Chapitre 8 : Dompter la bête
Je devais aller vite. Très vite, même. Les hommes me tiraient vers les câbles qui pendaient comme des serpents affamés, prêts à me tirer vers leur nid. Chaque seconde qui passait me faisait découvrir un nouveau niveau de peur qui m'était encore inconnu. Je prenais chacun de mes battements de cœur pour une nouvelle "dissociation". Tiens, c'est un bon nom pour ce truc, je vais le retenir. Plus je me rapprochais des câbles et plus je sentais l'adrénaline faire brûler chacun de mes nerfs.
Puis vint le moment où la pression dans mon esprit était beaucoup trop forte. Je sentis l'énorme coup dans le cœur déchirant ma poitrine, qui annonçait le début de la dissociation. Pourtant, mon instinct me disait de résister à cette dissociation. Je luttais intérieurement pour garder le contrôle, pour ne pas à nouveau devenir une bête. J'avais l'impression de sentir ma conscience se tordre, s'étirer, de contracter, se déchirer et se reconstruire. Je ne sentais presque plus mon corps, mais je savais que mes muscles étaient tous contractés à leur maximum. Je pense que j'étais en train de hurler, mais je ne savais pas si c'était de un râle de douleur et de peur ou plutôt un cri de guerre. Toute ma force physique et mentale allait dans cette lutte contre moi-même, et elle me faisait ressentir toute la douleur du monde en échange.
Puis soudain, je sentis comme une fracture dans ma conscience. En l'espace d'un instant, ce combat acharné s'arrêta. Je ne me sentais pas hors de mon corps comme pendant les autres dissociations. Je rouvris les yeux et constatai la situation : je n'avais pas bougé d'un pouce. Tout ce combat qui avait semblé durer des heures, avait en fait duré une fraction de seconde. Je devais donc toujours échapper à ces hommes.
Je décidai donc de tirer sur l'homme qui tenait mon bras droit. Au moment où je contractai mon bras, je remarquai quelque chose ; j'avais l'impression que mes mouvements étaient plus rapides. L'homme manqua de trébucher. Avant qu'il ait eu le temps de se relever, je lui tirai le bras vers le sol et il se retrouva à genoux sur le macadam. J'attrapai son casque par l'arrière et frappai alors sa tête de toutes mes forces sur le sol. Son casque se fendit en deux et la visière éclata en mille morceaux. C'est alors que je compris : cette lutte mentale m'avait d'une manière ou d'une autre rendu plus fort et plus rapide.
Les trois autres hommes qui me tenaient les jambes et le bras droit commencèrent à serrer plus fort alors que deux autres, armés de leurs lances, s'approchaient de moi. Je vis alors que les lances émettaient un crépitement et une lumière bleue entre leur deux pointes : c'étaient en fait des tasers, en bien plus dangereux. Je posai ma main libérée au sol et tentai de l'accrocher du mieux que je pouvais pour me libérer des trois autres hommes. Au lieu de cela, ma main creusa un trou dans le macadam. C'était inopiné, mais accepté avec plaisir ; je me servis du trou pour m'accrocher et tirai de toute mes forces sur mes jambes. Je sentis l'étreinte sur ma jambe droite se relâcher, mais je sentis un craquement sur ma jambe gauche ; en un rapide coup d'œil, je vis que l'homme qui tenait ma jambe gauche avait le coude complètement disloqué.
Puisque mes jambes étaient libres, je les posai par terre et poussai de toutes mes forces pour faire une roue, en me tenant toujours au trou dans le macadam. L'homme qui me tenait le bras gauche perdit l'équilibre alors que je me redressais. Je lui attrapai le bras et le tirai de toutes mes forces vers la direction opposée ; il se retrouva projeté contre le mur en béton. Son corps entier laissa échapper un craquement et il s'effondra au sol, immobile. Je me retournai du côté des câbles et vis cinq autres hommes, dont deux armés d'épées électriques et trois de lances. Ils se placèrent en formation, avec ceux à l'épée près de moi et les trois à la lance en retrait à l'arrière. L'épéiste de droite s'approcha et tenta de me frapper à l'épaule, Je répliquai en sautant et en bloquant l'épée avec mon pied droit, puis je me retournai et lui assénai un violent coup de talon dans la tempe. Il se fracassa au sol, immobile. Le deuxième épéiste se mit en position défensive et me fixa. Je décidai de retenter un coup de pied, puisque ça avait l'air efficace. Je courus vers lui et mis un coup de paume dans son épée, en espérant briser sa garde ; au lieu de cela, elle s'envola et se planta dans le mur avant de tomber, laissant une entaille de quelques centimètres de profondeur. L'homme tenta de reculer, mais il fut trop lent ; j'avais déjà préparé mon coup de pied. Le pauvre eut à peine le temps de préparer un blocage quand je tendis ma jambe droit dans son avant bras, qui se fractura sous le choc. Il hurla, mais il me fallut peu de temps pour reprendre mon équilibre et lui mettre un coup à l'arrière de la tête pour l'assommer.
