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Chapitre 15

Publié le 26/06/2021

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***

Ma promenade au lac avec Flavien fut suivie d'une autre excursion, en direction du lac de Claos. Puis d'une nouvelle dans la montagne nord. Il me restait encore beaucoup de choses à découvrir, et sans que je m'en rende compte, ces promenades étaient devenues une habitude – un rendez-vous hebdomadaire que je n'aurais manqué pour rien au monde.

Cette situation provoquait en moi deux attitudes opposées.

D'un côté, je tentais de me convaincre que j'étais plus que satisfaite en passant quelques heures avec l'alpha. Que sa compagnie rassurante était tout ce que je pouvais désirer sans être d'une déplorable naïveté – ou d'une redoutable arrogance.

Mais en même temps, j'étais comme sur un petit nuage, et j'envisageais la vie quotidienne avec bien plus de légèreté que je ne le faisais auparavant. J'essayais bien de me raisonner, mais je ne pouvais m'empêcher de rêvasser à propos de Flavien, rejouant dans ma tête chacun des instants que nous passions ensemble.

En un mot, j'étais à la fois joyeuse et distraite. Et c'est sans doute pour ça que je mis beaucoup de temps à remarquer la disparition de Lina, par ce froid après-midi de décembre.

Nous avions l'habitude de rejoindre toutes les deux le point de rendez-vous pour la chasse, comme nous y participions toujours ensemble – il aurait été dommage de séparer un duo qui fonctionnait aussi bien. Mais pour la première fois depuis notre arrivée, Lina n'était pas là quand je m'apprêtais à partir.

Je ne m'étais pas tout de suite inquiétée de son retard : après tout, c'était quelque chose qui arrivait à tout le monde. Je m'étais contentée de m'asseoir dans une balancelle sous le porche, et d'attendre en contemplant rêveusement les environs. Les feuilles mortes et les plantes en dormance ne formaient pas un spectacle très impressionnant, mais le ciel était régulièrement traversé par des nuées d'oiseaux migrateurs. On aurait dit qu'un voile noir se déployait au dessus de la vallée, et j'aimais le suivre des yeux jusqu'à ce qu'il disparaisse derrière les montagnes.

Et puis, en regardant ma montre, je pris conscience que j'attendais Lina depuis plus de trente minutes. Nous avions reparlé de la chasse ce matin même, elle ne pouvait pas l'avoir déjà oubliée... À moins qu'elle se soit endormie ? Je devrais peut-être toquer à la porte de sa chambre, avant de rejoindre les chasseurs.

Je me levai, prête à retourner dans la maison, quand je captai une odeur connue. Portées par la brise, c'étaient les effluves caractéristiques de Lina qui émanaient de la forêt.

Mais en pénétrant dans les bois, la piste s'arrêtait brusquement. Perturbée, je tentai de repérer d'autres traces au milieu des arbres. Malgré mon inquiétude croissante, je dus rapidement accepter que ce serait comme chercher une aiguille dans une botte de foin : il n'y avait aucun indice sur la direction qu'elle avait pu prendre.

Les sens encore aux aguets, je retournai vers la lisière des bois, en me creusant la tête pour deviner où Lina avait pu partir.

Un bruissement émergea alors du sommet des arbres. Stupéfaite, je levai les yeux, pour découvrir que la louve était perchée sur une branche de sapin – et à une hauteur qui me semblait vertigineuse.

« Éh ! Lina ! »

Elle baissa la tête avec un air surpris, comme si elle venait seulement de remarquer ma présence. Puis, sans se faire prier plus que ça, elle entreprit de descendre. J'étais impressionnée par l'assurance qu'elle déployait en glissant souplement d'une branche à l'autre.

« Désolée, fit-elle en atterrissant souplement sur le sol. J'avais besoin de m'isoler pour réfléchir un peu, je n'ai pas vu le temps passer. C'est l'heure de la chasse ?

– Elle a déjà commencé maintenant, mais ça n'a pas d'importance... on n'est pas obligées d'y aller si tu n'en as pas envie. »

La louve m'adressa un regard triste. Elle avait les yeux gonflés, et les joues rougies, comme si elle avait longuement pleuré. Quelque chose n'allait pas, c'était palpable.

