Chapitre 7 : Fête surprise
Nikki était vraiment changée. Même si ces discussions m'avaient expliqué pourquoi, c'était toujours douloureux. Il y avait quelque chose chez l'ancienne Nikki que je ne retrouvais pas chez celle-ci, et qui me manquait de manière déchirante.
Nous avons dû faire profil bas le reste de l'après-midi, étant donné qu'on avait fait exploser un hélicoptère à deux-cents mètres du parc. Nous avons évité de faire des attractions, et nous avons été très méfiants envers tous les gens qui portaient des costumes. Nikki était surtout très froide avec moi, elle ne laissait plus paraître d'émotions et son sourire me manquait.
Nous avons retrouvé le reste de ma famille devant l'entrée, après une après-midi assez calme, vers dix-huit heures, heure locale. Mon père me demanda si j'avais vu l'explosion, qu'il avait raté car il était en plein milieu d'une file d'attente à l'autre bout du parc. Je lui répondis que non, avec mon air le moins coupable possible, et je regardai vers le bâtiment aux toboggans, par simple réflexe. Il avait beau être très loin, je voyais clairement quelque chose sur son toit. Ou plutôt quelqu'un ; un homme aux cheveux noirs, dont je n'arriverais pas à donner la taille, mais qui était torse nu et avait seulement un short. Mais quelque chose de plus étrange qu'un homme à moitié à poil à trente mètre de haut m'a surpris ; son flanc, son bras et la moitié de son visage brillaient anormalement sous le soleil tardif.
Le voyage de retour se passa comme l'aller, à deux exceptions près. Nikki ne me tenait plus la main, et mon frère se plaignait sans cesse d'avoir raté l'explosion parce que, selon lui, ça a dû être «TROOOOOOP COOOOOOOOOL». Quelle naïveté, pour un gamin de treize ans. Une demi-heure plus tard, nous avons déposé Nikki devant son refuge, et elle salua ma famille comme si de rien n'était. J'ai même cru revoir pendant une seconde la Nikki que j'aimais quelques heures plus tôt. Nous sommes ensuite retournés à notre hôtel, où mon père nous a informé qu'on ne ferait rien de spécial demain, donc on pouvait se contenter de faire ce qu'on voulait dans le quartier où nous nous trouvions. Il y avait deux piscines dans le coin, dont celle de l'hôtel, une salle de musculation, un stand de tir mais surtout un bâtiment réservé exclusivement aux batailles d'Airsoft, ce qui faisait un sacré lot d'activités. Pourtant, je n'avais pas la moindre envie de quitter l'hôtel et ça ne changerait probablement pas d'ici demain.
Nous sommes allés dans notre chambre, mon frère et moi, et nous y sommes resté pendant probablement deux heures avant de nous décider à aller prendre un bain. Mon frère s'est donc jeté dans la salle de bain, comme à son habitude, et j'ai dû attendre presque trente minutes avant de pouvoir toucher l'eau, ce qui m'a laissé le temps de mettre un pansement sur ma plaie à l'épaule et d'à nouveau regarder des vidéos, cette fois des vidéos informatives, comme en faisait Le Roi Des Rats, un ancêtre dans le style des vidéos informatives. L'eau chaude me fit le plus grand bien, surtout que mes muscles me tiraient de partout à cause de mon combat contre les méchants. Le fait de prendre un bain était vraiment relaxant après une journée aussi chargée et mouvementée, et je n'en voulais pas à mon frère de l'avoir presque rempli à ras bord.
Une fois que j'eus fini mon bain, je me séchai et me préparai immédiatement pour être prêt à aller au lit, même si je savais que je n'y irai pas tout de suite. Je me couchai sur mon lit avec mon portable et recommençai à regarder des vidéos, toujours les mêmes qu'avant. Mon frère me dit soudain :
- Et avec Nikki, ça va?
- Putain Axel, tu peux arrêter de me souler avec ça, un peu?
