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Le Maître du Château - partie 5


Une fois seuls dans leur chambre, Yena interroge son maître sur ce qu'il s'est réellement passé. Il accentue l'idée que c'était sans doute un accident, son écuyère est assez méfiante comme ça. Puis il lui demande son rapport :

« Il y a quelque chose de pas net ici, déclare la fillette.

– Exact. Détaille-moi ça.

– Ils avaient tous l'air sérieux avant le duel, même le prêtre. Et même le président, je suis sûre qu'il joue la comédie. Il leur a lancé un coup d'œil qui avait l'air très différent d'un gentil bonhomme. C'est un menteur.

– Bien. Quoi d'autre ?

– Ils ne savent même pas le nom de leur propre autonomat. Un coup c'est Mouteblanc, un coup c'est Blanc-Mouton.

– Oui.

– Et pas une seule bannière. Ce n'est pas normal.

– Oui.

– Et les salles sont gigantesques. Un géant pourrait vivre ici.

– Un château de géant, pour protéger une populace qui vit très heureuse et nous accueille à bras ouverts.

– Oui, ça non plus ce n'est pas normal. Les gens sont très gentils ici. Si vraiment ils n'ont pas de problème, pourquoi ils sont aussi gentils avec nous ?

– Ils t'ont bien traitée ?

– Oui ! La cuisinière m'a même offert un gâteau rien qu'à moi ! La dernière fois que j'ai mis les pieds dans la cuisine d'un château, on m'a fichue dehors parce que j'avais des puces. Et ils laissaient les chiens entrer.

– Tu as peur ?

– Oui. Je n'aime pas ça.

Messire Godoire soupire. L'instinct de Yena est aussi développé que son intelligence, et elle sait s'y fier. Mais ce n'est encore qu'une enfant et elle manque d'expérience pour voir certaines choses.

– Yena, les gens de ce château ne sont sûrement pas ceux qui nous ont appelé à l'aide. Il va falloir que nous nous renseignions discrètement à l'extérieur, parmi la populace.

– Bien. Je peux m'en charger.

– Sans vouloir te vexer, gamine, tu as le tact d'une avalanche. Je vais enquêter, toi pendant ce temps contente-toi de ne pas traîner dans mes jambes.

– Nous allons quitter le château ?

– C'est inutile. Mieux vaut ne vexer personne pour le moment. Demain, je trouverais bien un stratagème pour aller explorer les environs et rencontrer quelques gens du cru.

– Le grand veneur va sans doute vous suivre.

– Pas si je lui demande une chasse, et que je le perds en route. Ton maître a plus d'un

tour dans son sac, fillette.

– Bien messire. Surtout méfiez-vous d'Aïnelle Esoin.

Ces paroles énervent Godoire, qui déteste se faire rabrouer sur son point faible par sa propre écuyère.

– Yena, je suis encore capable de me contrôler, et j'aimerai que tu cesses d'être jalouse dès que je regarde une femme.

– Je sais que vous ne l'avez pas regardé. Mais elle vous a regardé, elle. Et je n'aime pas ça. Elle va tenter quelque chose pour que vous lui courriez après un peu plus vite que ça, et vu comme elle est belle, ce sera dur de dire non.

Ainsi, malgré sa chute ridicule, la magnifique Aïnelle l'aurait regardé... Cette idée se fait une petite place au chaud, tout près de son cœur. Ce n'est pas de l'amour, mais de l'amour-propre.

– Comment la trouves-tu ?

– J'aimerai être comme elle quand je serais plus grande.

Interloqué, le chevalier reste un instant silencieux. Il est si habitué à considérer Yena comme un garçon qu'il oublie régulièrement qu'un jour, elle sera une femme. Une femme chevalier... Ridicule, bien sûr, et absolument impossible.

Mais Godoire a fréquenté suffisamment de femmes, nobles ou non, pour savoir qu'on peut trouver chez elles force, bravoure, honneur et surtout courage. Oui, il est possible qu'un jour Yena devienne chevalier. Mais ça ne l'empêchera pas, un beau matin, de vouloir voir son visage dans un miroir et de se demander : « Est-ce que je suis jolie ? Est-ce qu'un homme pourra m'aimer ? ». Venant de Yena, coléreuse, batailleuse et toujours écorchée quelque part, c'est une idée bien difficile à imaginer.

La petite fille ne dit plus rien. Elle attrape la paillasse qui lui est destinée, au pied du lit du chevalier, et la tire vers la porte : ainsi, personne ne pourra entrer sans la réveiller. Ce n'est pas la première fois qu'elle et son maître se retrouve en danger chez leurs hôtes. Elle ne perd pas de temps à nier ou à s'indigner et se contente d'agir. Godoire sait que cette nuit, elle dormira avec son couteau à la main...

