Cela fait trois heures et quarante-six minutes que Loïc est assis là, mais il n'en a pas conscience.

Les yeux dans le vague, il ne voit pas le paysage qui s'étend sous ses pieds. Il est là où il a emmené Alice. C'est un peu comme son jardin secret. Seuls Théodore et Alice y sont déjà venus. D'habitude, quand il rejoint ce lieu, c'est pour rêver ou philosopher sur la vie, mais pas aujourd'hui. Même réfléchir est au-dessus de ses forces. Il a la tête en vrac, un peu comme Alice. A cette pensée, son cœur s'apaise et se tord. Elle lui a fait la promesse de rester en vie, la tiendra-t-elle ? L'envie d'en finir ne sera-t-elle pas trop forte ?

Loïc chasse les pensées sombres qui lui viennent en tête. Un fauteuil vide, un mot dessus, une écriture pâle et penchée pour toute trace. Une question lui traverse l'esprit : quel serait le ton de ce message ? Un message d'amour, de paix, de réconciliation ou de fureur pour Théodore ?

Ce nom a le mérite de sortir Loïc de ses sombres pensées. Théodore. Ce prénom le dégoûte et l'effraye à la fois. Dégoûté de ce qu'il a fait subir à Alice, effrayé car il reste un opposant pour le cœur d'Alice. Et s'il avait dégoûté cette dernière de l'amour ?

Une vague d'amour pour Alice vient contrebalancer la fureur qu'il a dans le cœur, vaste marée noire qui colle à tous les souvenirs d'amitié qui semblent désormais bancals, fades, faux. Il ne veut plus voir Théodore, celui qui était depuis l'enfance, son meilleur ami.

C'est simple : Théodore n'existe plus pour Loïc.

La seule chose qui importe encore, c'est de connaître les sentiments d'Alice. Mais comme il n'y a pas vraiment grand-chose à faire à part attendre, Loïc met son cœur en pause pour éviter de ses laisser submerger totalement par ses sentiments.

En pause jusqu'à un signe de la part d'Alice...