CHAPITRE 31
Antonio était parti avant que la pluie ne commence, bien avant même le début du vent. Nerveuse, Rainbow alla se resservir un second verre de la boisson qu’il lui avait faite, et elle était toujours aussi bonne. La main gauche serrant les pendentifs, et l’autre sur le muret de la cuisine, elle avait le regard dans le vide, et les Boules Quies qu’elle avait dans les oreilles l’empêchaient d’entendre le bruit des éclairs dehors. Tous les rideaux avaient été tirés, mais cela ne l’empêchait pas de voir de temps en temps la lumière qui déchirait le ciel s’y refléter ni de sentir les murs trembler lors des cris que poussait la voute céleste. Son cœur battait toujours autant, mais la panique n’était pas au rendez-vous et c’était bien la première fois. Probablement parce qu’elle ressentait une autre forme de peur qui paralysait la seconde. Antonio. Il ne lui avait pas tout dit et elle le savait. Mais pouvait-elle le lui reprocher, elle aussi elle ne lui avait pas tout dit, il y’avait des parts d’elle, les plus importantes qu’elle ne lui avait pas dit. Au souvenir de ces parts, son cœur se serra et comme toujours, elle serra plus fort les pendentifs à sa gorge.
— Dis-moi ce que je dois faire je t’en supplie, murmura-t-elle la voix tremblante. Et donne-moi plus de force pour le faire. Tu ne m’as jamais facilité la tâche, je le sais, mais là j’ai vraiment besoin que tu m’aides comme tu me l’as promis.
Seul le silence lui répondit.
Assise sur son canapé, les minutes s’égrainèrent, et au bout de cent vingt d’entre elles passé, son esprit s’éclaira. Une larme glissa alors sur sa joue, et elle comprit ce qui lui restait à faire. Prenant une inspiration résolue, elle se leva, prit sa pochette et les clés, tout autour d’elle était silencieux lorsqu’elle quitta les entrailles de l’ascenseur vétuste de son immeuble. Et debout devant la porte principale, elle put voir à travers les interstices du verre le ciel se déchaîner dehors. Les éclairs déchiraient le ciel et à chaque fois elle sursautait même si elles ne les entendaient pas. La peur grandit, son cœur battait la chamade et ses doigts devinrent moites. Ce n’était pas une bonne idée, il serait préférable qu’elle attende demain. Mais dès que cette pensée traversa son esprit, qu’une certaine urgence naquit. Non, elle ne devait pas attendre, il fallait y aller maintenant. Elle déglutit et doucement, d’un geste tremblant, elle retira une à une les Boules Quies, et le bruit qui accompagnait la pluie était encore plus effarant.
Sa nouvelle voiture de fonction était de l’autre côté de la chaussée, et conduire les oreilles bouchées n’était pas sage, surtout par ce temps. Une fois encore, une voix lui cria de retourner à l’intérieur, d’attendre, mais elle ne put l’écouter, car une autre, si basse qu’on aurait dit un murmure apaisant, la poussait au contraire. Il y eut un autre éclair, et elle laissa échapper un prix cri avant de se refermer la bouche avec ses mains.
— Aide-moi, chuchota-t-elle les yeux écarquillés par la peur et le teint blême. Si pâle qu’on aurait dit qu’elle risquait de s’évanouir dans la minute.
Dès que ces mots franchirent ses lèvres, le vent diminua légèrement, et prenant une profonde inspiration, Rainbow ouvrit la porte avec brusquerie, et sortie. La première salve d’eau glacée la fit frissonner. Les gouttes d’eau étaient lourdes sur sa peau, si bien qu’elle avait l’impression d’avoir de petites aiguilles qui lui piquaient la peau. L’eau glissa sur sa peau nue sous sa robe, plaquant immédiatement ses cheveux sur sa tête, détruisant sa coiffure. Très vite, elle traversa la route et la main tremblante, elle essaya de déverrouiller la voiture. Mais ses doigts dorénavant gelés tremblaient si fort que la commande tombât dans un bruit que la pluie englouti.
