CHAPITRE 13
Ce fut la douceur d’un toucher qui lui fit ouvrir doucement les yeux, afin de surprendre au-dessus de lui, une certaine jeune blonde qui le fixait, le regard triste, inquiet. Il battit des paupières pour stabiliser sa vue floue, et elle recula.
— Vous m’avez fait peur, lui dit-elle sur un ton à la limite entre un chuchotement, et un sanglot. Et il ne comprit pas pourquoi elle se mettait dans pareil état. Après tout, il ne faisait que dormir. Sa mort n’était prévue que dans quelques semaines. — Je suis venue une première fois, votre porte était entrouverte, je vous ai vu sur le lit, allongé, les bras le long du corps, inerte…
— Alors vous avez cru que j’étais mort, compléta Antonio la voix encore lourde.
Elle blêmit en faisant un pas en arrière lorsqu’il tenta de se redresser et cela ne fut pas chose aisée. Il avait le corps lourd, il avait chaud et froid en même temps, sa tête le lançait.
— Vous êtes malade, lui dit-elle de plus en plus inquiète.
— Je vous ai dit que je n’étais jamais malade, Mademoiselle Banks, répondit Antonio sur un ton lent, en descendant les jambes, avant de pousser sur ses bras pour se lever, mais il n’avait plus aucune force là, aussi il retomba lourdement sur le lit. Il était courbaturé, comme c’était le cas lorsqu’on faisait une activité sportive intense, et cela après un long moment d’inactivité.
— Vous n’allez pas bien.
— Mais si, je n’ai pas suffisamment dormi c’est tout, marmonna-t-il la tête baissée, en passant une main sur son visage afin de se réveiller.
— Vous dormez depuis plus de douze heures de temps, lui signifia Rainbow.
Il releva abruptement la tête, en ayant l’impression qu’à l’intérieur se trouvait une boule qui cognait partout. Il retint une grimace de douleur.
— Quoi ? Antonio tendit la main pour récupérer son téléphone, lorsqu’il se rappela qu’il ne l’avait pas mis en charge avant de s’allonger. — J’ai… il fit une nouvelle tentative pour se relever et il échoua. Il faillit même tomber tête la première sur le sol, lorsque Rainbow appuya sur ses épaules pour le ramener vers l’arrière, sur le lit.
— Peu importe ce que vous aviez de prévu, tout ce qui vous reste à cet instant, c’est une mauvaise santé.
— Mais je ne suis jamais malade.
— Je sais, ça fait la troisième fois que vous le dites.
— Non, vous ne comprenez pas.
Il tenta à nouveau de se lever, et cela en dépit des protestations de son corps.
— Monsieur Grimaldi, ce n’est pas une bonne idée.
Il balaya le conseil de la jeune femme de la main, et pris la direction de la salle de bain, en titubant tel un ivrogne, s’appuyant sur les murs qu’il trouvait pour ne pas s’échouer lamentablement au sol. Bien sûr qu’elle ne comprenait pas. Il n’était jamais malade, pas une seule fois depuis près de dix ans. Même pas un rhume ou un mal de tête. Et là, il semblait si affaibli.
D’un pas lent, Antonio poussa afin de se retrouver devant sa glace pour se voir. Son teint était encore plus blafard, il avait le regard vitreux, le front humide. Appuyé sur le rebord du lavabo d’une main, tandis que de son autre main, il relevait ses cheveux pour tâter sa température, il vacilla, fit tomber brosse à dents et tout autre objet environnant, et ce fut Rainbow qui le rattrapa à temps. Appuyant une partie de son poids sur la jeune femme et l’autre, sur tout objet solide, il se laissa ramener dans sa chambre, où elle le laissa tomber avec brusquerie sur le lit. Il l’entraina dans sa chute, et sans attendre, elle retira le bras qu’il avait passé autour de son épaule, et se redressa.
— Vous voyez que j’avais raison.
