CHAPITRE 45
La terre tourna, et le soleil roula dans le ciel, inondant le jardin de ses couleurs orangées, avant que la lune ne prenne le relais, et Antonio ne bougea pas, recroquevillé sur le sol, la main sur le cippe, il pleura toute la nuit, son costume était recouvert de poussière aussi bien que de l’herbe qui décorait sa chevelure sombre, ses larmes humidifiaient le sol, lui maquillant la joue de boue, et le regard dans le vide, il se sentit mourir de l’intérieur. Le corps ankylosé, certains insectes s’amusaient sur son corps aussi mobile que celui de la jeune femme qu’il avait tué. Il était le seul qui devait mourir, il était celui qui avait dit oui, il devait être celui qui devait perdre, mais non, le Ciel n’avait pas sauvé son arc-en-ciel, sa seule parure, et pour Antonio, cela était impardonnable.
La mort l’avait refusé ses bras, alors il se jetterait droit sur elle, il devait réparer ce qu’il avait fait dix années plutôt, insinua vivement une voix dans sa tête, et il l’écouta. Difficilement, il se leva, les épaules voutées, le regard mort, il rejoignit sa villa, alla directement dans son bureau, et dans le fond du tiroir du bas, le troisième, se trouvait ce qu’il recherchait. L’arme froide et dénuée de raison entre la main, il suivit ses courbures assassines, apprécia son poids ainsi que ce noir funeste dont elle était vêtue, puis avec une effrayante passivité il s’assit lourdement, et porta l’arme à la bouche.
Dans un dernier désir de voir les traits de la jeune femme, il ferma brièvement les yeux, le silence était criard, un frisson lui parcourut l’échine, il y’avait cette voix vacillante, faible, qui le suppliait de ne pas le faire, mais de l’autre côté, il avait le cri et la douleur que créait la culpabilité et sa peine, et ça faisait trop mal, beaucoup trop mal, et il n’y avait aucun remède, il ne pouvait pas aller en pharmacie demander de quoi soigner une plaie dans l’âme, et il ne voulait pas que le jour se lève avec sa douleur habitant son corps et sa raison, il voulait tant la revoir, il ne pouvait tenir.
Une paix sans nom envahir son être lorsque sa décision fut imposée, aussi, retira-t-il la sécurité, et il posa un doigt tremblant sur la gâchette, au dehors le ciel était si beau, au dehors les oiseux chantaient, au dehors, la vie avançait déjà en l’oubliant, au dehors, il n’y était pas. Dans un profond soupire de résignation il appuya légèrement, prêt à fuir. Il eut un battement de cœur, une larme qui roula sur une joue d’homme, et une douleur qui venait d’emporter les enchères. Et puis, il y’eut coup qui retentit avec grand fracas.
— Monsieur Grimaldi, appela doucement une voix féminine en poussant la porte non condamner de son bureau, le surprenant un pistolet dans la bouche, le regard rouge de larme, et la main tremblante, dont l’index se trouvait encore sur la gâchette.
Figée par ce spectateur impromptu, Antonio savait de quoi il avait l’air à cet instant, il savait d’ailleurs quel genre de regard il se serait porté s’il en était capable, mais dans le regard de la femme quarantenaire, aux cheveux bruns, il ne vit pas de pitié, pas de dégout, pas de stupeur, comme si elle avait déjà vu pire, il n’y avait rien de méchant dans ses grands yeux gris, passablement dissimuler derrière ses lunettes à monture noires, exactement comme celle de Rainbow, murmura son esprit, et ses larmes silencieuses coulèrent abondamment. Honteux, mais aussi attristé, il baissa doucement l’arme, sans pour autant détourner le regard de la femme qui n’entrait pas. Et elle aussi ne bougea pas, attendant qu’il prenne une décision définitive.
— Vous devriez ranger cela à un endroit plus secret, dit-elle bassement au bout d’une minute.
Antonio baissa les yeux sur le noir de son pistolet, hésita une seconde, mais quelque chose dans le regard dénué de jugement de l’inconnue, mêlé à cette chaleur qui émanait d’elle le poussa à suivre ce conseil. L’arme tomba bruyamment dans le dernier tiroir, et d’un geste lent il le referma.
