CHAPITRE 39
Ce fut les yeux passablement rouges et le visage sillonné par les traces de ses précédentes larmes que Rainbow rejoignit la chambre nuptiale au grand lit de blanc vêtu. Son cœur était toujours en branle. Tremblante, elle prit appui sur l’un des côtés du baldaquin afin de se laisser choir sur le matelas à la douce fermeté. Antonio se contentait de la suivre avec une certaine distance. Les mains dans les poches, il attendit qu’elle se remette de cette surprise qui l’avait plus chamboulé qu’il ne l’aurait cru, et au bout d’une minute, il remarqua que ses épaules bougeaient au même rythme que ses sanglots. Rapidement, il accourut vers elle, et se mit à genoux sous son nez, et son petit menton tenu entre le pouce et l’index, il releva son visage nimbé de larmes. On aurait dit un ciel sous la pluie, ses yeux bleus étaient si profonds.
— Eh… murmura-t-il tendrement le cœur lourd. Je ne savais pas que ma surprise te ferait tant souffrir. Ce n’était pas mon intention il mio tesoro, je suis désolé. Ne pleure plus.
Avec douceur et une douloureuse impatience de la consoler, il essuya ses larmes qui ne cessait pas d’affluer encore et encore.
Non, il ne pouvait pas comprendre l’ampleur de la surprise qu’il venait de lui faire, réalisa Rainbow en ne l’aimant que plus encore. Cet homme s’était souvenu d’une discussion qu’ils avaient eue des mois avant, et de cette discussion il lui avait donné une chose à laquelle elle ne s’attendait pas : de la joie. Tokyo, y repenser et Rainbow voyait tous ces instants partagés avec son père dans cette ville paradisiaque, et pire, elle repensait à la violente dispute qu’ils avaient eue.
— Rainbow écoute moi, tu es douée en tas de choses. Si le patinage professionnel n’est plus possible, on trouvera autre chose dans laquelle tu t’épanouiras.
— Non ! je veux patiner. Tu n’as aucune idée de ce que ça fait de se donner cœur et âme a quelque chose pour ensuite te faire dire que tu dois y mettre un terme. Qu’est-ce que je suis moi sans le patinage ?
— Mon intelligente et plus que douée fille bien-aimée.
Il avait alors porté la main vers elle pour l’attirer dans ses bras, mais d’un mouvement sec elle l’avait repoussé avec un regard de dédains et de haine.
— Tu n’es pas mon père ! avait-elle alors hurlé avec colère et violence en se saisissant de la boule de Tokyo qui s’était retrouvé en mille morceaux sur le sol.
Exactement comme le cœur de cet homme merveilleux.
Une parole qui avait chagriné l’homme qui l’avait adopté et traité avec un amour de père qu’elle avait piétiné. Et ce soir à sa manière, Antonio avait adouci cette peine, cette dispute. Il lui avait redonné la joie de Tokyo, et dorénavant en regardant cette boule qu’il lui avait offerte, penser a Tokyo ne serait plus si douloureux.
Déposant la boule sur le lit, Rainbow le prit avec impétuosité dans ses bras, et couvrit son visage de tendres et brulants baisers qui troublèrent Antonio, et finalement elle emprisonna ses lèvres. Il pouvait goûter le salé de ses larmes, il pouvait sentir la ferveur de son amour, et se nourrir de cette joie qu’elle lui insufflait. La danse de leurs lèvres ralentit, puis le baiser s’arrêta avec douceur, mais leur visage restait toujours côte à côte, chacun buvant le souffle de l’autre.
Accroupis devant elle, et elle assise sur le lit, le visage de l’époux levé vers celui de son épouse, ils finirent par ouvrir les yeux pour se fixer.
— Ce que tu as fait ce soir Antonio, c’est le plus beau des cadeaux. Tu m’as permise de remonter sur la glace sans même penser à mon accident, puis tu m’as amenée à Tokyo, là j’ai pu revoir mon père encore une fois, et pour finir, tu as apaisé la brulure d’une vieille blessure. Antonio, mon Antonio… murmura-t-elle avec ferveur en déposant un chapelet de baisers sur ses joues, son nez, son front, avant de le serrer contre elle. — Merci. Cette journée est parfaite.
Il glissa une mèche de cheveux derrière sa délicate oreille.
— Oui elle l’est, mais seulement parce que tu l’es, mon ange.
Leurs fronts restèrent soudés une poignée de secondes. Doucement Antonio se releva, et du regard elle le suivit.
— Il reste une dernière chose, fit-il en se dirigeant vers l’une des portes avant de revenir avec une petite boite en carton blanche décorée d’un ruban rouge attacher en nœud papillon.
Les sourcils froncés, Rainbow se leva pour récupérer l’objet qu’il lui tendait.
— Qu’est-ce que c’est ?
— Toi.
Elle tira sur l’un des bouts et le nœud se défit dans un bruit de soie froissée. Il glissa les mains dans les poches, l’air maintenant incertain, presque timide même constata Rainbow.