Les trois lanciers restaient en arrière, comme insensibles à la défaite de leurs camarades. Je cherchai un moyen de les atteindre, quand une idée me vint à l'esprit. Je chargeai de toutes mes forces vers le mur à gauche, puis pris appui sur ce dernier et me propulsai dans les airs au dessus de l'homme le plus à droite. Il tenta de lever sa lance vers moi pour m'empaler, mais je l'attrapai de la main et la dégageai, puis enchaînai avec un coup de talon descendant qui écrasa son crâne. L'homme lâcha sa lance et s'effondra mollement par terre. Je ramassai la lance et parai le coup de l'homme le plus près de moi, puis bloquai la lance au sol et la brisai d'un coup de pied. j'étais sur le point de me retourner pour lui mettre un coup de lance, quand son camarade me toucha le bras de la pointe électrique de son arme. La pointe était brûlante et me fit sursauter de douleur. Je sursautai en arrière et regardai mon bras ; mon bras était orné d'une brûlure profonde, à peu près de la taille d'une noix.
Je décidai de l'ignorer et de reprendre mon combat. Je brandis la lance à deux mains et préparai un coup dans les jambes de mon adversaire afin de le faire tomber. Il essaya de parer avec la moitié restante de sa lance, en vain ; elle lui glissa des mains et le bout de la lance le balaya, le faisant tomber instantanément. Je retournai ma lance et courus vers lui, avant de lui enfoncer l'extrémité sans lame dans la gorge. J'utilisai alors cet appui pour me hisser sur la lance comme pour un saut à la perche, et me propulser en l'air vers mon dernier adversaire. Il leva sa lance vers moi, dont la double pointe crépitait comme les yeux d'un prédateur. Je brandis mon arme et mis un coup d'estoc dans la lame de sa lance, qui s'encastra dans la mienne. Je fis tourner ma lance et il perdit sa prise sur la sienne ; il était désarmé et j'avais l'avantage. Je lui lançai un sourire sadique, toujours dans les airs. J'avais une idée derrière la tête ; il allait goûter aux plaisirs d'une lance électrique. Je tournai mon arme vers lui et, un instant de ratterrir, je lui glissai la lance derrière son gilet pare-balle. Son corps tout entier se raidit et il tomba par terre, droit comme une planche. Je jetai un coup d'œil autour de moi ; tout le monde semblait inconscient, et l'hélicoptère avait disparu.
J'aimais bien ces nouveau talents, j'avais l'impression que je pouvais faire n'importe quel mouvement avec une extrême précision, et en prime mes capacités de combat étaient décuplées. Par curiosité, je palpais mes muscles ; ils étaient durs comme de l'acier, et pourtant mes mouvements étaient fluides et puissants. Je remarquai aussi que ma peau était froide et lisse. De plus, ma brûlure ne me faisait presque pas mal.
Puis soudain, je sentis mon corps s'affaiblir. Je perdis l'équilibre, mes jambes tremblaient j'avais la nausée. Ma vue était trouble et mes oreilles sifflaient. J'avais du mal à respirer. Le monde semblait s'effacer autour de moi. Ma conscience s'estompait petit à petit, jusqu'au moment où tout devint noir.
Je me réveillai sur un sol froid. J'avais mal à la tête et je me sentais terriblement mal. Je mis quelques minutes à ouvrir les yeux ; ma vue était trouble, et il me fallut une bonne minute pour m'habituer à la lumière de la pièce. J'attendis donc une bonne minute pour retrouver une vue correcte avant d'observer la pièce dans laquelle je me trouvais ; c'était une petite cellule constituée d'un simple banc. Je regardai à travers les barreaux et remarquai le fameux couloir par lequel j'étais passé en entrant dans le poste de police. La bonne nouvelle, c'est que j'avais réussi à échapper aux hommes, mais j'étais probablement en garde-à-vue. Je n'avais pas d'autre choix que d'attendre qu'un officier me remarque.
