Avec un peu de retard, je vous remercie pour les 100 vues sur ce début d'histoire ✨

♥︎

— Nano.

———————

     Le tenancier de la résidence Jupiter's Helmet regarda son nouvel arrivant en plissant les yeux. Sa barbe était mal taillée, les vêtements qu'il portait devaient certainement appartenir à son grand-père et malgré le temps désagréable de Londres en cette fin de mois d'octobre, il ne portait pas de manteau et malgré l'absence de soleil, son visage était pourvu d'une paire de lunettes rondes et noires. Et, seigneur, il ne portait pas de chapeau, même pas une gavroche ou une casquette. À croire que cet individu sortait de la forêt la plus proche. Sans compter son teint pâle, voire blafard.

« Et vous voulez... Une chambre ? demanda-t-il en essayant de distinguer le regard du nouveau venu derrière ses lunettes.

— Tout à fait, répondit-il calmement.

— Dans quel secteur travaillez-vous ?

— L'industrie. J'arrive de Newcastle upon Tyne, mais j'ai sentit que les secteurs d'activité devenaient pauvres années après années. Je me suis donc rendu à Londres.

     Le tenancier hocha la tête, à moitié convaincu.

— Le loyer est de cent-vingt livres par mois, dit-il en se levant de son siège, je vais vous montrer votre futur logement.

     Le nouvel arrivant hocha la tête, montrant qu'il avait comprit. Il suivit le tenancier jusqu'au dernier étage du bâtiment. Lorsqu'il ouvrit la porte, Ralph découvrit avec sérénité son nouveau toit.

     Un grand lit en fer et aux draps blancs trônait au milieu de la pièce, une armoire et un bureau assortit en bois se trouvait juste en face, et le coin de toilette était situé au fond.

— Si la chambre vous convient, il y a un formulaire à remplir.

— Avec grand plaisir.

     Le tenancier sortit un stylo de la poche intérieure de sa veste et le tendit à Ralph. Ce dernier effleura un instant ses doigts, et il trembla légèrement en sentant la froideur de son corps.

     Ralph parcouru des yeux le formulaire, avant que son regard ne s'arrête sur un petit détail qui lui fit froncer les sourcils.

     Une case indiquait la nature du futur résident ; humaine, loup-garou... Ou vampire.

     Ralph releva les yeux et planta son regard dans celui du tenancier. Ce dernier remarqua trop tard l'éclat doré de ses yeux.

— Je suis un humain tout ce qu'il y a de plus normal. Seulement, je suis un humain qui n'aime pas la compagnie. Je n'aime vraiment, vraiment pas être dérangé, et le loyer sera versé tous les premiers du mois.

     Le tenancier cligna des yeux avant de reprendre ses esprits.

— Je m'assurerai que personne ne vous dérange.

     Ralph eut un sourire satisfait. Il cocha la case « humain » et redonna le formulaire remplit au tenancier.

— Merci beaucoup pour votre hospitalité. J'espère être un résident qui correspond à vos critères. »

     Le tenancier hocha lentement la tête, comme s'il venait de sortir d'un rêve brumeux, puis il ressortit de la pièce en la refermant derrière lui, non sans avoir donné à Ralph le trousseau de clés.

     Ralph regarda les vêtements qu'il portait. Ils étaient vieux et sales, et à en croire le regard perplexe des Londoniens, la mode de l'époque de son vivant était révolue. Il regarda la large somme d'argent qu'il avait trouvé dans sa maison, puis il avisa encore une fois ses vêtements.

     Non, décidément, ça n'allait vraiment pas. Il fronça les sourcils, et trois heures plus tard, il remontait les marches de Jupiter's Helmet les bras remplis de nouveaux vêtements. C'était déjà une chose de réglée.

———————

— Deux semaines plus tard —

     Eddie tapotait avec un certain soutien l'épaule d'un jeune policier qui vomissait son petit-déjeuner à l'angle de la ruelle dans laquelle ils venaient de tomber sur un cadavre d'homme, égorgé.

« Ça va aller, ça va aller... murmura-t-il en passant sa main sur son dos.

— Je suis désolé... marmonna-t-il, je ne m'attendais pas à... ça.

     Eddie soupira et tendit son mouchoir de poche au policier. Ce dernier l'attrapa et le remercia d'un vague murmure, puis il le rangea dans sa poche, ne pouvant définitivement pas le rendre à Eddie pour l'instant.

— Tu peux surveiller s'il y a des personnes suspectes et si possible éloigner la foule ?

