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Scène III

La femme murmura avec dépit :

« J'aurai besoin de colle à postiche.

- Voulez-vous que j'aille vous chercher quelque chose dans votre appartement ? Ça et quelques vêtements. Mes chemises sont trop grandes pour vous.

- Ce serait gentil, merci monsieur le maire.

- A votre service, inspecteur, » conclut M. Madeleine, doucement.

L'inspecteur leva les yeux au ciel. C'était exactement ce que redoutait la femme étendue sur le lit. Qu'on la traite différemment parce qu'elle était une femme. Et c'était ce qui se passait. On était plus doux, plus obséquieux, plus attentionné. Elle eut envie de cracher par terre.

Le maire fouilla dans les poches de l'uniforme de Javert, puis les clés de l'appartement de Javert à la main, il fila chez ce dernier.

Javert vivait dans un quartier modeste de la ville, un immeuble assez vétuste dans lequel il louait un petit meublé. Une chambre et une petite pièce attenante. Spartiate, simple à l'extrême, pauvre.

Pour la première fois, monsieur le maire se demanda combien gagnait l'inspecteur de police. Une somme dérisoire sans nul doute vue la misère dans laquelle il vivait.

Même les ouvriers de M. Madeleine vivaient dans de meilleures conditions. Valjean visita les réserves de nourriture, il y avait un peu de pain et du fromage, quelques œufs. Javert mangeait frugalement. Pas étonnant qu'il soit si mince.

Valjean fut effaré.

La réserve de charbon pour le poêle était petite. L'inspecteur ne devait pas chauffer souvent.

Enhardi, Valjean fouilla la seule armoire présente dans la pièce, quelques vêtements étaient pliés bien proprement. Propres mais rapiécés, usés au maximum. Dans le fond du meuble, le maire trouva un sac dans lequel il put glisser des habits. Et tout au fond, il découvrit une petite trousse de toilette. Le nécessaire à maquillage avec un deuxième jeu de postiches. Valjean le prit.

Le maire referma soigneusement l'appartement, encore effaré par la pauvreté et la modestie de l'inspecteur...et se cogna contre la logeuse du policier.

Elle l'arrêta, tout sourire, furieusement curieuse.

« L'inspecteur est blessé, m'a-t-on dit ?

- Oui, une blessure à l'épaule.

- Il est chez vous ?

- Oui, madame. Le temps de quelques jours.

- Vous pourrez lui rappeler son foyer ? Si l'inspecteur ne revient pas demain, il risque d'être en retard.

- L'inspecteur est souvent en retard ?

- Jamais, monsieur le maire. C'est un homme sérieux. Il ne fait jamais de dettes. Si tous les locataires pouvaient être comme notre inspecteur...

- Je ne sais pas quand il pourra revenir donc je vais vous avancer l'argent. Il me remboursera.

- C'est une idée charitable, monsieur le maire, fit la femme, adoucie et devenue souriante. Même si je doute que l'inspecteur l'apprécie. C'est un homme fier !

- Je ne lui laisse pas le choix ! Au revoir, madame.

- Au revoir, monsieur le maire. Transmettez mon bon souvenir à monsieur l'inspecteur ! »

Avant de partir, Valjean donna la somme désirée à la logeuse. Il ajouta même une deuxième semaine pour que Javert soit tranquille.

Puis le maire rentra chez lui. Heureusement, personne n'était venu pour l'inspecteur. M. Madeleine le rejoignit dans la chambre d'ami.

Javert se tenait couché dans le lit, la couverture remontée jusqu'au menton, attentif à ne pas montrer un pouce de sa peau.

Valjean déposa le sac et en sortit la trousse.

« Voilà votre nécessaire, inspecteur.

- Merci, monsieur le maire. »

Valjean tendit aussi une chemise de nuit au policier puis il sortit de la chambre afin de laisser son intimité au blessé.

Aujourd'hui, il négligeait son travail, mais il espérait que ses conseillers comprendraient l'urgence de la situation...et que son contre-maître saurait se débrouiller seul à l'usine.

Quelques minutes à patienter dans le couloir et bientôt une voix forte l'appela. Il reconnut Javert. Il entra et Valjean reçut un choc.

Dans le lit de sa chambre d'ami était étendu l'inspecteur Javert. Les favoris, la peau sombre, les cernes sous les yeux, le regard froid.

« Comment faites-vous cela ?, demanda le maire, admiratif.

- Une histoire de maquillage.

- Impressionnant ! Puis-je ?

- Que voulez-vous... ? »

Elle se tut.

Valjean avait levé la main et doucement il caressa les favoris. C'était de vrais poils. Puis il tira dessus, vigoureusement, faisant grimacer la femme.

« Comment le docteur a pu les retirer ?