Tout était contre elle, la pluie, les orages qu’elle craignait, et maintenant la clé qui tombait, mais Rainbow sentait dans son cœur qu’elle devait y aller. C’était ce soir qu’elle devait parler à Antonio pas demain. Aussi, à genoux sur le sol humide et boueux, elle chercha à tâtons, mais sans voir c’était difficile de trouver une clé noire. Et comme si le ciel l’avait entendu, un éclair le traversa, illuminant tout, et elle vit l’objet à un mètre devant elle. Lorsqu’elle s’en saisit, le bruit assourdissant du tonnerre la fit crier. Et il lui fallut plus de cinq minutes pour se relever, une autre pour suffisamment cesser de trembler pour pouvoir déverrouiller la voiture, et dès que cela fut fait, elle s’y engouffra, serrant le volant de toutes ces forces en sentant l’eau de ses vêtements recouvrir le siège et le plancher. Elle devait y aller, elle devait tout lui dire, et peut-être qu’ainsi, il n’aurait pas honte de lui dire aussi son secret.
Debout, tout seul dans une pièce sombre, la cheminée moderne au gaz allumé, et le regard perdu dans les flammes, Antonio écoutait distraitement la pluie tomber, et même ça, ça lui rappelait Rainbow. Il avait été lâche, et c’est sûr que Giovanni aurait trouvé les mots justes pour lui dire combien il avait été en plus con. Il aurait pu lui dire la vérité, mais la force qu’il avait en arrivant lui avait manqué le moment venu. Puis elle s’était assise sur lui, bon sang, sa queue palpitait toujours après cet instant et il n’avait pas réussi à faire disparaitre l’érection. Elle était la femme la plus désirable qui soit, la femme en qui son cœur trouvait le repos, et il ne voulait pas de cette joie à ses côtés juste pour une nuit, un mois ou trois, il le voulait pour plusieurs longues années.
Il voulait chaque matin qui passe, chaque nuit qui s’invite et chaque seconde entre les deux, la révérée, la toucher, l’embrasser, la couvrir de son amour, car oui, il l’aimait, d’une manière si pure qu’il en était encore plus douloureux. Il l’aimait de cette manière qui lui donnait vie, de cette manière qui lui donnait envie de rire, de se lever le matin. Penser à elle et son cœur se dilatait d’une joie indicible, et dire qu’il n’avait même pas couché avec elle, qu’il ne l’avait même pas encore embrassé, et pourtant il en était là.
Son corps n’avait pas eu besoin d’être en elle pour que son cœur comprenne que c’était pour elle qu’il voulait battre, sa langue n’avait pas eu besoin de la caresser pour savoir que c’était son prénom qu’il voulait dire, lui avouer continuellement son amour. Mais toucher Rainbow… cela lui semblait interdit, et pour la première fois, il avait peur de coucher avec une femme, et rien que ce paramètre lui disait à quel point il était éperdument tombé dans le grand bassin de l’amour. Il aurait tout fait pour elle, et pour le moment, la meilleure chose était de s’éloigner.
La toucher, et il allait la souillé, lui il était de ceux qui avait côtoyé l’enfer, et il ne pouvait l’approcher ainsi. Et jamais le Ciel n’accepterait de lui donner pareil ange. Ça faisait bien longtemps qu’il n’était plus dans les petits papiers du Grand Patron, et espérer le secours de là n’était plus la peine. D’un geste las, il défit son nœud papillon pour le laisser pendre autour de son cou, défit nerveusement les premiers boutons en espérant ainsi parvenir à mieux respirer, mais il n’y parvint. L’air dont il avait besoin ne semblait pas être de ce monde, et c’est seulement au côté de Rainbow qu’il pouvait le sentir. Il voulait plus de temps avec elle pour pouvoir la faire rire, plus pour pouvoir cuisiner pour elle, plus pour pouvoir la regarder, plus pour pouvoir lui tenir la main, la caresser, plus pour pouvoir lui dire chaque matin à chaque putain d’instant qu’il l’aimait, plus de temps pour pouvoir tout lui donner, son temps son affection, sa raison, tout, plus de temps pour pouvoir fonder une famille avec elle. À cette pensée son cœur se serra si violemment qu’il émit un petit gémissement en se tenant la poitrine oui, il voulait des enfants avec elle, les regarder grandir, il voulait vieillir avec elle, voir ses premiers cheveux blancs afin de la taquiner dessus, mais lui dire qu’elle restait tout de même la plus belle femme qu’il n’ait jamais vue, du temps pour pouvoir connaitre chacune de ses maladies afin de l’assister en tout, plus de temps. Il en voulait plus, beaucoup plus !