— La première fois que je t’ai rencontré, ton odeur fut la première chose qui m’interpella. Je n’avais jamais rien senti d’aussi explosif, de si pur, de si doux. Un véritable paradis pour mon nez me suis-je dit. Et ma première pensée fut de vouloir capturer ce parfum, et le mettre en bouteille pour m’en abreuver à chaque fois que j’en aurais envie, car il était alors inconcevable pour moi que je puisse un jour avoir la joie de t’avoir dans ma vie. Puis ce rêve que je n’osais pas faire est arrivé, et te humer n’était plus dorénavant un interdit. Je me suis donc dit qu’il ne servait à rien de te cacher mon petit secret probablement tordu, continua Antonio d’une voix basse et lourde d’émotion avant de conclure avec un petit sourire timidement charmeur.
Les yeux de nouveau embués de larmes, Rainbow fit sortir le flacon de parfum de son coussin noir, et laissa tomber la boite au sol. Elle retira le bouchon, et doucement l’appliqua au creux de son poignet avant de porter son bras à son nez. Les yeux fermés elle inspira, et la douce fragrance emplit ses poumons. C’était intense, c’était doux, innocent. Est-ce donc ainsi qu’il la sent ?
Lorsqu’elle ouvrit les yeux, il la fixait avec une certaine fragilité.
— C’est…
— Toi, compléta de nouveau Antonio dans un nonchalant mouvement d’épaules.
De nouveau elle baissa son regard flou de larmes sur le flacon portant son prénom. Il avait créé un parfum pour elle, il avait donné son prénom à un parfum, et le mélange était parfait.
— Quand ?
— Lors du séjour que j’ai fait en Italie après la varicelle que tu m’as refilée.
En resongea a ce souvenir, elle pouffa de rire tout en pleurant. Il essuya du bout des doigts ses larmes en la couvant d’un regard si brulant qu’il eut l’impression que c’était son cœur qui brulait.
— La première fois que je t’ai rencontré, tu m’as renversé du café brulant dessus, et la seconde fois tu m’as donné la varicelle en manquant de peu de m’empoisonner avec une soupe étrange. Je me suis alors dit que je devais à tout prix t’épouser.
Rainbow rit les yeux humides, et il lui sourit doucement.
— Il y’en a soixante-dix flacons dans le monde. Et ils sont tous à toi. Un flacon pour chaque année que je voudrais au minimum passer à tes côtés.
Son cœur chancela. Une pareille fragrance lui rapporterait incontestablement des millions s’il le mettait sur le marché. Elle fronça les sourcils de plus en plus perdus.
— Tu ne le commercialiseras pas ?
Doucement il fit non de la tête sans la quitter du regard.
— Tous à toi mon arc-en-ciel.
Son cœur se retrouva dans son ventre en compagnie des papillons qui s’y trouvaient déjà.
— Ô Antonio…
Il entrelaça leurs doigts et prit le parfum. Il en déposa légèrement au creux de la gorge de la jeune femme, et du bout des doigts il étala la fragrance d’un côté à l’autre de son délicat cou.
— De toute ma vie je n’ai eu qu’une seule surprise et elle n’est pas celle que j’aurais crue. Toi ma femme, toi mon amour, toi ma vie, tu es la seule chose que je n’espérais littéralement pas. Pourtant tu es là, et mon monde n’est plus le même depuis l’instant où je me suis perdu avec joie dans tes grands yeux à la clarté du ciel. J’aimerais tant pouvoir te dire ce qui brule en moi il mio amore, mais je n’y arrive pas. Je t’aime tant… la voix d’Antonio se brisa sur le dernier mot, et tel un assoiffé, il captura ses lèvres, l’attira vers lui, l’embrassant, lui criant à quel point elle comptait pour lui, mettant dans son baiser toute cette soif d’elle. Et il comprit que c’était ça l’enfer, la quitter dans quelque mois serait son enfer, vivre en réalisant que tout finirait bientôt sans qu’il n’ait eu le temps de tout lui donner de lui, lui donner tout son temps, son amour, sa fidélité. Il n’aurait jamais le temps. Le regret comprima son cœur. Il voulait tant lui donner, et si peu de temps…
Lorsqu’il s’écarta pour respirer, Rainbow mit quelques secondes avant d’ouvrir les yeux. Les pupilles sombres les lèvres gonflées, et le regard avide de lui, elle le fixa avec en plus cette pudeur qu’il trouvait attendrissante chez elle.
— Je te disais vrai la nuit ou je t’ai demandé en mariage. Je suis disposé à passer le restant de mes jours sans partager ta couche si tel est ton souhait, si cela te permettra de toujours croire que je t’ai voulu toi parce que je ne pouvais pas vivre sans toi, et non pas pour réaliser une vulgaire expérience avant de mour…
Rainbow posa les doigts sur sa bouche pour le faire taire. Elle inclina la tête sur le côté, lui sourit en caressant distraitement les lèvres d’Antonio. Le silence entre eux était si doux alors qu’il se perdait dans le bleu de ses yeux.
— Je te fais confiance. Aime-moi de cette manière également.