— Qui êtes-vous ? Et que faites-vous ici ?
— Pouvons-nous entrer ? répondit-elle à la place.
Antonio ne valida ni ne refusa, et face à cette absence de réaction, elle poussa définitivement la porte et entra, suivit d’un homme de grande structure aux épaules très larges, mais ce qui frappait le plus c’était sa tenue si caractéristique de celle de la police. Il n’avait même pas eu le temps de commettre le crime et la loi était déjà là. Déjà lassé de cette visite, il n’accorda pas d’attention à la troisième personne qui entra, et dont la haute taille du policier dissimulait le visage.
— Que me voulez-vous ? demanda-t-il de sa voix morte et nonchalante.
— Tout d’abord nous voudrions vous pré…
— Pas de ça, vous ne me connaissez pas, et vous ne la connaissiez encore moins, alors s’il vous plait, évitons ces paroles vides de toute vérité, coupa-t-il sans animosité.
La femme referma la bouche nullement vexée, et remonta doucement la lanière de son sac sur son épaule, avant de lisser son ensemble noir règlementaire. Il y eut un silence.
— Que me voulez-vous ? redemanda-t-il encore.
— Hier matin vous êtes partie de l’hôpital sans avoir signé les documents nécessaires à l’enlèvement du corps, énonça la femme en sortant de sa sacoche un lot de documents qu’elle déposa délicatement sur l’immense bureau, devant Antonio. Ce dernier n’y posa aucune attention particulière, il se contenta de prendre le stylo logé dans le porteplume, d’attirer le dossier à lui, les endroits nécessitant sa signature avaient déjà été précisés, alors il ajouta son nom, et avec l’habilité créée par un geste jadis répétitif, il traça sa signature et repoussa le tout vers la femme dont il ne connaissait pas le nom.
D’un regard qui signifiait qu’il attendait dorénavant qu’ils quittent sa maison, il la toisa.
L’inconnue rangea les papiers, et d’un mouvement hésitant, elle fit sortir ensuite un sac en plastique blanc dont la transparence laissait déjà voir tout ce qu’il contenait, et elle le déposa avec respect non loin de lui. Son cœur se serra.
— Ce sont la toutes les affaires que votre femme portait sur elle au moment où elle est arrivée à l’hôpital, explique-t-elle douloureusement, mais déjà Antonio ne l’écoutait plus.
Lentement, il le prit et l’ouvrit, et la première chose qui le frappa au nez fut le parfum que le plastique retenait captif, et ce parfum pour lui était synonyme de ses meilleurs comme de ses pires souvenirs. Il renifla bruyamment pour retenir ses larmes. Glissa la main pour effleurer le tissu, mais un bijou s’en échappa, et le son métallique qu’il produisit sur la table lui fit comprendre de quoi il s’agissait, la Croix qu’elle ne quittait jamais, cette Croix qui ne l’avait pas sauvé, cette Croix qui l’avait laissé mourir.
C’est mon père qui m’a offert ce collier. Il disait que de cette manière, dans les jours sombres, je pourrais toujours me rappeler que je n’étais pas seule, que je n’avais pas à me battre seul, et que si je ne le voulais pas, je n’avais pas à me battre tout simplement.
Sa colère revint, il n’y toucha pas, et en son cœur, il maudit cette Force de n’avoir rien fait, de n’avoir pas tenu son engagement.
— C’est tout ?
Cette fois son ton était caustique.
— En fait Monsieur Grimaldi, il y’a plus important.
— Je ne crois pas non, marmonna-t-il les yeux toujours vissés sur les pendentifs du bijou en or blanc qui reposait sur sa table à la teinte acajou.
— Je ne me suis pas présenté depuis le début, et peut-être est-ce pourquoi vous n’avez pas d’emblée compris la raison de ma visite. Je m’appelle Beth Todd, en plus d’être accompagnée par l’agent de police ci-présent, il y’a Mademoiselle Paula Reed, responsable du département juridique de l’hôpital. Quant à moi, je travaille pour le service de protection des enfants.
Antonio releva les yeux, et comme pour prouver les dires de la dame, un petit gazouillis se fit entendre à quelques mètres derrière elle, plus précisément derrière le géant policer aux allures d’ours, aussi, avec vivacité, il tourna la tête vers lui, cherchant à voir au-delà de son corps ce qui s’y cachait.