— Je veux renégocier le contrat, s’entendit-il parler sans même savoir que ces mots avaient quitté la barrière de son esprit.
Personne ne lui répondit. En lui il sentit la colère. Il se retourna sur lui-même, les bras grands ouverts, il cria.
— Je veux renégocier le contrat !
Le ciel fut traversé par un puissant éclair dont le tonnerre assourdissant fit trembler la maison.
—Tu étais là la première fois sans que je ne te le demande, et là, je t’appelle et tu ne réponds pas ? je sais que tu m’entends, je veux un autre contrat. Je suis aussi désespéré que la première fois, et plus que disposer à tout te donner pour plus de temps. J’en veux plus tu comprends espèce d’enfoiré !
Dans la colée, avec fureur, Antonio jeta dans le vide son verre de vin en l’écoutant se briser derrière le siège de son bureau. La bouteille qui était à ses côtés sur un petit guéridon suivit le même chemin et se brisa dans un bruit sourd sans que sa rage se calme. Il hurla sa colère, invectivant un ennemi invisible, vociférant, crachant des insultes qui auraient rougi les joues de n’importe quel charretier, et lorsqu’il se tut, la gorge en feu, seul le silence lui revint encore et toujours.
Un silence si lourd qu’il s’étouffa au sens propre du mot. Respirant avec difficulté, Antonio se passa les doigts dans les cheveux, cherchant son souffle le front couvert de sueur. Son cœur était troublé d’une manière si sombre que toutes ses pensées en étaient touchées. Il ne voyait plus la lumière, tout n’était que ténèbres, et ce fut à bras ouvert que le gouffre du désespoir lui tendit la main. Et étreint par les bras de la désespérance, il entendit une voix qui ne venait pas de ce monde, une voix qui lui hérissa les poils de la nuque, et qui troublait son âme comme jamais tant l’entendre était une abomination, une voix qui n’était audible que par lui, lui le coupable, lui le damné, lui le démon en transition.
Non.
Et ce fut tout, telle fut la réponse.
La tête d’Antonio s’alourdit, la sueur perla sur son front, et sa gorge se resserra plus encore, si bien que son souffle devint sifflant comme s’il avait une crise d’asthme, mais il n’en était rien. Son âme souffrait, la douleur qui inondant son corps n’avait rien de physique. Les pensées envahirent son esprit, des bribes d’images pareilles à des flash-back d’il y’a près de dix ans. Et chaque image, chaque rappel était un coup porté à son âme.
— … Que me voulez-vous ?
— … Qu’es-tu disposé à me donner ?
— … Tu t’es brouillé avec tout le monde… il n’y a personne pour prendre soin de toi… tu finiras seul, oublié et abandonné de tous.
— … Je ne veux pas de ton argent. Je n’ai que faire de l’argent. Il y’a beaucoup mieux à posséder sur terre… qu’es-tu prêt à me céder sans possibilité de retour en arrière ?
— … C’est ton jour de chance. … Tu as droit à un seul vœu. Lequel fais-tu ? Réfléchis bien… aucun de mes vœux n’est jamais gratuit.
— … Contre ta guérison, je reviendrai dans dix ans jour pour jour… Ce jour-là alors, je reviendrai te prendre ta vie…
— J’accepte.