- C'est une vraie question. C'est pas parce que je fais le con la plupart du temps qu'on passe ensemble que je peux pas être sérieux. Je serais content pour toi si t'avais enfin une copine.
- Mouais, dis-je en soupirant. C'était bien parti, mais je crois que c'est mort, là.
- C'est bizarre, vous vous entendiez vachement bien, pourtant.
- C'est la phrase clichée, mais elle est pas ce que je pensais, lui répondis-je avec amertume.
Il ne répondit pas et se contenta de me regarder quelques secondes, avant de retourner à son jeu sur son portable et moi sur mes vidéos. Je n'aimais pas vraiment le fait d'exposer ma vie sur un plateau à n'importe qui, mais mon frère avait besoin de parler et ça se voyait. Depuis l'assassinat d'Eduardo, ils semblait totalement perdu, contrairement à ce qu'il essayait de montrer. Nous sommes restés réveillés pendant une bonne heure encore, étant donné que nous n'avions pas besoin de nous lever demain, puis nous sommes allés nous coucher, complètement crevés. En fait, c'est surtout moi qui voulais dormir, à cause de ma journée assez horrible. Je m'endormis assez rapidement, contrairement aux autres nuits qu'on a passé ici.
Cette nuit là, je fis un rêve. J'étais dans un monde blanc, sans aucune couleur, sans aucune matière, sans aucune lumière. Une silhouette de femme blanche, douce et fragile, tournait autour de moi. C'était un rêve paisible et calme. J'entendais le rire de la silhouette, un rire chaleureux et doux, qui rayonnait la passion. C'était un rire sincère qui me rendait heureux rien qu'à l'entendre. J'avais l'impression de marcher dans un pré avec cette silhouette, si innocente et pure. Je n'aurais pas su dire combien de temps cela a duré.
La nuit commençait à tomber sur ce monde vide, et je voyais tout autour de moi s'assombrir. La silhouette s'assit à côté de moi et posa sa tête sur mon épaule. Je ne lui parlais pas et elle ne me parlait pas. Elle dégageait la même chaleur que la lumière du soleil en été. Encore une fois, nous sommes restés comme cela un certain temps, que je ne saurais pas non plus exprimer. J'avais presque l'impression de m'endormir encore une fois. Puis soudain, la silhouette me toucha gentiment l'épaule. J'ouvris les yeux, et la regardai, un sourire aux lèvres. Mon cœur rata un battement et mon sourire s'effaça aussitôt. La silhouette me regardait avec des yeux parfaitement noirs, tellement noirs qu'ils semblaient lire dans mon esprit. Dans un silence de mort parfait, elle me chuchota d'une voix froide, glaçant le sang dans mes veines :
- Réveille toi.
Je me réveillai en sursaut. Mon cœur battait si fort qu'il me donnait l'impression d'avoir explosé. Je regardai autour de moi, m'attendant à voir mon frère me chuchotant de me réveiller. Mais rien. Pas la moindre trace d'un être vivant quelconque autour de moi. Je n'avais aucune idée de l'endroit où Axel se trouvait. Il était 11h24, donc probablement pas au petit déjeuner ou au déjeuner. Les points positifs, c'est qu'il ne m'avait pas vu me réveiller en sursaut et que je ne le verrai probablement pas pendant un moment.
Je pris mon temps pour me réveiller, vu qu'on n'avait rien de prévu aujourd'hui. Je me lavai le visage, pris une douche, et plus ou moins tout ce qu'on fait quand on se réveille mais au ralenti. J'en avais marre de faire des rêves bizarres et de me réveiller en sursaut tous les jours. C'est comme si j'avais fait quelque chose au monde et qu'il essayait de se venger en m'empêchant de dormir tranquillement.
Tout se passa assez calmement jusqu'aux environs de midi. Je commençais à m'ennuyer sans pour autant vouloir sortir, quand mon frère entra dans la chambre, un sac de sport à la main.
