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Le soleil se levait à peine sur le village de Northfields, et pourtant, la plupart de ses habitants étaient déjà au travail. Il fallait dire qu'avec cette nouvelle commande de navires, la famille Lear ne voulait pas décevoir son propriétaire et donc encourageait ses travailleurs à tenir les délais.
Armant et Donna Lear étaient issus d'une riche famille d'entrepreneur et de commerçant maritime. Ils avaient cela dans le sang et comptaient bien étendre plus loin que ce petit village, leur entreprise. Armant avait, tout particulièrement l'intention de transmettre cette dernière comme héritage à son fils unique, Thomas. Seulement, le jeune homme d'une vingtaine d'années à peine semblait vouloir profiter davantage de la vie que de la passer derrière un bureau. Une chose que son père tolérerait, s'il ne la passait pas derrière les bars.
Et alors que la ville se réveillait doucement, des cliquetis métalliques résonnaient dans une rue. La porte de la taverne s'ouvrit et Thomas en sortit, se battant à l'épée avec Geoffrey Tamson. Ce combat était tout ce qu'il y avait de plus amicale, Geoffrey étant son camarade d'université et l'un de ses plus proches amis. Seulement, les deux hommes semblaient bien décidés à ne pas laisser la victoire facile à son adversaire. Quelques autres jeunes hommes sortirent, suivis de quelques jeunes filles dans tous leur état.
- Allez Thomas, vous savez que vous allez perdre, renoncez maintenant avant de vous humilier, le taquina Geoffrey, un grand et beau garçon aux cheveux blonds.
- Cher Geoffrey, vous avez certes une tête de plus que moi, mais vous en avez moins dans le caleçon ! Lança Thomas en pointant son épée vers l'entre-jambe de son ami, qui l'évita.
Thomas était une fine lame. Il se battait à l'épée et à l'arc depuis qu'il était petit. Et même avec un certain taux d'alcool dans le sang, il restait le meilleur, parant toutes les attaques que tentaient son ami. Ils étaient en train d'offrir un véritable spectacle lorsque les cloches de l'église sonnèrent neuf fois. Thomas s'arrêta soudainement, se rappelant de quelque chose. Geoffrey ne manqua pas l'occasion de la distraction du brun et saisit le foulard qu'il avait entouré autour du bras, signalant sa victoire. Le brun grimaça, mais ce n'était pas pour sa défaite.
- Je suis en retard.
- En effet, émit une voix derrière lui.
Le brun se figea en entendant la voix de son père derrière lui. Le mince public amassé autour de lui partit, chacun de leur côté, tandis que Geoffrey retira son chapeau pour saluer l'homme à la carrure imposante et au regard intimidant.
- Bonjour père ! Vous êtes bien matinal !
- Il est neuf heures.
- Certes mais...
- Tu es en retard. Arabella doit surement t'attendre à l'heure qu'il est.
- Bien entendu mais, est-ce-que je peux...
- Ne la faisons pas attendre, viens.
Et alors que le père Lear s'éloignait déjà, Thomas fini ses mots dans une frustration bien visible.
- ...finir une phrase ?
Le brun leva les yeux au ciel, salua son ami puis se dépêcha de rejoindre son père. Mieux valait ne pas le faire attendre davantage.
Au même moment, dans la maison des Gilbert, Nérina et Lowen déjeunaient en silence. Ils avaient tous deux passé une nuit assez agitée. La jeune rousse, qui avait relevé ses cheveux, tournait sa cuillère dans son fromage blanc tandis que le brun avait les sourcils froncés, lisant faussement le journal du jour. Mary ne s'était pas levée ce matin. Elle préférait rester dans son lit, comme souvent ces derniers temps.
- Nérina...Tu veux tuer ta mère, finit par lâcher Lowen, ne supportant plus les regards de sa cousine.
- Lowen !
- Ce que tu veux faire est de la folie. Cela a déjà tué ton père. Je n'aurai jamais dû t'en parler lorsque je l'ai découvert.
Nérina soupira. La jeune femme se leva pour se placer à côté de son cousin. Son air grave lui donnait cette maturité dont il faisait preuve déjà à son âge. Mais elle ne se déstabilisa pas.
- Lowen, le Sablier de Chronos est notre solution. Mon père était proche d'y arriver. J'ai relu toutes ses recherches et je crois pouvoir nous y amener !
En effet, alors que Lowen se tourmentait dans son lits en se tournant, et se retournant, Nérina n'avait presque pas dormi de la nuit tant elle avait cherché et épluché les travaux de son père, conservé dans le grenier. Elle en avait encore mal aux yeux, à cause de la faible lumière que sa chandelle lui avait fournie, mais elle en était désormais certaine, le sablier les aiderait.
- Selon la légende et les différents récits, le Sablier de Chronos permet de procurer, à celui qui le possède, le contrôle du temps. Dans tous les sens du terme, tant météorologique que chronologique. Il donne le pouvoir. Si nous parvenons à le récupérer, je suis convaincue que quelqu'un voudra nous l'acheter et nous n'aurions plus de soucis d'argent.
- Autant aller chercher de l'or dans la rivière, suggéra ironiquement Lowen. Ou maries-toi à un riche marchand !
Nérina leva les yeux au ciel.
- Je sais que mon plan n'est pas parfait mais...je ne sais pas pourquoi, je sens que je dois y aller. Pour mon père...
- Nérina, elle a déjà perdu ton père, si elle te perd toi...
- Je sais...
Les deux cousins se regardèrent dans les yeux. L'air grave de Lowen se détendit pour laisser place à l'affection et la compréhension. Le jeune brun voyait bien dans les yeux de sa cousine que cela en était presque vital pour elle. Et, même si son plan relevait plus du suicide inutile, il n'allait pas l'abandonner. Il ne l'avait jamais fait. Ils s'étaient toujours soutenu, dans les bons comme dans les mauvais moments. Et malheureusement pour eux, ce fut plus des situations relevant du deuxième cas qui les touchèrent enfants, comme jeunes adultes.
- Il va falloir qu'on trouve un bateau.
Le sourire de Nérina s'élargit face aux mots de Lowen. Elle acquiesça vivement. Cela allait être leur prochain problème : savoir comment quitter la baie.
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「Vous sentez le début de l'aventure pointer le bout de son nez?
A Samedi pour la suite! :)」
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