Chapitre XVIIL'heure du départ
Amakusa Shirô
Cela fait deux jours qu'Anaïs a perdu la mémoire, maintenant. Ce qui m'inquiète le plus, c'est de voir son état. Ce n'est pas une simple perte de mémoire : elle a perdu toutes les connexions entre ces neurones. Elle ne sait quasiment plus parler, elle ne sait plus marcher, et elle ne se rappelle de rien. C'est une véritable enfant que nous avons en face de nous. Le plus étonnant, je pense, est de voir qu'elle parle japonais, mais pas français, comme ça devrait être le cas. Beaucoup de choses restent suspectes, mais je n'arrive pas à avoir d'informations supplémentaires.
Pour tout dire, je pense que la personne la plus marquée, dans l'histoire, reste son Servant, Gilgamesh, le Roi d'Uruk. Il n'a pas de classe, ne sait pas réellement pourquoi il a été invoqué... et en plus de ça, sa Master a perdu la mémoire. Cela doit faire bien longtemps qu'ils sont ensemble, et ils semblaient bien proches... Je pense qu'il est vraiment dans le pire état. Je l'ai vu boire plusieurs fois, mais il n'arrivait pas à se soûler. Il s'énervait, seul, dans sa chambre, semblant vouloir la mort de quelqu'un.
Plusieurs fois, il est arrivé que des Servants et Master de la Guerre viennent nous voir. À chaque fois, Anaïs était là, en train d'apprendre à parler correctement ou bien en train d'essayer de marcher. À chaque fois, tous était surpris de la voir comme ça, se demandant même qui elle était. Elle, elle était comme une enfant : prête à s'entendre avec tout le monde, heureuse. J'ai été inquiet plusieurs fois, surtout quand elle allait voir le Servant en lui disant : « Vous... êtes comme... Gilgamesh... » , dit-elle à chaque fois. Plusieurs fois, ils ont cru voir en elle un Master mais j'ai vite nié la situation en parlant du fait qu'elle a déjà rencontré des Servants. Les Masters ont fini par me croire, inquiet quand-même de la situation mentale de la jeune fille. Malheureusement, pour ce qui est des Servants, c'était une autre histoire... Ils restaient silencieux mais n'en pensaient pas moins.
Pendant ce temps, Gilgamesh, lui, il devait resté coincé à l'intérieur même de l'Église, pour ne pas se faire voir. J'aurai pu avoir de sérieux problème, sinon. Après, Anaïs ne participera pas à la Guerre, mais tout de même...
Je rouvre les yeux, sortant de ma prière. Cette situation est très compliquée. Je ne sais pas trop quoi faire. Je ne suis pas censé m'occuper de ça, mais... je sens que cette fille a quelque chose. Il y a quelque chose qui dégage d'elle, depuis le début. Le fait déjà qu'elle est était choisie « en plus » dans cette Guerre, il y a forcément quelque chose. Je pense qu'il faut que je regarde de plus près, sur son passé... Je suis sûr que je peux déceler quelque chose.
Anaïs, justement, s'agrippe à ma jambe avec un peu de difficulté. Elle s'appuie sur celle-ci pour se mettre debout et me fait un grand sourire, heureuse d'y arriver. Contre toute attente, elle apprend très vite. Sans doute a-t-elle gardé tout ce qu'elle avait appris précédemment, et il lui faut juste refaire des liens entre les neurones.
« C'est bien ! Tu arrives à te remettre debout, Anaïs ! , souris-je, tapotant sa tête. Je suis fier de toi.
- Oui ! » , sourit-elle en se blottissant contre moi.
Je ne dis rien, surpris. Le « problème » qu'elle soit dans cet état est qu'elle se comporte vraiment comme une enfant. Donc, elle a tendance à faire des choses... qui nous semblerait logique de ne pas faire. Du style, ce genre de comportements. J'ai mes joues qui deviennent un peu rouge, étant donné que c'est bien la première fois que quelque chose comme ça m'arrive. Je lui tapote le dos, cherchant quoi faire.
Gilgamesh sort à ce moment-là de la chambre d'Anaïs. Depuis deux jours, il travaille sur un projet, semble-t-il, mais n'a pas souhaité m'en parler. Il nous dévisage et Anaïs, qui se rend compte de sa présence, fait un grand sourire. Elle me lâche et tente de rester debout.
« Gil... gamesh ! » , sourit-elle, voulant prouver ses compétences.
Il la regarde avec surprise puis sourit gentiment. Il lui fait signe de venir et elle acquiesce. Cependant, elle a beaucoup de mal et tombe à la renverse au bout de trois pas. Il la rattrape en se téléportant presque pour qu'elle ne se blesse pas puis lui donne un coup sur la tête.
« Eh bah dites-donc... Il faudrait faire plus attention. Je ne serai pas toujours là derrière toi. » , peste-il.
Elle fait une petite tête, déçue de se faire sermonner de la sorte. Cependant, il tapote sa tête avec un petit sourire.
« Mais c'est bien, tu as fais des progrès. Continue comme ça. »
Elle fait de nouveau un sourire, oubliant presque ce qu'il venait de lui dire juste avant. Elle s'agrippe à son bras et essaye de rester debout, fière d'elle. Elle se jette dans ses bras, contente. Il la regarde, dans la même situation que moi et je vois ses joues devenir légèrement empourprée. Il la prend dans ses bras tel une princesse, à notre surprise commune.