Je décidai donc de patienter, sans aucune de mes affaires pour passer le temps. De toute façon, j'avais des questions à me poser sur ce qui venait de se passer. J'avais maintenant la preuve que des gens cherchaient à me faire du mal, et ils avaient l'air d'y tenir puisqu'ils m'avaient déjà attaqué deux fois. Je n'avais pas la moindre idée de pourquoi ils me voulaient du mal, mais il fallait que je continue à me défendre. Si ils sont aussi discrets et aussi violents, c'est probablement qu'ils trempent dans les activités illégales. Ils étaient trop organisés pour être un gang ou un cartel, mais les unités de polices n'utilisent pas des armes comme les leurs. Peut-être un groupe de mercenaires?
La deuxième question, c'est putain, comment j'ai fait ça? J'ai tenu tête à neuf hommes armés et probablement entraînés au combat. Il était évident que j'étais devenu plus fort, mais comment? Je n'en avais pas la moindre idée. Je ne comprenais pas vraiment ce qui m'était arrivé, mais ça m'avait permis de me défendre. En revanche, le contrecoup a été très violent. J'étais revenu à la normale, mais je m'étais quand même évanoui juste après le combat. Je me rappelle avoir évité de peu une dissociation juste avant, mais ce qui s'est passé y ressemblait quand même ; plus fort, plus rapide, plus agile, meilleur en combat et la perte d'équilibre à la fin qui s'est transformé en évanouissement. Peut être que j'avais bénéficié des améliorations de la dissociation tout en gardant le contrôle? Difficile à dire. Tout ce que je savais, c'est que je devrais rester prudent.
Après une bonne quinzaine de minutes, un officier de police sortit du bureau et me vit assis. Il retourna dans le bureau et, quelques minutes plus tard, je vis Georges sortir du bureau, son magnifique front orné d'un pansement rougeâtre. Il vint me voir et ouvrit la porte avant de me lancer :
- Tu es resté inconscient pendant une heure et demie. Suis moi, on retourne en interrogatoire.
Je râlai, déçu de devoir retourner dans cette salle d'interrogatoire. Je le suivis, les mains dans les poches, jusqu'à cette pièce mal éclairée et un peu trop insonorisée à mon goût. Nous sommes allés dans une autre salle que la précédente, étant donné qu'il y avait un énorme trou dans le mur, mais elles restaient identiques. Je m'assis sur la chaise qui m'était destinée, aussi froide que la précédente, et attendis qu'il s'asseye. Il me dit immédiatement :
- J'ai vu que tu m'as protégé, donc merci.
Il sortit son bloc note et déchira la page qu'il avait écrit, tout en continuant de parler.
- Je sais pas vraiment pourquoi, mais je te fais confiance. Je crois en ton innocence, alors on va discuter entre deux personnes et plus entre flic-suspect. T'en pense quoi?
L'idée me plaisait. J'avais un moyen de m'en sortir, même si je ne pouvais pas tout lui dire pour autant.
- Ça me va. Alors, Georges, qu'est ce que je peux faire pour vous?
- Est ce que tu as une idée de qui sont ces hommes et de leur objectif?
- Non, pas du tout. Je pense que c'est aussi eux qui nous ont attaqués dans la forêt.
- Je vois. On les a tous retrouvés dehors avec toi, et vous étiez tous inconscients. Toi, je suppose qu'ils t'ont assommé, mais est ce que tu sais pourquoi eux étaient inconscients?
Je compris alors qu'ils ne savaient pas ce que j'avais fait. Il fallait que j'en soie sûr.
- Je sais pas, y'a quelque chose sur les images de vidéosurveillance?
- On a pas de caméras dans la cour arrière, personne n'est censé y aller.
Ils n'avaient pas la moindre idée que c'était moi qui les avais battus, ce qui m'arrangeait beaucoup car je n'avais pas envie de lui expliquer comment j'ai fait ça.
- Ah... Alors non, je sais pas du tout.
- Bon, tant pis. On les a arrêtés et on les a enfermés dans les cellules d'isolement au sous-sol. On les interrogera quand ils se réveilleront. On te tiendra au courant si on apprend quelque chose.
- Merci. Mais du coup, je suis toujours en garde-à-vue?
- Non, mais on va essayer de vous fournir une protection. On vous donnera aussi un numéro d'urgence que vous pourrez appeler si vous avez un problème.
- Oui, c'est sûrement une bonne idée, répondis-je sans trop y croire.
