Chapitre 3
‹ Magnus ›
Je dois bien avouer que je n'avais jamais autant voyagé que depuis ces deux dernières années. Certes, la plupart du temps je me rends au même endroit de Lenora. Cependant, il m'est également arrivé de partir plus au nord ou plus au sud, selon ce que nous pouvions entendre en ville sur l'emplacement des batailles. Enfin, pas moi personnellement, bien sûr. Qui aurait dit la moindre chose à un elfe maudit ? Non, c'est ce qu'entendait Lydia, la dame de compagnie de la princesse, et qu'Izzy me racontait par la suite.
Si j'avais un peu plus de courage, je me serais engagé dans l'armée après le départ du prince. Même sans savoir manier l'épée, ils m'auraient accepté, car nous avons subi de nombreuses pertes au fil des mois. Mais ce n'est pas le courage d'aller me battre qui me manque, non. C'est celui d'affronter la colère d'Alexander après avoir délibérément désobéi à l'un de ses ordres. Un de ceux qui nous a valu une sérieuse dispute avant qu'il ne parte, qu'il ne me quitte. Je lui ai rarement crié dessus. En fait, c'est peut-être la seule fois que c'est arrivé. Je me souviens de l'expression sur son visage, à la fois choqué, agacé et un peu fier que je lui tienne tête. Il est le seul à essayer de me faire sentir son égal alors que tout le monde tente de me rabaisser plus bas que terre. Même avec Izzy ou Jace, notre différence de classe ne disparaît jamais complètement. Pas que je leur en veuille, je ne pense pas être leur égal, et encore moins celui de mon prince adoré. Le fait que je me suis rebellé contre son ordre était exceptionnel et sans doute aussi galvanisant que frustrant.
Solstice galope, elle fend l'air depuis la capitale jusqu'à la forêt de Lenora qui sépare Hazelrune et Valmore. Elle aussi, elle connaît bien le chemin, je le lui ai fait prendre quelques fois déjà et c'est une licorne très intelligente. Je traverse des forêts, des champs et des villages. L'heure tardive rend ma cavalcade plus discrète et le peu de gens que je croise se poussent d'effroi. J'imagine que nos yeux brillants et le bruit des sabots de Solstice doivent être effrayants.
Nous ne nous arrêtons que lorsque nous apercevons le pied des premiers arbres de Lenora. Une faible lueur émane de l'intérieur. Certaines plantes brillent la nuit, ce qui est pratique pour les voyageurs qui la traversent. Personnellement, avec mes yeux de chat, je n'ai jamais eu de mal à voir dans l'obscurité. Je mène Solstice jusqu'à l'un de mes endroits préférés pour m'installer durant mon attente. Et pour cela, nous devons un peu grimper.
Je ne vais pas plus loin que cet endroit qui se trouve à peu près à mi-distance des deux royaumes. Aller au-delà serait prendre le risque de me retrouver sur le territoire valmorien, si le cheval qui m'a emmené décidait de s'enfuir à cause d'une bestiole qu'il n'aime pas. Ça m'est déjà arrivé et, oui, j'ai dû rentrer à pied. En tout cas jusqu'à ce qu'on me prête un cheval pour aller jusqu'à Elunore, mais je suis arrivé si tard au château que j'ai été lourdement puni. Pour mon retard. Pour le cheval que j'ai égaré. Heureusement, Izzy m'a couvert et a dit qu'elle m'avait envoyé dans une ville à quelques kilomètres pour lui ramener une quelconque fleur qui ne pousse que là-bas et nous avons pu continuer à cacher mes escapades à Lenora. Toujours est-il que j'ai été battu et privé de nourriture pendant trois jours. Pour n'importe qui d'autre, le châtiment n'aurait pas été aussi sévère. Mais puisque c'était moi, l'intendant Aldertree s'en est donné à cœur joie.
J'attache les rênes de Solstice à un arbre en lui demandant d'être bien sage. Elle hoche la tête en hennissant et je ne peux m'empêcher de rire. C'est comme si elle comprenait ce que je lui dis. Je la flatte et m'approche de l'arbre que j'ai découvert il y a environ trois mois et qui est aménagé. Des planches sont disposées sur les branches pour faire une plateforme. Cela ressemble à une tour de guet, si bien que j'ai décidé d'en faire mon observatoire puisque je n'ai encore croisé personne, ici. En tout cas, aucun habitant de la forêt.
