CHAPITRE 18
Dans un soupire bruyant, la jeune femme se laissa tomber à la renverse sur son lit, un deux place, le seul luxe qu’elle avait voulu s’offrir en déménageant dans cette ville. Les yeux grands ouverts sur le plafond, elle souffla sur la mèche de cheveux blonds qui l’empêchait de bien discerner cette petite fissure discrète. Fissure dont elle était la cause, le jour même où elle avait aménagé, et jusqu’à présent, Rainbow ne comprenait pas comme le fait de vouloir enfoncer un clou au mur avait fini par le marteau s’envolant dans les airs. Ce jour-là comme une enfant elle avait poussé un petit cri en se protégeant la tête avant de courir se réfugier, loin du projectile qui tombait. Et aujourd’hui un projectile d’un tout autre genre s’invitait dans sa vie, et elle ne savait comment le fuir. Pouvait-elle prendre son cœur au creux de sa main pour le protéger de ce qui prévoyait de l’atteindre ? Non, elle le savait. Distraitement, elle passa son doigt sur sa lèvre, à l’endroit même où Antonio avait posé son pouce. Rien de tout cela elle ne l’avait prévu.
– C’est donc ainsi que tu prévois de rediriger ma vie ?
La douceur de sa voix basse se mêla au silence de la chambre et nulle réponse ne lui revint. Dans un petit sourire à la fois incrédule et impuissant, elle ferma les yeux, et roula sur le côté.
***
– N’oubliez pas que vous me devez un diner, s’amusa Charles Loyola tandis qu’elle le raccompagnait vers la sortie.
Dans un petit sourire poli, et loin d’être charmeur, Rainbow ne dit mot. Il lui sortait cette phrase à chaque fois qu’elle le voyait, et depuis le temps elle espérait qu’il comprenne que ça ne l’intéressait pas un diner au Four Seasons, ni ce soir, ni le lendemain, et encore moins dans une semaine, date de son anniversaire a lui. Il avait choisi de souligner ce fait, et elle s’était contentée de lui souhaiter une joyeuse fête en avance. Le juriste changea sa sacoche noire de main et lui tendit la droite.
– Réfléchissez-y voulez-vous ?
– Je suis déjà dessus, lui assura-t-elle, et lorsque Charles tourna le dos en lui relâchant enfin la main, Rainbow leva les yeux en soupirant discrètement de le voir enfin partir. C’était sans doute la dernière fois qu’elle le verrait, enfin, si elle faisait bien évidemment les choses normalement.
Dès le lendemain de son retour de la villa d’Antonio, Rainbow avait entrepris de mettre sur pieds l’association caritative. Pour l’y aider, ce dernier lui avait fait remettre par l’intermédiaire de la nouvelle assistante, une liste de cinq noms de personnes pouvant l’aider sur le plan technique. À son retour Rainbow avait aussi constaté qu’on lui avait aménagé un bureau au même étage qu’Antonio, plus précisément la seule pièce vide qui était accolée à son bureau à lui. Elle avait ainsi maintenant droit à une magnifique baie vitrée, de hauts plafonds, un immense bureau dont la table était faite de verre, le sol d’un blanc parfait qui reflétait tout aussi parfaitement la lumière du soleil, et pour clore le tout, elle avait même une assistante personnelle.
Lisa des ressources humaines n’avait su cacher sa surprise et la pointe de jalousie qui brulait derrière ses lunettes sans montures. Elle avait débarqué, et moins d’une semaine plus tard, elle avait reçu le deuxième bureau le plus grand et le plus beau, elle avait vu son salaire monter si haut que même pour Rainbow c’était beaucoup. Elle avait droit à une place de parking la plus avantageuse même si elle n’avait pas de voiture, chose qui avait été corrigée, vu le chauffeur qui la ramenait chez elle chaque soir dans une nouvelle berline noire qui revenait le matin la récupérer. Alors bien entendu, après tout ceci, les premières rumeurs avaient coulé : elle était la pute du patron. Et que trouver à répondre à cela, si ce n’est garder un visage inatteignable toutes les fois où elle rencontrait des regards suspicieux.
Si seulement ces racontars savaient la vérité, cet homme ne prévoyait rien avec elle, sinon comment était-ce possible que depuis qu’elle avait quitté sa maison il ne l’ait jamais recontacté, pas même le mail le plus insignifiant et cela bien sûr, lui allait parfaitement. C’était d’ailleurs la phrase que Rainbow se répétait, avec à l’appui le souvenir de la discussion qu’ils avaient eu. Elle avait refusé tous rapprochements entre eux, et Antonio avait respecté sa décision, un peu trop d’ailleurs. Il était de retour depuis bientôt deux semaines, mais elle ne l’avait pas vu, seulement aperçue une fois de dos tandis qu’il quittait les locaux de la société avec aux basques une ribambelle de personnes en costumes qui l’écoutaient avec respect et crainte, puis ce fut tout. Il venait avant tout le monde et repartait après tout le monde. Quelques fois, va savoir pourquoi, Rainbow avait tardé plus que nécessaire, espérant peut-être qu’ils prennent par un hasard des plus calculé l’ascenseur, mais rien non plus.
Le regard dans le vide, Rainbow revint à elle, et d’un pas distrait, elle se dirigea vers le bureau de son assistante, Clara Peters, qui raccrocha en tournant la tête vers elle en entendant ses pas. Le monde est encore plus petit qu’un village lui avait dit un jour son père, et comme toujours il avait raison, qu’elle était les probabilités qu’elle et Clara se retrouvent ? Cette dernière et elle s’étaient rencontrées au travers de l’agence de placement qui gérait leur contrat, c’était un jour de neige, et elles avaient partagé un taxi, Clara avait même attendu chez elle sous son insistance pour que le temps se calme, mais cette amitié naissante n’eût pas abouti, Clara devait le lendemain même partir pour les Bahamas.
– Je vais à la poursuite de l’amour, avait-elle glissé dans un rire les yeux illuminés, et un an plus tard, elles se retrouvaient de nouveau toutes les deux, et Rick, l’homme en question avait disparu du tableau, mais elle semblait ne pas en souffrir. Clara n’était probablement pas plus âgée qu’elle, mais de loin plus extraverti que Rainbow ne l’aurait été, ou du moins, la nouvelle version d’elle.
– Quand est-ce que je réserve cette table pour votre éternel déjeuné, s’amusa la jeune brune dans un petit sourire moqueur lorsqu’elle remarqua le regard insistant que continuait d’entretenir Charles Loyola depuis les portes de l’ascenseur dont il attendait l’ouverture.
Rainbow prit de ses mains le dossier qu’elle lui tendait en faisant mine de ne pas remarquer l’homme.
– Seulement si toi tu comptes aller à ma place.
Clara rit doucement en notant une date sur l’agenda électronique.
– Mais qu’est-ce que tu lui reproches ? Il est assez mignon avec sa calvitie naissante.
– Il faut être toi pour aimer ça.
– Je ne te le fais pas dire, j’adore les boules à zéro, murmura-t-elle avec une sensualité exagérée qui fit rire Rainbow.
Le dossier en main, elle fit mine de retourner dans son bureau lorsque Loyola leva la main dans un dernier salut au moment où les portes s’ouvrir, et elle resta figée sur place tandis que son cœur ratait un battement. Elle déglutit lorsqu’il quitta la cage de métal dans un costume sombre impeccablement parfait sur son corps d’athlète. Ses cheveux noirs étaient plus longs, constata-t-elle tandis que son cœur battait plus vite à mesure qu’il marchait vers elle. Treize jours qu’elle ne l’avait pas vu, et il semblait encore plus beau.
Son pas était assuré, son regard inflexible, pas comme la dernière fois où ils s’étaient vus, ses lèvres formant une fine ligne serrée cachaient la beauté qu’elles pouvaient prendre dans un sourire séducteur ou moqueur. On aurait dit un autre homme songeât Rainbow, lorsque d’une main froide, Antonio repoussa le document qu’on lui montrait, oui un autre homme, un patron, son patron, même si techniquement ce n’était plus le cas, et techniquement, cette froideur elle l’avait souhaité. Si à la maison sur la montagne elle ne l’avait pas repoussé, si elle avait poursuivi cet échange, si au lieu de poser le doigt sur ses belles lèvres ourlet pour le faire taire, elle l’avait à la place caressée, peut-être ne ressentirait-elle pas toute cette colère à l’égard d’elle-même et tout ce regret capable de remplir un océan.
Comme s’il l’avait entendu, Antonio releva les yeux pour la surprendre, et elle cessa de respirer, ou bien ne respirait-elle toujours pas depuis tout ce temps ? Ces longs cils noirs bordant un regard au noir captivant. On lui parlait, et lui, il la regardait toujours sans s’arrêter, et durant une seconde Rainbow fut soulagée, au point qu’elle relâcha l’air emprisonné dans sa poitrine. Il la fixait comme durant leurs derniers instants dans la maison il y’a quelques semaines : comme si elle avait été seule dans cette pièce, toutefois, contrairement à il y’a quelques temps, cette fois-ci le regard d’Antonio ne disait rien de particulier, pas de chaleur, seulement une attention rien que pour elle, et elle se sentit bien néanmoins.
Les joues légèrement roses, un petit sourire innocent et timide échappa à Rainbow, un peu comme lorsqu’on ne pouvait s’empêcher de s’attendrir devant le rire d’un enfant, son cœur lui, ne pouvait s’empêcher de s’attendrir devant la brulante et froide présence de cet homme, mais comme si elle n’était qu’une simple inconnue que l’on dévisageait dans la rue, Anthonio détourna ostensiblement le regard, et la brutalité de ce silence la laissa désarçonnée une seconde de trop.
Ce geste la hanta toute la nuit. La nature humaine avait un souci de réglage, hier encore elle avait souhaité être l’invisible, et une fois cela fait, elle en souffrait. Dans un léger soupire, Rainbow effleura les discrets cernes qui attestaient d’une nuit relativement courte, et détailla son allure sur les parois lisses de la cage d’ascenseur, et il était certain qu’elle n’avait plus rien de la jeune femme vêtue en jupe de laine qu’elle était la première fois ou elle avait mis les pieds ici, pas quand on regardait son tailleur au vert foncé qui lui donnait des jambes interminables avec pareils talons.
L’argent alloué à ses dépenses vestimentaires avait finalement servit, elle représentait une structure plus grande que sa pauvre personne c’était-elle dit afin de s’obliger à révéler au monde cette beauté qui avait nourri tant son égo personnel par le passé au point de provoquer sa chute. Elle n’était pas dupe, et sans fausse modestie, belle Rainbow se savait l’être, et quelques fois elle aurait aimé ne pas avoir le visage ou le corps qu’elle avait.
Délaissant ses cernes, elles aplanirent une mèche de cheveux dans son chignon stricte, essuya une poussière imaginaire près de la broche en diamant en forme de trèfle, le seul cadeau qui lui restait de sa mère, et relevèrent la tête au moment où les portes de l’ascenseur s’ouvraient. Son pas vif, fut ralenti par la surprise de trouver déjà présent un homme. Dubitative, elle posa un regard sur le jean qui moulait parfaitement un fessier que d’aucuns qualifieraient de magnifique, puis remonta vers la veste rouge qui suivait avec la même aisance un corps que le sport avait sculpté avec soin. Dos à elle, l’inconnu ne la remarqua pas, Rainbow posa alors un regard sur la discrète montre qu’elle portait, sept heures neuf, il n’y avait personne aussi tôt à cet étage excepté Antonio et elle. Et même si elle ne l’avait vu que très peu, elle était disposée à mettre sa main au feu, que l’homme de près d’un mètre quatre-vingt-dix n’était pas le grand patron.
– Oui, j’ai dû partir assez tôt bébé, j’avais une réunion qui ne pouvait être reportée. Tu sais bien que si le contraire était faisable, j’aurais dépensé chacune des minutes de cette journée dans tes bras.
Rainbow rosit, non ce n’était définitivement pas Antonio, la voix suave de l’inconnue baissa encore d’une octave dans un rire coquin tandis qu’il se passait les doigts dans les cheveux.
- Ah oui ? susurre-t-il, quoi d’autre ? Il rit à nouveau. - Petite coquine va, poursuivit-il en se retournant nonchalamment, avant de se figer une seconde de surprise. Bébé, je dois te laisser, tu me diras le reste plus tard. Il rangea son téléphone. - Ça ne se fait pas d’écouter les conversations privées, lâcha-t-il avec un sourire amusé digne de se retrouver sur le plus grand des panneaux publicitaire.
Rainbow rougit, mais ne détourna pas le regard.
– Vous n’aviez qu’à vous trouver un endroit plus privé pour cette discussion elle aussi privée, reprit-elle sur un ton neutre.
L’inconnu parti dans un grand éclat de rire en lui pointant malicieusement le doigt, fortement surpris, mais plus amusé qu’en colère. Il fit un pas de plus en rangeant son téléphone.
– À ma décharge, je ne savais pas qu’il y’aurait quelqu’un aussi tôt.
– A ma décharge moi non plus.
Elle serra son sac, prête à l’assommer avec s’il avançait plus près. Il était certes à tomber, mais pas question de se laisser attendrir par son visage parfait, et sa fossette au menton. Il lui tendit la main, et elle eut un geste de recule qu’il fit mine de ne pas voir.
– Kyle Chandler, se présenta-t-il.
Elle prit une seconde avant de mettre la main dans la sienne.
—Rainbow, Rainbow Banks.
– Magnifique prénom, et pas courant si je puis dire. Peut-être parce que les arcs-en-ciel aussi beaux que vous sont rares.
Elle se retint de rouler des yeux.
– Vous n’avez pas trouvé mieux franchement ?
Il la regarda d’abord surprise, puis reparti dans un autre grand rire.
– Difficile à ce que je vois.
– Très, appuya la jeune femme dont la main était toujours prisonnière de celle de Kyle.
– Alors que dites-vous de…
Au même instant, sa phrase fut interrompue par une porte qui s’ouvrait avec brusquerie.
– Cesse de rire comme si tu étais dans un stade Kyle, c’est un bureau au cas où…
La phrase d’Antonio resta-t-elle aussi en suspend lorsqu’il remarqua la présence de Rainbow, son regard se posa premièrement sur elle, et comme Kyle avant lui, il détailla son tailleur strict mais au ton rafraichissant, il regarda ses chaussures hautes au rouge rutilant, et ostensiblement il évita de regarder son visage, alors la seule chose qui restait à voir était sa petite main emprisonnée dans celle de son ami. Il serra les dents.
– Qu’est-ce qui se passe ici ? marmonna-t-il.
Kyle relâcha alors la main de la jeune femme.
– Oh rien de bien important, je faisais la rencontre de ta nouvelle assistante.
– Je ne suis pas son assistante, rectifia Rainbow, attirant alors le regard d’Antonio, et la regarder était toujours aussi troublant qu’agréable. La regarder et il se rappelait du weekend qu’ils avaient passé chez lui, a bien voir, il n’avait même pas besoin de la regarder pour que pareils souvenirs remontent, et elle avait eu raison de le repousser. Il ne méritait pas d’entrer dans sa vie, mais jamais Antonio n’avait pensé que respecter pareille décision aurait pu être aussi difficile.
Quand il ne pensait pas à la douceur de son regard digne du plus beau ciel d’été, il songeait à la manière dont son sourire pouvait être tout aussi doux, à la manière dont elle avait boudé lorsqu’il avait pris le dernier morceau de pastèque, à la manière dont le t-shirt qu’il lui avait prêté lui allait si bien, ce t-shirt qu’il n’avait pas fait laver et qui trônait tout de même dans ses affaires. Même dans son sommeil elle était là, et là, il pouvait la caresser, l’embrasser, là il pouvait rire avec elle, puis il se réveillait, et le contraste était des plus douloureux. Elle était rafraichissante, et lui il avait soif, mais cette eau n’était pas pour lui, se rappela-t-il en détournant à contrecœur le regard des pupilles bleu ciel de celle qui portait le nom de l’arc-en-ciel.
– Non en effet, se contenta-t-il de répondre d’un ton neutre, à la limite même dure avec ce qu’il fallait de je-m’en-foutisme parfaitement feint. Au même moment les portes de l’ascenseur s’ouvrirent de nouveau, et comme n’importe quel homme, celui qui en descendit posa en premier lieu le regard sur Rainbow, balayant ses belles jambes, puis son fessier, remontant vers le chignon strict qui éclairait un front lisse, puis plus bas de magnifiques yeux bordés de longs cils blonds, et pour finir, une bouche des plus délicates. Antonio se retint de rouler des yeux, et de renvoyer la jeune femme dans son bureau. Les trois têtes tournées en direction de la cage de métal, tous regardèrent son habitant en sortir.
Le sourire du troisième homme s’étira en un séducteur, sans pour autant trop en faire, et Antonio gardant sous une tonne de selfs contrôle, la fureur qui brulait en dessous. Depuis quand les matinées étaient si vivantes dans ses locaux ? Et pourquoi il fallait que ce soit cet énergumène spécialement, se plaignit silencieusement.
– Si je savais que je serais aussi bien accueilli je viendrais beaucoup plus souvent, Georges Lancaster troisième du nom, lança-t-il en prenant d’office la petite main de Rainbow pour la baiser avec un respect que ses yeux ne reflétaient pourtant pas.
Cette fois, Antonio ne retint pas le soupire d’irritation qui brisa le silence.
– Rainbow Banks, répondit la jeune femme en s’empressant de récupérer sa main, consciente du regard d’Antonio.
Elle était dorénavant entourée de trois hommes que tous qualifieraient de plus que présentable, l’un Kyle Chandler dirigeait une société d’investissement, riche à milliard, elle le savait pour l’avoir lu dans Forbes, l’autre Georges Lancaster III héritier depuis peu de la colossale fortune de papa, bien plus connu pour ses frasques que pour ses connaissances en affaire, c’était d’ailleurs sa sœur ainée qui gérait la société aux dires de tous, et enfin le troisième son patron, ou du moins son ancien patron, et des trois, seuls les deux premiers lui manifestaient un intérêt qu’elle aurait aimé voir dans le regard froid du troisième. Mais Rainbow l’avait finalement compris, avec la même facilité qu’un enfant changeait de couche, Antonio avait tourné la page, et à nouveau, n’était-ce pas ce qu’elle lui avait demandé ?
– Un arc-en-ciel est toujours un plaisir pour les yeux.
– Le coup de l’arc-en-ciel ne marche pas Georgie, s’esclaffa Kyle, j’ai déjà essayé, et elle est resté de marbre.
Rainbow remarqua une petite veine palpiter de colère sur la tempe de George, aussi comprit-elle qu’il n’aimait sans doute pas être appelé de la sorte, mais Kyle s’en foutait comme de sa première chemise. Après un regard dur à l’égard de ce dernier, George revint au visage délicat de la jeune femme, le sourire de nouveau aux lèvres. Il s’apprêtait à la relancer quand finalement Antonio n’y tint plus du tout. Toutes ses hormones masculines dans l’air en vue de séduire la seule et magnifique jeune personne à côté de lui, lui tapaient sur le système.
– Ce n’est pas une bassecour ici. Si vous voulez parler à Mademoiselle Banks, prenez rendez-vous si cela concerne le travail et dans le cas contraire, retrouvez là à la fin de sa journée.
Tous pivotèrent la tête vers lui de concert, Kyle ne comprenait pas cette soudaine colère, Rainbow l’interprétait mal, et le seul qui s’en fichait était Georges.
– Vous travaillez donc là, et vous êtes la nouvelle…
– Chargée de l’entité caritative de Monsieur Grimaldi, compléta-t-elle en lui fauchant l’herbe sous les pieds.
– Je ne savais pas qu’Antonio s’intéressait aux pauvres lui aussi.
– Une entité caritative ne s’occupe pas que de pauvres Georgie, le corrigea Kyle dans un soupire exaspéré, mais Georges, avec son petit air d’héritier de vieille famille, ne fut pas troublé par le ton.
– Tu peux dire ce que tu veux, mais c’est la pauvreté qui est à la base de leurs problèmes, contra-t-il avec calme, comme si c’était normal, et pas du tout insultant.
Le regard jadis amusé de Kyle devint plus froid, et dans l’air cette froideur se fit ressentir.
– C’est tout neuf, nous sommes encore en train de tout mettre sur pieds, reprit Rainbow, parvenant ainsi a séparer les regards courroucés des deux hommes.
– Vous avez donc besoin d’argent. Que dites-vous d’une fête ?
Kyle soupira bruyamment.
– Tout ne se règle pas à travers des fêtes Georgie.
La veine sur la tempe de Georges palpita en entendant de nouveau ce surnom, mais il serra les dents.
– Dans ta bouche, cette phrase sonne faux Kyle. Qu’importe, parlons de cela autour d’un bon parcourt de golf, mon assistante entrera en contact avec la vôtre un peu plus tard dans la matinée pour tout coordonner, qu’en dites-vous ? De l’argent est toujours nécessaire, et je vous aiderai à lever des millions, chose qui ne peut que vous être bénéfique.
Rainbow tourna la tête en direction d’Antonio pour voir que la place que jadis il occupait derrière était vide. Il était retourné dans son bureau dont la porte était refermée. Son cœur se serra.
– Bien entendu Monsieur Lancaster.
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