Chapitre 1
NdlA : TADAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ! Alors ? Heureux ? J'espère que vous me direz ce que vous pensez de ce premier chapitre ! J'attends vos retours ! En croisant les doigts pour que vous aimiez !
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Je me figeai face à Jedrek. Le choc ne passait pas. Je ne m'étais pas attendue à le voir. Je m'étais mise dans la tête qu'il était prisonnier quelque part ou qu'il s'était caché, qu'il cherchait Ryker, qu'il protégeait le trône en attendant son retour... Ce genre de choses. Qu'il réapparaisse aussi soudainement... Je ne savais pas comment le gérer.
Il avait changé. Énormément. Il n'était plus du tout le même. Rien que son visage était un amas de blessures différentes et horribles. Il n'avait assurément pas passé un an et demi tranquillement installé au château. S'il n'avait pas été torturé, ça serait un miracle.
Il portait un cache en cuir sur son œil gauche, le noir tranchant sur la pâleur de sa peau. Une cicatrice descendait sur sa pommette, me laissant deviner ce qui était arrivé à son œil. Une brûlure montait de son col et venait dévorer le bas de sa mâchoire. Voir sa chair boursouflée et abîmée me rappela l'état de mes bras qui se mirent à me démanger. Je dus serrer les poings pour me retenir.
Son œil vert vint se planter dans les miens, incisif et plein de questions. Il se rapprocha pour se planter à quelques centimètres devant moi. Je fus la première à me détourner, mon regard attiré par les silhouettes qui se présentaient derrière Jedrek.
- Sixtine ! Att...
Ryker s'interrompit, remarquant son meilleur ami à quelques mètres de lui. Son regard passa de moi à Jedrek, de Jedrek à moi. Il était visiblement perdu, ne sachant pas comment réagir. Cela ne dura que quelques secondes avant qu'il ne reprenne un visage sérieux, concentré. Son mécanisme royal se mit en route pour faire face à une situation compliquée.
Le Capitaine de la Garde se retourna pour faire face à son ami d'enfance, les épaules crispées. Je me plaçai à côté de lui pour affronter Ryker. Je gardai les dents serrées, sentant la colère revenir.
- Jedrek ?
LeCapitaine de la Garde ouvrit la bouche mais ne dit rien. Ce fut à Ryker de le rejoindre et de passer ses bras autour de lui, de lui donner des tapes dans le dos. Ce fut suffisant pour que Jedrek se détende et que les deux amis arborent des sourires. Il était évident qu'ils avaient du temps à rattraper, tous les deux.
Je tournai les talons et cherchai l'attention de Naseok. Il était toujours sur son cheval, patientant calmement. Il hocha la tête, comprenant que nous allions reprendre la route. Je rejoignis mon cheval et remontai en selle.
- Sixtine ! Attends, s'il te plaît !
Ryker saisit les rênes de mon cheval pour l'empêcher d'avancer. Je tentai de les lui reprendre.
- Laisse-moi tranquille ! Nous n'avons plus rien à nous dire !
- S'il te plaît, Sixtine ! Donne-moi juste cinq minutes !
- Voilà les gardes ! nous alerta Naseok.
Le pas de course lourd et rythmé des gardes commença à se faire entendre. Toute à mon affaire avec Ryker, je ne l'avais pas remarqué. Il était plus que temps que nous partions. Je tirai sur les rênes mais Ryker refusa de les lâcher.
- Attrapez-les ! Ne les laissez pas s'enfuir !
Lux, la mère de Ryker, apparut sur le balcon d'honneur, juste au-dessus de nous. De tous les côtés, des gardes commencèrent à apparaître.
- Pars, Ryker ! cria Addy. Pars ! Vite !
Son frère n'avait pas eu besoin qu'elle le lui dise. Il avait utilisé mon inattention pour enfourcher mon cheval, se plaçant juste derrière moi. Il donna un coup de talons violent dans les flancs de notre monture, ce qui la fit détaler à toute vitesse. Je faillis me faire désarçonner, ne m'attendant pas à ça du tout. Nous fendîmes la barrière de gardes, en renversant certains, sautant par-dessus d'autres. Et puis, nous galopâmes longuement, en silence. Il n'y avait que le bruit des sabots.
Je fis ralentir le cheval lorsque nous atteignîmes un endroit isolé. J'étais à peu près sûre que les gardes ne nous avaient pas suivis jusqu'ici. Il n'y avait plus que moi et Ryker. Naseok et Jedrek ne tardèrent pas à nous rejoindre. Je poussai Ryker à bas de mon cheval, le faisant s'écraser dans la poussière et je dégainai aussitôt une dague, la tendant droit vers lui.
- Toi !
- Sixtine ! crièrent Jedrek et Naseok.
- Barre-toi ! explosai-je. BARRE-TOI !
- Sixtine, s'il te plaît... tenta le jeune roi.
- Non ! Tu m'as menti ! Tu t'es joué de moi ! Alors casse-toi Je ne t'aiderai pas Tu te débrouilles ! J'ai plus important à faire que de m'occuper des galères d'un menteur comme toi !
Il recula de quelques mètres, les mains levées.