- Tiens, t'es réveillé?
- J'ai l'impression, ouais. Et toi t'es toujours pas mort, je crois.
- Bien vu, j'étais à la piscine de l'hôtel. Elle est super grande et y'a même des jacuzzis, tu devrais y faire un tour.
- J'y irai sûrement cet aprèm, j'en ai marre de rester ici.
- Je suis sûr que ça va te plaire. Je prends une douche et on va manger?
- Si tu veux. On va où?
- Y'a des burgers au restaurant de l'hôtel aujourd'hui, il paraît qu'ils sont bons.
- Pourquoi pas.
Il posa son sac et entra dans la salle de bain. Je me sortis du lit tant bien que mal, malgré mon dos qui me faisait encore mal de ma chute dans les toboggans. J'enfilai rapidement un T-shirt et un short, sans vraiment essayer de les assortir. Après quelques minutes, mon frère sortit de la salle de bain et me lança :
- On y va?
- Ouais, je suis prêt.
Nous sommes sortis de la chambre sans un mot de plus, sans que j'aie pris le temps de me coiffer ou de bien me présenter.
Nous sommes ensuite descendus vers le hall de l'hôtel avant de nous diriger vers le restaurant. C'était une grande salle blanche à l'apparence assez moderne, avec des tables et des chaises en bois noir, des lustres contemporains et de nombreuses œuvres d'art, souvent des sculptures en métal. Nous sommes allés dans le coin où il y avait les tables pour deux personnes ; une des tables était occupée par mon père et Annie. Nous les avons salués de la main avant de nous asseoir le plus loin possible d'eux, pour ne pas avoir à supporter ma belle-mère. Un serveur vint nous voir pour prendre notre commande. Je lui répondis dans mon plus bel espagnol possible malgré mon accent déplorable. Mon frère et moi avions pris un burger, lui avec de la sauce Barbecue et moi avec une sauce maison, la "sauce Brasil", qui est apparemment une sauce légèrement fruitée. Le serveur revint avec deux mojitos et une carafe d'eau, apparemment un "cadeau de la maison".
Nous avons ensuite discuté de tout et de rien autour de notre apéritif jusqu'à ce que les plats arrivent, que nous avons mangé en silence. Mon burger était bon mais semblait fade, comme si j'avais perdu mon sens du goût depuis la veille. Il faut dire que ma sale expérience au parc m'avait un peut ruiné le moral, et mon enthousiasme en avait pris un coup. Une fois notre plat fini, le serveur vint nous débarrasser et nous proposa des desserts. Je n'avais envie de rien, mais Axel était tenté par une glace. Je donnai sa commande au serveur et sortis mon portable en attendant.
- Tu peux partir, tu sais. J'ai pas besoin de toi pour manger ma glace.
- Nan, c'est bon. Je peux t'attendre, c'est pas comme si j'avais quelque chose à faire.
- Comme tu veux.
Sa glace arriva peu après. J'avais déjà oublié quels parfums il avait pris, et à vrai dire, ça ne m'intéressait pas du tout. Il me proposa de goûter mais je refusai. Je n'avais aucune envie de manger plus. Tout ce que je voulais, c'était oublier tout ce qui s'était passé en l'espace de trois jours.
J'attendis donc le temps qu'il lui fallait pour manger une glace, à savoir quelques maigres minutes, avant de remonter vers la chambre à ses côtés dans un silence de cathédrale.
Une fois de retour à la chambre, mon frère se jeta sur son sac de piscine et me lança le mien.
- Tu veux déjà y aller? On vient à peine de manger.
- Et alors?
- On va avoir mal au bide si on nage.
- C'est bon, on a qu'à se poser dans les jacuzzis le temps de digérer.
