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Le Maître du Château - partie 4


Rien à faire. Ils ne parlent de rien qui concerne leur territoire, et c'est Aïnelle elle-même qui détourne adroitement les questions les plus franches. Godoire sait qu'ils lui cachent tous quelque chose et commence à enrager de ne pas réussir à les prendre en défaut. Tout ce qu'il parvient à obtenir, c'est « Demain, nous verrons tout cela demain ».

Si au moins ils l'avaient pris de haut, il aurait pu sortir sa dague et la planter dans la table pour marquer sa colère et sa détermination à savoir. Mais là, tous ces sourires et ces courbettes l'empêchent de faire sentir le goût de l'impuissance à quelqu'un d'autre. A moins que ce ne soit le vin délicieux dont un serviteur rempli sans cesse son verre, sous le regard courroucé de Yena dont c'est le rôle (et qui aurait sans doute été bien moins généreuse).

« Alors, messire, demande Aïnelle en lui souriant presque tendrement, comment trouvez-vous notre modeste territoire ?

– J'avoue qu'il pourrait donner l'exemple à certains des plus beaux domaines du Royaume. J'ai peine à voir en quoi un simple chevalier errant pourrait vous être utile.

– Allons, mon cher invité, le gronde gentiment Errike Esoin, ne vous mettez donc pas martel en tête pour ça ! Nous sommes tous extrêmement fiers d'accueillir un représentant de la force des Sept-Esprits, pas vrai maître Paccariet ? »

En entendant son nom, le prêtre des Sept-Esprits sursaute et rougit comme un enfant pris en faute : il était en train de regarder Aïnelle à la dérobée. N'ayant pas entendu la question, il bredouille quelques mots et se concentre sur son assiette. Contrairement aux autres convives qui ont été plus ou moins embarrassés ce soir-là, il n'a droit ni à un regard sec de Rèdal ni à un sourire méprisant de Sairin. Au contraire, les deux hommes forts de la tablée cherchent à dissimuler son trouble le plus naturellement possible.

Sairin demande au chevalier :

– On raconte de nombreuses choses sur l'habilité légendaire des chevaliers. J'avoue que je n'y croyais guère, mais vous nous avez raconté ce soir de nombreux exploits et je n'oserai vous accuser de détourner la vérité à votre profit. Me ferez-vous ce soir l'honneur d'un duel ? »

Le grand veneur a parlé plutôt crûment, comme un militaire, et s'attire aussitôt un regard courroucé de Rèdal qui aurait sans doute mieux su tourner la chose. Godoire soupire. Ce genre de spectacle dont les gueux raffolent est totalement ridicule hors des vrais duels et des tournois. Et même pendant, estime-t-il dans ses mauvais jours. Mais en véritable homme de cour il parvient sans mal à cacher son soupir et à avoir l'air de trouver l'idée amusante.

Il dit :

– Et si je gagne, m'accorderez-vous une faveur ?

– Allons, rit Aïnelle, personne ici ne doute de votre victoire, messire. Vous aurez une faveur si vous remportez une victoire difficile... Tenez, et si vous luttiez contre deux adversaires, pour corser l'affaire ?

– Pourquoi pas, accepte le chevalier.

Deux ou dix, il ne voit ici personne capable de lui tenir tête. De son coté, Yena se demande quelle mouche l'a piqué pour se soumettre à ce cirque. L'épouse de président n'y est sans doute pas pour rien.

Tous les convives se sont tus et guettent passionnément la suite des évènements – le duel est donc organisé immédiatement. La suite de bourgeois fait un cercle autour de messire Godoire et du grand veneur. Ils rient et se poussent du coude, aussi excités que des enfants, et même les serviteurs tendent le cou discrètement pour essayer de voir quelque chose. En revanche, Rèdal et Paccariet affichent un air sérieux et satisfait, comme des hommes voyant un ennui leur être épargné grâce à leurs efforts, et sur le visage d'enfant du prêtre cette expression ressemble à de la cruauté.