- Laisse-moi t'expliquer, s'il te plaît. Juste ça et je te laisse tranquille, je te le jure.
- Je ne te crois plus. Va-t-en. Avant que je ne perde patience.
Il soupira avant de reculer et de céder. Il alla se placer à côté de Jedrek qui lui plaça une main sur l'épaule.
- Je t'avais bien dit que ça finirait par se retourner contre toi, Ryker.
- Je n'ai pas besoin de tes « je te l'avais bien dit » ! cracha le concerné en se dégageant. D'ailleurs, où t'étais ?
La réponse m'intéressait. Qu'était-il arrivé à Jedrek ? Où avait-il passé l'année ? Qu'avait-il bien pu lui arriver pour qu'il revienne si abîmé et étrange ?
- Ce n'est pas le moment d'en parler, répondit simplement l'ancien Capitaine de la Garde. Il faut que nous restions en mouvement ou ils vont nous rattraper. Il faut que tu ailles dans l'est, ajouta-t-il pour Ryker. Ta mère aura plus de mal à t'atteindre par là et tu pourras soulever une armée contre elle pour reprendre ton trône.
Naseok me rejoignit.
- Je vous laisse mon cheval, énonça-t-il calmement. Nous, nous partons vers le sud.
Je hochai la tête.
- Nous n'avons plus de temps à perdre, ajoutai-je.
Le Unseelie monta en premier et m'aida à monter derrière lui.
- Vous ne pouvez pas partir comme ça, juste à deux ! protesta Ryker.
- Et pourquoi pas ? Y a-t-il encore quelque chose que tu sais mais que tu ne dis pas ?
- Ma mère va avoir prévenu tout le royaume pour vous empêcher d'avancer. C'est dangereux ! Vous vous ferez tuer avant d'avoir pu dépasser la banlieue de Phyre !
- Par pitié, arrête avec tes prétextes ! s'énerva Naseok. Tu lui as menti, tu as joué avec elle comme tous les royaux le font avec leurs sujets et maintenant, tu veux ramasser des morceaux que tu ne peux pas ramasser ! On le sait tous ! Alors arrête de prétendre te préoccuper de ce qui lui arrive. Contrairement à toi, je saurais la protéger.
Ryker se durcit mais ne répondit pas tout de suite. Il préféra me regarder, droit dans les yeux, tentant de me faire croire qu'il était sincère, qu'il voulait me protéger, qu'il n'avait pas voulu tout cela. Mais je ne le croyais pas. Je n'y arrivais pas. Il m'avait menti depuis le premier jour et avait retourné ses propres mensonges contre moi. Je ne parvenais pas à dépasser ma rancœur. Il m'avait vraiment fait du mal. Et ce baiser... C'était la pire chose qu'il aurait pu m'infliger.
- Partons, dis-je simplement à Naseok. Mon frère ne va pas tenir éternellement. Ça fait déjà deux mois et, même s'il est solide, il n'est pas invincible.
Naseok fit virevolter le cheval pour nous faire partir vers le sud, vers la Faerie. Je m'agrippai à sa taille alors qu'il talonnait notre monture pour la faire s'élancer. Le Fae ne prononça pas un mot, concentré sur la route, sur tout ce qui se présentait face à nous. J'enfonçai mon visage entre ses omoplates pour fuir le vent violent et la poussière qui fouettaient mon visage et me brûlaient les yeux. Je serrai mes bras autour de Naseok qui ne réagit pas. Même lorsque je commençai à pleurer, il ne manifesta pas la moindre réaction.
Le Unseelie ralentit lorsque nous approchâmes d'une petite ville Je devais avoir somnolé sans m'en être rendue compte car j'avais une migraine du tonnerre et aucune idée de l'endroit où nous étions. Je me frottai les yeux, regardant autour de moi.
- Où sommes-nous ? demandai-je, la voix légèrement rauque de sommeil.
- Je n'en ai pas la moindre idée. J'ai suivi le sud et j'ai fini par atterrir ici. Ça m'a l'air tout petit. Avec un peu de chance, nous pourrons passer la nuit et changer de cheval sans nous faire remarquer.
- Je ne sais pas si c'est une bonne idée.
- Parce que tu as envie de dormir dehors, encore ?
- Pas plus que toi mais je n'ai pas envie non plus d'être rattrapée par les gardes de Lux. Ils vont écumer toutes les auberges pour nous retrouver.
- Tu n'es pas la priorité, ici, Sixtine. Ils cherchent leur prince, pas toi. Une fois de retour dans la Faerie, ça sera le cas mais d'ici là, nous pouvons nous comporter comme des voyageurs lambda. Parce que, dans le Grand Royaume, c'est ce que nous sommes.
- Bien sûr que non ! Je suis la Régicide, tu te souviens ?
Il se passa une main sur le front avec un soupir.
- J'avais complètement oublié ce détail.
J'aurais bien aimé pouvoir dire pareil. Oublier que j'avais assassiné un roi, le père de Ryker. Le tout pour des mensonges... Mais je ne pourrais jamais oublier. D'aussi loin que je me souvienne, ma vie avait été emplie de ce meurtre avant même que je ne le commette.
