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Chapitre 11

Publié le 12/06/2021

***

J'étais dans un cabinet médical, assise face au bureau, en me demandant comment j'avais réussi à me mettre dans un tel pétrin. Face à moi, Shayma, la sage-femme, m'adressait un regard peu amène. La liste des loups qu'elle accueillerait en stage était entre nous, sur le bureau, étrangement froissée. On devinait assez aisément qu'elle avait été roulée en boule à un moment ou à un autre, et peut-être même jetée à la poubelle, avant d'être repêchée et lissée tant bien que mal. Ce n'était pas le meilleur présage du monde.

« Vous avez l'air bien jeune, dit-elle en fronçant les sourcils.

– J'ai vingt-trois ans.

– Ah bon ? Je vous aurais donné moins. »

La louve me regarda de haut en bas d'un air sceptique. Mon sweat-shirt ne jouait sans doute pas en ma faveur – je me promis qu'à l'avenir, j'irai toujours travailler en chemise.

« Vous ne faites pas très mâture, ceci dit. » lâcha Shayma, comme si cela expliquait tout.

Le souffle coupé, je regardai la sage-femme fouiller dans un tiroir. Est-ce qu'il s'agissait d'une provocation à laquelle j'étais censée répondre ? Cette femme avait la cinquantaine, des cheveux gris acier, et une attitude plus autoritaire que tous les bêtas réunis. Je n'étais pas du tout en mesure de lui tenir tête.

« Et vous avez trouvé votre âme-sœur, au moins ? » demanda-t-elle en se redressant, un calepin à la main.

Je manquai de m'étouffer, stupéfaite par la question. C'était terriblement personnel, comme sujet – et, me concernant, passablement douloureux.

Je tentai de chasser d'un battement de cils les souvenirs qui resurgissaient tout à coup. Le choc de la rencontre, les rendez-vous secrets, les larmes. Oh, les larmes avaient été si amères.

« Ouh ouh ? Vous êtes encore là ?

– Excusez-moi, fis-je en me redressant sur ma chaise. Je vous écoute.

– Vous n'avez pas répondu à ma question. Votre âme-sœur, vous l'avez trouvé ?

– Je... Je suis célibataire.

– Et bien voilà, c'est pas bien compliqué ! »

Shayma écrivit quelques mots dans son calepin, et je me demandai si elle était sérieusement en train de consigner chacune de mes réponses. Je le demandai confusément si mes mensonges par omissions risquaient de se retourner contre moi à un moment – mais je ne pouvais pas aborder le sujet de mon âme-sœur. C'était comme au-delà de mes forces, malgré toute ma bonne volonté.

« Excusez-moi, osai-je demander, à quoi servent ces questions ? »

La louve arqua un sourcil.

Mauvaise stratégie, Mariposa.

« Mon métier, jeune fille, est d'accompagner les louves qui s'apprêtent à mettre bas. »

La sage-femme marqua un temps de réflexion, avant de se corriger.

« Enfin, parfois, il arrive que ce soit des loups, mais ça ne change pas grand-chose au processus. »

Elle braqua à nouveau son regard sur moi – je ne pus retenir un mouvement de recul.

« C'est une épreuve physique et psychologique, vous comprenez ? L'accouchement n'a rien du geste médical de routine. Mes patients et patientes vivent un moment crucial de leur vie, et il faut que l'on puisse les accompagner au mieux. Cela exige d'avoir une idée assez claire de ce à quoi ressemble un accouchement.

– J'ai été à l'école, tentai-je d'objecter Je sais ce qui se passe quand on accouche. »

Je ne crois pas que la sage-femme aurait eu l'air moins furieux si j'avais insinué que son crâne abritait un mollusque en voie de décomposition. Elle se leva de sa chaise pour me répondre d'une voix furieuse.

« Non, vous ne savez rien ! Vous vous faites peut-être une idée abstraite du processus, grâce à quelques données médicales, mais c'est bien tout ! Si vous n'avez pas ressenti dans votre chair ce que c'est que donner la vie, vous ne savez pas ! »

Je hochai la tête, intimidée. La louve me lança un regard troublé, comme si elle était elle-même surprise de s'être emportée, et elle se rassit. Quand elle recommença à parler, sa voix était étonnamment calme – elle se contenait, c'était manifeste.

