NdlA : Je sais, je sais, nous ne sommes pas dimanche et, OH MON DIEU UN CHAPITRE ! Mais je m'en tiens à mon chantage et nous avons atteint les 40 votes sur la page du concours donc... Nouveau chapitre ! J'espère qu'il vous plaira !

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Naseok tenta de me retenir. Sauf que rien n'aurait pu m'arrêter. Je voulais mes réponses. Je me moquais totalement de l'état de Weethe. Il pouvait être sur son lit de mort que je forcerai les réponses hors de lui s'il résistait.

Je poussai la porte des quartiers de mon prédécesseur avec violence. Il sursauta mais parvint à ne pas renverser sa tasse de thé sur lui.

- Je peux savoir ce qu'il te prend ? tonna-t-il, furieux.

- C'est moi qui pose les questions, ici ! Je sais ce que tu as essayé de faire !

- De quoi est-ce que tu parles ?

- Le Traître m'a tout raconté. Ce que tu as tenté de faire avec la cérémonie du savoir. Prendre le contrôle de mon esprit pour vivre plus longtemps ? Vraiment ? Tu croyais que ça allait marcher ?!

Il ne broncha pas à part pour poser sa tasse sur la table basse. Il ne m'adressa pas un regard. Il me méprisait totalement. Exactement comme si je n'étais qu'une idiote pour oser l'accuser.

- Pour sauver sa peau, il dirait n'importe quoi. Comment peux-tu donner le moindre crédit à ce qu'il raconte ?

- Disons que, pour quelqu'un enfermé dans les donjons sans contact avec le monde extérieur depuis le couronnement, il sait beaucoup de choses qu'il devrait ignorer. Comment pourrait-il savoir tout cela si quelqu'un n'était pas allé lui conter ?

Son regard vert dilué se tourna enfin vers moi. Il n'était pas ravi du tout. Je pouvais sentir la magie s'accumuler dans l'air. Elle l'incriminait.

- Ce n'est pas une preuve recevable. À peine une heureuse coïncidence.

- Si ce n'est que ça, pourquoi rassembler toute ta magie ? Tu comptes vraiment m'affronter ? Si j'étais toi, j'éviterais. Tu ne voudrais pas mourir encore plus vite, n'est-ce pas ?

Il ne sut dissimuler la rage qui prenait le dessus. Son échec devait avoir laissé une blessure purulente sur sa fierté. Pour aller jusqu'à tuer son frère, il devait avoir été certain de pouvoir mener son plan à terme. Avoir échoué... Il n'allait pas l'accepter facilement.

- J'ai été roi avant toi, Sixtine. Ne sois pas si impudente. Tu risquerais d'être surprise.

Je ris. Ce fut plus fort que moi. Sa tentative d'intimidation était ridicule. Ma magie était plus puissante que la sienne sans compter que je m'entraînais avec l'un des Seelies les plus puissants de la Cour Blanche. Sans oublier que, physiquement, il ne ferait jamais le poids.

- Naseok, si jamais je deviens aussi idéaliste de mes propres capacités, donne-moi une paire de baffes pour me remettre la tête à l'endroit, d'accord ?

Derrière moi, mon ami émit un grognement peu amusé. Pensait-il réellement que Weethe pouvait quelque chose contre moi dans son état ? À moins qu'il ne soit pas pour se moquer aussi ouvertement de quelqu'un déjà à terre.

Weethe attaqua brutalement. J'élevai un mur d'air me protéger. Son attaque fut absorbée par mon bouclier invisible. Je le transformai en un torrent de flammes qui heurtèrent le Seelie en pleine poitrine. Il s'effondra sur le sofa, l'air chassé de ses poumons.

- Alors ? On met carte sur table ? proposai-je, narquoise.

Il me jeta un regard si noir que j'aurais pu avoir peur s'il avait été en pleine possession de sa magie. Au lieu de ça, j'eus à peine la chair de poule. Je m'approchai du canapé.

- La vérité, exigeai-je. Ce petit plan foireux.

- J'aurais dû étouffer cet abruti dès que j'en ai eu l'occasion, marmonna-t-il.