L'arbre est haut et, sous le bon angle, on peut voir le chemin sur de nombreux kilomètres avec de bons yeux. Et je crois que les elfes sont difficiles à battre sur ce point. Je m'appuie contre le tronc, enroulé dans ma cape. Le vent souffle fort et les branches taillées le laissent trop bien passer. J'ai beau y être habitué, je ne peux m'empêcher de me mettre à frissonner rapidement. Izzy m'a souvent répété d'emprunter une cape d'Alexander quand je pars passer la nuit dans le froid. Je n'ai jamais osé, si quelqu'un me voyait, on me traiterait de voleur. Et puis, je ne me suis pas non plus permis d'entrer dans sa chambre depuis qu'il n'est plus là. J'avais peur que ça rende les choses encore plus difficiles. Avec le recul, je ne sais pas si ça pourrait être pire.
Pour me tenir éveillé, je détourne parfois mon regard du chemin désert, cela me permet de rester attentif. Une trouée, à quelques kilomètres, m'incite à me lever pour mieux regarder. J'y aperçois un arbre au milieu. C'est étrange que je ne l'ai encore jamais vu alors que la clairière semble envahie de plantes luminescentes, de façon beaucoup plus concentrée que le reste de la forêt. De lointains souvenirs me viennent et je repense à la légende préférée d'Alexander, celle qu'il m'a racontée au moins cent fois. La légende des eons qui ont été massacrés dans cette forêt.
Je déglutis difficilement, un autre frisson glacé me parcourt l'échine et je détourne les yeux. Je sais bien que ce n'est qu'une histoire pour les enfants, mais là, en contemplant cet arbre qui a sûrement inspiré le barde qui a écrit cette légende, je me sens mal à l'aise. Je resserre les pans de ma cape et me mets à fredonner mon air préféré. Ce n'est qu'un air, malheureusement, parce que je ne connais pas les paroles et que personne d'autre n'a su me dire de quelle chanson il s'agit. Je ne sais même plus d'où je la connais, il me semble qu'elle a toujours été là, dans un coin de ma tête. C'est sans doute une chanson elfique que j'ai dû entendre quand j'étais bébé. Si c'est le cas, ce serait mon seul souvenir, j'étais trop petit pour en garder un seul de ma mère ou de mon père. Je ne sais même pas si mon père est encore vivant. Une chose est sûre, il ne m'a jamais cherché, personne ne l'a fait. Je ne suis pas du genre à passer inaperçu, peut-être dois-je en déduire que, même chez les elfes, mes yeux sont une tare.
Les heures s'écoulent lentement, ainsi que mes pensées. Par moment, je passe une main sur mes joues pour essuyer les larmes qui m'échappent. Il n'y a que dans cette forêt que je m'autorise à pleurer l'absence de l'homme que j'aime. Quand je me permets d'espérer le voir apparaître à tout moment, là, au bout du chemin, mes sanglots sont un peu moins amers.
Je finis par somnoler alors que, au loin, je commence à distinguer les lueurs du jour. Et soudain, je sursaute. Le jour ! Je devrais être déjà sur le chemin du retour ! Je saute en bas de l'arbre, en remerciant mon agilité naturelle. D'un geste impatient, je détache les rênes de la licorne qui ne tarde pas à s'agiter. Je tente de la calmer.
— Allez, on doit rentrer ou je vais encore me faire battre. S'il te plaît, pour une fois, ne sois pas comme ta maîtresse.
Je ne sais pas si c'est ma remarque qui lui déplaît, mais elle tire un peu plus fort sur la bride alors que j'essaie de l'emmener sur le chemin que nous avons pris plus tôt. Je dois même appuyer plus fort mes pieds sur le sol pour qu'elle ne me fasse pas tomber. La lanière de cuir m'échappe soudain et l'animal magique part en courant entre les arbres, avec plus d'aisance que je l'aurais cru et, j'avoue, espéré. J'essaie de la rattraper, profitant de mes facilités à sauter d'un arbre à l'autre, mais elle est plus rapide.
— Solstice !
Je l'appelle. Encore et encore alors que le sang commence à pulser contre mes tempes. Elle s'est enfuie. La licorne d'Izzy s'est échappée. Un animal magique, rare, et adorée par sa maîtresse est en train de disparaître entre les arbres.
— Je suis un homme mort...
Malgré la panique, je continue de courir, suivant ses hennissements. Une part de moi a l'impression qu'elle me demande de la suivre, qu'elle m'appelle, mais je chasse vite la pensée. C'est ridicule, comment le pourrait-elle ?
L'air me brûle les poumons et j'ai de plus en plus de mal à respirer alors que je cours plus vite que jamais. Si bien que je finis par trébucher et m'étaler sur un lit de feuilles. Je me relève avec difficulté alors que mon corps proteste un peu. Je dois lutter pour ne pas m'évanouir. Et puis soudain, j'entends le hennissement de Solstice, à quelques mètres en contrebas.
— Oh mais... C'est une licorne !
En entendant la voix humaine, je me relève. À mon état de panique déjà certain, s'ajoute la peur que quelqu'un la vole. Alors que je descends silencieusement, me concentrant davantage sur mes pieds que sur ce qui se passe en bas, j'entends une seconde voix.
— On dirait la licorne de la princesse, non ?
— Tiens c'est vrai. Regarde, là. Il y a même les armoiries de la famille royale.
Emporté par la pente, je ne m'arrête que lorsque mes pieds touchent durement le sol, à côté de l'animal. Deux épées se lèvent aussitôt devant moi et je regarde leurs propriétaires. Nous nous figeons en même temps, quand je reconnais l'armure des soldats runéens et qu'ils reconnaissent mes yeux. Les éclaireurs ? Ce sont les éclaireurs ! Mon cœur se met à battre vite, très vite. Si vite que je dois me retenir à Solstice pour ne pas tomber. La licorne tourne la tête vers moi et son hennissement ressemble trop à un rire pour que ce soit une coïncidence.
— Je te déteste. Tu es exactement comme ta maîtresse, murmuré-je.
— Magnus ? Qu'est-ce que tu fais ici ? demande l'un des soldats, ignorant mon échange avec la licorne.
— Et vous ? Vous rentrez ? Qu'est-ce que... Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
— Oh hm...
Les deux soldats se regardent. Visiblement ils ne savent pas quoi me répondre. Ils haussent les épaules et le second reprend :
— Le roi Robert et le roi Valentin ont trouvé un accord, mais on n'en sait pas davantage pour l'instant.
Un accord ? Après plus de sept cents ans de conflit, ponctués de batailles sanglantes, d'attaques sur la population et tellement d'autres actes de terreur, ils ont trouvé un accord ? Je sais que c'est ce qu'Alexander voulait et que c'est pour ça qu'il est parti. Alors pourquoi est-ce que ça me paraît étrange ?
Tandis que nous discutons, les bruits de pas des soldats se font entendre de plus en plus fort. Le premier éclaireur se retourne.
— Je crois qu'ils arrivent.
Il n'a pas besoin de me le dire, malgré les arbres, je les vois. Les centaines d'hommes qui arrivent et marchent, éreintés, dans la forêt. Et, au milieu des fantassins, quelques silhouettes à cheval. L'émotion fait battre mon coeur à une allure folle et monter les larmes à mes yeux quand, enfin, je le vois.
‹ Alexander ›
C'est dans un silence complet que nous suivons le chemin qui nous mène vers la maison. Je suis sous le choc et je dirais que Jace semble encore plus hébété que moi. La princesse Clarissa devra m'épouser parce que la reine Camille l'a délibérément enfermée en notre compagnie. Nous avions déjà entendu de nombreuses rumeurs sur la nouvelle reine des valmoriens, mais je croyais bêtement que ce n'était que des racontars. Les gens sont souvent jaloux du pouvoir et il est si facile de transformer une grande dame en persécutrice. Malheureusement, il semble que ce n'était pas seulement des histoires pour nous faire peur. Comment a-t-elle pu faire un tel affront à sa belle-fille ? La petite rousse a protesté, priant son frère de ne pas l'abandonner entre nos mains. Celui-ci a eu un instant de faiblesse, mais la Reine Noire, comme elle est surnommée, a trouvé le moyen de contrer chaque argument, ne nous laissant plus la possibilité de reculer.
Perdu dans mes pensées, je me demande comment je vais annoncer cette nouvelle à Magnus. Il n'y a jamais rien eu d'officiel entre nous, mais il sait que je l'aime plus que tout. Quand je l'ai quitté, il y a un peu plus de deux ans, j'ai essayé de faire comprendre à mon serviteur qu'il n'en serait plus jamais un et que je voulais partager ma vie avec lui. Ce jour-là, il m'a sourit sans pour autant me prendre au sérieux. Sa main a caressé ma joue avec tendresse avant de se reculer pour me laisser passer. S'il savait à quel point je pensais chacun de mes mots. Je me les suis répété sans cesse depuis que nous sommes partis.
Maintenant, je dois me rétracter car la femme de Valentin m'a acculé au pied du mur. Je suis un gentleman et il n'est pas question qu'on me prenne pour un goujat. Néanmoins, le seul argument acceptable à toute cette mascarade est que nous aurons enfin une paix durable. Et mon cœur est en miettes.
Sur le chemin, je jette un œil à Jace qui ne m'a pas adressé la parole depuis que nous avons quitté le château il y a déjà plusieurs heures. Il sait aussi bien que moi que je n'avais pas le choix. Pourtant, je sens qu'il m'en veut, juste en observant sa gestuelle. Malgré la nuit, je peux voir sa mâchoire crispée et ses mains fermement arrimées aux rênes. Il a toujours eu cette nonchalance qui se dégage de sa personnalité, mais je dois avouer qu'aujourd'hui, il n'en est rien. Jace est droit comme une flèche et regarde devant, même si ses subalternes s'adressent à lui. Ses réponses sont expéditives et il ne daigne pas répéter, même si le soldat le lui demande.
Heureusement, la princesse n'a pas eu à nous suivre. Elle nous rejoindra sur les terres runéennes lorsque ses robes et ses dames de compagnies seront prêtes. Je n'ai opposé aucune résistance à cette demande puisque cela me permettra de passer quelques moments avec Magnus avant que mon univers ne s'effondre à tout jamais. Je veux lui parler, le toucher, le regarder. J'aspire à être heureux à nouveau, comme nous l'étions avant tout ça. Pour toutes ces raisons, j'ai demandé à Jace et à mon père de ne pas ébruiter la nouvelle auprès de notre armée. Ils auront l'information bien assez tôt et cela se répandra au château comme le vent en plein hiver. Nos serviteurs auront tôt fait d'humilier Magnus qui sera le premier affecté par cet état de fait.
Je soupire en silence pour ne pas déranger Robert. Il n'a jamais rien dit sur mon affection évidente pour Magnus, mais justement, il n'a rien dit. Jamais il ne s'est opposé à ma mère quand elle y faisait allusion. La reine Maryse ne supporte pas que je sois attiré par lui. À plusieurs reprises, elle a tenté de m'ouvrir les yeux sur le mauvais œil qui habitait mon serviteur. Pourtant, il est celui qui est le plus sérieux dans ses tâches et le moins caractériel. J'en ai déduit qu'elle a peur de lui parce qu'il a hérité d'un regard de félin, mais aussi, elle ne supporte pas qu'il ne soit qu'un simple serviteur. Sinon, je suis certain qu'elle aurait facilement accepté notre relation depuis belle lurette. Je n'ose pas demander son point de vue à mon père et puis, de toute façon, cela ne sera plus d'actualité d'ici quelques semaines.
Sans m'en rendre compte, je voûte le dos. Un poids immense s'est emparé de mon corps et de mon âme. Mes belles années sont maintenant derrière moi. Je regarde ma main gauche à laquelle sera attaché un anneau et me remémore de folles escapades.
Magnus me tire fermement vers lui afin que je l'accompagne jusqu'au lac situé à quelques pas du château. Sa main est entrelacée à la mienne et je sens son énergie me parcourir, me donnant le goût de sourire avec lui. Son rire léger et franc est un vrai délice à mes oreilles. J'y suis habitué, mais jamais je ne pourrai me lasser de l'entendre.
Soudain, il se retourne vers moi et prend mon autre main afin d'être sûr qu'il a toute mon attention. Il me demande simplement de ne pas bouger et de fermer les yeux. Je m'esclaffe et m'exécute instantanément. J'ai confiance en lui, s'il me le demande, c'est qu'il a une excellente raison. Je tends mes bras devant moi pour tenter de le toucher à nouveau, mais j'entends ses pas s'éloigner. C'est fou comme mon cœur réagit à sa présence, je suis déjà en manque. Il revient rapidement, mais ne me parle pas. Je sais qu'il m'observe car il aime le faire à chaque fois qu'il croit que mon attention est ailleurs. Je cherche mon serviteur du bout de mes doigts et il réagit en riant. Il a reculé pour ne pas que je l'attrape et l'entend faire des pas de loup en me contournant de loin.
Alors que je crois qu'il est reparti, je sens son souffle chaud envahir ma nuque. Il est si près de moi que je ne peux m'empêcher de frissonner. Sa main touche maintenant ma chevelure indomptable, manipulant quelques mèches rebelles, puis je sens qu'il y accroche quelque chose. Il revient devant moi et me dit enfin que je peux ouvrir mes yeux. Cette fois encore, je suis hypnotisé par son regard d'ambre. La beauté de Magnus est beaucoup plus évidente que celle d'un elfe. Je ne saurais décrire exactement son aura, mais la magie qu'il a reçu de ses parents n'est pas uniquement responsable. Je ressens une telle boule d'énergie qui semble le transcender depuis qu'on se connaît et ça n'a rien à voir avec les elfes. Les autres de son espèce ne luisent pas ainsi en ma présence. Peut-être est-ce simplement mon amour pour lui qui revêt cette forme, peut-être pas. Une chose est sûre, personne n'est comme lui.
Ses yeux bifurquent vers mon oreille et je comprends qu'il observe l'objet qu'il a mis dans mes cheveux. J'ai beau être le prince, quand je suis avec lui, il n'y a plus de caste. Il pourrait m'ordonner ce qu'il veut que je le lui accorderais sur le champ. Je relève ma main pour toucher ma chevelure et y découvre une fleur humide. Il me sourit en voyant mon interrogation puis me dit que les nénuphars ont commencé à bourgeonner et qu'il n'a pas pu résister à l'envie de me voir avec sa fleur préférée dans les cheveux. Il tend la main vers le bouton de fleur, mais il recule rapidement sous l'étonnement. Je l'interroge du regard, ne sachant pas ce qui l'a tant surpris. Peut-être y avait-il un insecte. La bouche grande ouverte, il écarquille un peu plus les yeux. Il ose à nouveau passer une main dans mes cheveux et retire le bourgeon qui n'en est vraiment pas un. La fleur est bien ouverte et très jolie d'ailleurs. Il finit par retourner à ma chevelure et en retire encore trois autres en me les présentant. Ne comprenant pas ce qu'il tente de me dire, il parvient finalement à m'avouer qu'il n'y avait qu'un simple bourgeon et, qu'en le touchant, trois autres fleurs y sont apparues d'un coup, toutes en floraison.
Ce souvenir me semble si proche et tellement loin à la fois. Je souris pour moi-même alors que je suis distrait de ce rêve éveillé par les éclaireurs qui reviennent au galop. Nous avons pénétré la forêt de Lenora pendant mes songes et j'écoute enfin ce qu'ils ont à dire.
— Sire Robert ! Il ne nous reste qu'une heure avant d'atteindre Hazelrune !
— Fort bien, mon ami, répond-il avec joie. Nous pourrons bientôt revoir nos douces moitiés.
— Sire, le prince Alexander sera heureux d'apprendre que Magnus l'attend à quelques pas d'ici.
Je me redresse instantanément, n'y croyant tout simplement pas. Il a dit Magnus. Je jette un œil vers Jace et comprend que je n'ai pas rêvé. Il me sourit enfin, lui qui n'avait pas eu une seule parole pour moi depuis des heures. Je souris à mon tour et resserre mes rênes avant de me lancer au galop vers l'endroit d'où venaient nos éclaireurs.
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