- On peut essayer quand même. Tu as les cheveux assez sales pour qu'ils ne paraissent plus blonds. Si tu les attaches, l'illusion sera encore meilleure. Tu remontes ta capuche, tu te fais discrète et ils ne remarqueront sûrement rien.
- Si ça tourne au vinaigre, ça sera entièrement de ta faute.
Il roula des yeux – je n'avais même pas besoin de lui faire face pour le savoir – et fit route vers le village.
Je n'avais rien pour nouer mes cheveux aussi me contentai-je de les dissimuler grâce à la capuche de ma cape. Je tirai bien dessus pour jeter un maximum d'ombres sur mon visage et me rendre moins reconnaissable.
Naseok descendit de cheval et me réceptionna lorsque je l'imitai. Il céda les rênes à un jeune garçon crasseux qui sentait encore plus mauvais que l'étable d'où il sortait. Il ne devait pas avoir plus de dix ans et pourtant, il maniait le cheval qui devait bien faire trois fois sa hauteur avec aisance et habitude. C'était ce genre de visions qui m'avait menée à tellement haïr Quinten Madsen. En tout cas, c'en était l'une des nombreuses raisons.
Le Unseelie poussa la porte de l'auberge avec confiance et fermeté et je me traînai dans son ombre. Je gardai les yeux rivés vers le sol, ne jetant que de rapides coups d'œil autour de moi pour analyser la clientèle et la disposition de la pièce. Je préférais me préparer au cas où quelque chose tournerait mal.
J'observai mon compagnon de voyage discuter avec le propriétaire de l'auberge tout en restant en retrait. Il parvint à nous obtenir une chambre et le propriétaire nous mena à l'étage en discutant tranquillement. Il poussa une porte et s'effaça pour nous laisser entrer. Naseok me fit entrer et demeura une forme de rempart entre moi et le propriétaire. Je ne me fis pas prier pour aller m'asseoir sur le petit lit décharné au centre de la pièce.
- Ma femme va vous amener des draps propres et une bougie.
- Merci, répondit le Unseelie sombrement.
Quelques pièces changèrent de main et l'homme repartit sans attendre. Je considérai la chambre avec des sentiments plutôt partagés. Entre les quatre murs, il n'y avait presque rien. Le plancher me paraissait étrangement graisseux, luisant autant que les tables vernies par la bière du rez-de-chaussée. Le lit était dur, sûrement infesté de vermines. Et je ne parlais pas de l'odeur qui régnait. J'allai ouvrir la fenêtre pour faire entrer un minimum d'air frais et pur et tenter d'effacer la puanteur de sueur et d'alcool qui régnait.
- Ce n'est pas un palace mais, au moins, on a un toit pour la nuit, soupira Naseok en se laissant tomber sur la seule chaise qui gisait dans le coin ouest.
- Je commence à penser que nous aurions été mieux dehors, soufflai-je. Et pas seulement à cause de l'état de cet endroit.
- Il ne t'a pas reconnue. Tu n'as pas à t'inquiéter.
- Il ne m'a peut-être pas reconnue mais il n'a pas manqué de remarquer que tu es un Fae. Et je suis à peu près sûre d'avoir aperçu un chasseur de primes dans l'auberge.
- Cesse donc d'imaginer le pire ! Nous allons dormir et reprendre la route dès le lever du soleil. Et tout se passera bien.
- Je n'en serais pas aussi sûre si j'étais toi mais si ça te plaît d'y croire...
Il roula des yeux. Deux petits coups furent frappés avant qu'une femme d'un certain âge au visage usé par le travail n'entre avec des draps. Elle ne dit rien, fit le lit et déposa la bougie sur le tabouret branlant qui servait de table de chevet. Elle repartit sans avoir prononcé le moindre mot. Naseok alla verrouiller la porte et, avec un regard appuyé dans ma direction, s'être servi de la chaise pour ajouter une forme de second verrou.
- Puisqu'il n'y a qu'un lit, il va falloir le partager.
Je haussai les épaules et dénouant ma cape.
- Il est hors de question que j'enlève le moindre vêtement dans cet endroit. Je ne tiens pas à attraper la peste. Je dormirai tout habillée. Et tu ferais mieux de faire pareil.
- Tu pourrais m'être un peu plus reconnaissante. Je n'avais quasiment aucune monnaie sur moi et maintenant, je n'en ai plus du tout.
- Il n'est pas question d'être ou de ne pas être reconnaissante, Naseok. Reconnais simplement que cette chambre est un nid à parasites. Même lorsque je me suis retrouvée dans ce bordel au milieu des Demi-Sangs, je n'avais pas autant redouté de chopper une maladie !
Il soupira en s'allongeant sur le lit après avoir refermé la fenêtre.
- Contente-toi de dormir.
Je ne cherchai pas à poursuivre le dialogue, m'allongeant sur ma cape, de mon côté du lit. Aussi mal à l'aise que je sois à l'idée de dormir dans ce lit, le sommeil me trouva sans mal, profond et sans rêve.
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NdlA : Et voilà ! Alors ?
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