Après des dizaines de lahms à galoper, le royaume de Rosear apparaît finalement au loin.

Connor tombe de fatigue, mais il se force à rester éveillé. Il doit veiller sur son groupe, sur les malades, sur la route à suivre...

Plus d'une fois il manque de tomber de cheval, mais il tient bon, et ses efforts payent car alors que la nuit est tombée depuis près de quatre ou cinq lahms, le château est enfin en vu, avec ses immenses tours fines et au toit pointu, aux couleurs si irréelles dans un paysage arrangé par les fées.

Elles ont planté des arbres aux feuilles roses toutes l'héap, et qui virent pourpre lorsqu'elles tombent, se figeant à jamais, de l'herbe douce et des fleurs aux couleurs pastel.

En réalité, certaines sont des Orchïas. Les vaniteuses fées sont alliées avec les sirènes et les Orchïas, de délicates créatures qui connaissent tous les secrets du Morffab.

Sur leur passage, Connor les entend murmurer en boucle un mot, sans compter les phrases expliquant aux autres qui ils sont et leurs histoires.

«Colubra» semble siffler le vent.

La voix des Orchïas est douce et tenue, mais le brun est trop inquiet pour se préoccuper de ces paroles.

Ils pénètrent dans la cité, sous le regard impressionné, dégoûté ou curieux des habitants et habitantes de ce royaume.

Une grande fée majestueuse aux longs cheveux blonds presque blancs, tressés en couronne, au teint laiteux, aux traits délicats, portant une robe blanche rattachée à un corset par une fine ficelle.

Elle a des yeux verts profond et impressionnant, son expression facile est sévère, ses bras à nus, et deux longues ailes de libellule transparente.

-Qui êtes-vous et quelle fantaisie a-t-elle guidée vos pas jusque dans notre précieuse cité ? Demande-t-elle d'une voix claire et au ton cassant, d'une intonation rappelant les courants rapides de la rivière.

-Le temps presse, nous vous expliquerons les détails plus tard, mais y a-t-il un endroit où nous pourrions soigner les blessés ? S'exclame Connor sans perdre de vue son objectif principal.

-Suivez-moi, déclare la fée en tournant les talons, sa robe se suspendant un court instant dans les airs.

Ils se précipitent presque à sa suite, et pénètre quelques maols plus tard dans le palais.

Leur entrée est remarquée, les sabots des chevaux claquant avec force sur le marbre.

Comme ce sont des chevaux entraînés chez les elfes de la forêt d'Aestus, ils restent calmes face à l'attention, et se tiennent immobile, même lorsque Connor saute du dos de sa monture pour s'incliner face à la reine Éléana.

-Hé bien Kayla, que nous amènes-tu cette fois ? C'est une bien étrange composition pour un groupe de voyageur ! Un gnome et un elfe, vous m'en direz tant !

Naya, alors réveillée par les sabots des chevaux claquant sur le sol avec force, glisse contre le flanc de Owlix, et s'agenouille dans un semblant de révérence, bien que Bodkine ait essayé de l'en empêcher, mais il avait le bras trop court.

-Monsieur l'elfe est en train de mourir, sanglote la fillette. S'il vous plaît, laissez monsieur Connor le sauver...

Si l'expression de la reine reste froide, la lueur au fond de ses yeux s'adoucit.

-Bien. Kayla va vous conduire jusque l'infirmerie du palais. Vous pourrez y soigner vos amis. Des chambres seront mises à votre disposition, et vous prendrez part au repas de ce soir en tant qu'invités de la reine, déclare Éléana, en se levant. Disposez maintenant.

Tous s'inclinent, plus ou moins maladroitement, et Katran, qui n'était pas descendu, lance Owlix au petit galop, se baissant pour passer la porte, en riant lorsqu'il vit que Bodkine n'avait pas besoin de se courber pour passer sans problème.

Il fut rattrapé par ses camarades.

Le regard clairement contrarier que Kayla pose sur lui le fait frissonner.

Il freine du mieux qu'il peut, les sabots de Owlix glissant sur le sol lisse de l'infirmerie, puis il saute à terre.

Deux fées, un homme aux ailes de libellule et une femme aux ailes de papillon, sermonnent une jeune fée aux ailes de Morpho, aux longs cheveux bruns bouclés, à la peau brillante, aux yeux verts mit en valeur par de longs cils.

Elle semble faire la tête, et ses vêtements, un pull pourpre et un patalon beige, sont maculés de terre.

À ses côtés se tient un jeune homme aux cheveux bruns en bataille et aux yeux émeraude, qui semble un peu plus âgé, avec un pantalon large et un pull dans des tons neutres.

Elle a une longue éraflure le long de la joue qui semble s'être infecté, et que les guérisseurs soignent en pestant contre ces "fées de la forêt".

La jeune fée se tient silencieuse, respectueuse, et Connor croit distinguer un tatouage en forme de ying-yang, et une broche en forme de dahlia.

Tous relèvent la tête, et affiche un air incrédule en voyant les visiteurs débarqués à toute vitesse dans leur palais.

Le stratège descend de sa monture, et attrape délicatement Aeleran pour le porter jusque dans un lit, intimant d'une voix ferme à Nowx de faire de même.

Puis, il demande à la jeune femme qui semble avoir nouée un lien assez fort avec la petite de se charger d'elle, aider par Bodkine, qui se porte volontaire pour l'aider.

Katran lui tend les plants d'Archena, et Connor à enfin le temps de porter son attention sur les longues feuilles aux veinures rappelant les toiles d'araignées, et aux fleurs en grappe d'un bleu nuit très intense.

