Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Le Maître du Château - partie 2


L'écho résonne sinistrement. A quoi bon les ouvrir pour les refermer juste ensuite, alors qu'une ouverture suffisante pour les chevaux a déjà été aménagée sur le coté ? Le maître des lieux a sans doute agit ainsi pour les impressionner. Histoire de leur rappeler qu'ici, ce n'est pas Godoire qui décide, loi ou pas loi, mais bien lui : le président de Mouteblanc, Erikke Esoin, l'homme choisi par le roi.

Messire Godoire a été inférieur à suffisamment d'hommes dans sa vie pour savoir que plus la personne est puissante, moins elle a besoin de s'imposer. Un simple prénom suffit à désigner le roi et les Chevaliers Blancs.

Dans la trop grande cour d'honneur, impeccablement balayée, leurs bêtes ont l'air encore plus misérables - le cheval trop vieux, le poney trop jeune et l'ânesse qui n'est tout simplement pas une monture de chevalier. Godoire espère que Yena se tient fièrement droite, et il ne s'abaisserait pas à jeter un œil pour vérifier. Lui le fait, mais même seul au milieu des bois il se tiendrait encore droit comme un i. Question d'orgueil plus que d'honneur – un de ses trop nombreux péchés.

Un haut dignitaire vient alors les accueillir en personne, descendant à toute allure l'escalier (gigantesque, bien sûr) menant de la cour d'honneur à l'entrée du donjon. Il a entre trente et cinquante ans, l'air taillé dans une bougie rose, un court collier de barbe. Il est somptueusement vêtu et en nage, et s'adresse très amicalement au chevalier :

« Messire ! Quelle bonne venue que la vôtre, en notre très humble autonomat de Mouteblanc ! Je vous en pris, entrez, entrez, soyez le bienvenu !

Devant ce spectacle plus qu'inhabituel et cadrant mal avec le l'imposant cadre où il est reçu, messire Godoire est bien forcé de mettre pied à terre pour ne pas paraître au comble de l'insolence. Derrière lui Yena en fait autant et donne une tape sèche au poney qui essayait de lui mordre la main. L'homme en rajoute encore :

– Je vous en pris, soyez mon hôte ce soir ! Je suis Erikke Esoin, le président de Mouteblanc et maître de ce château ! Vous dînerez à ma table, et votre serviteur à celle de mon majordome ! Nous...

– Mon écuyer, corrige doucement Godoire.

Il n'a même pas les moyens d'offrir à Yena une tenue à ses couleurs, sans parler des armes légères qu'elle aurait le droit de porter. La méprise du président (si c'est bien le chef de cet autonomat, ce qui paraît étrange) est fréquente, et toujours douloureuse : un chevalier n'a pas à payer son écuyer, mais doit le traiter comme son propre fils.

L'homme mou se reprend aussitôt :

– Et bien sûr, votre écuyer vous servira à notre table, cela va sans dire. Désirez-vous qu'il couche dans votre chambre ?

– Je vous remercie grandement de votre hospitalité. J'accepte avec plaisir vos propositions. Nous parlerons de votre problème quand il vous plaira. »

Une façon polie de montrer qu'il n'est pas là pour profiter des largesses du maître du Château, mais bel et bien pour se battre. Le président hoche la tête et continue à pépier comme un enfant tandis qu'ils montent l'escalier jusqu'à la majestueuse entrée.


Yena reste seule avec les bêtes et demande de l'aide à un passant pour les amener jusqu'à l'écurie. Elle n'est pas ravie de voir qu'un bon repas au calme lui est passé sous le nez (en théorie, c'est un grand honneur de servir les chevaliers. Concrètement, c'est travailler le ventre vide pour ensuite grignoter des restes froids), mais elle ne le montre pas.

Pour le moment, elle doit s'occuper de leurs montures et rassembler un maximum d'informations, puisqu'elle ignore encore ce qui pourra servir à messire Godoire. Au moins, elle n'aura pas trop de mal à cacher sa féminité si elle doit dormir dans la chambre de son maître.

Le passant s'avère être un garçon d'écurie, un adolescent roux et boutonneux, et aussi bavard que le maître des lieux lui-même. Il l'aide volontiers et lui pose des centaines de questions sur les endroits lointains qu'elle a connus, c'est à dire plus loin que les frontières de Blanc-Mouton, les aventures qu'elle a vécues avec son maître, les dangers qu'ils ont croisé ensemble...

Yena n'a pas particulièrement envie de raconter qu'à plusieurs dizaines de kilomètres de là, le Royaume ressemble exactement à ce qu'il est ici, que les aventures qu'elle a vécues étaient grandement basées sur le moyen de trouver de la nourriture pour tout le monde sans s'abaisser à travailler ni à voler, et que les pires dangers qu'elle ait croisés venaient d'hommes ordinaires, dans des lieux comme celui-ci, où il manque quelque chose de petit mais pourtant d'essentiel...