— Pourquoi une personne serait suspecte ?

— Il y a certaines personnes qui reviennent sur leur scène de crime, pour voir comment ça se déroule. Comment est la scène. »

     Le jeune policier hocha lentement la tête et suivit les ordres d'Eddie. Enfin, de l'inspecteur Chapman, qui avait prit la succession de Bryce Lynch. L'inspecteur le regarda se tourner vers la foule puis il reporta son attention vers la ruelle. Cette fois-ci, ce n'était pas deux mais un seul et unique corps retrouvé sans vie.

     C'était un homme bien plus âgé que lui, entièrement vidé de son sang et affichant un teint blafard. Ses yeux vides fixaient un point invisible et sa bouche était entrouverte, laissant grouiller des vers qui s'agitaient dans tous les sens et des mouches qui se baladaient sur son visage.

     Eddie ne put s'empêcher de pincer ses lèvres devant cette scène. Il sortit un stylo de sa poche et l'utilisa comme lever pour lentement faire tourner la tête de la victime. Il présentait une grande plaie béante au niveau du cou. Un partie avait été violemment arrachée, et la peau pendait sur un côté. De toute évidence, c'était cette plaie qui était à l'origine de sa mort. En plissant les yeux, il trouva que la peau arrachée avait une forme particulière, comme celle d'une mâchoire se refermant sur de la chaire.

     Automatiquement, le mot « vampire » dansa devant ses yeux, mais un tel acharnement était plus significatif des loup-garous. Cependant, les loup-garous de Londres étaient devenus bien pacifistes depuis bien avant son plus jeune âge.

     Eddie soupira et il prit le chemin du poste, laissant le soin aux autres personnes des forces de l'ordre de ramener le cadavre de l'homme aux médecins légistes.

     Ensuite, il retourna à son bureau et s'affala sur sa chaise, avant de repasser en vue tous les dossiers des vampires et des loup-garous résidents à Londres.

« Inspecteur Chapman ?

     Eddie releva la tête en voyant un doigt donner deux coups sur son bureau. Il eut un faible sourire lorsqu'il reconnu le visage du jeune policier qu'il avait vu ce matin. Ce dernier semblait nerveux.

— Oui ? demanda-t-il.

— Je n'ai vu personne de suspect, dehors, ce matin.

     Ce matin ? Eddie fronça les sourcils en regarda par la fenêtre. La nuit était tombée depuis longtemps, et il ne s'en était même pas rendu compte.

— Ce n'est pas grave, répondit Eddie en baillant.

— Oh, euh, j'avais ça pour vous, aussi, dit-il en lui tendant sa main.

     Eddie regarda avec un petit sourire le mouchoir de poche qu'il lui avait donné le matin-même. À l'odeur, il devina sans peine qu'il l'avait lavé.

— Merci, officier ! Vous ne devriez avoir finit votre journée depuis longtemps ?

— Euh, si, mais j'ai aidé.

— Ça ne sert pas à grand chose d'aider, votre salaire n'augmentera pas en fonction de votre gentillesse.

— C'est que... À vrai dire, c'est ma première semaine ici, alors il faut que je prenne mes marques.

     Eddie releva sa tête et fronça légèrement les sourcils.

— Euh... Et... Ey votre enquête, alors ?

— Vue la plaie, c'est probablement un surnaturel qui a fait ça, répondit Eddie sans vraiment réfléchir.

— Est-ce que vous êtes allé interroger des personnes, déjà ?

— Les loup-garous restent plutôt discret, je m'en chargerai plus tard. Et les vampires... Sont des vampires, donc ils se terrent le jour.

— Je... Je connais un bar où il y a des vampires. Enfin, un bar à vampires, mais nous pouvons y entrer. Mais, ce n'est d'illégal, rassurez-vous ! ajouta-t-il précipitamment.

     Eddie paru intéressé.

— Où est ce bar ? demanda-t-il.

— Il faut juste longer la Tamise, puis aller à gauche, et ensuite à droite.

     Eddie se releva d'un coup, attrapant son manteau au passage. Il ouvrit la bouche, regarda le jeune policier de haut en bas puis referma sa bouche.

— Tu devrais... Enlever ton uniforme. Je doute fortement que des vampires se sentent rassurés s'ils voient un policier en uniforme rentrer dans leur bar.

     Le jeune homme paru s'affoler et il bredouilla des excuses et tourna les talons.

— J'attend dehors ! signala Eddie en prenant la direction de la sortie. »