— Juste une petite grippe sans doute concéda-t-il en se remettant normalement sur le lit. — La pluie est finie ?
— Pas entièrement, mais les orages oui.
Il soupira de soulagement, en fermant les yeux, avant de poser la main sur son front. Mais très vite, Rainbow souleva son bras, et y posa sa petite paume qu’il trouvait fraiche. Il frémit, mais préféra utiliser la différence de température comme excuse.
— Vous avez le corps si chaud.
Elle retira sa main, et il l’entendit partir. Il ouvrit les yeux, pour la voir quitter effectivement la chambre d’un pas pressé, et il en eut un certain pincement. Mais très vite, elle revint avec une petite bassine, continua dans la douche, il écouta l’eau couler, puis elle réapparut dans la chambre à ses côtés. Calmement, elle se mit sur le lit près de lui, inondant son espace personnel de son odeur, ah, cette odeur, il avait envie de la mettre en bouteille.
— Mais qu’est-ce que vous faites ? questionna-t-il quand il la vit retirer une serviette humide, l’essorer en partie, avant de la passer sur son front.
— Il faut faire baisser votre température. C’est dangereux de conserver pareille fièvre.
Il grimaça, en retirant le linge humide.
— Je ne suis pas un enfant. J’ai juste pris froid parce que j’ai été sous la pluie pour vous rattraper, mais rien d’alarmant, s’irrita Antonio.
Rainbow se mordit la lèvre inférieure pour l’empêcher de trembler, et il vit dans ses yeux la tristesse, et surtout, beaucoup de culpabilité. Il soupira lorsqu’il comprit que ses mots l’avaient heurté. Elle ne voulait rien faire, si ce n’était prendre soin de lui, et lui, il se comportait comme un idiot. La jeune femme opina du chef avec tristesse, puis se releva de la couche, et prit la bassine d’eau.
— Attendez, lâcha-t-il avec difficulté.
Elle s’arrêta, mais ne se retourna pas pour le voir.
— Je suis désolé, je n’aurais pas dû vous parler de la sorte.
Elle se mit à sangloter, il ne l’entendait pas, mais à voir la manière dont ses épaules bougeaient, il le devina.
— Rainbow ? appela-t-il.
— Non, ce n’est pas de votre faute, mais la mienne, fit-elle calmement en se retournant pour lui faire face, le regard dans le vide, comme si elle n’était plus mentalement présente. — Si je n’étais pas sortie, vous n’auriez pas tenté de me rattraper, et vous ne seriez pas à l’article de la mort, déclara-t-elle alors, toujours sans le fixer dans les yeux.
Le ton de la jeune femme était humide de ses larmes, mais autre chose le tiqua, elle parlait comme si elle se reprochait quelque chose de plus grave. Il trouva cela étrange. Il était certes à l’article de la mort, mais Antonio doutait sérieusement que ce soit cette une méchante grippe qui l’emporterait. Il ouvrit la bouche, mais elle cligna des yeux, revint dans l’instant présent, elle lui fit un sourire triste, en essuyant ses larmes, et tout ce qu’il voulait, c’était de la prendre dans ses bras, et la réconforter, pour cette peine qu’il était certain, de n’en être plus le seul responsable. Mais à la place, il lui tendit le linge humide, et se rallongea, lui donnant l’autorisation de poursuivre, afin de se faire pardonner.
— Vous voulez bien ?
Il opina. L’éclat dans ses yeux revint, il y vit la joie, le soulagement, et autre chose de mystérieux qu’il ne sut définir. C’était lui qui s’était mal comporté alors qu’elle voulait seulement lui venir en aide, mais à cet instant, il avait l’impression que la jeune femme se sentait plus coupable que lui. Avec plus de calme, Rainbow reprit la serviette, l’imbiba à nouveau d’eau, et lui nettoya le front, puis la gorge, elle glissa le tissu sur son torse, au travers de l’ouverture crée par son peignoir, pour en atténuer la chaleur. Il aurait bien pu aller prendre un bain froid pour faire baisser sa température, mais la laisser continuer ce qu’elle faisait avec tant de passion était bien plus intéressant.