Il marquait un point. Je me levai donc, sac de piscine à la main, avant de redescendre les escaliers de l'hôtel jusqu'au rez-de-chaussée. La piscine se situait à l'arrière de l'hôtel, mais il y avait aussi un espace de détente au sous-sol avec des jacuzzis, des bains nordiques et des saunas. Je décidai d'aller dans un jacuzzi avec mon frère et de mettre mes écouteurs pour me détendre le plus possible et penser à autre chose.
Je suis resté dans l'eau pendant une bonne heure et demie, alors qu'Axel est parti sans me prévenir après environ une demi-heure. Je décidai donc de sortir du jacuzzi et d'aller dehors pour profiter un peu de la piscine extérieure et des toboggans. Je posai ma serviette sur la pelouse, en regardant du coin de l'œil l'énorme toboggan à quatre voies où tout le monde semblait glisser beaucoup trop vite pour ne pas se brûler. Il fallait absolument que je retrouve mon frère pour faire une course sur celui-là. Je partis donc à sa recherche, et en profitai pour explorer les différentes piscines. On avait une piscine à vagues, une piscine à fond bas pour les enfants et les jeux de ballon, un petit bassin de plongée de quatre mètres de profondeur, et un bassin avec des obstacles sous-marins pour de la fausse exploration sous-marine. Je cherchais tant bien que mal mon frère mais ne le vis nulle part, à tel point que je commençais à me demander ce qu'il faisait. Je lui avais envoyé un message lui demandant où il était passé, mais n'avais reçu aucune réponse. Je décidai donc de récupérer mes affaires et d'aller voir dans l'hôtel. Ce début d'après-midi était vraiment incroyablement frustrant.
Je rentrai donc dans le bâtiment principal de l'hôtel et remarquai immédiatement un officier de police en train de parler avec la réceptionniste, et pas n'importe quel officier de police : celui qui parlait français et qui a pris notre déposition après le meurtre d'Eduardo. Je l'aurais reconnu entre mille, avec sa peau foncée, sa moustache et sa coupe afro. Je compris donc instantanément qu'il venait pour moi, mais je ne pouvais rien faire. Si je me cachais ou fuyais, je serais suspecté d'avoir fait quelque chose. Si je voulais remonter à ma chambre, je devais passer à côté de lui et il risquait de m'interpeller. La meilleure option était d'aller aux toilettes calmement et d'y rester le temps qu'il parte. Je me rendis donc vers les toilettes dans une fausse sérénité un peu maladroite, en gardant l'officier de police à l'œil. Il tentait vraisemblablement d'interroger la réceptionniste, qui restait d'un sérieux de marbre.
J'étais à mi-chemin vers les toilettes, quand je vis dans l'extrémité de mon champ de vision un enfant courir après une petite fille, probablement en train de jouer à chat. La petite fille regardait l'enfant au lieu de regarder où elle allait. Je vous laisse deviner vers où elle a foncé tête baissée à la vitesse d'un sale gamin imprudent.
Droit dans les jambes du policier, évidemment. Il se retourna et sermonna la petite, puis la repoussa gentiment. Je me dépêchai de marcher, car je serais dans son champ de vision si il levait la tête. J'étais sur le point d'entrer dans les toilettes, quand j'entendis derrière moi quelqu'un hurler dans un accent espagnol :
- Hé, vous ! Attendez un peu !
J'étais cramé, bien évidemment. Cette après-midi aura été un calvaire jusqu'au bout. Je me retournai et vis le policier courir vers moi. Je répondis sur un ton posé :
- Monsieur l'agent, je peux faire quelque chose pour vous?
- Oui, tu vas me suivre bien gentiment, répondit-il en sortant ses menottes.
Je le regardais, confus.
- Euh... Je peux savoir pourquoi vous m'arrêtez?
- On a enquêté sur le meurtre d'Eduardo Perez, et vous êtes notre principal suspect.
- J'ai plutôt l'impression que je suis le seul. Pourquoi pas les autres? Mon père, mon frère et ma belle-mère?