- La sueur les avait fragilisés et ces salopards ont tiré dessus lors de l'agression. Je me suis bêtement mis en danger. Certainement que le médecin n'a eu qu'à les caresser un peu pour les décoller.

- Et vos sourcils ?

- Un peu de maquillage.

- Vous faites cela depuis longtemps ?

- Depuis toujours. »

M. Madeleine était follement intéressé. Il s'assit au chevet du policier, négligeant davantage son travail pour rester en compagnie de cette femme étrange dont il voulait savoir la vie.

« Pourquoi ?

- Vous imaginez une fille naître dans un bagne ? Vivre au-milieu des forçats ? Des gardes ? Des hommes ?

- Vous êtes née au bagne ?

- Toulon, oui. Ma mère a menti sur mon sexe pour me protéger des hommes puis pour me permettre d'avoir une vie hors de la gouttière.

- De la gouttière ?

- Une fille de gitan née au bagne. Quelle perspective d'avenir vous lui donnez ? A part pute ?

- Je comprends.

- Je suis Émile Javert ! C'est ma seule fierté. Je me suis créée moi-même et j'ai réussi à progresser malgré tout.

- Malgré tout ?

- Malgré ma naissance, malgré mon origine, malgré mon sexe. »

Elle se tut puis contempla le maire avec froideur. Désapprobation.

« Vous devriez être à votre poste à cette heure-ci, monsieur le maire.

- En effet, sourit M. Madeleine, avec culpabilité.

- Je vous remercie, monsieur le maire, de tous vos soins, mais je vais bien et peux me surveiller seul.

- Très bien, inspecteur. Je vous laisse vous reposer. »

Valjean se releva puis, pris par une idée, il se tourna vers Javert.

« Avez-vous mal ? Le docteur a laissé du laudanum.

- Bonne journée, monsieur.

- Bonne journée, inspecteur. »

Et le maire rejoignit enfin la mairie où il régla les affaires les plus urgentes, avant d'aller à son usine. Tout le monde était au courant de la blessure de l'inspecteur et saluait la charité de M. Madeleine.

Le soir vint et M. Madeleine entendit une dispute dès qu'il entra dans sa demeure. Javert et le docteur ! Il monta doucement l'escalier et osa pénétrer dans la chambre de l'inspecteur.

C'était bien l'inspecteur Javert, comme si la veille n'avait été qu'un rêve éveillé.

« Ha ! M. Madeleine ! Vous tombez bien !, glapit le docteur. Dites à cet imbécile qu'il doit rester étendu encore quelques jours.

- Je ne suis pas un imbécile, je vais bien et j'ai assez abusé de l'hospitalité de monsieur le maire.

- Vous êtes blessé !

- Je vais bien ! »

Les voix grondaient, deux volontés fortes s'opposaient. Monsieur Madeleine se voulut accommodant.

« Combien de temps l'inspecteur devrait-il rester couché ?

- NON !, hurla Javert.

- Une semaine au moins, répondit le docteur, sèchement.

- QUOI ? Je refuse !, fit Javert, catégorique.

- Une semaine, c'est trop, » opposa M. Madeleine, compréhensif.

Lui-même dans la même situation aurait refusé de quitter son poste si longtemps.

« Ce n'est pas moi qui décide, gronda le médecin. Il s'est pris un coup de couteau !

- Et si l'inspecteur reste cinq jours alités puis reprend un poste aménagé ?

- Trois jours, rectifia Javert.

- Aménagé ?, demanda le docteur, intéressé.

- Plus de patrouilles jusqu'à nouvel ordre. Un simple travail de bureau.

- Certainement pas, conclut Javert.

- Alors une semaine de repos forcé ! »

Monsieur le maire avait parlé, avec son sourire bienveillant, mais intraitable. Javert se laissa retomber sur le lit. Son épaule le fit grimacer.

« Trois jours et plus de patrouilles ! Allez au diable ! »

Valjean toucha le front du policier et grimaça. Javert se déroba, farouche.

« Un peu chaud. Fièvre ?

- Surtout une humeur mauvaise. La colère échauffe le sang de notre inspecteur.

- Ridicule, » grogna Javert.

Trois jours !

Ce furent trois jours difficiles à la fois pour Jean Valjean et pour l'inspecteur Javert.

La chambre d'ami devint une annexe du poste de police, un sergent fut chargé par l'inspecteur de lui apporter les dossiers des affaires en cours. Et Javert se mit au travail. Il reprit en main son commissariat.

M. Madeleine et Javert ne se virent que le moins possible. Les deux hommes s'évitèrent.

Le soir du deuxième jour, la gouvernante arrêta monsieur Madeleine, elle était préoccupée.

« Qu'y a-t-il madame ?

- C'est monsieur l'inspecteur, monsieur. »

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