Elle était si concentrée, et lui, il en profita pour la regarder à la dérobée, il regarda ses longs cils noirs, ses pommettes roses, son nez fin, puis la courbure de ses lèvres pleines. Elles étaient entrouvertes, il vit sa petite langue rose les lécher, et il se surprit à se demander quel gout avait sa bouche. Pour ne plus tenter de savoir jusqu’à quel point il pouvait résister à l’envie de se redresser pour les saisir, il dévia son regard vers sa gorge, il détailla sa peau diaphane, fragile, et son esprit pervers se demanda la saveur que pouvait porter pareille douceur. Il aimerait tant défaire le chignon de fortune qui peinait à retenir sa lourde chevelure couleur de blé, puis, il glisserait ses doigts dans ses boucles pour en découvrir la douceur, il lui caresserait le cou, la humerait, ravit de la voir rosir, il embrasserait chaque millimètre carré de sa peau, avide de savoir comment son corps réagirait face à son touché. Plus il y pensait, et mieux le désir coulait dans ses veines pour venir se nicher au creux de ses reins.
— Je crois que c’est bon, dit-elle en posant la main sur son front au bout d’un long moment. Antonio serra les dents, forçant son corps à rester immobile. Rainbow se leva sans faire attention au regard de plus en plus sombre qu’il lui portait, et en un sens, il fut ravi. Cette femme était son assistante, enfin, plus maintenant, elle était maintenant sa collaboratrice, vu qu’elle s’occuperait d’une branche de sa société sur laquelle il n’aurait aucune influence. Alors sur ce plan, il n’avait pas à s’inquiéter.
La jeune blonde se pencha, récupéra sa bassine d’eau dorénavant tiède, puis elle se redressa, envoyant vers lui sa douce odeur. Sans la quitter du regard, Antonio détailla son dos droit, puis plus bas, ses hanches voluptueuses, ainsi que le magnifique déhanchement qu’il ne voyait qu’en partie du fait des vêtements trop grand à lui qu’elle portait.
— Vous avez faim ? demanda soudainement Rainbow en s’immobilisant près de la sortie.
Antonio releva immédiatement les yeux en espérant ne pas s’être fait prendre à la mater. Il mit du temps avant de comprendre pourquoi elle le regardait en attendant une réponse. S’il avait faim ?
— Vous ne pouvez pas savoir à quel point, Mademoiselle Banks, rétorqua-t-il d’une voix trainante, et profonde, le regard plus sombre, tout en taisant le reste de la phrase bien au chaud dans son esprit.
C’était elle qu’il avait envie de dévorer toute crue. L’avait-elle entendu penser ? Il ne le sut, par contre, il la vit rougir violemment avant de s’enfuir de la pièce, le laissant là, le corps maintenant fébrile du fait d’un tout autre genre de fièvre.
Moins de trente minutes après son départ, Rainbow revint dans la chambre, tenant un plateau comportant une assiette fumante, plus un verre d’eau, et un de jus de fruits. Elle était si concentrée dans sa tâche, qui était d’arriver sans rien renversée, qu’Antonio esquissa un faible sourire. Il était évident que c’était la première fois qu’elle devait faire ça, et pour aucune raison, ou plutôt pour une, moins avouable, il en fut heureux. En la voyant approcher, il se redressa, remonta la couverture sur sa taille. Il était si las, et même ses draps étaient devenus plus chauds du fait de sa haute température, mais les retirer et il aurait froid.
Timidement, d’une main tremblante, la jeune femme qui était maintenant arrivée à lui, s’abaissa à sa hauteur, et contre lui, il en profita pour inspirer son parfum, le regard dirigé vers l’encolure du t-shirt qu’elle portait, espérant par pur automatisme, voir une parcelle de la peau qui recouvrait ses seins, qu’il devinait parfaits, tout comme tout chez elle. Avec une minutie qui faillit le faire rire, Rainbow déposa le plateau sur ses cuisses, en manquant de renverser la soupe sur lui tant elle vacillait.
— Qu’est-ce que c’est ? fit-il sur un ton hésitant en regardant l’assiette fumante d’un liquide marron, dont il doutait de l’origine, mieux encore, du bon gout.
— Une soupe brune.
C’était censé être une soupe ça ? songea-t-il en prenant la cuillère pour la plonger dans le liquide peu avenant. Il en prit une portion, l’approcha de ses lèvres. Se tâtant toujours, il releva les yeux vers Rainbow, et elle était arrêtée là, devant lui, les mains jointes devant elle, attendant qu’il goutte pour lui faire part de ce qu’il en pensait. Il était certain qu’elle avait dû fournir un effort conséquent, alors, il allait aussi faire l’effort de la boire. Sans se hâter, il souffla sur sa soupe jusqu’à ce que le liquide devienne entièrement froid, histoire de se donner du temps, puis, ne pouvant plus y échapper, il glissa la cuillère sur sa langue et accueillit ce que Rainbow avait qualifié de soupe, mais auquel, lui il donnerait un nom bien différant.
Dès la seconde où le breuvage eut atteint son palais, Antonio se retint de déglutir, et de recracher le souffle éteint et le visage impassible afin de ne pas lui montrer à quel point il trouvait cela infect. Il était certain qu’avec ça comme repas, il ne risquait pas d’être malade bien longtemps, ou au contraire, il écoperait d’une tout autre chose. Difficilement, au bout d’une longue minute il avala, en évitant de s’attarder sur le gout affable. Voulait-elle le tuer ?
— Vous n’aimez pas ? demanda doucement Rainbow d’une voix affligé de l’avoir déçue.
Antonio reposa son regard sur elle, il vit à quel point elle paraissait chagrinée, et pour la première fois, mentir ne lui fut pas bien difficile, pas si l’émotion qui se lisait sur le visage de la jeune femme devait être effacée de toute urgence.
— Si… j’aime, c’est délicieux, mais c’est juste que je n’aime pas vraiment tout ce qui est soupe en générale. Alors, ce n’est pas contre vous, mentit-il, mais elle fut plus blessée qu’autre chose. Elle ne le croyait pas. Le regard de Rainbow se voila, alors, pour lui prouver qu’il adorait, il reprit sa cuillère, et la replongea dans sa soupe avec entrain, et la deuxième fois était pire que la première. Avait-elle seulement goutté ? Puis, sous les yeux bleu ciel de la belle blonde, il termina entièrement son assiette, à la goutte près, avant de se saisir du verre de jus d’orange pour la boire d’une traite afin d’enlever l’arrière-gout qu’il avait encore en bouche. Il soupira de soulagement, et tourna son regard vers celle qui attendait son verdict.
— C’était excellent Mademoiselle Banks !
Elle le détailla les sourcils légèrement froncés, et pour la convaincre, il lui servit son plus beau sourire, et elle rosit, le regard brillant de joie. Et ce fut seulement le fait d’être l’auteur de cette sublime lueur dans ses yeux, qui lui fit oublier le pire instant culinaire de toute sa vie.
Plus sereine, Rainbow récupéra les couverts, mais au lieu de partir, elle resta là, à fixer son torse. Puis, sans cesser de le faire, sa cuisinière du dimanche déposa le plateau sur le sol, et vint plus près. Du bout des doigts, elle effleura sa peau, et il sentit l’électricité provoquée par son toucher, irradier son corps, avant de venir se nicher plus bas. Mais elle ne sembla pas faire attention. Savait-elle au moins qu’il était nu sous son peignoir ? Qu’il n’avait pas baiser depuis un certain temps, et pire encore, qu’elle était avec son teint délicat, ses lèvres ourlet au rose profond, ses longs cils noirs, et sa belle chevelure couleur blé arrivée à maturation, une femme extrêmement désirable. Sans bien sûr oublier ce côté fragile, timide, et empli d’innocence qui ne faisait qu’exacerber le magnétisme qui émanait d’elle. Être à ses côtés, et il avait l’impression de se faire attirer par un courant. Ce n’était toujours pas bon.