— Qu’il te soit fait selon ton vœu Antonio Grimaldi.
Il avait accepté, il était celui-là qui avait dit oui, et oui pour quoi ? Pour un véritable enfer qui avait été offert tel un cadeau, pour une douleur qui avait offert comme une rédemption. Ses jambes tremblèrent, et sans le voir venir, il se retrouva à genoux, il ne sentit pas la douleur de ses genoux lorsqu’ils rencontrèrent le marbre avec violence. Aucune douleur n’équivalait celle de son âme. La tête tenue à deux mains, et légèrement penchée vers le sol, il ne parvenait même pas à pleurer. Des voix parlaient dans sa tête, des mots d’accusation, de condamnation, tout se mélangeait, il était coupable, il n’avait plus le choix, il était condamné, il devait payer et n’espérer en rien. Tant de mots qui criaient encore et encore. Dehors un autre tonnerre retentit violemment.
— Qu’ai-je fait ? hurla son âme lorsqu’il réalisa enfin son erreur.
Qu’ai-je fait ?
Inexorablement Antonio sombrait, chaque seconde qui passait le poussait un peu plus dans les bras du désespoir, un désespoir si profond qu’il ne s’entendait même plus penser ou réfléchir. La décision qu’il avait prise des années plus tôt le rattrapait, le mettait au sol, et le menaçait de mort, mais pas d’une mort qui apporte la paix, mais bien le contraire, une mort dont les griffes acérées violentaient son âme, détruisait sa raison.
C’est alors qu’elle entra, l’ange qu’il s’efforçait à ne pas approcher.
— Antonio !
Sa voix fut comme un coup de fouet et le trouble diminua, il n’entendait pas sa propre voix, mais celle de la jeune femme si. Dans l’instant il releva la tête, et elle était là, devant lui, humide comme si elle avait sauté dans la piscine tout habillée. Ses cheveux défaient et emmêlés formait une étrange coiffure sur sa tête, son maquillage avait coulé, et l’avant de sa robe était boueuse. On aurait dit une guerrière, comme si elle avait affronté le monde pour être là, là pour lui. Comme un ange quittant le ciel pour descendre en enfer. Son cœur se dilata, et comme toujours en sa présence la paix envahit ses sens, les ténèbres refluèrent. Et lorsqu’elle courût à lui pour le prendre dans ses bras, il ne sut retenir un petit gémissement de soulagement alors que le froid qui brûlait son âme était réchauffé par la présence de l’arc-en-ciel.
—Rainbow…
Il tremblait.
— Calme-toi mon amour, je suis là.
— Tu es là…
— Oui…
Elle le serra plus fort.
Antonio ne sut comment il avait monté les marches qui menaient vers sa chambre, la seule chose qu’il savait c’était qu’elle ne l’avait pas quitté. Elle l’allongea dans le lit, et une jambe après l’autre elle l’y hissa. Avec des mouvements tendres, elle retira ses chaussures, puis ses chaussettes, et les yeux ouverts il la regardait, les fermer et il retournerait en enfer. Dès que cela fut fait, elle retira sa ceinture, puis défit les boutons de sa chemise. Il était en pilotage automatique réalisa-t-il. Faisant ce qu’elle lui disait, il se redressa pour qu’elle retire la veste et la chemise avant de se rallonger. Elle prit les vêtements, et disparut derrière l’une des portes, et dès qu’il ne la vit plus il sentit les froids tentacules sur lui, mais il n’eut pas le temps d’en souffrir car elle était de retour. Elle s’était changée et portait maintenant l’un de ses t-shirts qui lui descendaient au-dessus des genoux. Sans un mot elle monta sur le lit, s’adossa à la tête de lit, et sans qu’elle ne l’y invite, il posa la tête sur ses cuisses, l’enveloppa de ses bras pour la garder toujours avec lui, alors qu’elle lui caressait les cheveux avec une chaleur qui chassait pour de bon les ténèbres.