- Il est un peu trop tard pour ça. Mes réponses, maintenant que tu as bien râlé ?

La noirceur dans ses yeux ne fit que s'amplifier. Je ne bronchai pas. Je croisai les bras et patientai. Il allait céder. Il n'avait plus d'autre choix.

- Bizarrement, je suis certain que le Traître t'a raconté toute la vérité. On dirait qu'il a un point faible pour toi. Sûrement parce que tu t'occupes de son rejeton.

- Pour l'instant, ce qu'il a raconté ne compte pas. Je veux ta version. Depuis le début.

- Comme si tu ne t'en doutais pas. J'avais tout prévu. J'ai toujours su que tu étais née mais je n'aurais pas cru que tu avais survécu. Quand le chien de mon frère est né et que son fils légitime est mort, j'ai eu un doute. J'ai fait mes recherches et je n'ai pas tardé à comprendre que mon instinct avait dit vrai. Tu étais toujours en vie. J'étais certain que tu n'aurais pas survécu plus de quelques jours, au maximum. C'est la seule raison pour laquelle je ne suis pas venu te chercher pour t'étouffer dans ton sommeil.

Un frisson dévala ma colonne vertébrale. Il n'aurait pas hésité à assassiner un bébé. Sans sourciller, il m'aurait étouffée dans mon couffin. Ce type était un monstre.

- J'ai dû réévaluer mes plans. Que je le veuille ou non, tu avais survécu et les trônes vous avez choisis, toi et ton frère. Donc, il fallait que je fasse avec. Toutes ces années passées dans la Cage m'ont permis d'affiner ma stratégie.

Et d'échouer quand même, songeai-je.

- Je ne compte pas mourir si vite. Aussi avais-je prévu d'utiliser ton ignorance affligeante contre toi. Je dois admettre t'avoir sous-estimée.

Pour ça, je pouvais sûrement remercier les cours intensifs de Naseok sur le bateau. Comme quoi avoir mis le feu aux poissons avait de bons côtés.

- J'ai commencé à te brouiller l'esprit dès ton retour à la Cour. Pour que tu crois à la jolie histoire de mon frère vous aidant à obtenir nos trônes. Je ne pouvais pas avoir quiconque émettre le moindre soupçon. Ça m'a demandé beaucoup de pouvoir. Beaucoup.

Je compris ce que ça signifiait. Des cadavres disparus que l'on ne retrouverait sûrement jamais. C'était de pire en pire.

- Ça a plutôt bien fonctionné jusqu'à ce qu'à la cérémonie du savoir. Je n'ai pas réussi à passer tes défenses. Le sang que nous partageons aurait dû me rendre l'accès plus aisé mais tu es coriace. Et, bien sûr, avec la mort de mon frère et mon propre état... Le charme s'est rompu. C'était malin d'aller poser des questions au Traître. Qu'est-ce qui t'a mis la puce à l'oreille ?

- La trop heureuse coïncidence de trois pères monstrueux soudain repentants. Celui avec sa vie sur la ligne allait forcément être le plus aisé à faire parler. Surtout quand l'un des trois est déjà mort.

- Joli esprit de réflexion, fut sa seule réponse.

Son désintérêt profond pour ce qui allait lui arriver était à la fois déconcertant et attendu. D'un côté ou d'un autre, il allait mourir dans les jours à venir. Désormais, la question serait de savoir si j'allais avoir pitié de lui en le laissant mourir naturellement ou si j'allais asseoir ma position de reine en le faisant exécuter.

De plus, il fallait prendre en compte le Traître. Allais-je continuer dans le sens de la Renonciation ou allais-je alléger sa sentence ?

J'ordonnai que Weethe soit gardé en confinement dans ses quartiers sans aucun contact avec quiconque jusqu'à nouvel ordre. Les gardes dans le couloir hochèrent la tête lorsque je sortis. Il ne m'en fallut pas plus.

