander. Je me nomme Iefyr, je suis le chef d'Hyolean.

— Ô Grand Chef, lance Naexi sur un ton un peu moqueur. Je te présente Alec, c'est l'ami de Magnus.

Iefyr grimace un peu en entendant mon nom et je lève les yeux au ciel, agacé. Comment peuvent-ils me demander d'être patient et en même temps être aussi transparents dans leurs réactions ? C'est terriblement frustrant ! Les questions qui fourmillaient déjà dans ma tête depuis deux jours reviennent, il me semble, encore plus nombreuses. Concernant mon prénom, concernant cette « maison » qu'est censé être pour moi ce village, concernant mes yeux qui sont différents, même de ceux de cette tribu.

Le chef du village doit sentir ma tension parce qu'après avoir longuement observé Alexander, il repose ses yeux sombres sur moi. Il approche une de ses mains de mon visage mais se ravise avant de toucher ma joue.

— Et si nous entrions, propose-t-il. J'imagine que vous avez dû faire un long voyage pour venir jusqu'ici. Venez vous reposer, nous allons pouvoir discuter.

Repoussant la lourde étoffe, Iefyr nous fait signe de le suivre à l'intérieur. Nous entrons alors dans une grande pièce où sont installés une table ovale et des coussins à même le sol. La pièce est très claire, illuminée par de nombreuses fenêtres. Je constate que l'intérieur des murs est également décoré, avec de la peinture. Cela ressemble à une fresque comme celle présente dans le temple, pourtant je n'ai pas le sentiment que cet endroit soit un lieu de foi.

— Je vais aller nous chercher de quoi boire et manger, dit Iefyr. Naexi, tu m'accompagnes ?

Les deux elfes sortent et je vais m'asseoir sur l'un des coussins, puis laisse tomber ma tête sur la table en soupirant.

— Est-ce que ça va ? me demande mon prince en s'installant près de moi.

— Je n'en sais rien. J'ai peur de ce qu'il va me dire, et en même temps je n'en peux plus d'attendre !

— Ça fait près de vingt ans que tu attends, Magnus. C'est normal que ce soit difficile.

Vingt ans... Peut-être. Enfin, je ne suis pas certain d'avoir attendu, pendant toutes ces années j'ai cru que je ne saurais jamais d'où je viens et que je ne rencontrerais jamais personne connaissant mon passé mieux que moi. Pourtant me voilà à nouveau dans le village où je suis né.

— C'est incroyable, reprend Alexander en observant la pièce. J'ai déjà vu des villages elfiques mais jamais d'aussi... différents. La plupart se sont adaptés aux humains. Te rends-tu compte que si peu d'humains ont dû franchir cette barrière ?

— Et pourtant, ta sœur et Simon l'ont fait avant toi, le taquiné-je.

Il rit et secoue la tête. Je suis persuadé que s'il n'y avait pas eu cette guerre, mon prince ne serait pas devenu un grand guerrier. Pas qu'il n'en est pas l'étoffe, au contraire, mais... Sa curiosité et son désir de découvrir tout ce que le monde a à offrir m'ont toujours laissé penser que si rien ne le retenait, il serait déjà parti à la conquête de toutes les choses qu'il ignore encore.

— Ne te moque pas, me répond-il avec un ton de mise en garde. J'essaie d'oublier ce détail.

Je me redresse en entendant Iefyr et Naexi revenir. Ils déposent des plateaux sur la petite table et vont s'asseoir de l'autre côté. Le chef prend vite la parole.

— Ce soir, nous rassemblerons le village pour que tu puisses pleinement embrasser ton destin. Mais pour le moment, je crois que nous devons parler de ton passé, Nelaeryn.

Ah, le voilà ! Ce prénom encore. Je braque mon regard sur l'elfe, attendant qu'il continue. Quand ses yeux croisent les miens, l'expression de son visage devient terriblement tendre et mon cœur se serre.

— Nelaeryn, c'est le prénom qu'a choisi ta mère. Nous t'attendions depuis si longtemps, je crois que je n'ai jamais été aussi heureux, que lorsque nous étions tous les trois.

— Alors c'est toi, mon père, soufflé-je difficilement.

Il me répond par un hochement de tête et je lutte contre mes larmes pour lui poser la question qui me torture depuis mon enfance :

— Pourquoi tu ne m'as pas cherché ?

‹ Alexander ›

Cette question... Pourquoi ne pas avoir cherché Magnus pendant toutes ces années ? C'est, semble-t-il, très difficile pour Iefyr de lui répondre. J'espère seulement que son explication ne rendra pas mon amour plus fébrile qu'il ne l'est déjà.

Les secondes passent, laissant un grand malaise s'insinuer entre Magnus et Iefyr. Néanmoins l'elfe relève la tête vers son fils avec des perles d'eau dansant au coin de ses yeux bridés. Il cherche la main de Naexi qui la prend sans hésitation. Il est clair qu'elle connaît déjà la réponse, mais que cela ne peut être dévoilé que par le père de Magnus. Il sourit faiblement en sa direction, puis il débute.

— Quand Syllavana est décédée, mon cœur s'est arrêté. Nous avons tous vu son âme rejoindre Natë du haut de notre village. J'ai espéré que ce ne serait pas elle, ou même toi. Quelques elfes m'ont accompagné pour vous chercher. Malheureusement, le corps de ta mère a été retrouvé, atteint d'une blessure mortelle. Évidemment mon meilleur ami a voulu m'empêcher de la voir, ce que je n'ai pas accepté. Elle était encore chaude quand je l'ai prise dans mes bras pour pleurer sa perte. Je suis resté longtemps auprès d'elle, incapable d'affronter la réalité et criant son nom indéfiniment. Après un temps que je ne saurais évaluer exactement, on m'a obligé à me défaire de ma femme, l'amour de ma vie, afin de la rapatrier dans l'enceinte du village.