Gilgamesh se tourne vers moi, un regard plus que sérieux.
« Amakusa. J'ai réfléchi à la situation. Je pense qu'il est plus prudent de retourner en France, désormais. , me dit-il. Ses assassins savent qu'elle est partie au Japon. Ils ne s'attendront jamais à ce qu'on retourne en France. De plus, vu son état, jamais ils ne se douteraient qu'elle sortirait de l'Église. »
Je ne rajoute rien, comprenant parfaitement la situation. C'est plus prudent, en effet. Mais, il y a un gros risque, tout de même...
« Et si tu disparaissais, après la Guerre ? , demande-je, très calme. Tu ne sais pas ce qui pourrait alors se produire... »
Il me sourit et commence à partir, s'arrêtant près de la porte de sortie.
« Je ne disparaîtrais pas. Après tout, j'ai été invoqué avant la Guerre, n'est-ce pas ? Pourquoi devrais-je disparaître après ? Je suis le Roi d'Uruk, tout de même ! » , rigole-t-il.
Je ne dis rien mais souris. Il a raison. De plus, la marque d'Anaïs est toujours sur sa main, donc il n'y a pas de soucis là-dessus. Je ne suis pas inquiet pour ça.
« Ama... kusa... ! » , dit Anaïs, surprise qu'elle soit aussi loin de moi et qu'on sorte de l'Église.
Gilgamesh s'arrête et Anaïs tend ses bras vers moi, comme pour me faire signe de venir avec eux. Je souris doucement et m'approche d'eux. Je prends ses mains doucement et câline sa tête.
« Ne t'en fais pas. Tu vas faire juste un petit tour avec Gilgamesh, d'accord ? Vous reviendrez après, d'accord ? Je ne vais pas partir comme ça, tout de même ! »
Elle me regarde avec surprise, se demandant sans doute ce que je voulais dire par là. Pour autant, elle me fait un grand sourire et me dit avec fierté : « À tout à l'heure ! ».
Gilgamesh, lui, se sent un peu mal. Après tout, il a raison : elle ne me reverra plus jamais. Déjà, ce n'est même pas sûr qu'elle remette les pieds au Japon, et même si c'est le cas... ce ne sera que dans plusieurs années. À ce moment-là, je ne serai déjà plus là depuis longtemps : moi, je vais disparaître quand la Guerre se terminera, donc dans deux semaines. Dans deux semaines, je n'existerai plus.
Le Roi des Roi tourne ses talons et part de l'Église sans dire un mot. Anaïs, elle, me fait un coucou avec un grand sourire. J'entends, cependant, un petit mot : « Merci... Amakusa Shirô. ». Je souris et les regarde partir. En fin de compte... ce Gilgamesh n'est pas un mauvais gars. Même s'il joue les dur, il a un cœur, comme les autres. Je ne sais pas qu'est-ce qui les liait exactement, tous les deux, mais je sens qu'elle sera entre de bonnes mains.
Je souris, et lorsque je ne les vois plus, je rentre de nouveau dans l'Église. Je soupire, devant accepter la réalité. Même si cette fille m'intéresse, qu'elle dégage quelque chose d'étrange... Je ne pourrais jamais avoir de réponse. Je dois faire avec. Je me rapproche de l'hôtel pour prier de nouveau. J'espère qu'ils n'auront aucun problème de leur côté...
Alors que je commence ma prière, j'entends quelqu'un rentrer dans l'Église. Ils seraient déjà de retour... ? Non. Impossible. Je ne sens pas la présence d'un Servant.
« Amakusa Shirô... n'est-ce pas ? »
Je me tourne tranquillement vers la voix masculine, me demandant qui était la personne. Cet homme a les cheveux noirs et une tenue princière. Je dois bien avouer qu'il me paraît bien étrange. Je souris comme à mon habitude, pour accueillir les personnes dans l'Église. Comment connaît-il mon nom ?
« Bonjour ! Comment puis-je vous aider ? » , demande-je calmement.
Il sourit et claque des doigts. Des chaînes apparaissent à côté de lui et je le regarde, avec surprise. Un Magicien... ? Que fait-il ici ?
« Et si nous parlions, maintenant... ? » , dit-il avec un air très doux mais un sourire rappelant bien le contraire.
Je fronce des sourcils, ne sentant pas du tout la suite des évènements.
« Oh, j'ai oublié de me présenter ! HIMURA. Aku HIMURA, pour vous servir... Ruler. » , sourit-il.
Aku... HIMURA ? Je réfléchis et fais vite le lien. Cette personne... c'est... ?! Je me transforme et prends mon apparence de Servant. Je mets mon katana sur mes côtes, prêt à le dégainer et me battre.
« Je vois... Tu sais donc déjà qui je suis. Ça va donc être rapide. Je suppose qu'ils sont partis, n'est-ce pas ? Donc je ne vais pas traîner... » , ricane-t-il.
À ces mots, il lance cinq chaînes à la fois contre moi avec un sourire malicieux. J'arrête les chaînes avec mon katana mais je ne vois pas l'autre chaîne qui est apparu derrière moi. Merde... !!
La chaîne traverse mon ventre, me faisant perdre une dose considérable de sang. Et... merde... Je suis désolée... Gilgamesh... Anaïs... Je m'écroule par terre, voyant comme dernière image Aku faire un grand sourire, fier de lui.
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