De toutes façons, le curieux ne lui laisse dire que son nom (Yenon), son âge, et si elle a faim. Oui, elle a faim, et pas qu'un peu, mais elle n'est pas censée chercher les cuisines avant d'avoir finit sa tâche. Heureusement, l'autre lui offre une pomme : elle en donne un bout à au cheval de son maître, un plus gros à l'ânesse, grignote à toute allure le reste avant de céder un minuscule trognon à son propre poney - elle sait qu'elle devrait être contente de l'avoir et qu'il vaut mieux une monture vive et de mauvais caractère qu'une rosse apathique, mais elle n'arrive pas s'y attacher. La pomme était délicieuse, juteuse et sucrée, et elle se lèche les lèvres aussi soigneusement qu'un chat, avant d'adresser au garçon bavard un sourire aussi bref et éclatant qu'une éclaircie dans un orage.

Puis un homme (sans doute le maître de l'écurie, ou de toutes les bêtes, ou peu importe) vient et demande au rouquin ce qu'il est en train de faire, sur un ton indiquant que l'autre est à deux doigts d'une bonne volée. Il se calme un peu en sachant que Yena est l'écuyer du chevalier, la salue d'un signe de tête bourru qu'elle lui rend en ajoutant un regard méfiant, et repart en traînant son aide par le bras.

Une fois seule, Yena doit amener toutes leurs affaires dans la chambre décernée à messire Godoire. Elle titube sous le poids des armes et surtout des pièces de l'armure de son maître - qui est trop pauvre pour posséder une armure complète - mais parvient à ne montrer aucune douleur, même lorsqu'une servante l'informe que la chambre en question est au quatrième étage du donjon. Yena pourrait évidemment faire plusieurs voyages. Si elle n'était pas l'écuyère de messire Godoire, le chevalier errant le plus fier et le plus têtu du Royaume. A force de vivre avec lui, elle a finit par trouver naturel d'accorder de l'importance aux apparences, même lorsqu'elle est la seule à les voir...

Enfin, la chambre est atteinte. La petite fille s'accorde un temps de repos avant de ranger le matériel, qui d'ailleurs devra être redescendu bien trop tôt... Mais elle ne pouvait pas tout laisser dans l'écurie, ça ne serait pas correct. Elle prend quelques secondes pour maudire silencieusement celui qui a décrété que l'étiquette devait être la même pour les chevaliers errant n'ayant qu'un enfant pour écuyer, et pour les grands seigneurs ayant une dizaine d'adolescents costauds sous leurs ordres, sans parler des serviteurs.

Elle lance si souvent ce genre de malédiction qu'elle ne s'en rend même plus compte : elle fait ce qu'elle a à faire, sans jamais se plaindre, et c'est tout ce qui importe. Enfin, c'est tout ce qu'on lui demande.

Une jeune servante entre alors dans la pièce. D'abord surprise de trouver Yena, elle lui offre ensuite un sourire chaleureux et lui propose d'aller à la cuisine se reposer au chaud, pendant qu'elle prépare la chambre. Ravie, la fillette ne se le fait pas dire deux fois et file sans attendre. D'abord la pomme, ensuite le sourire, et dans les deux cas un coup de main bienvenu : bien que toujours méfiante - un trait de caractère gravé en elle depuis trop longtemps - Yena commence à vraiment apprécier les habitants de Mouteblanc... ou plutôt les habitants du château.

Elle s'arrête net au milieu d'un escalier. Ça y est, elle a trouvé ce qui manque ! Il n'y a ici aucun étendard, aucun blason, rien. Impossible de savoir si les gens d'ici sont inféodés à leur autonomat, au château... ou à quelque créature rejetant les Sept-Esprits. Même le nom du territoire n'est pas clair : le président a parlé de Mouteblanc, alors que le garçon d'écurie disait Blanc-Mouton.

Et si l'autonomat est si fier de ses moutons qu'il en porte le nom - et ce serait légitime, à voir les troupeaux - pourquoi ce nom paraît-il fabriqué ?Pourquoi les fameux moutons ne sont-ils pas représentés sur le fronton de ce château monumental ? Pourquoi un tel château ? Yena réfléchit encore, mais ne trouve de réponse à aucune de ses questions. Elle garde ses observations et ses interrogations dans un coin de sa tête, à ressortir à messire Godoire lorsqu'ils seront seuls, puis continue sa descente vers les cuisines : la journée a été longue avec une demi-pomme pour seule nourriture.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro