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Chapitre 19

‹ Magnus ›

Voir la princesse Clarissa sortir des appartements de mon prince m'a surpris, je dois bien l'avouer. Enfin, ça ne m'a pas simplement surpris, la jalousie déplacée et inutile qu'elle m'inspire s'est réveillée pour un instant, me serrant atrocement le cœur, jusqu'à ce que je l'entende prier mon amant d'être indulgent envers moi. Là, j'ai compris ce qui se passe.

Je déglutis difficilement quand mon regard croise celui d'Alexander. Fallait-il vraiment qu'elle aille lui parler ? Je ne m'attendais pas à ce qu'elle le fasse. Si j'avais su, je l'aurais cherchée pour qu'elle garde ce qu'elle a vu pour elle, comme je l'aurais fait avec Isabelle. Je ne suis même pas sûr de ce qu'elle a vu. Était-elle déjà là depuis longtemps quand Iris l'a remarquée ? A-t-elle vu qu'Iris m'a poussé pour que je fasse tomber mes seaux ? Non, sans doute que non, Iris l'aurait vue à ce moment-là, dans le couloir.

Alexander retourne à l'intérieur de ses appartements sans m'adresser la parole. Oui, il est en colère. Ma gorge se serre mais je le suis, en espérant qu'il ne me demande pas de repartir. Je referme la porte derrière moi puis avance dans la pièce, les yeux rivés au sol. Je n'ose pas le regarder. Je n'ose même pas parler. Je préfère attendre qu'il le fasse pour m'adapter, et en même temps, j'ai peur qu'il me crie dessus.

— Tu ne me demandes pas pourquoi la princesse est venue me voir ? finit-il par lâcher d'une voix dure.

La bouche sèche, je me contente de secouer la tête. Ce n'est pas seulement l'angoisse d'une nouvelle dispute qui assèche mes lèvres, mais aussi le fait qu'Iris m'a fait sauter le repas de ce soir pour m'occuper de celui de nos maîtres. Si la princesse n'avait pas été en retard, j'aurais sans doute pu avaler quelque chose rapidement, mais la gouvernante m'a réprimandé pour mon propre retard quand je suis retourné aux cuisines. Ensuite, elle m'a envoyé faire d'autres corvées qui m'ont pris encore deux heures. Je n'ai rien mangé depuis le matin, ni bu, et je suis éreinté.

— Est-ce que tu as une idée de ce dont elle est venue me parler ?

— Pourquoi me demandes-tu ça ?

— Pour voir si tu vas encore oser me mentir !

J'accuse le coup et détourne la tête. Il a raison, j'ai encore menti. J'ai l'impression de ne faire que ça depuis quelques jours et c'est extrêmement pénible. Je n'en ai pas l'habitude. Je veux dire... Bien sûr que je lui ai toujours caché qui étaient les auteurs des blessures sur mon corps, mais il comprenait pourquoi je le faisais et, la plupart du temps, évitait de me questionner pour que je ne lui mente pas. Mais lui mentir constamment pour protéger Iris... Ah ! Est-ce que je la protège ? Non, je ne fais ça que pour que ma vie ne devienne pas pire par la suite. Je crois.

Il s'approche finalement de moi et pose sa main sur ma joue. Je frémis aussitôt et m'écarte, à cause de la douleur soudaine. Il souffle, exaspéré.

— La princesse Clarissa vient de me dire qu'elle a surpris Iris en train de s'en prendre à toi, aujourd'hui ! m'explique-t-il en essayant de ne pas crier. Est-ce que c'est la vérité ?

À nouveau, je reste silencieux. Il me faut quelques instants pour réfléchir à une réponse assez franche pour le satisfaire, mais assez vague pour ne pas l'affoler. Si seulement je savais ce qu'elle lui a raconté !

Comme je ne dis rien, il s'impatiente. Il repose sa main sur ma joue pour me forcer à le regarder. La douleur me fait monter les larmes aux yeux, instantanément. Dans les siens, je vois que son geste n'était pas calculé et qu'il n'avait pas l'intention de me faire mal, mais il se reprend vite.

— C'est la vérité, soufflé-je simplement.

— Bien.

Il prend une profonde inspiration et ferme les yeux une seconde. Je connais trop bien cette attitude, c'est la mienne quand j'essaie de me calmer.

— Bien, répète-t-il. Dis-moi... Iris t'a-t-elle demandé de te mettre à genoux devant elle pour lui lécher les pieds ?

Je détourne à nouveau les yeux alors que le sentiment d'humiliation que je m'échine à refouler revient me heurter de plein fouet. Alors elle lui a raconté ça ? Pourquoi ? Pour me rabaisser devant mon prince, mon amant ?

— Réponds-moi, assène-t-il devant mon silence.

— Oui...

Ma voix est un filet à peine audible et les larmes se font plus pressantes à mes paupières. Je dois me retenir pour ne pas m'enfuir.

— L'as-tu fait ?

— Non, je... je n'ai pas pu. J'ai essuyé ses chaussures avec un chiffon.

— Et ça, c'est la vérité ?

Etonné, je relève les yeux vers lui. S'il me le demande comme ça, c'est parce qu'il ne le sait pas. Je hoche la tête. Il souffle. Il est toujours tendu mais a l'air soulagé que je ne me sois pas abaissé à obéir à cet ordre. Je le comprends... Si je l'avais fait, je n'aurais sans doute jamais pu oser le regarder en face à nouveau.

— Raconte-moi ce qui s'est passé.

— Ce n'est pas si grave que ça en a l'air...

Il fronce les sourcils. Il faut que je dédramatise les choses, mais il ne saura sans doute jamais à quel point ça me coûte de dire ça.

— Magnus, raconte-moi ! insiste-t-il. Tu ne peux pas... Tu ne peux pas attendre de moi que je fasse comme si de rien n'était alors que je viens d'apprendre qu'Iris ose t'humilier de la sorte !

— Est-ce qu'on peut arrêter de parler de ça, s'il te plaît ? Je suis fatigué...

— Non ! Non, on ne va pas arrêter d'en parler tant que tu n'auras pas arrêté de mentir !

Je me crispe parce qu'il ne se retient plus de crier. Je recule d'un pas avant de tourner les talons pour sortir. Il m'en voudra pendant quelque temps et puis... Et puis, il sera marié et ça n'aura plus d'importance. Il m'attrape par le bras pour me tourner vers lui et, comme j'essaie de me dégager, il me pousse contre le mur et pose sa main sur le haut de mon torse pour me retenir.

— Très bien, abdique-t-il. Réponds à une dernière question et j'arrête : est-ce que c'est Iris qui t'a blessé au visage ?

Pense-t-il vraiment que je peux répondre à ça ? Il sait pertinemment que je ne peux pas me plaindre d'Iris, parce que qui me croirait ? Ça a toujours été ainsi et les derniers événements n'ont rien arrangé. C'est moi qui ai fait du mal à notre gouvernante, tout le monde peut l'attester. Mais personne n'avouerait ce qu'elle me fait subir. Ça les amuse trop.

Je baisse les yeux.

— Je te l'ai déjà dit, murmuré-je. Je suis tombé dans les escaliers parce que je suis maladroit.

Sa main s'appuie un peu plus contre moi avant qu'il ne me lâche pour s'éloigner.

— Tu te fous de moi ? crie-t-il. Tu crois vraiment que je vais croire ça après ce que la princesse et toi venez de me dire ?

— C'est pourtant la vérité.

— J'irai voir les autres domestiques, quelqu'un a bien dû t'entendre tomber !

— Non, il n'y avait personne...

Et même si c'était vraiment arrivé, personne ne m'aurait aidé. En fait, c'est déjà arrivé et personne ne m'a aidé. Je passe une main sur ma blessure au visage, le moindre contact est douloureux mais je n'ai pas osé me regarder depuis cet après-midi. Je ne l'ai fait que pour essuyer le sang sur mon visage.

Je sens le regard de mon prince. Il n'est pas seulement en colère, il est désespéré de me voir comme ça. Ses yeux me crient de lui dire la vérité mais j'en suis incapable. Je baisse les yeux et essuie une larme qui m'échappe. Je n'en peux plus, j'ai juste envie... Juste envie de me blottir dans ses bras pour oublier cette horrible journée.

— Magnus, je... Je sais que tu es en train de me mentir ! Je sais que tu n'es pas tombé dans les escaliers, tu n'es pas maladroit !

— Si, je le suis. Je suis affreusement maladroit, j'ai renversé les seaux d'eau sale dans le couloir principal et après, je suis tombé dans les escaliers...

Ma voix tremble, supportant à peine mon mensonge, tout comme mon prince qui se tend un peu plus. Il revient vers moi, brusquement. Si bien que je me plaque au mur en détournant la tête, fermant les yeux. Mauvais réflexe, je me rends compte que je viens de me préparer à recevoir un coup. Comme si Alexander m'en donnait ! Et ça le rend furieux.

— Tu t'entêtes, hein ? grogne-t-il. Alors je vais aller voir Iris. Je vais lui demander moi-même et elle n'aura pas intérêt à mentir au futur roi.

Il s'écarte et part vers la porte, mais mon corps bouge tout seul. Je m'agrippe à son bras pour le tirer en arrière.

— Non, ne fais pas ça !

Il ne faut qu'une seconde à la panique pour s'installer en moi alors que j'imagine Iris se plaindre de moi devant Alexander. Lui dire que je suis incompétent, désobéissant, que je ne lui sers à rien si ce n'est à lui rajouter du travail. Que mon comportement l'oblige à agir ainsi avec moi, à me punir, à m'humilier pour me remettre à ma place. Oserait-elle ? Oserait-elle lui dire que je suis sale et indigne de ce palais ?

Je fais tomber mon prince, qui se retrouve assis par terre, surpris par ma force. Je le regarde, essayant de reprendre mon souffle pour ne pas perdre le contrôle, mais j'ai tellement peur qu'il se retrouve face à elle. Mon cœur frappe si fort contre mes côtes que je le sens jusqu'au bout de mes doigts. Et des étincelles apparaissent.

— Mon cœur... Magnus, qu'est-ce qu'il y a ?

— N'y va pas ! Ne va pas la voir !

— Alors dis-moi ce qui s'est passé avec elle !

Je secoue la tête, férocement. Incapable de lui mentir encore, et incapable de lui dire la vérité. Je n'arrive plus à réfléchir du tout, en fait, mon esprit est trop affolé. Des objets commencent à tomber dans la pièce et me font sursauter. Le vent se met à souffler et à tournoyer autour de moi. Non, non non ! Il faut que je me contrôle ! Mais ma magie m'échappe, le vent prend toute la pièce. Il n'est pas très fort, juste assez pour soulever des objets et projeter des livres.

Je vois les lèvres de mon prince bouger mais je n'entends pas ce qu'il me dit, le vent siffle à mes oreilles et me coupe de mon amour. Je secoue la tête, craignant qu'il me redemande de lui dire la vérité. Et le vent s'intensifie. Quand un livre passe près de lui, je tressaille. Je me jette sur lui pour le protéger, assis sur son ventre, sa tête contre mon torse. Des gémissements de douleur m'échappent quand d'autres objets me heurtent le dos. Il s'en aperçoit. La seconde d'après, c'est moi qui suis allongé par terre, mon amant me protégeant de son corps et ça ne fait que m'affoler encore plus.

— Calme-toi !

Les larmes se mettent à rouler sur mes joues. C'est bien le problème, je n'arrive pas à me calmer ! Ses mains viennent s'emparer des miennes, entrelaçant nos doigts. Alors qu'il me regarde dans les yeux, inquiet, un objet vient le frapper à la tempe.

— A-

Ses lèvres viennent couvrir mon cri. Je détourne rapidement la tête, sans comprendre ce qui lui prend.

— Chut, ce n'est rien, souffle-t-il près de mon oreille. Calme-toi... Je n'irai pas voir Iris. Je n'irai pas la voir...

Il dépose quelques baisers sous mon oreille qui me troublent assez pour que le vent cesse de souffler. Il se redresse mais je reste immobile, regardant la blessure que je viens d'infliger à l'homme que j'aime. Mes larmes redoublent et de la neige se met à tomber, doucement.

‹ Alexander ›

Je n'aime pas voir Magnus dans cet état. Tout ça est de ma faute. Je suis incapable d'accepter les réprimandes qu'il reçoit et au final, je ne suis pas mieux. Je le rends incontrôlable, tout comme le jour où Iris l'a poussé à bout. Je sais qu'elle le rudoie bien plus que les autres et, encore une fois, je sais que c'est de ma faute. Tous ces domestiques sont jaloux de notre amour.

J'ai enfin réussi à le calmer avec des paroles rassurantes, mais je le vois avec cette tristesse dans le regard. Pourquoi ne me dit-il pas la vérité ? Ce serait si simple. Au lieu d'exiger qu'il me révèle tout, je le prends dans mes bras, toujours couché au-dessus de lui.

— Ça va aller, mon coeur. Tu viens ? Je commence à avoir froid, on sera mieux dans le lit.

Je me soulève et m'aperçois que des flocons duveteux descendent doucement. Voilà la raison de cette fraîcheur qui a envahi la pièce. Encore un des pouvoirs incontrôlés de mon amour. Je le tire sur ses deux jambes quand on frappe rudement à la porte. À cette heure, il n'y a que Jace et Isabelle qui osent encore venir me voir. Je décide donc de les laisser faire. Ils sont à l'aise et entreront avec ou sans mon consentement.

Je secoue mes manches devenues blanches quand on frappe à nouveau. Je fronce les sourcils alors que Magnus fait ce qu'il a l'habitude de faire et va ouvrir. Derrière la porte se trouvent deux gardes qui me saluent.

— Votre Altesse, vous êtes convoqués dans les appartements de votre mère.

— Très bien, vous pouvez lui faire le message que je viendrai la voir dès demain matin.

— Mille pardons, mon prince, Sa Majesté vous réclame sur le champ.

— Très bien, je vous suis, répond-je plutôt abruptement.

— Magnus doit vous accompagner, précise-t-il.

Surpris, nous nous regardons simultanément. Est-ce que notre discussion plutôt agitée s'est déjà rendue jusqu'aux oreilles de la reine ? Je vois bien que mon amant est inquiet. La dernière fois qu'il a été convoqué, ma mère l'a fait fouetter et mettre aux cachots. Pour le rassurer, je tends ma main vers lui, qu'il vient chercher beaucoup trop rapidement. Il tremble si fort que je n'ai qu'une envie, le prendre dans mes bras à nouveau.

C'est donc à reculons que nous finissons par les suivre. Je croyais que nous serions que nous trois, mais quand nous franchissons la porte du boudoir, je découvre Jace, Clarissa et Iris qui nous y attendent avec notre mère.

— Bien ! Il était plus que temps que vous arriviez, mon enfant. Je fais cette rencontre immédiatement car je serai trop prise par les préparatifs du mariage.

— Je ne comprends pas pourquoi on me convoque, s'exclame ma fiancée.

— Ça viendra, mais pour le moment, j'aimerais vérifier pourquoi mon fils a le sourcil en sang. Est-ce le bruit que nous entendions ? Que vous a fait votre valet ?

— Ce n'est pas lui qu'il faut blâmer, chère mère. Inutile de vous en prendre encore à lui, réponds-je en me plaçant devant mon amant pour le protéger.

— Vraiment ? J'aimerais bien entendre ce que lui-même en pense. Je ne crois pas qu'il ait déjà caché quelque chose. S'il n'a rien fait, il n'hésitera pas à me répondre.

Le garde prend mon amour par le coude et l'approche à quelques pieds à peine de ma mère. Il a la tête basse et n'ose pas dire un mot.

— Alors que dis-tu ? insiste la reine. Dois-je en conclure que tu t'en es effectivement pris à Alexander ?

Son mutisme est une révélation en soi et j'essaie de le défendre.

— C'était un bête accident. En rangeant ma bibliothèque, un livre a chuté sur ma tempe, tenté-je, sans savoir que je donnais de l'eau au moulin de Madame Rouse.

— Votre Majesté, ose la gouvernante, je vous ai dit que Magnus faisait de graves erreurs dans ses tâches quotidiennes. Il n'arrive même pas à ranger un livre correctement. Aujourd'hui, il a renversé ses seaux dans le couloir principal et ne m'a pas écouté quand je lui ai demandé de nettoyer les dégâts. J'ai dû m'y reprendre pour qu'il se plie enfin à mes exigences. Mais vous croyez bien que son travail était bâclé et sans aucune finesse.

Je promets que cette femme va payer le prix fort. Elle insulte Magnus en lui demandant de lécher ses souliers et la minute d'ensuite, elle vient se plaindre à ma mère. Quelle femme perfide !

— Votre Majesté, si je peux me permettre, Magnus avait de bonnes raisons de ne pas acquiescer aux demandes de Madame Rouse, souffle légèrement la princesse.

— Ah ! Et qu'est-ce qu'une menteuse peut bien avoir à m'apprendre, si ce n'est un autre mensonge ?

— Mère ! s'insurge Jace. Clary n'est pas une menteuse.

— Et comment nommer une personne qui ne dit pas la vérité ? réplique aussitôt la reine en fouettant littéralement son regard vers lui. Iris vous a vus, cet après-midi. Elle m'a rapporté que vous n'êtes pas allés en ville mais bien que vous avez plutôt croisé le fer.