— Mademoiselle Reed, approchez s’il vous plait avec l’enfant.
L’enfant ? Mais quel enfant ?
Antonio ne sut si cette question avait été posée à voix haute, mais son cœur lui, parti en crescendo dans une course à la surprenante folie, tandis que ses yeux ne quittaient pas l’emplacement du policier. D’un pas, une femme, elle aussi d’âge mûr, fit un pas sur le côté, et Antonio Grimaldi sans s’en apercevoir, niait déjà de la tête la réalité qui parvenait à son cerveau. Comme si son monde venait de passer du mal en pis, la poussette bleue nuit parcouru en slow motion les cinq mètres qui les séparait, et les yeux exorbités, Antonio détailla hébété Beth Todd sortir un nouveau-né du landau, et là, son souffle disparut de sa poitrine, le laissant plus blanc qu’un drap. Le nourrisson s’étira avec candeur en faisant de petits gazouillis, dérangé d’avoir été de la sorte tiré de sa sieste.
Ses jambes maintenant lourdes lui assuraient que s’il n’avait pas été déjà assis, il serait tombé.
— Monsieur Grimaldi…
— Non ! L’arrêta Antonio. Non, non, non, non, non, non. Vous allez repartir d’où vous êtes venu, en veillant à tout emporter avec vous, et que rien ne reste ici, pas même…
— Votre…
— Non ! trancha-t-il à nouveau, en se levant cette fois-ci avec virulence, car tel était devenu le seul mot qui avait élit domicile dans l’esprit d’Antonio. Le policier fit un pas en avant, la main dominante d’instinct posée sur la crosse de son pistolet, mais Beth, le dissuada de faire un pas de plus.
— Laissez-nous seuls s’il vous plait, dit-elle alors aux deux personnes qui l’accompagnaient.
— Vous êtes certaine de la sagesse de ce choix ? demanda le policier, très peu rassuré de laisser un homme au regard aussi fou, seul avec une femme et un bébé, mais Beth avait beaucoup trop d’années au compteur pour se laisser marcher sur les pieds, et donc d’un regard elle insista, et tous sortir, et la porte se referma sur un silence éloquent.
— Monsieur Grimaldi, je peux comprendre que vous…
Antonio eut un rire sec et sans joie.
— Comprendre ? Vous ? Comprendre, non ça j’en doute Madame Todd, non, vous ne pouvez pas comprendre l’état dans lequel je suis à cet instant, j’ai tué la seule personne que j’ai jamais aimée.
— Non vous ne l’avez pas tué, votre épouse est morte une heure après la naissance du bébé, vous n’étiez en rien responsable. Les rapports de police expliquent clairement sa disparition intervenue il y’a plus de six mois de cela, disparition que vous avez vous-même signalée, vous êtes celui qui vous pointiez au commissariat de police chaque jour pendant des mois, celui qui y avez même dormi à plusieurs reprises, et lorsqu’on vous a appelé pour vous signaler sa présence, vous avez accouru à l’hôpital, et la dévastation qui est votre, témoigne de votre chagrin de l’avoir perdue.
— Vous voyez, vous ne comprenez pas, si je n’étais pas entré dans sa vie, elle serait toujours vivante. J’ai tout raté dans ma vie. Tous les choix que j’ai faits ont été une succession d’erreurs, tout est de ma faute, absolument tout. Et maintenant vous vous ramener ici, avec ça dans les bras ? Pour que je fasse quoi au juste ?
— Doutez-vous de la paternité de cet enfant ? demanda Beth en se méprenant sur le sens de ses mots, mais cette simple question qui n’avait pas sa place, l’obligea à regarder les choses en face. Bien sûr qu’il ne pouvait en douter, le faire reviendrait à insulter la pureté de la femme qu’il chérissait plus que la vie elle-même. Il passa les mains dans ses cheveux, en essuyant durement les larmes qui maculaient son regard.
— Prenez-le au moins dans vos bras, ou au minimum, posez un regard sur lui.
Beth esquissa un mouvement vers lui, mais il recula farouchement.
— Ne vous approchez pas de moi avec ça.
