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Les mains crispées sur le gouvernail, Nérina fixait l'horizon. À sa droite, les nuages grondants se faisaient entendre de plus en plus fort. Thomas avait eu raison, ils allaient beaucoup trop vite pour espérer échapper à ce qui s'avérait être une tempête. La rousse avait attaché ses cheveux en une tresse maladroite et était maintenant prise de doutes et d'anxiété. Ses faibles occasions d'avoir naviguer avec son père ne l'avaient pas préparé à affronter une tempête. Encore moins avec seulement trois marins. Et pourtant, elle savait que c'était une possibilité que de faire face aux foudres de la mer. Mais pas aussi vite. La chance n'était pas de leur côté.
Lowen, qui lui n'avait pas quitté des yeux l'orage grondant, n'avait cessé des froncer des sourcils après avoir regardé dans sa longue-vue. Le brun serra des dents et sa mâchoire se contracta. Cela n'allait pas être joli à voir, quand bien même les peintres adoreraient représenter une telle scène sur leur chevalet. Pour eux, la nature était sublime, mais pour un marin, la tempête était le pire des fléaux.
Bien vite, le courant emmena le navire en plein milieu de la tempête, et ce malgré les manœuvres de Nérina et de l'orientation des voiles des deux garçons. La pluie les trempait jusqu'aux os, rendant leur geste encore plus incertain. Le navire tanguait beaucoup trop pour mettre une quelconque réflexion. Thomas passait son temps à essayer d'empêcher les tonneaux et autres sac de provisions de passer par-dessus-bord.
- Il faut le mettre à la cape ! Cria Nérina pour se faire entendre par-dessus le tonnerre, la pluie et le bruit fracassant des vagues.
- Quoi ? Cria à son tour Thomas, dont le jargon naval lui était inconnu.
Le jeune hériter vit Lowen se ruer vers les voiles pour les abaisser.
- Thomas, tenez la barre ! Vous êtes le plus fort.
Thomas prit le gouvernail, les mains tremblantes.
- Gardez le navire face au vent, ça nous permettra d'étaler les vagues !
Nérina avait conscience que cette manœuvre extrême, dans une situation comme celle-ci n'avait pas grande chance de réussir, mais ce fut la seule idée qui lui venu pour leur permettre de gagner du temps. Dans une tempête moyenne, cela lui aurait permis d'opposer au vent, une force plus ou moins égale, et de maintenir ainsi le navire, mais cette tempête était beaucoup plus forte.
La jeune femme courut vers la grande voile, il fallait affaler les voiles pour perdre de la vitesse. Sur son chemin, une caisse glissa vers elle. Nérina l'évita de justesse et la vit terminer sa course dans l'eau. Il fallait se rendre à l'évidence, ils allaient perdre leur réserve. Seulement, cela n'avait plus d'importance, ce qui comptait c'était qu'ils survivent.
Thomas tentait de garder le cap. Ses muscles étaient tendus mais il gardait son calme afin de ne pas épuiser toute ses forces. À l'intérieur, il était paniqué, la tempête autour de lui ne lui assurait qu'une chose, être frappé à tout moment. Que cela soit par une vague, une poutre, ou un éclair. Et alors qu'il frappa à nouveau une vague en plein cœur, soulevant le haut du navire, il se retint du mieux qu'il put avant de s'affaler contre le gouvernail lorsque le haut du bateau retoucha l'eau.
Paniqué, il décida alors d'employer son dernier espoir. Il sortit une bouteille de sa poche intérieure, dans lequel il avait glissé un papier. Cela semblait illusoire, mais tous les marins avaient leurs petites espérances, et même s'il y avait très peu de chance pour qu'elle arrive à celui à qui la lettre était destiné, il la jeta à l'eau.
- Je crois voir quelque cho... ! S'apprêta à crier Lowen, perché en haut du mât arrière.
Lowen n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'une vague claqua contre le bateau, le faisant fortement basculer sur le côté. Le brun se tenu fermement au mât mais ce ne fut pas le cas pour Nérina. La violence du choc projeta la jeune fille, dans un cri apeuré. Elle se rattrapa de justesse à une corde mais elle n'arriva pas à remonter. Le bateau tanguait beaucoup trop et le vent mêlé à la pluie rendait la corde glissante.
- Nérina, accroches toi ! Lui cria Lowen.
Son cousin était coincé, s'il bougeait, il risquait lui aussi de passer par-dessus-bord. Nérina tentait par tous les moyens de s'accrocher au marchepied mais elle glissa et ses mains se brûlèrent à la corde. Elle serra des dents, tentant de faire abstraction à la douleur mais ses forces commençaient à lâcher. Soudain, une main lui saisit le bras et elle vit, avec consternation, Thomas la ramener vers lui.
- Thomas ! La barre !
Lowen, qui était parvenu à descendre, grâce à une accalmie miraculeuse, voulu aller la redresser, mais un nouveau coup de vent l'en empêcha. Le bateau basculait dangereusement sur le côté.
- Il faut abandonner le navire ! Cria Thomas.
- Quoi ? Non, pas question ! Refusa Nérina.
- Nérina , c'est notre seule chance de survire !
Thomas la prit par le bras et la force à descendre. Les trois marins se retrouvaient sur le pont, au milieu d'un spectacle dévastateur.
- J'ai vu une île à un mille, on peut y arriver ! Les informa Lowen en détachant la barque.
Thomas se dépêcha de l'aider mais Nérina ne bougea pas. La jeune femme regarda tout autour d'elle. Elle cherchait ses cartes. Le souvenir de les avoir mis dans la cabine lui revint soudainement. Elle se rua alors à l'intérieur, saisit la boite métallique puis sortit à nouveau. L'eau ruisselante sur le pont la fit glisser. Lowen l'aida alors à se relever et à embarquer dans le petit bateau.
Les deux garçons parvinrent à le mettre en mer. Nérina regarda avant déception et tristesse le navire s'éloigner. Mais bientôt, ce fut de l'effroi qui remplaça cette tristesse. La jeune fille vit une vague faire renverser le navire, l'emmenant avec lui dans les profondeurs de l'océan.
La barque tanguait, elle aussi énormément, et, malgré les efforts surhumains employés par les deux garçons pour avancer de manière droite vers l'île, cette dernière n'obéissait qu'aux lois de l'océan. Et, dans un dernier effort, Lowen la poussa de toute ses forces avant de se retourner, pour voir une vague, haute de deux mètres, les frapper et les emporter avec elle dans la noirceur des fonds.
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「 Ouh que j'ai aimé écrire ce chapitre!
Je suis également ravie d'avoir écris des chapitres en réserve, car en ce moment, je suis débordée. Si bien que j'oublie de publier ^^ Comme aujourd'hui, j'ai failli!
J'espère que cela vous plait toujours !
J'encourage les lecteurs fantômes à mettre une petite étoile ou un petit commentaire, ça fait toujours plaisir :)
A mercredi!」
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