Chapitre 2
Dès que je posa un pied dans la cour de l'école, tout les visages se tournèrent vers moi. Il est vrai que je ressortait étrangement parmi ces enfants riches - et secs.
Mon père, malgré sa pauvreté, avait insisté pour m'inscrire à une école célèbre. Un école chère, et il n'y avait dans les écoles privées et chère que les élèves riches. Mon père a l'air de croire que si j'étudie dans une école pour riches, je reviendrai riche à mon tour.
Il a parfois des idées un peu étranges.
Je m'empresse de rejoindre Thiago à notre coin habituel, près du seul arbre de la cour.
Il me regarde de la tête aux pieds et soupire.
- Qu'est-ce que tu as encore prévu ?, demande il, devinant que j'avais un plan.
Thiago et moi étions assez... célèbres pour nos bêtises dans notre école. Enfin, ce n'est pas vraiment des farces, plutôt des moments où on se donnait en spectacle. Le plus souvent, nous n'étions même pas punis.
Et celle que j'avais prévue pour aujourd'hui était, je doit l'avouer, assez lourde. J'espérais qu'elle serait aussi très drôle, suffisamment pour ne pas être sanctionnée.
Je sourit malicieusement.
- Si mon plan fonctionne, tu en entendra parler avant la fin de la journée.
Thiago et moi n'étions pas dans la même classe cette année, mon père a vu cela sur l'affiche à l'entrée de l'école.
Je me rendis compte en regardant sa tête qu'il n'était pas au courant.
- On est pas dans la même classe !?, demanda il avec un air outragé, connaissant déjà la réponse.
- Heureusement pour moi, non.
Il fronça les sourcils et passa sa jambe droite derrière la mienne pour me faire une prise de judo approximative. Alors que je tombe, je donne un coup pied dans son mollets et lui aussi s'écroule par terre, sur le goudron plat de la cour de récréation.
Nous éclatons de rire ensemble, en nous donnant des grandes tapes dans le dos tandis que certaines têtes se tournent vers nous, ou plutôt vers moi, avec une mine dégoûtée.
Peu d'élèves - ou de professeurs - m'apprécie ici. C'est peut être à cause de mes notes catastrophiques, ou de mes "blagues" journalières.
Mais en vérité, il est plus probable que cela vienne de ma pauvreté. Ou de ma couleur de peau - "noire" parmi tous ces "blancs". Et le fait que je sois ami avec le garçon le plus populaire de l'école - qui, au passage, s'en fiche complètement - ne va pas améliorer mon cas, au contraire.
Lorsque la sonnerie retentit, nous nous avançons devant l'estrade montée spécialement pour aujourd'hui.
J'avais l'impression d'être un mouton.
La directrice, un femme entre deux âges, s'avança vers nous et sourit.
- Boujour à tous et à toutes, je suis heureuse de vous voir si nombreux encore cette année. Pour ceux qui ne me connaissent pas, je me nomme Elisabeth de la Cruz, lise pour les intimes. Vous m'appellerez Madame de la Cruz.
Je plaqua sur mon visage un rictus insolent tandis que Thiago ricanait doucement. D'autres élèves nous imitèrent. C'était ce que j'adorais chez Madame de la Cruz: elle trouvais toujours un moyen pour remettre les gens à leur place, et en général ça faisait mal.
La directrice continua sans nous jeter un seul regard.
- Je suis votre directrice cette année. Je vous le dit tout de suite; aucun dérapage ne sera toléré. Le règlement intérieur vous sera distribué par votre professeur. Mais vous pouvez me faire confiance et à vos professeurs aussi. Si vous avez le moindre problème, que ce soit à l'école ou chez vous, n'hésitez pas à nous en parler. Nous sommes tenus au secret professionnel. Je vous rappelle juste que vous êtes ici pour travailler et créer votre avenir, alors essayez de ne pas être trop dissipés.
Sur ce, nous allons procéder à l'appel des classes. Dès que l'on vous appelle, veuillez vous ranger devant votre classe. C'est tout pour aujourd'hui.
Nous rentrâmes en classe et débutèrent par une demi heure de mathématiques. Notre professeur était nouvelle dans l'école, ce qui m'arrangeait pour le plan que j'avais prévu. Si la maîtresse ne savait pas encore qui j'étais, elle allait le découvrir bientôt.
Quelques secondes après le début de la leçon sur les angles droits, je m'endormis sur mes cahiers neufs. Ça sentait bon.
Je n'ouvris les yeux que lorsque sonna la récréation du matin.
Dès que la première note se fait entendre, je me lève d'un coup et je cours vers la porte.
Mes pieds ne touchent plus le sol, je vole.
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