« Donc, si je résume, vous êtes célibataire et nullipare. Il sera encore naïf de ma part de poser la question, mais sait-on jamais : est-ce que vous avez déjà assisté une louve qui mettait bas ?

– Euh, non. Je suis désolée ? »

Personne ne me demandait jamais rien dans ma meute d'origine. Ce n'était pas comme si j'étais proche de qui que ce soit, là-bas, à l'exception de mes parents. Je me doutais toutefois que ce n'était pas un élément qui améliorerait l'humeur de Shayma, aussi me contentai-je de garder le silence.

« J'avais demandé des candidates qui avaient de l'expérience, dit-elle en se levant. Paul ne m'a pas écoutée, on dirait. »

J'étais absolument certaine qu'aucune d'entre nous n'avait jamais eu de louveteau – la personne la plus proche de ses critères était sans doute Valentine. Mais elle disait toujours qu'elle voulait profiter au maximum de son couple avec Marin avant de fonder une famille – elle ne risquait pas de tomber enceinte tout de suite.

« Vous me renvoyez, alors ? » demandai-je, sans savoir quelle réponse je redoutais le moins.

La louve me lança un regard si surpris que je me demandai si une antenne n'avait pas poussé sur mon front.

« Bien sûr que non, fit-elle, il y a beaucoup de travail qui vous attend dans ce cabinet. Héloïse va vous montrer ça. »

Elle enfila son manteau sans quitter son expression furieuse.

« Moi, je vais faire connaître le fond de ma pensée à ce voyou de Paul. Il n'a rien écouté de ce que je disais. »

Et, tel un ouragan, elle disparut. Je restai un long moment la bouche ouverte, à fixer la porte dans laquelle elle s'était engouffrée.

Il allait falloir que je trouve la fameuse Héloïse, même si Shayma ne m'avait pas dit où elle était. Quand il m'avait présenté ma première affectation, Paul m'avait dit il s'agissait de la seconde sage-femme du cabinet. Si elle était de la même trempe que Shayma, je n'étais pas sûre d'être très impatiente de la rencontrer.

Je fus pourtant obligée de partir à sa recherche. En sortant du cabinet, on se retrouvait dans la salle d'attente, dont la porte donnait sur la rue, mais il y avait aussi un accès à une pièce « réservée au personnel », si j'en croyais la plaque qui l'ornait. J'hésitais un instant, la main sur la poignée, mais je sentais que rien de bon n'arriverait si je me contentais d'attendre dans un coin – j'entrai donc.

Derrière la porte, il y avait une petite cuisine, d'apparence très coquette, avec une louve attablée devant un monumental bol de spaghetti.

Nous restâmes figées, échangeant un regard surpris, jusqu'à ce qu'elle repose sa fourchette avec un air de regret.

« Désolée, dit-elle en essuyant la sauce tomate qui coulait sur son menton, je rentre seulement de ma tournée du matin, et je n'ai pas eu un instant pour manger. »

Elle se leva et me tendit poliment la main. Son visage constellé de tâches de rousseurs sembla rayonner comme un soleil quand elle se mit à sourire.

« Je m'appelle Héloïse, tu dois être notre première apprentie ?

– Oui, je m'appelle Mariposa, fis-je en lui rendant sa poignée de main.

– Enchantée, Mariposa, fit-elle avec chaleur. Assieds-toi ! Est-ce que tu veux un café ?

– Non merci, c'est gentil. »

Cette Héloïse avait l'air plutôt sympa. J'étais assez surprise du brusque changement d'atmosphère, après mon entretien tendu avec Shayma. Une part de moi restait encore sur le qui-vive : qui sait, la prochaine question d'Héloïse allait peut-être porter sur mes expériences sexuelles ? C'était peut-être le genre de la maison d'être intrusive dés les présentations.

« En fait, repris-je, Shayma m'a dit que vous deviez me donner du travail. »

Héloïse éclata de rire et se rassit derrière ses spaghetti.

« Elle aime toujours en faire des tonnes, ne t'en fais pas pour ça. Pour le moment, en réalité, notre travail consiste surtout à rester disponible en cas d'urgence – c'est pour ça que je mange généralement ici, et pas avec le reste de la meute, d'ailleurs. »

Elle engloutit une nouvelle montagne de pâtes, avant de reprendre.