Une bien maigre protection, mais si il y a du danger, c'est lui qui sera visé. Enfin, c'est ce qu'il se dit pour ne pas culpabiliser de laisser une petite fille monter la garde devant sa porte. Il prend sa propre dague à la main et va se coucher. Le maître et l'écuyère n'échangent plus un mot : ils n'aiment guère parler pour ne rien dire, et ils n'ont pas pour habitude d'être très chaleureux l'un envers l'autre.


Vers la minuit, une ombre ouvre la porte et se glisse silencieusement dans la chambre.

Pendant une demi-seconde.

Après quoi, Yena, réveillée par le courant d'air au niveau de son visage, lui attrape la jambe sans ménagement et la fait lourdement tomber. Elle retient son couteau juste à temps, en réalisant qu'il s'agit d'une femme, et qu'elle est seule... Aïnelle, bien sûr.

Messire Godoire, réveillé par ce boucan, allume immédiatement la chandelle puis se précipite pour aider la malheureuse qui reste à terre en gémissant. Comédie évidente mais efficace. La douce Aïnelle est un appel à la chevalerie ambulant, et même un gueux serait prêt à affronter un dragon pour venir la sauver.

« Etes-vous blessée, madame ? demande doucement le chevalier en se penchant vers elle.

– Non, messire, rien de grave... du moins je crois... J'ai eu une telle frayeur !

A présent, elle prend la pose et l'air effarouché, comme si ce n'était pas elle qui venait dans la chambre d'un homme en pleine nuit. Yena lui demande :

– Que venez-vous faire ici, madame ?

– Yenon ! aboie Godoire. On ne parle pas ainsi à une femme !

– Non, messire, dit doucement Aïnelle, votre écuyer a raison. Mon geste est inconvenant, et je vous pris de m'en excuser. Jamais je n'aurais agit ainsi si ce n'était pour vous prévenir... Vous êtes tous les deux en grand danger.

– Calmez-vous, madame, et racontez-moi tout.

La belle paraît se rassurer au contact des bras forts du chevalier. Elle le regarde droit dans les yeux, jusqu'à ce qu'il les baisse. Elle se lève en s'appuyant sur lui et s'assoit sur le lit, ignorant complètement Yena qui reste assise par terre. Godoire quand à lui reste debout et attrape son épée : il est prêt à se battre.

Enfin Aïnelle se remet à respirer normalement et commence à expliquer :

– Il se passe ici des choses forts étranges, messire, donc je ne pouvais vous parler en présence des autres. Savez-vous qui a alerté le Royaume sur ce qui se passe ici ?

– Non madame, nous l'ignorons complètement. De plus nous ignorons la gravité et même la nature de vos malheurs.

– Pour tout vous dire, je suis en danger autant que vous, à présent.

– Quel danger ?

– J'ignore si vous saurez me protéger.

– Je vous protégerais sur ma vie s'il le faut. Quel danger ?

– Et dire qu'ils pourraient même s'en prendre à votre petit écuyer...

– Je vous en prie, le temps presse !

A ces mots, Aïnelle paraît bouleversée et des larmes montent dans ses jolis yeux. La différence entre ces larmes et son contrôle intelligent de la tablée, quelques heures plus tôt, est bien trop nette pour être normal. Il est évident pour messire Godoire que c'est une actrice consommée. Le plus important pour le moment, c'est de savoir dans quel camp elle est. Si seulement il avait la moindre information, il aurait pu la mettre dans une situation où elle se serait trahie... mais il n'a pas menti en disant qu'il ignorait tout.

La jeune femme, entre deux larmes, lui dit :

– C'est un terrible malheur qui menace tout le Château, messire. Il... il... non, je n'arrive même pas à en parler. Il faut fuir, fuir ensemble le plus vite possible, je vous raconterai tout plus tard. »

Le chevalier hésite, sentant le piège sans savoir où il est. Yena par contre pense savoir où il est. Pendant tout le récit, elle observe, très concentrée, les moindres gestes de l'épouse du président. Si jamais elle s'approche trop de son maître... ou qu'elle fait mine de s'évanouir pour être secourue...

Aïnelle se lève, le regard suppliant, une main posée sur la poitrine du chevalier comme pour mieux le convaincre. Une seule main. Parce que de l'autre,elle tient un poignard qu'elle avait habilement caché même pendant sa chute.

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