Théodore scrute la rue où est tombé un drap noir, bordées d'étoiles aveuglées par la lumière jaunâtre des lampadaires. Il attend l'arrivée de Myriam, Zoé et d'Alice. Loïc vient de franchir la porte, enlevant ses baskets dans l'entrée. Ses yeux brillent comme à leur habitude, mais Théodore n'est pas passé outre de la petite lueur inquiète qui anime les yeux de son meilleur ami. Si Loïc connaît Théodore sur le bout des doigts, c'est aussi le cas en sens inverse. Leur amitié se passe de mots. Loïc est inquiet pour le déroulement de la soirée, mais camoufle bien vite cette petite lueur de tracas quand il aperçoit Myriam descendre la rue.

  Myriam est une brune énergique aux cheveux lisses et aux yeux noisettes. Elle entre et fait la bise aux deux garçons moins agités qu'à leur habitude. Ils sont étonnement calmes, songe-t-elle, un peu perplexe avant de se rappeler quelle invitée spéciale la petite bande accueille ce soir.

 - C'est l'arrivée d'Alice qui vous met dans ces états-là ?

Elle n'obtient pour seule réponse qu'une moue assez peu éloquente. Tant pis, s'ils ne veulent rien dire, elle n'obtiendra rien d'eux. Ils peuvent se transformer en huîtres quand ils le désirent.

  Théodore referme la porte et ses amis rejoignent déjà le salon quand se profile une ombre dans la rue. Le garçon l'identifie immédiatement. Quelques boucles blondes dansent dans la lumière des lampadaires, se dirigeant vers la maison de Théodore. En trois pas, elle est sur le seuil de la porte et lève des yeux d'un vert captivant sur son ami.

 "Bonjour Théo"

Elle l'a toujours surnommé ainsi et a toujours été la seule. Leurs joues s'effleurent doucement quand ils se font la bise, délicat moment que Théo voudrait prolonger plus longtemps.

 "Hey petite Zoé"

Cette bise est tellement plus agréable que lorsqu'il a embrassé Alice. Cette pensée ternit un peu la délicatesse de ce moment, surtout quand il entend une voiture s'arrêter derrière Zoé. Cette dernière tourne la tête dans un large mouvement qui envoie se boucles effleurer le visage de Théo et enivrer ses sens de son parfum si particulier. Un mélange de violette et de framboise. Il revient à lui quand une portière claque. Alice est là, sur le trottoir, escortée de son père qui juge le lieu dans lequel il se trouve.

  Théo sent le regard de Zoé sur lui, attendant une réaction, tout comme Alice. Il avance alors vers la jeune fille dans le fauteuil qui le scrute. Il se baisse vers elle, marque un temps d'arrêt avant de lui offrir un chaste baiser sur les lèvres.

 - Bien, je vous laisse, les jeunes ! Tu m'envoie un message quand je dois te chercher, Alice ?

 - Oui, merci Papa.

 - De rien, amusez-vous bien. Au revoir, Théodore.

 - Au revoir, monsieur.

La voiture disparaît au coin de la rue et laisse les jeunes ensemble. Zoé s'est avancée vers Alice et lui a fait la bise tout naturellement.

 - Bonjour Alice, comment vas-tu ? Tu as déjà vu Le lagon bleu ? Tu verras, c'est un film merveilleux ! Un peu trop romantique au goût des garçons, mais ils ont aussi les larmes aux yeux à la fin !

Alice sourit à cette anecdote et les filles papotent quand ils rentrent tous à l'intérieur, Théodore poussant le fauteuil d'Alice.

La soirée s'annonce bonne.