« Ça ne m'a pas vraiment fait du bien de ruminer dans mon coin, dit-elle en reniflant, ce serait stupide de continuer comme ça.

– Et tu ne veux pas... hésitai-je. Enfin, on peut en parler, si tu veux. »

Je me demandai si elle n'allait pas me rire au nez. Lina ne parlait jamais beaucoup d'elle, et moi, et bien... je n'étais sans doute pas la confidente idéale. Elle aurait sans doute préféré voir Valentine, qui avait toujours quelque chose de sensé à répondre.

Sa réaction me surprit, toutefois. Elle soupira, avant de s'asseoir sur une des énormes racines qui courait à nos pieds, la tête entre les mains.

« Tu vas me prendre pour une idiote, dit-elle en se mordant les lèvres, je n'ai pas vraiment de raison de me plaindre.

– C'est ce que tout le monde pense, même ceux qui ont les pires problèmes du monde, répondis-je en haussant les épaules. Qu'est-ce qui t'arrive ? »

Je m'assis à côté d'elle, pour lui montrer que j'étais prête à l'écouter.

« Et bien... commença Lina en passant une main dans ses cheveux, c'est ma relation avec Karl. Il est adorable, mais c'est parfois tellement pesant. »

Je l'aurais parié. Ils avaient l'air très entichés l'un de l'autre, mais je voyais bien que Lina était souvent mal à l'aise quand il y avait des gens autour d'eux. Toute la meute n'avait d'yeux que pour leur couple naissant, et personne n'avait l'air de considérer que l'intimité pouvait faire partie de leurs besoins. Leurs faits et gestes étaient scrutés, rapportés, commentés. J'avais même entendu des débats sur la date probable de la naissance de leur premier louveteau.

« C'est à cause de tous ces ragots ? Demandai-je.

– Ça fait partie du problème, fit-elle en grimaçant, mais s'il n'y avait que ça je ne me plaindrais pas. Non, c'est plutôt que... »

Elle chercha ses mots un moment, comme si elle ce qu'elle ressentait était difficilement transmissible.

« J'ai l'impression de ne plus rien choisir, tu vois ? Il y a d'abord eu cette rencontre, et le lien d'âme-sœur, qui est si fort qu'au début tu ne sais même plus où s'arrête ton corps et où commence celui de l'autre... C'est quasiment impossible de lui résister, qu'on le veuille ou non. Et puis j'ai à peine repris mes esprits que Karl parlait d'emménager ensemble, d'avoir des louveteaux, et d'échanger la marque. Tout le monde trouve ça normal, mais ça me met une pression de dingue. »

Je comprenais que Lina trouve ces projets prématurés. Le marquage était un rituel spécifique aux loups-garous qui liait leur âme et celle de leur partenaire de vie. Ils se mordaient mutuellement pendant un rapport sexuel, et scellaient leur alliance lors d'une cérémonie solennelle face à un prêtre de la Lune – normalement, c'était irréversible. C'était l'engagement ultime, qui liait profondément les êtres, et que nous ne devions pas effectuer à la légère.

« Karl a l'air très... enthousiaste, observais-je sobrement.

– Comme tu le dis, fit-elle avec un rire sans joie. Il est très proche de sa famille, et il rêve de pouvoir présenter ses propres louveteaux à ses grands-parents. Ils sont assez âgés, ça le rend encore plus impatient, il aimerait tout faire très vite. Mais il ne comprend pas que pour moi ça fait beaucoup de changements d'un coup. Je viens à peine d'arriver dans la meute, j'ai besoin de trouver ma place et de me faire estimer pour ce que je suis, pas de disparaître derrière son identité à lui en devenant l'âme-sœur du bêta. »

Emportée par l'émotion, Lina s'était mise à parler de plus en plus fort, et elle finit même par se lever pour faire les cent pas face à moi. J'avais l'impression qu'elle déversait tout ce qu'elle avait gardé pour elle depuis des semaines.

« Karl est persuadé que si je suis réticente à faire tout ça, c'est parce que je suis timide et que j'ai peur d'affronter sa famille. Il croit dur comme fer qu'à la seconde où nous aurons des louveteaux, je vais m'épanouir comme jamais et que je deviendrai le même genre de louve que sa propre mère. »

Je haussai un sourcil.