Nous avons continué de parler des mesures à prendre, blablabla... Rien de très intéressant. Une fois terminé, nous sommes sortis de la salle d'interrogatoire et nous avons rejoint mon père, mon frère et Annie dans la salle d'attente. Ils ont encore discuté quelques minutes, puis mon père est allé dans le bureau pour signer des papiers et prendre le numéro d'urgence. Georges me lança :
- Tiens, je vois que tu as un peu de temps. Est ce que tu veux voir les hommes qui t'ont agressé? Peut-être que tu reconnaîtras l'un d'eux.
- Oui, pourquoi pas.
Je le suivis alors dans le couloir. Il tourna à droite et marcha jusqu'à une double-porte qui donnait sur des escaliers. Il l'ouvrit en disant :
- C'est l'escalier qui mène aux cellules d'isolement au sous-sol. On utilise pas beaucoup les cellules d'isolement vu que le quartier est assez calme d'habitude. Ça fait bizarre de descendre ici.
Il continua de parler pendant que nous descendions les escaliers. Je n'écoutais pas vraiment, il ne faisait que raconter l'histoire du poste de police. Une fois que nous arrivâmes à la première cellule d'isolement, il regarda par le hublot de la cellule et son visage changea d'expression instantanément.
- Qu'est ce qui se passe?
- On a un gros problème, dit-il en sortant hâtivement une carte magnétique et en la glissant dans une borne à côté de la porte.
Cette dernière coulissa sur le côté. Je m'approchai pour voir ce qui s'était passé, et mon cœur s'arrêta pendant une seconde.
Il n'y avait plus de détenu ; à la place, le sol de la cellule était recouvert d'une mare bouillonnante de sang, de pus et de chair liquéfiés qui dégageait une odeur nauséabonde. Je me cachai le nez du coude, et courus vers les autres cellules pour voir si tous avaient subi le même sort. Je m'approchai de la seconde, puis de la troisième et de toutes les autres ; toutes étaient remplies d'une atroce soupe humaine. George courut vers le fond du couloir et ouvrit une porte, qui semblait être une remise de matériel. Derrière elle se trouvaient des tas de cendres fumants. Il se retourna, l'air désemparé, et frappa le mur du poing.
- Qu'est ce que c'est?
- C'est là que j'avais mis leurs équipements, pour les analyser. Ils ont brûlé.
Toutes les preuves de la venue des hommes avaient été détruites. Les restes des corps étaient impossibles à identifier de quelque manière que ce soit. On n'avait aucun moyen de faire avancer l'enquête.
Nous sommes donc remontés dans un silence de mort vers le rez-de-chaussée. Georges m'ordonna de ne pas parler de ce qu'on avait vu, ce que je ne comptais pas faire de toute façon. Une fois de retour dans la salle d'attente, nous avons attendu une courte minute que mon père finisse ce qu'il faisait. Je voulais partir et Georges devait prévenir son supérieur, donc nous avions tous les deux une raison d'être impatients. Quand mon père sortit, George nous salua et entra immédiatement dans le bureau. Mon père nous lança :
- Alors, prêts à partir?
Tout le monde acquiesça. Nous sommes donc retournés dehors et sommes montés dans la voiture, qu'un véhicule de police avait ramené après notre arrestation. Le confort de notre petite voiture de location valait tout ce sur quoi je m'étais assis depuis ce matin.
Le retour en voiture se fit sans un mot. Il faut dire qu'on n'a pas spécialement envie de parler après avoir passé un joyeux séjour dans un poste de police. Il fallut un bon moment avant que mon père brise le silence sur un ton décontracté, presque comme si on n'avait pas été suspectés d'avoir assassiné quelqu'un il y a encore quelques heures.
- Bon, ça aura été une journée spéciale. Est-ce que quelqu'un veut faire autre chose de spécial, genre piscine ou resto?
Je réfléchis un instant. Le resto sonnait plutôt bien, et après mon évanouissement, j'avais bien envie de manger quelque...
- Il paraît qu'il y a un bon Lasergame dans le coin! On y va?
Mon frère m'avait complètement coupé dans ma réflexion.
- Ah oui, super idée! Lasergame, tout le monde?
La voiture retentit des cris d'approbation de mon frère. Cette journée était clairement maudite.
- Est-ce qu'on peut au moins manger quelque chose d'abord? J'ai super faim, moi.
- On peut passer à l'hôtel ou à un resto qui vend à emporter sur le chemin, si tu veux.