— Cela n'explique pas pourquoi tu as préféré te complaire dans cet endroit plutôt que de venir me réclamer et me libérer de cette vie de misère à laquelle j'ai été confronté.

Magnus est en colère contre Iefyr et je le comprends. Par contre, si sa famille l'avait ramené ici, jamais je ne l'aurais connu, et jamais je n'aurais su ce qu'est le véritable amour. Quant à son père, ses épaules se voûtent sous l'accusation somme toute méritée. Naexi se rapproche pour lui prendre le bras de sa main libre. Ils semblent être proches. Cette démonstration de soutien aide l'elfe à reprendre là où Magnus l'a interrompu.

— Crois-moi, mon fils, mon désir le plus cher était bien de te retrouver, mais mon statut de chef du village a sonné le glas de mes espoirs. Depuis des siècles, nous protégeons le village de la vue des humains afin de garder le secret de Lenora. Notre première loi consiste à masquer notre existence car la dernière eon, qui a survécu au massacre de ses semblables, portait les deux uniques enfants de sa race. Valmore aurait été sans pitié, à cette époque. Des demi-dieux devaient être protégés afin de perpétuer cette race pratiquement exterminée. Ainsi, bien que j'aurais aimé partir à ta recherche, mon devoir d'ancien me l'interdisait. Qu'aurais-je été, moi, le chef, pour défier cette règle millénaire ? Mon peuple se serait rebellé, pour eux-mêmes détruire le travail de nos ancêtres qui était de protéger les manciens. Ils auraient, un jour ou l'autre, révélé notre position ainsi que notre secret.

— Alors j'en suis vraiment un ? Un eon ?

— Oui, bien sûr, mais jamais l'un d'entre eux n'avait été happé par le pouvoir ultime. Seul Natë en personne peut le gratifier d'un tel honneur.

— Natë ? Mais je n'ai pas souvenir de l'avoir rencontré.

— Il apparaît dans les rêves.

Magnus retient son souffle et prend ma main.

— Seuls les eons ayant trouvé leur âme sœur auront ce privilège, poursuit Iefyr en me regardant serrer Magnus. Tu es le premier des descendants à recevoir ce don inestimable. Étant confinés ici, il était hautement improbable que tes ancêtres découvrent leur âme sœur, mais toi, tu sembles être celui que tout le monde attendait pour faire régner à nouveau la paix.

Mon amour réagit immédiatement en tournant son regard adorateur vers moi. Sans hésiter, je lui retourne mon amour indéfectible en l'embrassant chastement.

— Je le savais, chuchoté-je à son oreille. Tu es unique à mes yeux.

— Il l'est pour nous aussi, répond un Iefyr sur le point de s'écraser sous le coup de l'émotion. Nelaeryn, ton prénom signifie « espoir ». Ta mère était confiante que tu serais l'élu. Sa foi en Natë dépassait la plupart d'entre nous, mais elle savait, au plus profond de son cœur, que tu serais l'espoir de tous les peuples de ce monde.

Magnus se redresse de plus en plus intéressé par son passé et, bien évidemment, son futur.

— J'ai vu Natë, s'exclame-t-il au bout de quelques secondes de silence. Ses yeux, je les ai vus, ils étaient comme les miens. Il m'est apparu, tout juste après m'être évanoui dans l'eau. Tout était paisible, nous étions près de l'arbre de la clairière qui a probablement abrité les âmes des eons. Il y veillait ses enfants décédés.

Iefyr hoche la tête pour confirmer que c'est ce que l'eonne qui a survécu a décrit.

— Mon fils, je ne veux pas te fatiguer plus que nécessaire. Naexi va te conduire dans la hutte qui t'est réservée. Nous allons préparer le site sacré où ont été enterrés tous tes semblables ayant vécu dans notre village. Ce soir, nous ferons la cérémonie de rite de passage. Pour cela, tu dois être accompagné de ton âme sœur, sourit le père de Magnus en me regardant droit dans les yeux.

Je me demande si je dois me lever pour le saluer, lui offrir ma main ou autre chose quand Iefyr continue.

— Merci d'avoir été là pour mon fils. Sans ton amour, jamais il n'aurait pu développer son pouvoir. Merci, qui que tu sois, Alec de Hazelrune.

Moi qui suis habitué aux effusions fausses et pompeuses entourant mon rang de futur roi, j'ai enfin le sentiment que ce qu'il me dit vient du fond du cœur. Il ne connaît pas mon statut et pourtant, j'ai bien plus l'impression d'être important avec le chef de ce petit village elfique que dans notre royaume tout entier. Je suis enfin fier d'être qui je suis. Pas fier d'être le prince héritier, mais fier d'avoir élevé Magnus encore plus haut dans la hiérarchie que mon propre père ou ses semblables, tout ça, simplement en l'aimant.

Mes yeux amoureux ne peuvent se départir de la vue nouvelle que j'ai de Magnus. Je l'aime plus que ma propre vie et jamais plus je ne le laisserai. Selon les enseignements perpétués par ce village, nous sommes liés et je compte bien partager cet amour avec le monde entier.

Naexi s'écarte de Iefyr et nous fait signe de la suivre. J'avoue qu'un peu de repos après une journée aussi épuisante ne pourra que nous être bénéfique.

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