14 - Métisse
« Comment ça, vous avez vu ce qu'il s'est passé ? Pourquoi vous avez attendu aussi longtemps pour venir me voir ?! s'indigna presque Edward devant l'air penaud de l'inconnu.
— Je suis terriblement désolé, je voulais venir vous voir plus tôt mais j'ai eu des contretemps ! se précipita l'homme.
— Et pourquoi est-ce que vous nous espionniez ? demanda Ralph.
— Euh... À vrai dire je me voyais mal entrer sur une scène de crime pour vous dire que j'en avais été témoin. Je comptais juste attendre dehors que vous ressortiez, mais vous m'avez repéré avant.
Edward fronça les sourcils. Même s'il était imposant, Aldaric n'avait pas vraiment l'air dangereux, contrairement à Ralph lorsqu'il avait découvert pour la première fois sa véritable nature. Il était certain qu'Aldaric n'était pas humain, mais il n'avait pas l'air d'être un danger pour lui. Mieux que ça, c'était un témoin dans son enquête. Et ça, ça ne se négligeait pas.
— Bon. Qu'est-ce que vous avez vu exactement ? demanda Edward, et comment est-ce que vous en êtes venu à assister à un triple homicide à une heure aussi tardive de la nuit ?
— Ce n'était qu'une seule personne qui est rentrée chez les Lynch cette nuit-là. Et... C'était une femme. Et également un vampire. Enfin, je pense que vous avez déjà deviné ce dernier point.
— D'accord, répondit Edward, et d'accord. Et oui, en effet. Maintenant, qu'est-ce que vous faite ici, et pourquoi ?
— Je viens d'Alexandrie et je suis arrivé cette nuit-là. Je voulais juste me trouver une chambre d'hôtel, mais les londoniens semblent peu propice à louer des chambres à des gens... comme moi.
— Comme vous ? demanda Edward.
— Comme moi.
— C'est-à-dire ?
— Étrangers, Edward, répondit Ralph à sa place.
Un silence s'installa entre eux trois.
— Mais vous êtes où depuis cette nuit ?
— Euh...
Aldaric se tourna vers Ralph et le dévisagea.
— J'étais chez le reste de ma meute. Enfin, de ce qu'il reste de ma meute.
— Eh bien ça a au moins le mérite d'expliquer la couleur de vos yeux, j'imagine. Vous êtes un loup-garou ? demanda l'inspecteur.
— Pas exactement. Est-ce que cela vous dérangerez de parler de tout ça sans qu'on nous observe ? demanda Aldaric.
Ralph et Edward daignèrent enfin relever leurs yeux pour se rendre compte que plusieurs passants les observaient de manière insistante. Il était vrai qu'une personne avec le physique d'Aldaric était peu commun en plein Londres, et attirer les regards sur eux n'étaient pas vraiment utile en ce moment.
— Très bien, dit précipitamment Edward, allons chez vous.
Ralph fronça les sourcils.
— Pardon ? demanda-t-il, presque outré.
Edward roula ses yeux au ciel et attrapa le bras de Ralph pour se rapprocher de son oreille.
— Je ne me vois pas retourner au poste avec cet homme, murmura-t-il, je connais trop bien mes collègues, ils trouveront n'importe quelle excuse pour faire de lui le coupable parfait et je ne veux que personne n'interfère dans mon enquête !
Ralph le regarda avec un semi-sourire sur les lèvres. Il se pencha à son tour à l'oreille de l'inspecteur.
— Edward, vous savez qu'il est inutile de murmurer en présence d'un Surnaturel ? Même à l'autre bout de la ville il aurait entendu le battement de votre cœur, vous savez ?
Il était tellement proche de l'oreille d'Edward que ses lèvres avaient frôlées sa peau. Il sursauta à ce contact et fit un pas en arrière, rouge d'embarras.
— Euh, en effet, je vous ai entendu, déclara Aldaric derrière eux.
Ils se tournèrent vers Aldaric avant de se regarder de nouveau.
— Si ça ne vous dérange pas, j'aimerai éviter la case « poste de police », demanda-t-il.
Ce fut au tour de Ralph de lever les yeux au ciel.
— Entendu, râla le vampire, allons chez moi, mais passons par la fenêtre, j'en ai plus qu'assez que mon propriétaire me jette des regards lourds de sens chaque fois que je passe devant lui.
— ... Comment ça par la fenêtre ? demanda Edward d'un ton inquiet. »
———————
Edward posa enfin ses pieds sur le sol de la chambre de Ralph et porta immédiatement une main à son cœur, qui battait la chamade.