« J'ai du mal à imaginer que tu aies peur de ça, fis-je.

– Ouais, il est complètement à côté... fit Lina, en reprenant son souffle. C'est tellement étrange, il se comporte comme s'il savait déjà tout ce que j'allais dire au lieu de m'écouter.

– C'est le lien d'âme sœur. » fis-je simplement.

J'étais surprise de pouvoir réellement comprendre ce que vivait Lina. Mais il se trouvait que je me faisais une excellente idée de ce qui se passait.

Elle tourna des yeux surpris vers moi.

« Le lien crée une intimité immédiate, expliquai-je, il donne l'impression de se connaître depuis toujours. Ça s'atténue progressivement, et la chute peut même être rude quand on arrête de s'idéaliser mutuellement. Parce que ce genre de chose a toujours une fin. »

Je me rendis compte que j'avais commencé à arracher nerveusement l'écorce de la racine sur laquelle j'étais assise. Lina se rassit à côté de moi, méditant silencieusement ce que je venais de dire.

« Je l'oublie parfois, mais tu parles en connaissance de cause, n'est-ce pas ? Me demanda-t-elle doucement.

– C'était un peu différent, pour moi, parce que j'étais plus jeune, répondis-je d'une voix rauque. Je n'avais aucun esprit critique, rien à me raccrocher, juste une envie de lui plaire qui était absolument démesurée. Je pensais réellement que c'était le compagnon parfait et je crois que j'aurais été prête à devenir qui il voulait. J'ai fait absolument tout ce qu'il a exigé de moi, d'ailleurs. »

Il suffisait d'évoquer son souvenir pour que ma gorge se noue. Je n'arrivais pas à enterrer cette histoire, c'était encore comme une plaie à vif.

« En tout cas, dis-je, j'ai rapidement appris à distinguer mes rêves et l'homme qui était face à moi.

– Je me souviens, fis Lina. Ça a dû être horrible.

– Oui. Oui, ça l'était. »

Nous cessâmes un moment de parler, absorbées par nos pensées. C'était un de ces moments de silence apaisant qui donnait l'impression que les esprits s'étaient parfaitement accordés.

J'étais surprise de ce que Lina venait de me raconter, pour être honnête. En dépit de ce que j'avais pu dire, je continuais à entretenir des illusions sur les âmes-sœurs. J'avais pensé être la seule pour qui cette rencontre avait été dure à vivre.

Mais après tout, ce n'était peut-être juste pas le raz-de-marée d'amour et de joie que j'avais imaginé – il restait des épreuves à surmonter, comme dans toutes les autres relations.

Je me demandais combien de loups, combien de louves, pensaient être les seuls à ressentir de la déception ou même de de la détresse après avoir reconnu leur âme sœur. On avait tellement sacralisé ce lien...

Lina passa un bras autour de mes épaules pour m'étreindre légèrement.

« Merci, Mariposa, dit-elle. Ça m'a fait du bien de parler. »

J'allais répondre, quand un bruissement de feuillage nous fit brusquement tourner la tête.

« Vous étiez donc là ! Fit Karim en émergeant de la forêt. Et dire qu'on croyait que vous étiez parties pour chasser aux confins du territoire ! »

Lina se releva brusquement, le visage écarlate.

« Je suis désolée d'avoir manqué la chasse, fit-elle immédiatement. Ce n'est pas la faute de Mariposa, c'est moi qui...

– Tu n'as pas besoin de t'excuser, fit Karim en posant une main rassurante sur son épaule. Personne ne vous force à participer à toutes les chasses – mais on a cru que vous vous étiez mises dans le pétrin quelque part. »

Il ne laissa pas le temps à Lina de s'excuser une deuxième fois.

« Dis-moi plutôt ce qui s'est passé. Tu as l'air accablé. »

Je vis dans les yeux de Lina qu'elle passa rapidement du soulagement à la surprise pour finir par l'embarras.