Il acquiesça, et doucement il la souleva dans ses bras, et lorsqu’il la déposa ce fut dans leur lit, et elle ne détournait pas le regard de lui. Le temps semblait suspendu tandis que leurs pupilles ne savaient toujours pas comment parvenir à s’abandonner. Sans se hâter, tant il désirait tout savourer, Antonio s’allongea tout contre elle. Du bout des doigts elle repoussa quelques-unes de ses mèches rebelles.
Ce qui se passait était intime, bien plus intime que tout ce qu’il avait bien pu faire avec une quelconque autre femme, et dire qu’il ne l’avait même pas encore touché. De nouveau Antonio posa les lèvres contre les siennes, l’embrassant avec nonchalance, s’attardant sur la pression de ses lèvres charnues contre les siennes, s’attardant sur la danse sensuelle de leurs langues qui prenaient tout leur temps pour se croiser. Elle repoussa sa veste sur épaules, puis défit quelques boutons, et lorsqu’il se retrouva torse nu, il frémit en sentant sur ses épaules la délicatesse de ses caresses, et à aucun moment ils ne parvenaient à défairent leur regard.
Avec cette même patience, venant étrangement de la part d’un homme qui n’avait que moins de trois mois à vivre, Antonio la dévêtit, retira sa robe de mousseline qui s’échoua dans un bruit sourd de froissement, et il la trouva si belle dans le chemisier en soie blanche qu’elle portait en dessous.
Logé au creux de ses cuisses, il sentit ses doigts s’activer sur la boucle de sa ceinture, et lorsque le bouton et la fermeture furent défaits, le pantalon suivit.
Elle avait les joues roses, les yeux timides tout comme tous ses gestes d’ailleurs. La dernière fois qu’un homme l’avait approché de la sorte, ce fut sous le coup de la violence, et depuis lors, plus aucun homme n’avait eu le droit de l’approcher, enfin jusqu’à lui. Cet homme-là qui l’avait épousé, et elle ne lui avait pas dit, mais il était également la plus grande surprise de sa vie. Jamais elle n’aurait cru que la vie puisse lui faire pareille cadeau, pas après la vie qu’elle avait menée, pourtant elle était là, regardée, caressée, embrassée, aimée par un homme qui, il y’a quelques heures juraient de l’aimer, la protéger, la chérir jusqu’à la fin de ses jours. Un homme qui la regardait avec une flamme si vive dans les yeux qu’elle se sentait bruler, un homme qui la touchait avec un respect dont nul n’avait fait preuve, un homme en qui elle croyait.
Le souffle éteint, elle releva la tête pour lui permettre de retirer la nuisette en soie, puis avec le même respect pour son corps qu’aucun autre n’avait fait preuve, il retira son soutien-gorge, puis sa culotte, et elle trembla de timidité et d’appréhension. Mais très vite il l’embrassa, elle passa alors les doigts dans ses cheveux, puisant dans ce baiser toute la confiance dont elle avait besoin, sentant son corps changer pour l’instant qui suivrait. Jamais son pauvre corps n’avait réagi de la sorte. Elle sentait l’extrême sensibilité de sa peau, et lorsqu’il posa les lèvres sur sa cicatrice laissée par la foudre, elle ferma les yeux de plaisir. Il enfouit le nez au creux de sa gorge et inspira fortement, comme s’il se nourrissait de son parfum. Il aimait tout chez elle, et il ne le cachait pas.
Leurs corps nus se frôlaient, il l’embrassait, lui disait des mots en Italiens auxquels elle ne comprenait rien, et lorsqu’il prit délicatement son sein en bouche, elle cessa d’y penser. Dans un doux gémissement, elle cambra le dos en ouvrant plus les cuisses alors que le miel inondait sa féminité.
Antonio entrelaça leurs doigts près de la tête de Rainbow, et regarda leurs alliances briller dans la faible clarté de la chambre aux lumières diffuses. Elle était sa femme, son épouse, face à cela une explosion de joie consuma son cœur. Avec respect, il embrassa la bague qu’il lui avait passée il y’a peu, hurlant en silence qu’il tiendrait toutes ses promesses. Et le regard de la jeune femme s’embua face à cette promesse silencieuse, car oui, elle le comprenait, elle l’entendait, et elle le croyait. Ses larmes glissèrent sur ses tempes, et il les embrassa une à une.
— De tout mon cœur je serai un homme bien pour toi Rainy, et même lorsque cela deviendra difficile, je m’y efforcerai, parce que c’est toi, parce que tu en vaux la peine, parce que je t’aime. Mon arc-en-ciel… mon paradis…
C’est alors qu’il glissa en elle, sans hâte, sans forcer, seulement de la sensualité, seulement un moment vrai qu’il ne voulait partager qu’avec elle. Et le souffle éteint, elle l’accueillit avec la plus belle des douceurs…
Toute la nuit ils se perdirent dans leur soif d’eux. Pas pour satisfaire un quelconque plaisir charnel égoïste, mais juste pour ne former qu’un, comme cela se devait…
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