Un conseil d'urgence fut organisé entre les deux Cours pour gérer la situation. Il eut lieu à l'extérieur, sous le couvert des arbres. Les gardes autour de nous utilisèrent leurs pouvoirs pour nous protéger de la pluie diluvienne pendant les discussions. Je pouvais sentir le pouvoir si particulier de Roscoe dans le cercle qui me protégeait dans une bulle à l'écart des autres.

Lorsque j'eus expliqué le pourquoi de mon ordre de confinement envers Weethe, il y eut deux types de réactions. Les Unseelies n'étaient pas étonnés et même blasés tout en prônant une mort lente et douloureuse en punition. Les Seelies, eux, ne savaient pas s'ils devaient me croire ni comment ils devaient réagir si c'était vrai. Les deux côtés étaient aisés à comprendre. Après tout, les Unseelies méprisaient les Seelies qui avaient en cru en leur roi durant des décennies.

Pour des Faes, les enfants étaient sacrés car trop rares. Entre la révélation du fait que Weethe ait violé Miléna et le fait qu'il ait espéré la mort d'un nourrisson, les choses n'étaient déjà pas reluisantes mais si l'on y ajoutait le fait qu'il ait voulu son enfant pour son propre gain, tuant son propre jumeau au passage...

- La punition doit être à la hauteur du crime commit, asséna Nahl froidement.

- Sauf qu'il s'attend à mourir, objectai-je. Il sait que ça va arriver. Alors si on décide de l'exécuter, il faut aller dans un sens qui le fera regretter d'être né. Et je doute que la torture pure suffise.

- Que voudriez-vous faire d'autre pour le punir ? questionna l'un des conseillers de Nahl. Le seul moyen de faire regretter toutes ses fautes à quelqu'un est de le faire souffrir.

Tmasen se racla la gorge. Il était souvent silencieux et ne cherchait jamais à aider. Plus d'une fois, je m'étais retrouvée obligée de considérer la possibilité de devoir le remplacer. Qu'il attire l'attention de tout le monde ainsi était une première.

- Il y a un moyen de tout lui faire regretter, dit-il prudemment, sa voix posée et légère.

- Laquelle ? questionnai-je.

- Lui faire endurer une Renonciation.

Il leva une main pour nous empêcher de dire quoi que ce soit.

- Je sais qu'il est faible et que, si on le force dans une Renonciation, il risque de mourir. Mais il y a moyen de le garder en vie. Vivre sans avoir sa magie, ça serait la pire des choses qui pourrait lui arriver.

- Comment le maintenir en vie ? Personne ne peut utiliser toute sa concentration et sa magie pour le maintenir en vie ! protesta un Unseelie.

Tmasen se tourna vers moi. Je commençais à comprendre sa logique. Je me sentis hocher la tête.

- Le Traître, compris-je. Ça serait sa punition. Plutôt que ce soit lui qui subisse la Renonciation, il devra utiliser sa magie pour maintenir Weethe en vie.

- Ce qui le rendra pratiquement inoffensif, approuva Tmasen. Il devra toujours être surveillé. Il sera moins un danger.

- D'une pierre deux coups, sourit Éméraldine. Je suis pour.

Drenna vota pour aussi. À vrai dire, seuls les Unseelies eurent du mal à être convaincus. Ils auraient préféré une torture bien sanglante et douloureuse. À force d'opposition de la part de Nahl, la majorité fut atteinte et la décision prise.

Nous ne perdîmes pas de temps à la mettre en place, cette fois. Il ne fallut que quelques heures pour que tout le monde soit réuni – au maximum, en tout cas – et que la cérémonie de Renonciation soit préparée.

Étonnamment, elle était toute simple, sans artifices. Pour quelque chose d'aussi grave et important, j'aurais cru que ça aurait été plus compliqué à mettre en place. Au lieu d'un rituel complexe, Nahl et moi eûmes juste à entailler nos paumes et à nous tenir, les doigts entrelacés, l'ancien Roi Blanc pris dans la cage de nos bras tendus.

Les paroles de la chanson de bannissement de la magie me vinrent presque automatiquement. Elles étaient douces mais fermes, exprimant un regret que je ne ressentais pas de devoir agir ainsi. Weethe méritait ce qu'il obtenait.