Il sort de sa sacoche un petit papier. Les instructions données par Ieran et Erla lorsqu'il aurait les plantes pour soigner des blessure et allergies, au cas où.

En y repensant, il se dit que cela sauvera peut-être ses amis.

Il crée un cataplasme qu'il applique sur les blessures de ses amis, sous les regards des médecins fées. Ces derniers connaissent sans doute ce remède, étant donné qu'ils vivent proche de la forêt. Les accidents ne doivent pas être exceptionnels.

La fée qui s'était blessée s'approche de Katran, qui lui raconte en résumé leur aventure, écouté par Kayla également, qui les a rejoints après une longue course dans le palais.

Une fois le cataplasme apposé sur les blessures, il est dit que les victimes peuvent mettre du temps, parfois des jours, avant de se réveiller, en fonction du délai entre l'agression et l'application du remède.

Épuisé, Connor se rend dans sa chambre.

Il fait encore nuit et la cité est éclairée par des lanternes, mais il refuse de dormir tant qu'il n'est pas sûr que ses amis ne sont pas totalement sauvés, alors il récupère un bon oreiller, et une couverture pour veiller le repos de ses compagnons.

Il s'assoit sur une chaise, et bientôt, s'endort sans même s'en rendre compte.

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Le matin vient éclairer timidement la pièce de ses rayons de soleil.

Il se réveille, battant des paupières, perdu.

Une personne à côté de lui semble endormie, sa tête sur son épaule.

Dans un sursaut, le brun se rend compte qu'il s'agit de Aeleran.

L'elfe s'est assis à ses côtés, et semble lui aussi s'être assoupi.

Il a veillé Etwannë, préférant s'asseoir à côté plutôt que de rester allonger dans son lit, à fixer le plafond, mais n'avait pas prévu de sombrer dans le sommeil aussi vite.

Il semble que son formidable métabolisme n'ait pas encore supprimé tout le poison de son corps, mais le cataplasme à fait effet, absorbant un liquide noir.

Doucement, le brun se dégage, et repousse sa couverture pour la poser délicatement sur le corps de son camarade.

Etwannë, sentant du mouvement, remue avant d'ouvrir péniblement les yeux.

-Bonjour. Comment vous sentez-vous ? Demande le brun à voix basse.

-Je sais pas, murmure la métamorphe, un peu perdue. Où sommes-nous ?

-Au royaume Rosear, dans le palais royal. Vous vous êtes fais mordre par une araignée géante, puis vous êtes évanouie. Nous avons trouvé plus sage de nous rendre chez les fées, afin de vous administrer les soins nécessaires.

-Hé bien, merci ?

-Je vais vous apportez le petit-déjeuner, il vous faut vous reposer. Nous repartirons dès que vous vous serez totalement remis, et cela ne sert à rien d'insister pour recommencer à voyager avant.

-D'accord, marmonne Etwannë. Merci.

Le stratège sourit, et sort de la salle le plus discrètement possible, en essayant de faire le moins de bruit possible.

En se rendant jusque dans les cuisines, il se perd dans le palais.

Il ne connaît pas les lieux, et commençant à se dire que ce n'était pas une bonne idée de s'aventurer dans le dédale que forment les couloirs, lorsque la fée qu'il avait vu se faire soigner, apparaît dans un tournant.

Sur la pointe de pieds, la jeune femme remonte d'un escalier caché par un effet d'optique,

les bras chargés de nourriture en tout genre.

-Attendez ! S'exclame Connor, en la retenant.

La fée sursaute, et se tourne brusquement vers lui, prête à se défendre.

Elle se détend en voyant le stratège humain, mais reste tout le même sûr ses gardes.

-Vous souhaitez ?

-Savez-vous où se trouvent les cuisines du palais ? Interroge-t-il en adoucissant son ton pour ne pas l'effrayer.

-Oh bien sûr ! Descendez là, et dites que vous venez de la part de Isla ! Où enfaîte non, je vais vous accompagnez !

La fée l'entraîne à sa suite avec enthousiasme, ignorant le petit hurlement de terreur du brun qui voit sa vie défilée alors qu'il manque de tomber dans les marches.

En bas, des dizaines, des trentaines, sans doute une cinquantaine de fées s'activent aux fourneaux pour préparer le déjeuner, alors qu'il n'est même pas dix lahms.

-Hey ! Lance la jeune fée, sa voix résonnant dans les cuisines.

Certains employés se tournent vers elle, pas vraiment surpris de la voir ici.

Une femme aux courbes génrereuse et à l'air maternelle, se tourne vers elle.

-Isla mon enfant ! Tu as besoin de quelque chose d'autre ?

-Oh non, c'est pour mon ami ! Que voulais-tu d'ailleurs ?

-Ce serait pour trois petits-déjeuners si cela est possible, explique Connor, quelque peu honteux de réaliser la demande alors que le personnel doit être occupé.

Mais la femme acquiesce, et après une vingtaine de maols, il repart, avec un immense plateau contenant assez de nourriture pour nourrir cinq personnes malgré le fait qu'il est expliqué qu'ils ne seront que trois à manger.

Mais lorsque Connor ouvre la porte, c'est sûr six personnes et non deux qu'il tombe.

Bodkine et Katran reviennent à la charge, avec leurs blagues lourdes, amusant Nowx et Naya s'est blottit contre Aeleran, qui est réveillé.

Même Etwannë sourit.