Après son torse, Rainbow releva ses cheveux qui tombaient en partie sur son front pour voir le visage d’Antonio de plus près.
— Oh ooh, fit-elle alors, et tout ce qu’Antonio remarqua, fut la manière dont ses lèvres formaient un O parfait. — Je ne crois pas que vous ayez une simple grippe, Monsieur Grimaldi.
Avec un effort, il détourna ses yeux de cette bouche aux lèvres affriolantes, pour regarder ce qu’elle détaillait sur son torse. Il vit un petit bouton, il était minuscule, mais très vite, il remarqua les autres, et ces minuscules boutons étaient étranges. Il n’avait jamais souffert de problème dermatologique pourtant.
— Mais qu’est-ce que c’est que ça ? murmura Antonio sur un ton lointain en ouvrant un petit peu plus son peignoir pour parcourir de sa main, sa peau, en ressentant les petites déformations de son épiderme.
— Ce n’est pas la grippe c’est sûr, répondit Rainbow en se redressant, le visage contrit.
Elle se pinça la lèvre, en dandinant d’un pied à l’autre comme si elle avait le feu aux fesses.
— Je crois que c’est de ma faute, chuchota-t-elle d’une petite voix, sur un ton empli de culpabilité.
En se grattant distraitement le bras, Antonio remit son regard sur elle, en essayant de comprendre.
— Comment ça de votre faute ?
— Vous ne devriez pas vous gratter. C’est une mauvaise idée, éluda-t-elle à la place comme si elle savait mieux que lui ce qu’il fallait faire pour ne pas aggraver son cas.
Antonio voulut rétorquer que ce n’était pas le cas, lorsqu’il constata qu’il se grattait effectivement le bras, et qu’étrangement, cette soudaine démangeaison semblait lui recouvrir tout le corps. Était-ce la soupe ? Une allergie ?
— Qu’avez-vous mis dans votre soupe au juste ? s’irrita-t-il lorsque ses démangeaisons devinrent impérieuses.
Elle se mordit la lèvre inférieure en rougissant, avant de reculer, comme pour se protéger d’une colère future.
— En fait, ce n’est pas vraiment la soupe. Je crois que je vous ai refilé un petit virus, mais alors là, un tout petit, précisa Rainbow en montrant du pouce et de l’index, la supposée taille du virus dont elle lui avait fait don.
Les sourcils froncés, il réfléchit.
— Mais on n’a même pas couché ensemble ! déclara-t-il comme si c’était là, la seule manière d’inoculer un virus à quelqu’un.
Rainbow rougit violemment, en ouvrant la bouche, les yeux ronds.
— Je ne parle pas de ce genre de virus ! s’exclama-t-elle avec fureur, blessée. Et sachez Monsieur Grimaldi que je n’ai absolument rien à me reprocher sur ce plan ! s’indignant-elle rouge telle une pivoine, avec une voix qui s’éteignit vers la fin. Gênée de parler de sa santé sexuelle avec l’homme pour qui elle travaillait.
— Ravi pour vous. Mais, ça ne m’explique pas ce que j’ai !
— Vous vous souvenez qu’hier matin je suis venu avec un petit retard. Eh bien, en fait, comment vous expliquer ? Pour faire simple, avant de prendre la route pour ici, je m’étais aperçu que je n’avais plus de cachets, alors je me suis rendu à la pharmacie pour m’approvisionner comme toujours en pilules pour apaiser mon esprit pendant les orages, lorsque je suis tombé sur un garçonnet tout seul dans sa poucette. Il était si mignon avec ses cheveux bouclés, et ses yeux couleur noisette. Il pleurait abondamment.