Le président lui-même leur lance discrètement un regard bien éloigné de la bonhomie affichée depuis l'après-midi, un regard froid de marchand sur le point de conclure une affaire. Yena a un pressentiment extrêmement désagréable et guette le moindre de leurs mouvements, les yeux à moitié fermés par la colère. Pour le moment, enfermée dans les codes de l'hospitalité et des convenances, elle ne peut rien faire.


C'est Rèdal qui vient aider Sairin à se battre. Un serviteur apporte trois véritables épées bien aiguisées.

« Etes-vous sûr de ne pas préférer des épées d'exercice ? demande Godoire surpris.

– Allons messire, dit Rèdal d'un ton beaucoup trop suave, nous sommes sûrs de ne rien risquer en votre présence. »

Aïnelle leur sourit doucement, elle est moins turbulente que les autres femmes mais paraît elle aussi intéressée par ce faux duel. Son mari bat des mains en riant, tout heureux. Enfin, le silence se fait et le combat commence.

Les deux mouteblanchiens attaquent messire Godoire aux flancs, chacun d'un coté, et il se rejette brusquement en arrière tout en parant les deux lames vers le haut, d'un seul coup. Les spectateurs applaudissent sans pour autant se décider à reculer, alors que le chevalier aurait bien besoin d'espace. Ses deux adversaires, sans se démonter, continuent à donner des attaques complémentaires, chacun d'un coté, ou l'un visant le cœur tandis que l'autre cherche à couper les jambes. Ils sont plutôt doués et entre parades et esquives le chevalier n'a pas le temps d'attaquer ni même celui de réfléchir. Ici, dans ce salon raffiné, sous les yeux de l'élite du territoire, le voilà en danger de mort et personne ne songe même à venir à son aide. Tout cela n'a plus rien d'un jeu ni d'un spectacle.

Une ouverture en quarte de Sairin attire irrésistiblement son épée et il retient juste à temps un coup qui aurait été mortel pour le grand veneur. Non, il doit rester maître de lui-même et surtout de la situation. D'un habile mouvement d'esquive il place Sairin entre Rèdal et lui, puis pare le coup suivant de toute sa force afin de faire tomber l'épée de son adversaire. La lame de Godoire se brise alors, laissant l'épée de Sairin continuer sa route jusqu'à son crâne sans défense.

Perdant toute dignité, le chevalier parvient à l'éviter (de justesse, il a même put sentir son souffle dans ses cheveux) mais tombe lourdement sur le sol. Une fois là, il se retient de ne pas faire tomber les deux hommes d'un coup de jambe avant de les tuer une fois à terre... mais non, il a faillit mourir mais n'est pas sur un champ de bataille, comme le prouve les exclamations horrifiées de la foule. Le combat s'arrête.


Évidemment, le grand veneur se confond en excuses pour « ce malheureux accident », ce qui ne l'empêche pas d'avoir une lueur de féroce contentement dans les yeux. Joie d'avoir mis un véritable chevalier à terre, sans doute. Rèdal dissimule mieux ses émotions, sans parvenir à faire croire qu'il s'est soucié un instant de la vie de leur « cher invité ». 

Le président Esoin, par contre, a l'air complètement paniqué et se confond mille fois en excuse, lui tapotant les épaules et les bras mille fois pour vérifier « qu'il n'a rien ». Tant et si bien que Godoire n'arrive pas à récupérer les morceaux de l'épée avant qu'un serviteur ne les emportent : impossible de savoir si elle a été sabotée.

Il a perdu et ne peut même pas demander en guise de faveur, comme il le projetait, qu'on daigne enfin lui expliquer ce qui se passe dans cet autonomat. Il préfère ne pas s'attarder plus longtemps et prend congé aussi vite qu'il le peut, ne réalisant que plus tard qu'il passe pour un gamin boudeur et mauvais perdant devant ses spectateurs. Peut-être même pour un lâche cherchant à cacher sa peur après coup. Avant de quitter la salle, il peut sentir le regard d'Aïnelle sur sa nuque.


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