- Ils sont déjà au poste, et vous allez les rejoindre.
Je continuai à lui poser des questions, mais il arrêta d'y répondre. Nous nous sommes donc rendus au poste, à une quinzaine de minutes de voiture de l'hôtel. Les menottes étaient tellement mal serrées que j'arrivais à faire glisser mes mains dehors, mais je ne le fis pas pour ne pas être encore plus suspect. Je restai donc silencieux à l'arrière de la voiture de police le temps du trajet. Dans un éclair d'audace, je demandai au policier :
- D'ailleurs, on s'est même pas présentés. Moi c'est Jonathan, je peux savoir votre nom?
Il marqua un silence avant de répondre.
- Georges.
- Enchanté, Georges.
- Oui, c'est ça, enchanté.
Je pensais vraiment qu'il ne répondrait pas. Les arrestations dans la vraie vie sont complètement différentes de ce qu'on peut voir dans les séries.
La suite du trajet se passa dans le silence. Je n'avais plus vraiment de questions à poser à Georges, et il ne semblait pas avoir envie d'y répondre de toute façon. Je patientai donc jusqu'à mon arrivée au poste de police, un ancien bâtiment à deux étages avec une façade blanche et une enseigne avec le mot "Policía" écrit au dessus de la porte. Le poste de police bien cliché, quoi. Georges me fit sortir de la voiture en me tenant par les menottes et me poussa vers l'entrée. Lorsqu'il ouvrit la porte, je vis un long couloir avec, à droite, un officier de police derrière une vitre blindée, à gauche, une salle d'attente et des vieux sièges en cuir, et en face, une série de pièces sombres qui ressemblaient à des salles d'interrogatoire ou à des cellules.
- Cliché jusqu'au bout, on dirait.
Mon cher ami Georges me poussa jusqu'au bout du couloir et tourna à gauche, du côté des salles d'interrogatoire. Je vis mon père dans l'une, assis calmement, puis Annie, en train de s'énerver vers la vitre, et enfin mon frère qui s'amusait à faire rouler une bille sur la table. Je n'eus même pas le temps de me demander où il avait pu la trouver, quand je fus poussé sans ménagement dans la salle d'interrogatoire suivante, vide. Il me laissa dedans et me lança juste "Assieds-toi et attends ton tour", avant de fermer la porte. La pièce était petite, éclairée par des néons de plafond et n'était meublée que d'une table en métal et de deux chaises inconfortables. Je m'assis sur une des deux chaises et me relevai immédiatement ; elle était froide comme si elle sortait du frigo.
- Nan mais combien de clichés je vais voir ici ?
Je m'assis donc lentement pour ne pas me geler le cul sur la chaise, puis patientai dans le calme. Le seul bruit que je pouvais entendre était le grésillement du néon au plafond ; pas le moindre bruit de l'extérieur n'était perceptible. La pièce était très bien insonorisée. Il me fallut attendre plusieurs longues minutes avant d'entendre quelqu'un ouvrir la porte. Georges entra, ferma la porte derrière lui et s'assit en silence en face de moi.
- J'aurais quelques questions à te poser sur le meurtre d'Eduardo Perez.
- Oui, c'est ce que j'ai cru comprendre.
- Tu as dit qu'il avait reçu une pointe de métal à travers la gorge, c'est bien ça?
- Oui. Je dirais qu'elle l'a tué sur le coup, personne ne l'a entendu crier.
- Tu devrais éviter de dire des choses qui te rendent encore plus suspect.
- Je peux me le permettre, j'ai rien à me reprocher, rétorquai-je.
Il ne s'attarda pas sur ma remarque.
- Il n'y avait pas la moindre trace de métal sur le cadavre. Tu es sûr qu'elle est restée dans le cadavre?
- Si elle allait à la même vitesse que les deux autres, j'en suis presque sûr. La seule option que je vois serait qu'elle ait été détachée par le courant.