Au même moment, le geignissent du bébé se fit entendre, et Beth se mit à consoler le nourrisson, aussi, sa culpabilité grimpa d’un palier. Celle qui aurait dû bercer cet enfant c’était sa mère, pas une vulgaire inconnue, mais sa mère ne le ferait pas parce que son père l’avait tué, comment pourrait-il élever pareil enfant ? Ce bébé ne se rendait pas compte que plus jamais il ne reverrait sa mère, jamais il n’entendrait sa voix, jamais il ne sentirait sur sa langue son lait à elle, jamais il ne sentirait sa chaleur, sa présence réconfortante, jamais il n’entendrait son rire, jamais elle ne lui dirait qu’elle est fière de lui, jamais elle ne serait là à sa remise de diplôme, a son mariage, jamais il ne pourrait dire, je me souviens du visage de la femme qui m’a mise au monde, sans que cette image n’ait été au préalable gravée sur du papier glacé, et tout cela par sa faute à lui.
— Mais qu’est-ce que j’ai fait, qu’est-ce que j’ai fait ? répéta Antonio dans un sanglot en se tenant la tête.
Il se laissa retomber sur sa chaise en pleurant.
— Il est trop tard pour toutes ces choses désormais, Monsieur Grimaldi. Elle est partie et elle ne reviendra plus, souffla la voix de Beth. Ce petit être a besoin de vous. Ce n’est pas le moment de vous laisser aller.
— Et que voulez-vous que j’en fasse ? Savez-vous dans quel état est mon cœur à cette seconde ? C’est simple, je n’en ai plus, il a cédé son dernier battement à l’instant précis où j’ai mis ma femme en terre, je n’ai plus rien à donner, tout ce que je veux, c’est partir.
— Mais voilà là, un cœur nouveau que la vie vous offre, un cœur qui vous offrira, croyez-moi, une toute nouvelle vie.
— Alors il serait plus utile dans la poitrine de quelqu’un d’autre.
— Monsieur Grimaldi…
— Je ne veux pas d’une toute nouvelle vie, pas si elle a les mêmes couleurs que celle-ci, et ne me dites pas que ce ne sera pas le cas, car vous n’en savez rien.
Beth observa longuement le bébé un instant, puis releva la tête.
— J’ai perdu mon mari il y’a trois ans, il était policier, un matin il est sorti, puis il n’est jamais revenu. À la place j’ai eu droit à deux autres hommes qui sont venus devant notre porte, et lorsqu’ils ont retiré leur képi, j’ai compris. La veille nuit, on s’était disputés, et devinez pourquoi. Pour une brique de lait. J’étais sur les nerfs pour je ne sais plus quelle raison, et lorsqu’il est revenu tout fatigué du travail, les bras lourds de sacs de course, j’ai vu rouge lorsque je n’y ai pas vu ma brique de lait, celle que je prends chaque nuit avant de dormir. Je le savais fatiguer, je savais qu’il avait fait un effort d’avoir fait les courses avant de rentrer, mais cela ne m’a pas empêché de l’engueuler pour cet oubli. Il n’a pas discuter, il a repris ses clés, et est retourner m’en trouver, il a mis du temps avant de rentrer, alors, j’ai compris que s’il ne m’en avait pas pris, c’était tout simplement parce que dans la première supérette, celle où il avait fait ses courses, il n’en avait pas trouvé, et en dépit de cela, obnubilé par la colère et flattée par mon égo, je ne me suis pas excusé, j’ai fait pire, je lui ai déposé une couette et son oreiller sur le sofa, et je suis montée me coucher. Le lendemain matin, en me réveillant, j’ai trouvé sur la table, mon petit déjeuner déjà fait, un mot, ainsi qu’une rose, et le mot disait « Pardonne-moi pour le lait, je t’aime ». À côté se trouvait mon verre de lait, j’ai souri, et je me suis dit, ce soir, oui ce soir je rentrerai plus tôt, je lui ferai son repas préféré, et je l’accueillerais même avec une trainée de pétales de roses, mais mon Ben n’est plus jamais rentré, j’étais alors là, enceinte de sept mois, et j’attendais des jumeaux. J’avais trente-cinq ans, une grossesse à risque, aussi, le choc de la nouvelle à déclencher le travail et j’ai accouché la même nuit, mais l’un n’a pas survécu. Nous étions mariés depuis quinze années, il savait tout de moi, c’était mon meilleur