« D'ailleurs, tu peux me tutoyer. Je n'ai que vingt-six ans, on ne doit pas avoir beaucoup d'écart. Et tu devrais te mettre à l'aise le temps que je finisse mon repas. »

Je finis par accepter un café, puis, son repas terminé, Héloïse entreprit de me faire visiter le cabinet. Elle me présenta les différents outils que les deux sage-femme utilisaient dans leurs visites, en m'expliquant leur utilité.

« On s'en occupera ensemble au début, et ensuite tu pourras préparer notre trousse médicale. » me dit-elle avec enthousiasme.

La louve avait l'air de considérer chaque aspect de son travail comme hautement distrayant, et elle débordait de bonne humeur.

« Tu pourras aussi gérer les tâches administratives, dit-elle en me tendant un large agenda. Les rendez-vous sont tous à écrire là-dedans, avec les informations essentielles.

– Et, euh... En ce qui concerne la partie concrète du métier... ? »

Je ne savais pas trop comment formuler les choses, mais la perspective d'assister à un accouchement m'effrayait un peu. Surtout après que Shayma m'avait expliqué à quel point c'était un moment capital dont j'ignorais tout.

« Le soin des patientes, les apprenties ne s'en occuperont pas, me dit Héloïse comme s'il s'agissait d'une évidence. Si ça t'intéresse, il faudra être patiente, car ça ne viendra qu'après avoir bien avancé la formation de sage-femme. »

Héloïse jeta un regard distrait au calendrier des rendez-vous, avant de continuer ses explications. Les sage-femme s'en sortaient déjà bien à elles deux, pour assurer les consultations : il y avait en ce moment une vingtaine de louves enceintes dans la meute, dont six à leur dernier mois de grossesse.

« En soi, dit-elle, il y a peu de risque que toutes nos patientes accouchent en même temps, mais il faut rester disponible en permanence. C'est pour ça qu'on aimerait recruter une associée de plus, pour se partager les temps de garde. »

Héloïse avait à peine fini de me présenter le cabinet que Shayma refit son apparition. Elle sembla profondément agacée de nous trouver attablées dans la cuisine.

« Encore en train de bâiller aux corneilles, Héloïse ? Demanda-t-elle aigrement. »

Héloïse eut une réaction qui m'étonna : elle éclata de rire.

« Comme tu le vois, dit-elle en s'étirant. J'ai même mis de l'eau à chauffer pour le thé.

– Ah oui ? »

Shayma sembla changer instantanément d'état d'esprit : elle s'assit face à nous sans ajouter un mot. Un léger sourire aux lèvres, Héloïse versa l'eau dans une théière, que Shayma observait de loin.

« C'est du thé vert ?

– De l'Earl Grey. »

La louve prit une expression satisfaite.

« Toi, je ne regretterai jamais de t'avoir recrutée. Maintenant, dis-moi à quelle heure sera le prochain rendez-vous.

– C'est Mariposa qui va gérer ça, cette semaine, dit Héloïse en servant le thé. »

J'étais allé chercher l'agenda au pas de course, et je pris soin de l'ouvrir au bon jour.

« À quatre heures, vous aurez Naomie Clark, dis-je, enceinte de trois mois. Ensuite, Mira Steel, pour une pose de stérilet, et une heure plus tard, le couple Hägen, sans doute pour parler de leurs difficultés à concevoir, d'après ce que vous avez écrit. »

Shayma me regarda par dessus sa tasse de thé, qu'elle avait généreusement sucré.

« Et bien, fit-elle, même si tu ignores tout des accouchements, tu n'est pas bonne à rien non plus. »

Une chose étrange se produisit alors : la femme arbora l'équivalent diabolique de ce qui, chez le commun des mortels, aurait été qualifié de sourire.

« C'est bien que tu sois là, finalement. »

***

C'était un petit chapitre plus comique pour la première journée de travail de Mariposa ^^

Qu'est-ce que vous pensez de Shayma et Héloïse ? Ce ne sont des caractères très différents, mais étonnamment ça ne les empêche pas de bien s'entendre !

On a passé le dixième chapitre cette semaine, ce qui veut dire que vous avez déjà lu un quart de l'histoire ! Ça file vite, non ? Et pourtant, il y a encore tant de choses que je vous cache !

Si vous voulez des réponses à vos questions, je ne peux que vous donner rendez-vous pour la suite : prochain chapitre prévu pour mercredi, comme d'habitude. Et bien sûr, je vous remercie de votre lecture, de vos commentaires et de vos votes !

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