— Elle le fait depuis qu'elle a huit ans, réplique-t-il aussi rapidement. Elle est le meilleur soldat de Valmore. Je l'ai vu à l'œuvre. Elle est excellente.

— Jace ! Oseriez-vous défendre cette femme qui a probablement tué nos propres soldats ?

— Elle est maintenant de notre famille ! Cessez donc de lui trouver tous les défauts de cette terre ! Clary fait tout son possible pour vous satisfaire, mais vous ne lui accordez même pas un simple regard.

— Cette façon scandaleuse de l'appeler est indigne d'un prince.

— Ce n'est pas le moment de vous attarder sur des futilités. Écoutez donc plutôt ce qu'elle a à vous dire.

Jace qui se rebelle contre maman, je n'ai jamais vu ça. Il a toujours cherché à être dans ses bonnes grâces. Ma mère se tend à l'extrême, Jace se rapproche de Clarissa et pour ma part, j'en ai oublié de respirer. Que se passe-t-il pour que mon frère soit si mécontent ? Certes, notre mère est dure, mais ça a toujours été le cas. Isabelle en a payé les frais plus souvent qu'autrement depuis notre tendre enfance. La reine désire que les femmes de notre famille soient parfaites, incluant sa propre personne. Il n'y a donc rien de différent si ce n'est que la rousse était encore notre ennemie il n'y a pas si longtemps.

Lissant les jupes de sa robe à plusieurs reprises avant de reprendre la parole, notre mère prend une grande inspiration pour masquer sa colère. Mais Jace l'a piquée en insistant sur le sujet, probablement plus pertinent, que Clarissa veut développer. Elle est dans l'impossibilité de répliquer puisque la raison de cette convocation concerne bien Magnus.

— Veuillez préciser votre pensée, Mademoiselle Morgenstern. Il semble que cela soit important, précise-t-elle avec une pointe d'agacement dans la voix.

— Oui, je n'ai pas osé en parler à Alexander car je craignais pour la pauvre Madame Rouse.

La gouvernante soulève le menton, fière que ma fiancée la défende. Après sa venue dans mes quartiers, je croyais avoir enfin gagné la confiance de la princesse, mais c'était pour mieux écraser mon amant. Je le comprends maintenant. La rousse poursuit sa révélation qui enverra certainement Magnus à nouveau dans les cachots.

— Votre gouvernante a essayé de faire lécher ses pieds par le valet d'Alexander pour la simple raison qu'ils avaient été éclaboussés. Sur le coup, j'étais moi-même dans tous mes états de l'entendre formuler de telles horreurs. J'ai été rassurée de voir que Magnus a gardé son sang froid, malgré la honte qu'elle lui a infligée, en lui nettoyant les pieds avec son chiffon. J'ai donc passé mon chemin tout en m'inquiétant de ce que Iris pourrait lui faire hors de ma présence. Veuillez me pardonner, mais avec l'expérience que j'ai de ma belle-mère, je pouvais pratiquement jurer qu'elle ne s'arrêterait pas aussi facilement. J'ai patienté au coin du couloir, me disant que, au pire, je me serais inquiétée pour rien, mais j'étais loin de m'attendre à quelque chose d'aussi ignoble...

Magnus se tend à son tour, Iris pousse un faible cri de stupeur et, quant à ma mère, elle penche la tête avec intérêt en attendant le reste de l'histoire. Moi-même, je passe à nouveau devant mon amour qui a recommencé à trembler et le protège du regard de la gouvernante. Qu'a donc fait cette femme pour que mon amant redevienne aussi craintif ? Clarissa a laissé planer ses derniers mots tout juste assez longtemps pour que je me fasse un tas d'histoires.

— Par Natë, cessez de nous faire languir ! Dois-je vous arracher les mots de la bouche, m'exclamé-je brusquement.

— Pardonnez-moi, Alexander ! J'ai encore beaucoup de mal à revoir cette scène dans ma tête, marmonne la princesse. Madame Rouse a frappé Magnus en plein visage avec son pied. Elle l'a frappé avec tellement de force qu'il s'est presque écroulé au sol. C'était un rapport de force inacceptable, à mes yeux. Elle tenait seulement à l'humilier et puisqu'il a trouvé le moyen d'éviter cette honte, elle a essayé de le briser physiquement.

Je regarde mon amant qui baisse la tête, puis je me tourne vers Iris. Son sourire insolent a quitté son visage. Je jure que cette femme va subir mon courroux. Je sens la fureur s'emparer de tout mon corps. Plus personne ne s'en prend à Magnus. Personne !

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