Les sourcils de plus en plus froncés, au point que ses yeux formaient une petite fente qui ne laissait rien présager de bon, Antonio la fixait en essayant de comprendre en quoi toute cette histoire le concernait. Il sentait qu’il était sur le point de perdre patience, mais il se retint.
— Et donc, je l’ai pris dans mes bras pour le calmer, comprenez, je ne pouvais pas le laisser ainsi, le pauvre nourrisson semblait souffrir de cette solitude…
Il se retenait de moins en moins.
— Mademoiselle Banks, fit-il d’une voix faussement calme.
Elle déglutit, et recula d’un pas.
— La mère du petit s’est alors approchée, et m’a demandé de redéposer immédiatement son bébé, pas parce qu’elle pensait que je tentais de le kidnapper, mais tout simplement parce que… elle se tut, cherchant ses mots, mais avec le lourd regard d’Antonio, ce n’était pas chose aisée. Elle vit que la respiration de l’italien devenait de plus en plus courte, et ses belles lèvres pincées se retenaient de lui dire ce qu’il avait en tête. — En fait vous n’allez pas me croire, mais c’est une histoire assez étrange…
Elle tentait de noyer le poisson dans l’eau.
— Rainbow!
Elle hoqueta.
— Il avait la varicelle, avoua-t-elle alors d’une voix si fluette qu’Antonio faillit ne pas comprendre.
— Quel est le rapport entre ça, et le fait que… doucement il combla les blancs. Les yeux écarquillés, il se redressa hors du lit, en faisant fi des élancements dans sa tête, et de l’étourdissement qui le prit. Rainbow sursauta. — Vous avez refilé la varicelle à votre patron ?!?
La jeune femme blêmit.
Oui, était la bonne réponse, mais la sortir, et elle risquait le renvoie, après seulement quelque heure, après avoir frôlé un premier licenciement. Les yeux d’Antonio lui lançaient littéralement des éclairs. Elle fit de son mieux pour ne pas regarder son superbe torse partiellement mis à nu par le peignoir, ni à quel point ses cheveux noirs, même en désordre lui donnait belle allure, et pire encore, que même énervé, il était toujours aussi somptueux. Avait-elle jamais rencontré un homme aussi bien foutu ? Oui, si on prenait en compte les magazines et les films.
— En fait non, parce que… techniquement, vous n’êtes plus mon patron depuis hier matin, vous vous souvenez ? Je suis dans un département indépendant du vôtre, lui dit-elle en faisant un pas en arrière tandis qu’Antonio la toisait d’un regard si sombre qu’elle frémit. Là, elle venait de toucher le jackpot ! refilez la varicelle à son patron.
— Ne jouez pas à ce jeu avec moi jeune fille.
— Mais peut-être que ce n’est pas ça, peut-être que vous avez seulement une éruption cutanée due à autre chose, peut-être que d’ici demain, il n’y paraitra plus rien, et qu’on en rira ? avança doucement Rainbow en espérant désamorcer l’imminente explosion qui naissait dans les yeux noirs d’Antonio. Ce dernier, se gratta furieusement la nuque, puis l’épaule, et elle se retint de rire de l’image qu’il donnait, mais malheureusement pour elle, il vit le petit frémissement de ses lèvres.
— Sortez immédiatement d’ici avant que je ne prenne la décision de dissoudre la structure que vous n’avez même pas eu le temps de mettre sur pieds, vous renvoyant par la même occasion, gronda-t-il calmement.
— Il f…
— Sor-tez, articula-t-il lentement en la mettant au pilori rien qu’avec ses yeux.
N’en espérant pas plus, Rainbow, les jambes flageolantes, prit le plateau sur le sol, et se sauva en veillant à refermer la porte dans un silence des plus assourdissant.
Il n’y croyait pas, lui ?
— La varicelle ! s’énerva Antonio en se grattant le torse avec fureur.
C’était vraiment le pompon.
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