𝒫𝓇𝑜𝓁𝑜𝑔𝓊𝑒
❘ 1742 - 33° N, 15° W ❘
Perdu au milieu de l'océan, un navire luttait contre la tempête qui sévissait. Les vagues, hautes de plusieurs mètres, fortes comme un banc de baleine et tranchant comme une épée, frappaient le vaisseau. Le cœur de la Terre s'était réveillé. Les hommes, l'esprit agité, n'étaient plus que l'ombre d'eux-mêmes, répondant machinalement aux ordres du Second. Et, alors qu'une vague venait de passer, deux autres s'élevèrent pour frapper les hommes et les mettre à terre, tandis qu'ils tentaient de retenir la grande voile. Ils lâchèrent la drisse et la voile s'envola dans les airs.
En se relevant un homme, portant un costume qui désignait parfaitement son rang au sein de l'équipage, regarda autour de lui. Il cherchait quelqu'un au milieu de ce chaos.
- Capitaine ! Cria-t-il alors lorsqu'il aperçut la silhouette tenir fermement le gouvernail.
A peine eut-il fait un pas que le bateau tangua si fort que plusieurs marins glissèrent et finirent dans l'eau. Leur cris apeurés résonnèrent, malgré le tonnerre. L'homme au tricorne parvint de justesse à en retenir un par-dessus bord.
- Accroches toi, mon gars, parvint-il à dire en serrant des dents.
Le môme qu'il tenait par le bras ne devait pas avoir plus de seize ans. La terreur se lisait dans ses yeux alors que les reflets des éclairs s'y projetaient. Il fit soudain un signe de tête comme s'il remerciait son capitaine, et une nouvelle vague, haute de trois mètres vint l'emporter, et projeta le capitaine contre la porte de sa cabine.
- Harris ! Nous devons faire demi-tour ! Insista son fidèle Second, Benjamin Prinst.
- Non ! Nous y sommes presque !
Harris se précipita sur le bord du bastingage. Il posa ses deux mains blessées sur le rebord en bois et regarda fixement l'horizon, espérant, ce qui était devenue, une folie. Harris Gilbert et son ami de toujours, Benjamin était partis en quête d'un objet longtemps perdu et oublié. Ils voulaient tenter l'impossible car tous les récits contant ce qu'ils convoitaient, disaient que c'était impossible. Seulement, seules la mort et le deuil attendaient celui qui osaient s'y aventurer.
Mais alors qu'Harris rêvait encore, Benjamin qui voyait ses hommes se faire emporter un à un, prit le gouvernail pour virer de bord.
- Non !
- Penses à ta fille.
- C'est pour elle que je fais ça !
Un terrible fracas tonna au-dessus d'eux. Le grand mât venait de se briser en deux. Tout était désormais fini. Aucun retour en arrière n'était possible par un temps pareil et avec qu'une seule voile en fonction.
- Nous avons déchaîné la colère des océans, souffla Benjamin.
Sa phrase s'évapora dans les airs. Une nouvelle secousse fit tomber les deux hommes qui se regardaient désormais dans les yeux. Il n'y eut plus aucune phrase, ni reproches, ni regrets. Rien qu'un dernier regard. Harris eut juste le temps de voir, ce qu'il lui paru être deux voiles noirs flotter dans la brume, avant de disparaître aussi vite qu'elles étaient apparus. Les eaux semblèrent alors s'ouvrir en deux et engloutirent, telle une bête affamée, le navire dans les profondeurs.
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