Il s'était pincé les lèvres durant tout le long du trajet et il avait fermé ses yeux tellement fort qu'il en avait eu mal. Il sentit Ralph se glisser discrètement derrière lui, et ricaner un peu. Edward fronça les sourcils et se retourna pour lui lancer un regard noir.
Cette expression changea du tout au tout lorsque ses yeux se posèrent sur le corps d'Aldaric, tellement massif pour la petite fenêtre qu'il en avait du mal à passer à travers.
« Je, euh, je... Je crois que je suis coincé !
Le vampire leva les yeux au ciel avant d'agripper ses mains sur les épaules d'Aldaric, pour le bouger un peu afin qu'il puisse passer la fenêtre.
— Eh bien voilà, ce n'était pas si compliqué, marmonna Ralph en le regardant se relever.
Aldaric ôta la gavroche qu'il portait sur la tête, libérant dans un soupir les mèches de cheveux blancs coincées sous son couvre-chef, puis il s'attela à retirer son manteau, sa veste, ainsi que son veston, avant de déboutonner les deux premiers boutons de sa chemise. Ni Edward ni Ralph ne le quittèrent des yeux.
Se sentant soudainement observé, Aldaric leva ses yeux jaunes et étonnés vers eux.
— Euh... Désolé, ces vêtements sont vraiment encombrants. Je ne suis pas très familier avec les vêtements londoniens.
Edward l'avait bien comprit. Ralph aussi, s'il en jugeait le regard qu'il portait à Aldaric de haut en bas.
— Bon, ce n'est pas grave. Expliquez-nous ce que vous faites ici, demanda Edward après quelques secondes de silence, et votre nature, également.
— Je suis marchand d'opium, répondit Aldaric.
Edward fronça les sourcils. Ralph se contenta d'hausser les siens.
— Et, en effet, je ne suis pas un loup-garou, c'est un peu plus complexe que ça. Ma mère est bien une louve-garou, mais mon père est un coyote-garou. Disons que je suis un métisse Surnaturel.
Aldaric marqua un temps.
— Et aussi que j'ai plus prit du côté de mon père.
— C'est étrange de ne pas rester avec votre meute, non ? demanda Edward.
— Euh... Si ça ne vous dérange pas, je ne souhaite pas en parler maintenant. Nous ne sommes pas si proches que cela, et ma présence ici n'a rien à voir avec la meute de ma mère. Je suis en déplacement pour mon père.
Edward soupira.
— Donc vous êtes un marchand d'opium Surnaturel, métisse, qui a assisté à un triple homicide. Et... si vous avez vu la personne entrer chez les Lynch, pourquoi ne pas être intervenu ?
— En général, lorsque les vampires veulent rentrer chez quelqu'un, ils doivent demander l'autorisation. Cela impliquait que Lynch connaissait la personne, alors, je ne suis pas intervenu.
L'inspecteur fronça les sourcils. Lynch n'était pas connu pour fréquenter des vampires. Ni des loup-garous.
— Donc je me suis rendu au poste de police le plus proche, mais personne ne m'a cru. Pire, je crois qu'ils m'ont soupçonné. Du coup je suis retourné temporairement voir ma meute et je suis revenu à Londres jusqu'à tomber sur vous et vous suivre.
— Mais pourquoi... Mais pourquoi Bryce ferait entrer des vampires chez lui ? Ce n'est pas logique.
Ralph lui adressa un regard lourd de sens auquel Edward ne prêta pas attention.
— Il y a peut-être des choses dont vous ignorez l'existence. Peut-être que ce Lynch cachait des choses ? proposa Aldaric.
— Ne parlez pas comme si vous saviez tout.
— Edward, il a peut-être raison. Nous sommes peut-être passé à côté de quelque chose, intervint Ralph.
L'inspecteur le regarda en fronçant les sourcils, l'air visiblement agacé. Il ouvrit plusieurs fois la bouche sans qu'aucun son n'en sorte, puis il secoua sa tête.
— Lynch me racontait tout. C'était mon mentor et il était comme un père pour moi. Je vous interdis de parler de lui de cette façon.
Il soupira.
— Je retourne au poste.
Ralph fit un pas avant qu'Edward ne dresse son index devant lui.
— Seul.
— Edward... soupira Ralph.
— Vous n'avez qu'à réfléchir aux potentiels vampires de Londres qui auraient pu s'en prendre à Bryce. Je passe par la porte. »
Ralph s'empêcha de le retenir et Edward parti en claquant la porte, le laissant seul avec Aldaric.
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