« Non, non, tout va bien, dit-elle en grimaçant. On peut rejoindre la fin de la chasse, si tu veux – comme ça tout le monde sera rassuré de voir qu'on ne s'est pas fait déchiqueter par un ours.

– Comme tu préfères, fit simplement le bêta. Le point de rendez-vous est vers le lac. »

Nous lui emboîtâmes le pas sans plus de discussion. Lina semblait mortifiée que son absence ait été remarquée, et elle restait parfaitement muette. J'aurais voulu dire quelque chose pour détendre l'atmosphère, mais mon cerveau se révéla incapable de produire une phrase valable. La tension me paralysait.

Ce fut finalement Karim qui brisa le silence, alors que nous arrivions à proximité du lac.

« Tu sais, Lina, dit-il, c'est assez courant d'avoir du mal à trouver un équilibre quand on vient de rencontrer son âme-sœur. La plupart d'entre nous sont passés par là. Ce n'est pas honteux. »

J'ignore comme il avait fait, mais Karim avait visé parfaitement juste.

« Tu as entendu notre conversation ? demanda Lina.

– Bien sûr que non, rit-il. Ce n'est pas difficile à deviner, quand on a un peu de bouteille. Et je suis passé par là, moi aussi. »

Je remarquai alors les contours blanchâtres d'une morsure à la naissance de sa nuque. Même maintenant, l'odeur de Paul se mêlait à la sienne, ne laissant aucun doute sur l'identité de son âme sœur.

« Est-ce que tu as parlé de tes doutes avec Karl ?

– Pour que ça empire encore ? Fit-elle âprement. Non, je n'ai pas envie qu'il croie que je le rejette.

– Crois-moi, tout garder pour toi, c'est le meilleur moyen de foutre votre relation en l'air. Karl ne veut pas que tu le fasses passer avant tes propres besoins, il comprendra. »

Je n'aurais pas soupçonné que Karim soit si patient – ni qu'il aimait donner des conseils sentimentaux. Et pourtant, malgré toute sa bienveillance, je ne pouvais m'empêcher de le trouver excessivement optimiste. Surtout quand il se mit à parler de la chance que représentait la rencontre des âmes sœurs.

« Il est fait pour te rendre heureuse, dit-il avec confiance. Et la réciproque est vraie aussi. C'est normal de douter, mais je suis certain que tout se passera au mieux. D'ailleurs, Paul et moi, on... »

Il se figea au milieu de sa phrase.

Lina et moi suivîmes son regard épouvanté : en tournant, le vent avait transporté de nouvelles odeurs depuis le lac. Et au milieu des effluves de la meute et de ses proies, il y avait une pointe aigre et métallique que je reconnus immédiatement.

Un loup-garou était mort.

***

À chaque fois que vous commentiez la relation entre Karl et Lina, j'avais envie de vous parler de ce qu'elle dit dans ce chapitre, mais je me suis retenue ! Je pense que certain.es d'entre vous n'ont pas été surpris.es de découvrir les difficultés de Lina.

Et en ce qui concerne la fin du chapitre, j'espère que vous me pardonnerez ce petit cliff hanger ! Le prochain  viendra très vite, mais en attendant, je suis curieuse d'entendre vos hypothèses sur la suite, si vous en avez.

Pour la petite histoire, lors de la rédaction du premier jet du "Sanctuaire perdu" (qui n'avait même pas encore ce titre-là), je m'étais précisément arrêtée en plein milieu de ce chapitre avant de faire une pause de près de trois mois. J'avais laissé de côté ce gros projet pour écrire "Piégée par la Nerd", qui est une histoire à la fois plus courte et plus joyeuse, et je crois que ça m'a aidé à y voir plus clair. Et contre tous les pronostics, je n'ai pas abandonné totalement, et j'ai quand même terminé ce roman. ^^

La conséquence de cette césure, c'est que j'ai toujours l'impression qu'il y a une légère différence de ton et de dynamisme entre les deux parties du livre. Mais j'ai quand même l'espoir que la rupture ne se sente pas trop, grâce à mes (multiples) relectures. Voilà pour l'instant confession !

Maintenant, il ne me reste plus qu'à vous remercier pour votre lecture et votre soutien ! On se retrouve mercredi pour le chapitre 16.

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