Ni pitié ni doute ne vinrent me faire vaciller lorsque le vieux Fae commença à tousser et à supplier alors que sa magie quittait son corps en fins filaments. Sa souffrance empestait l'air. Malgré tout, je ne pouvais que penser à ce qu'il avait dit. À ce dédain pour la vie d'un nourrisson sans défense. Au fait qu'il avait accéléré la mort de son propre jumeau pour sauver sa propre vie. Un être capable de telles ignominies ne devait pas conserver une quelconque possibilité de faire du mal. Si la mort n'avait pas été une bénédiction pour lui, j'aurais laissé les Unseelies le torturer pendant des heures et des jours jusqu'à ce que son esprit cède. Jusqu'à ce qu'il supplie.

Ces pensées me firent frémir. Devenais-je moi aussi un monstre ?

Le dernier fil de magie quitta l'enveloppe désormais humaine qui me faisait face. Le chant continua sur mes lèvres et sur celles de mon frère. Ce ne fut que lorsque Weethe eut perdu connaissance que nous pûmes mettre fin au rituel. J'étais plus fatiguée que je ne m'étais attendue à l'être. Roscoe dut m'aider à tenir sur mes jambes.

Le Traître vacilla dès qu'il prit en charge la survie de son ancien roi. Il avait accepté sa sentence avec trop de grâce pour que ça ne soit pas suspect. Plusieurs personnes étaient chargées de le surveiller. Dont son propre fils qui ne le laisserait rien passer, bien décidé à remettre son père dans le droit chemin.

En dépit de ma fatigue, je refusais d'être escortée jusqu'à mes quartiers. Il fallait que j'aille aux nouvelles concernant le remplaçante. J'aurais dû être présente durant son test pour pouvoir agir directement. Au lieu de ça, c'était un nouveau délai qui s'ajoutait.

- Vous devriez vraiment vous reposer, insista Roscoe. Vous êtes la Reine. Vous épuiser à essayer de tout gérer en même temps n'amènera rien de bon. Vous devez apprendre à vous reposer aussi. La magie n'est pas faite pour une action continue. Pas plus que notre corps. Si un soldat ne doit pas s'entraîner tous les jours pour ne pas se blesser, il en va de même pour la pratique de la magie.

- Je n'ai pas besoin de recevoir de leçons de quelqu'un qui est traité comme moins qu'un soldat alors qu'il peut aisément battre toute une compagnie sans effort.

- Comment croyez-vous que j'ai réussi à amplifier ma puissance à ce point ? Une rude discipline de temps de repos et d'entraînement rigoureux. Contrairement à beaucoup de Faes, je connais la valeur de la récupération.

- Ça ne peut pas être aussi simple.

- Essayez et vous verrez.

Je reconnus la manipulation. Je la vis et pourtant, j'y cédai d'un hochement de tête. Il sourit, l'expression étant étrange sur son visage si fermé et distant. Il m'accompagna jusqu'à mes quartiers.

- Laissez-vous le temps qu'il faut pour vous remettre d'aplomb et vous verrez tout ce que vous pourrez accomplir, me dit-il avant de m'abandonner seule dans mon petit salon.

Je m'assis sur le sofa, tentant de comprendre pourquoi je continuais de me fier à Roscoe alors que tout le monde me disait de me tenir éloignée de lui. Bien sûr, il y avait sa capacité à utiliser l'esprit qui était inquiétante. Nonobstant, depuis que je le connaissais, il n'avait rien fait contre moi. Au contraire. Il était un instructeur hors pair et unprotecteur réactif. Un merveilleux parapluie, aussi. Avec Nahl et Naseok, il était devenu une figure sur laquelle je comptais, ne serait-ce que pour mon entraînement et ma protection. Je ne pouvais pas dire que je lui faisais confiance. Toutefois, je n'étais probablement pas aussi méfiante que je l'aurais dû. Cela allait-il me porter préjudice ? Seul le temps me le dirait.

La somnolence me prit par surprise. J'étais à peine assise dans le canapé que mes paupières se firent lourdes. Je dus lutter pour aller m'effondrer dans mon lit tout habillée.

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