Connor se réveille difficilement. La soirée de la veille a été très agréable mais avoir festoyé après un long voyage est décidément une chose qu'il ne recommande pas.
Il a été agréablement surpris, lui qui pensait que les elfes étaient des végétariens qui ne mangeaient que des légumes fades.

Complètement ancré dans la réalité à présent, il sort de ses draps, et se dirige vers le bureau sur lequel des vêtements sont pliés.

Il s'empare de la tenue qu'il a pris soin de poser ici la veille afin de se rendre au chevet de son père au plus vite.

Une fois habillé, il ne met que dix maols à traverser les couloirs et ouvrir les portes avant d'arriver dans la salle de soin.

Comme il s'y attendait, il n'y a personne. Les elfes sont habiles et endurant tandis que leurs guérisseurs sont excellents.

Ieran rangeait et nettoyait quelques ustensiles que Connor reconnut étant utilisé pour soigner les épines enfoncées dans la peau.

A en juger par l'équipement, un elfe serait tombé sur un buisson trop épineux pour que son ego d'elfe ne l'empêche d'aller voir le guérisseur.

Le brun ignore ce fait et part rejoindre son père, allongé dans son lit. Il est d'une pâleur cadavérique et Connor craint qu'ils n'aient attendu trop longtemps, qu'ils n'aient pas fait assez vite.

Le guérisseur présent dans la pièce s'éclipse un instant avant de revenir, sans trousse de soin mais avec une tasse chaude entre les mains.

Il la tend au jeune adulte qui le remercie d'un signe de tête avant de sortir définitivement.

La tasse contient une boisson qui à la couleur chaude des troncs, la douceur des fruits les plus appréciés et un doux fumet réveille l'appétit du stratège.

Prenant une gorgée de la liqueur presque brûlante, il replonge dans les souvenirs de la veille.

Le banquet était plus agréable et beaucoup moins barbant que ce qu'il n'avait prévu.

Il s'était retrouvé entre un elfe descendant directement du roi Reilan et la guérisseuse qui est en charge de son père.

Il se demande quel âge les deux peuvent-ils bien avoir, étant donné que ce sont des êtres dont aucun membre n'est décédé de vieillesse à l'lahm.

Tous deux paraissaient assez jeunes, mais Connor ne se fait pas avoir si facilement.

Les années de longs travaillent pour devenir guérisseuse du roi elfique et le ton calme, l'intonation réfléchie de Aeleran lui indique que ces elfes ont au moins 6 siècles d'existence.

Puis ses pensées dérivent.

Les guérisseurs elfiques sont les meilleurs de tout les royaumes et de tout les peuples à ne pas en douter.

Cependant le guerrier se demande n'était-il pas déjà trop tard pour son père lorsque ce dernier est arrivé chez les elfes ?

Erla et Ieran ne lui ont rien dit a ce sujet, bien qu'ils aient eut l'occasion de le faire.

Aussi bien au cours du banquet pour l'une que tout à l'lahm pour l'autre.

Soucieux, il attrape la main de son père et la sert délicatement, réchauffant ses doigts gelés de son souffle brûlant.

Pendant deux lahms, il reste assis au chevet de son père, se demandant comment faire s'il ne survit pas. L'angoisse lui tord l'estomac, mais il doit envisager cette possibilité et surtout il doit se préparer mentalement.

Si son père meurt, le roi risque de lui retirer son petit poste de stratège qu'il a obtenu de son père. Il faudra prouver sa valeur à son souverain.

Lorsque peu avant que le déjeuner est lieu, il est sorti de son état léthargique par Éliane.

Cette dernière pose délicatement sa main sur son épaule, le tirant doucement hors de ses pensées.

-Les enchanteurs sont arrivés, le déjeuner va avoir lieu.

-Je vous remercie de m'avoir prévenu.

Connor se lève et la main de son père retombe sur le matelas avec un bruit sourd.

La princesse et le stratège sortent ensemble de la salle, l'un légèrement en recul.

Lorsqu'ils parviennent à la salle royale, il y trouve effectivement le roi des enchanteurs, Quenan, en compagnie de Reilan et Démertrius.

Les souverains conservent et enchantent rapidement quelques nouvelles, et s'ils sont trop loin pour en saisir la totalité, il comprend que son roi résume l'étrange mal qui a frappé son guérisseur, le voyage et le séjour en court qu'ils ont fait, Reilan enchaîne en expliquant que ses guérisseurs travaillent là-dessus, sans avoir trouvé de réponse pour l'lahm. Le souverain enchanteur réplique que son fils jetterait un coup d'œil expert à Isaac.

Connor, loin d'être rasséréné à l'idée qu'aucun guérisseur n'ait trouvé de quoi souffre son père, frappe discrètement à la porte, alertant les souverains de leurs présences.

Le visage de Reilan s'éclaircit lorsqu'ils aperçoivent les deux individus.

-Et voici Éliane, ma fille, ainsi que le fils d'Isaac, Connor.

Le stratège s'incline.

-C'est un honneur de faire votre connaissance roi Quenan. J'ose espérer que ma présence ici ne dérange en rien votre venue.

-C'est un plaisir de poser enfin un visage sur votre prénom. Cette visite était déjà programmée depuis deux asoen, ne vous en inquiétez pas.

-Roi Quenan, cela va bientôt faire 130 que nous ne vous avions plus vu dans ces terres.

-En effet, la dernière guerre a écarté les peuples. J'espère cependant que ce ne sera plus le cas et que la paix régnera sur les terres du Morffab aussi longtemps que les peuples le pourront.

-Malheureusement ces derniers temps sont quelques peu orageux, soupire le dirigeant Reilan. Les animaux de la forêt s'agitent, et les arbres semblent exprimés leur début d'angoisse ; or vous n'êtes pas sans savoir que ces derniers sont considérés comme invulnérables et capable de supporter un feu de forêt sans que cela ne soit une catastrophe et une cacophonie sans noms entre-eux.

-Je l'ai remarqué aussi. Les serpents se font plus nombreux...

-Si nous repoussions cette pénible conversation à plus tard ? Le déjeuner est prêt à être servi il me semble, coupe Éliane d'une voix douce mais ferme.
Le roi elfique lui adresse un sourire reconnaissant, et le groupe de cinq personnes se dirige vers la salle de réception, là où tous les regards se tournent vers eux.

À l'image de la veille, Aeleran est le voisin de Connor, mais une nouvelle personne a pris la place de la guérisseuse, un homme aux cheveux roux et aux yeux verts comme la feuille la plus verte de cette forêt.

Au sceptre qui repose à ses côtés, taillé dans un bois clair et avec une pierre verte, provenant sans doute des Meïrea, le stratège devine aisément qu'il est un enchanteur.

S'apercevant que Connor l'observe, ce dernier se tourne vers lui, pour se présenter.

-Je ne nomme Katran, fils et unique héritier du roi Quenan et de la reine Genaël.

-Ravi de faire votre connaissance. Mon nom est Connor Ravenmight, fils adoptif du guérisseur du roi des humains.