Son cœur ne faisait pas qu’aimer cette femme, non, son âme elle aussi trouvait réconfort auprès d’elle. Il y’avait une sorte d’aura qui l’enveloppait, quelque chose qu’il n’aurait su nommer, quelque chose qui parlait à la partie la plus basse de lui, quelque chose qui le hissait toujours vers la lumière. Il avait besoin d’elle. C’est alors qu’un tonnerre gronda et elle se raidit, ses doigts dans ses cheveux s’immobilisèrent, et il se rappela qu’il pleuvait. Elle avait bravé sa plus grande peur pour venir à lui, et si elle ne l’avait pas fait ce soir, il était certain qu’il aurait fini fou. Il se retourna, prit la télécommande de la maison, et dans l’instant, les volets recouvrirent toutes les vitres, insonorisant plus encore la maison, tandis que les notes d’un saxophone emplissaient les lieux avec douceur, sans pour autant empêcher une conversation. Une fois cela fait, il revint poser sa tête sur ses cuisses, il huma son parfum en frottant son nez contre son ventre avant de prendre sa main pour jouer avec ses magnifiques doigts.
— Pourquoi es-tu là ? murmura-t-il en prenant soin de la serrer plus fort afin qu’elle ne se méprenne pas sur le fond de ses paroles.
Le solo de saxophone apportait plus de chaleur à l’instant. Comme un rendez-vous romantique sans le diner aux chandelles, comme une soirée intime et douce sans le sexe, et bon sang, c’était tout de même parfait. Être là, avec elle, la tête sur ses cuisses, et elle les doigts dans ses cheveux. Un paradis qu’il ne méritait pas.
— Je devais te voir.
— Et les éclairs, tu les as traversés pour venir.
Elle ne répondit pas. Qu’y avait-il à répondre à ça ?
Il voulut lui demander comment elle était entrée, mais très vite, il se rappela qu’il ne se souvenait pas l’avoir fermé. Quand il était arrivé plusieurs heures plus tôt il était tellement accablé et en colère qu’il avait juste passé le seuil sans verrouiller, et une fois encore, heureusement. Sans elle ici ce soir, il ne savait pas ce qu’il serait advenu de lui.
Il la tint plus fort.
— Tu me caches quelque chose Antonio.
Antonio se raidit.
— Et une part de moi te comprend, car moi non plus je ne t’ai pas tout dit. Et quelquefois je me dis que je connais ton secret, ou du moins je sais qu’il a sur toi les mêmes conséquences que le mien a sur moi. Je sais ce que ça fait de se sentir coupable d’avoir pris les mauvaises décisions au point qu’on se retrouve avec un fardeau si lourd à porter qu’on en étouffe. Dans tes yeux je vois une profonde culpabilité, et je sais que tu te sens responsable, dans ton cas, c’est de… elle se tut un instant, comme pour prendre sa respiration, comme si dire ce mot était interdit… de ta mort. Un silence lourd suivit ce mot, comme à chaque fois qu’il était dit avec vérité. — Et je ne sais pas pourquoi, parce que mourir, excepté le suicide, n’est pas quelque chose qui dépend de nous. Mais encore une fois, je ne vais pas te forcer à m’en parler, ce n’est pas pour cela que je suis venu ce soir.
Le ton de sa voix était vague, mais recelant un sérieux qui poussa Antonio à se redresser. Elle avait le regard dans le vide, comme si elle voyait et entendait des choses qui lui étaient cachées.
— Je crois qu’il est temps de te raconter le deuxième tiers de l’histoire de ma vie.
— Rainy, tu n’es pas obligé.
Elle le regarda enfin, les yeux bordés de larmes, et délicatement, elle posa sa paume contre sa joue, inclina légèrement la tête, et lui fit un sourire doux et amer.
— Si, je crois que ça l’est Antonio.
Un ange passa. Elle ne le quittait pas des yeux, et lui non plus ne put détourner le regard.
— Il y’a dix ans, je suis morte.
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