- Ou récupérée par quelqu'un, dit-il en écrivant quelque chose sur un bloc-notes.
Oui, aussi, mais j'aurais préféré ne pas penser à celle-ci. Il enchaîna :
- As-tu la moindre idée de qui aurait pu vouloir tuer Eduardo ?
- Vous avez l'air d'oublier qu'on a aussi essayé de nous tuer nous.
- Nous sommes en train de parler d'Eduardo, pas de vous. La question viendra plus tard.
- Je venais à peine de rencontrer Eduardo, il était seulement notre guide touristique pour la journée. C'est pas comme si je le connaissais personnellement. En plus, il avait l'air très agréable.
- Est ce que tu te rappelle de quelque chose d'autre sur les alentours du crime ? Est-ce que autre chose de bizarre est arrivé ?
- Mis à part le mouvement dans l'arbre, il y a...
J'entendis un bruit étrange venant du mur à ma gauche. Il ressemblait à...
- Un sifflement ?
- Donc tu as entendu un sifflement avant le crime ? Tu l'as pas mentionné lors de la déposition.
- Non, il y a un sifflement.
- Qu'est ce que tu raconte ? Je comprends pas.
- Il y a un sifflement dans cette pièce, là, dans le mur.
Il s'arrêta quelques secondes.
- Je n'entends rien.
Soudainement, le sifflement se fit plus intense. Un mauvais pressentiment m'envahit.
- Il y a quoi derrière ce mur ?
Il me regarda silencieusement, comme si il était en train de me jauger, puis répondit.
- La cour arrière du bâtiment, pourquoi ?
Le sifflement se fit encore plus intense. Je sentis à nouveau ce genre de coup dans le cœur, et mon corps sauta en avant sans prévenir. Mes menottes se brisèrent entre mes bras alors que je me jetai entre le mur et Georges, qui avait à peine eu le temps de tourner les yeux. Une fraction de seconde plus tard, j'entendis une violente explosion retentir derrière moi. La table et la chaise furent renversés par le choc et de nombreux débris furent éjectés sur mon dos. Georges n'avait rien, mais il semblait avoir perdu connaissance, ce qui ne m'étonnait pas vraiment. Je me relevai difficilement et me retournais vers le mur pour y voir un trou béant dans les quelques 30 centimètres de béton qui composaient le mur. Un instant après, des hommes en équipement de combat complet, armés de ce qui ressemblait à des lances ou des épées avec une double pointe métallique au bout, traversaient la brèche les uns après les autres.
Mes oreilles sifflaient et ma vision était trouble. j'avais du mal à tenir sur mes jambes et je ne pouvais rien faire pour me défendre lorsqu'ils m'attrapèrent et me tirèrent vers la brèche. Quatre d'entre eux m'attrapaient un membre chacun ; je ne pouvais pas leur échapper. La peur m'envahit ; qu'est ce qui allait m'arriver? Comment je pouvais me sortir de là?
Une fois la brèche traversée, je vis des câbles flottant dans le ciel, qui touchaient le sol mais n'étaient reliés à rien dans les airs. Puis, petit à petit, des écailles noires apparurent en l'air, au dessus des câbles, créant une forme que je reconnaissais très bien ; un hélicoptère. Le bruit de ses pales était de plus en plus distinct au fur et à mesure de son apparition. Les battements de mon cœur étaient si intenses que je n'entendais de l'engin qu'un bruit de fond.
La panique commençait à m'envahir alors que je récupérais à peine du choc de l'explosion. Je voyais une petite dizaine d'hommes tout autour de moi, tous armés de ces sortes de lances ou d'épées. Je n'avais aucune idée de ce qui se passait, mais il y avait une chose que je savais : je devais absolument réagir vite.
Ces enfoirés avaient déjà failli m'avoir une fois, et je n'aurais peut-être pas toujours assez de chance pour leur échapper à nouveau.
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