- Je mangerais bien chinois, je crois qu'il y en a un près du Lasergame. Et puis de toute façon, j'ai pas spécialement envie de faire un Lasergame tout de suite.
Je n'avais pas envie de faire un Lasergame tout court. Je m'étais assez battu pendant les derniers jours, je n'avais pas spécialement envie d'en faire plus.
- Bon, va pour un chinois.
- T'en avais aussi un peu envie, avoue.
- Ouais, c'est pas faux.
- Depuis quand t'aime le chinois, toi? Me demanda mon frère en me regardant.
- J'ai toujours aimé le chinois, espèce d'attardé.
Annie lâcha un rire rauque et dit sur un ton sarcastique :
- C'est depuis qu'il a rencontré sa copine chinoise, ça le motive à en manger.
Ce à quoi je répondis, sur le même ton :
- En suivant cette logique, je me demande quand est-ce que tu vas rencontrer quelqu'un d'assez maigre pour te convaincre à faire un régime?
Mon frère lâcha un rire discret dans sa manche et mon père se contenta de baisser les yeux pour rester concentré sur sa conduite. Annie, bien évidemment, n'avait pas du tout trouvé ça drôle et s'est contenté de se taire et de regarder vers la fenêtre. Désolé Annie, c'est la loi de la jungle. Surtout quand j'ai failli me faire tuer par des chevaliers du futur.
Nous avons donc conduit jusqu'à la zone où se trouvait le Lasergame, puis avons cherché le restaurant chinois. Nous avons scruté les enseignes autour de nous pendant quelques minutes, avant d'apercevoir un panneau "Wok" avec le sous-titre "para llevar", "à emporter" en français. Nous nous arrêtâmes sur le parking devant le restaurant avant de sortir de la voiture un par un. Je fus le premier au guichet, donc je commandai pour moi en premier, puis pour mon frère, mon père et Annie. Une quinzaine de minutes plus tard, notre commande était prête, dans un petit sachet en papier. Nous sommes donc partis, en remerciant le réceptionniste. Rien de tel qu'un bon plat de nouilles bien épicé pour se changer les idées.
Une fois de retour dans la voiture, nous sommes repartis à la recherche du Lasergame tout en mangeant notre repas. Mon frère et Annie mangeaient à une vitesse inhumaine, alors que je grignotai à peine quelques nouilles, à la fois parce que mon appétit était très faible et pour attendre mon père, qui ne peut pas vraiment manger en conduisant. En quelques minutes, nous sommes arrivés sur le parking du Lasergame, qui était en fait bien plus grand que ce que j'imaginais. Le bâtiment ressemblait à un grand hangar cubique de plusieurs étages, au moins deux ou trois. Je dois admettre que ça m'a fait hésiter à participer quand même.
Nous sommes donc entrés dans le bâtiment, dont l'intérieur avait un style Steampunk très agréable ; des tuyaux, des valves avec cadrans, des chaînes et des engrenages ornaient la salle et brillaient d'une lueur cuivrée sous la lumière orange. Tout avait un style industriel, que ce soit les chaises, les lampes, le mobilier ou même les caméras, de quoi se mettre dans l'ambiance. Nous nous sommes dirigés vers le guichet, où un réceptionniste avec un masque de soudure nous accueillit. Il portait une chemise marron délavée et avait des gantelets en cuir couverts de pièces métalliques ; après un bref coup d'œil, je remarquai que tous les employés étaient dans le thème. Mon père lui adressa la parole en premier et réserva deux parties de vingt minutes pour eux trois, avant de payer. Nous nous sommes ensuite rendus dans la salle de jeu, servant aussi de salle d'attente, où j'ai mangé le reste de mes nouilles avec mon père.
Alors que nous avions à peine fini de manger, mon frère attrapa mon père et ils se jetèrent sur le Air Hockey alors qu'Annie s'installa au bar. Pour ma part, je préférais m'asseoir sur l'un des canapés dans un coin de la pièce. Cette journée m'en avait fait voir de toutes les couleurs, et surtout du rouge. Je n'arrêtais pas de penser à ces hommes, qui ont cherché à me capturer et qui ont été littéralement liquéfiés après avoir raté. Qui étaient ils? Comment a-t-on pu leur faire ça, alors qu'ils étaient en isolement? Je ne comprenais pas comment quelqu'un peut, même seulement techniquement parlant, liquéfier quelqu'un sans que personne ne s'en rende compte. Ça me passait complètement au dessus de la tête.
Et j'étais encore loin d'être au bout de mes surprises.
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