Chapitre 12
Un sourire apparut sur les lèvres de la jeune femme, elle arriva dans la salle, flottant sur un nuage. Ses doigts s'enfonçaient dans le tissu de la manche de Dusan, elle lui demanda s'ils pouvaient aller danser.
En route sur la piste, ils croisèrent Damjan :
— Giselle, vous êtes exquise ce soir. Je me félicite déjà de vous voir faire partie de la famille.
— Je vous remercie, Votre Altesse. Merci également d'être ici, je sais que vous n'appréciez guère ce genre de soirée.
Damjan simula un sourire, Giselle réussissait souvent à voir à travers lui. Ses observations étaient fines, elle semblait mieux le cerner que son propre frère et il n'aimait pas cela.
— Je n'aurais manqué cette soirée pour rien au monde..., lâcha-t-il avec assurance, faisant tinter ses bracelets richement ornés.
Giselle eut un rire, remarquant son futur beau-frère tiquer légèrement au niveau de la paupière gauche. Elle tira Dusan vers elle et lui dit :
— Allons danser, maintenant.
Le jeune homme hocha la tête et l'amena sur la piste. Les nobles invités s'écartèrent pour leur laisser la place et les dévisagèrent du coin de l'œil. Giselle et Dusan adoraient danser.
Les journalistes présents à la soirée s'avancèrent, sachant qu'ils tenaient là un des plus beaux moments de la réception. Ils notèrent les regards amoureux échangés par les jeunes fiancés, remarquèrent la bague, interprétèrent leurs conversations.
Le couple impérial observait de loin les deux jeunes gens avec bienveillance. Leur complicité crevait les yeux.
Dusan et Gisèle avaient les mêmes loisirs et centres d'intérêt. Ils partageaient les mêmes aspirations et chacun visait l'excellence. L'empereur Auguste soupira, si seulement Joren pouvait être aussi raisonnable ! Lui et ses cheveux blonds, sa carrure... qu'il aurait été beau, au milieu de cette assemblée !
Carolina sentit chez l'empereur un début de mélancolie. Avec bienveillance, elle posa sa main sur celle de son époux.
— À quoi pensez-vous, mon cher ? demanda-t-elle, en faisant attention que nul ne puisse percevoir ses mots.
— Aux jeunes gens. À leur futur. La Mère veille sur eux, faisons-lui confiance.
Carolina hocha la tête et serra les doigts de l'empereur dans les siens. Son cœur s'obscurcit pourtant. Elle savait qu'à ce moment-là, il ne pensait qu'à Joren, son premier fils.
Né d'un premier mariage avec l'Impératrice Ulrika, l'héritier de l'Empire venait rarement à la capitale. Malgré leurs rapports distants, Auguste songeait souvent à lui.
Une quinte de toux saisit subitement Carolina. Secouée, elle demanda à boire et prit entre ses mains, le mouchoir brodé que lui avait offert Gisèle. D'un geste discret, elle se couvrit la bouche.
Sa fidèle suivante lui apporta de l'eau, tandis que l'empereur, soudain revenu au sens des réalités, massait son dos avec prévenance. Carolina adressa à son cher époux un regard rempli de dévotion et porta une coupe à ses lèvres.
La suivante remarqua, entre les doigts qui retenaient les plis de tissus blancs, des taches rouges de sang. L'impératrice se redressa et plia proprement le mouchoir, pour mieux le ranger dans l'une de ses manches.
Dusan faisait virevolter Giselle d'un geste ample. Il sentit sa longue jupe suivre les mouvements de son corps et ses boucles s'agiter en cadence. Il la trouvait petite, fragile. Elle ne lui arrivait même pas à l'épaule, malgré ses talons hauts. Il observa ses sourcils et pensa qu'ils étaient souvent froncés, signe de son caractère trempé et de son entêtement. Dusan aimait qu'on lui résiste, il appréciait les joutes verbales. Son statut lui donnait le droit d'avoir raison en tout, les gens cédaient régulièrement devant lui à cause de son titre. Giselle avait toujours été indifférente à cela. Elle aimait discuter avec lui et se chamailler par pur plaisir de l'exercice.
Il considéra aux alentours que les invités regardaient Giselle avec admiration et cela faisait sa fierté. Elle était une compagne parfaite en tous points.
Son cœur battait. Avec elle, il se sentait invincible, tous ses doutes n'étaient plus que de simples pensées.
Les réflexions de Giselle allaient de la soirée, à sa bague en énerite, à l'énergie colossale qu'il fallait pour alimenter en électricité toutes les lumières du château. Son regard se posait sur Dusan, son profil parfait, sa mâchoire carrée, ses yeux perçants. Elle se sentait grisée par la musique, ivre de bonheur. Tout le monde à cet instant semblait si heureux, si satisfait ! Les habitants de Dalstein iraient à leur mariage, célèbreraient leur union dans des semaines de fête. N'était-ce pas le but de la famille impériale, être l'incarnation des valeurs du pays ? Les gens se réuniraient, liraient ensemble les journaux, oublieraient pendant quelques jours leurs querelles. N'allait-on pas recruter des bras supplémentaires pour alimenter la population ? Combien d'emplois seraient créés, combien de souvenirs seraient confectionnés, vendus ? Il y aurait-il beaucoup de touristes ?
Giselle savait que le mariage du Prince Joren avec sa fiancée avait été magnifique. Mais leur union, préméditée, n'avait pas aussi bien ému les foules que ses fiançailles. Dusan et elle s'aimaient depuis des années, ils attendaient leur mariage autant que le peuple de l'Empire.
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