ami, mon partenaire, mon confident, celui sur lequel je m’appuyais en toute circonstance. Et aucun jour ne passe sans que je m’en veuille pour ce qui s’est passé, parce qu’il est parti en pensant que je le détestais, alors que c’était l’homme de ma vie, mais ça, je n’ai pas su et pu lui dire, je ne lui avais plus dit cela depuis des mois d’ailleurs. Dans une semaine se serait le troisième anniversaire de sa mort et celui de ma fille que je n’ai d’ailleurs pas pu prendre contre moi, mais aussi l’anniversaire de mon fil, Benjamin junior, et chaque année ma culpabilité me revient en pleine face, plus grande encore le jour de cette triste triple célébration, alors croyez-moi quand je vous dis savoir ce que vous ressentez Monsieur Grimaldi. C’est horrible de perdre quelqu’un, surtout lorsque cette personne définissait les contours de votre monde à travers un magnifique coup de pinceau, ça vous brise le cœur en mille morceaux, emplissant votre âme de froideur, mais je peux vous assurer, qu’un jour, il deviendra plus facile de respirer sans avoir envie de pleurer, plus facile de rire sans avoir envie de vous ôter la vie parce que votre culpabilité vous le souffle, plus facile de quitter votre lit, sans que le vide à vos côté ne vous engloutisse, ça sera plus facile qu’aujourd’hui, que demain, qu’après-demain, conclut Beth en essuyant ses larmes, ce qui permit à Antonio de vois son alliance qu’elle n’avait pas retirée. Lui aussi avait toujours la sienne.
Les larmes d’Antonio dévalèrent ses joues, et son cœur absent ne lui permettait pas de croire à ce doux mirage. Jamais pareille douleur ne saurait disparaitre, elle était trop intense, beaucoup trop.
— Et comment ? demanda-t-il toutefois la voix lourde. Comment pourrais-je le regarder tous les jours en sachant que c’est par ma faute s’il est orphelin ?
— Sur le visage de cet enfant se lira toujours l’amour, et l’amour vous montrera le chemin. Et n’oubliez pas, grâce à vous la mémoire de votre femme vit toujours, car vous avez été le seul à qui elle a bien voulu se dévoiler, et si vous mourez, qui racontera à cette page vierge que je tiens au creux de mes bras, à quel point sa mère était unique, à quel point vous étiez un couple extraordinaire, qui pourra mieux que vous lui expliquer pourquoi vous avez tant aimer sa mère, au point que son absence vous donne envie de vous ôter la vie, qui pourra lui dire qu’il était aimé, et non un enfant non convoité.
— Jamais cela ne suffira.
— Non en effet, mais ce sera une des bases, le reste, c’est vous qui aurez à la construire, un petit pas après l’autre, déclara doucement Beth. — Mais commencez déjà par le plus simple, prenez-le dans vos bras.
— Je ne peux pas…
— Vous n’êtes pas le seul à souffrir. Car si vous vous êtes perdu une femme, cet enfant lui, vient de perdre la personne qui l’a mise au monde, sa mère. Et de par votre réaction, je comprends que vous ne saviez pas pour sa grossesse, et donc, il se retrouve catapulter dans un monde avec un père qui ne savait rien de son existence il y’a encore quelques heures. Regardez-le, Monsieur Grimaldi, il est votre sang et votre chaire. Ne le laissez pas tomber.
Les yeux maintenant rougis, Beth Todd recoucha le nourrisson dans son landau, et en reniflant, elle fit sortir d’autres documents qu’elle posa devant lui.
— Toutes ces choses sont encore nouvelles pour vous je le conçois, aussi, je vais vous laisser avec le bébé quelques heures, je repasserai plus tard, et si votre décision est toujours la même, alors nous prendrons les décisions qui s’imposent, mais j’ose espérer que vous ne refermerez pas de la sorte la dernière porte que votre femme a ouverte sur le monde avant de s’en aller.
La porte se referma doucement sur l’enfant et lui, et il ne bougea pas, restant assis derrière son bureau, à fixer le landau avec attention, la barbe humide de larmes qui ne savaient comment tarir.
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