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La Tour - partie 7

Le personnage s'envole, laissant deviner dans l'ombre de sa robe une longue queue écailleuse. Sans doute un démon mineur. Le Chevalier Blanc et l'écuyère commencent à monter les immenses escaliers et très vite l'entrée de la Tour disparaît dans l'obscurité. Les torches se penchent pour éclairer les quelques marches qu'ils montent.

Plus loin, les quelques taches de lumières donnent une perspective faussée. Si Yena n'avait pas su que les Tours de magicien doivent être parfaitement cylindriques pour fonctionner, elle se serait cru dans un labyrinthe en trois dimensions, courant sur un chemin qui ne tient aucun compte de la pesanteur ni de la logique.

Enfin ils débouchent dans une immense salle dont l'ameublement luxueux est sans doute dû aux illusions du magicien. L'air est lourdement chargé d'encens et les tapisseries qui recouvrent le moindre espace libre augmentent l'impression d'étouffement. Yena n'y prête aucune attention : c'est la première fois qu'elle rencontre un magicien de Tour et au-delà de sa vigilance guerrière pointe une curiosité d'enfant.

Le sorcier n'a pas plus de goût pour son habillement que pour l'aménagement de sa salle : il porte une longue robe d'or rehaussée de broderies d'argent, de pierres précieuses, de soie et de dentelles. Son long chapeau pointu est en velours noir brodé d'étoiles d'argent.

Entre les deux brillances du chapeau et de la robe on distingue mal son petit visage mangé par la longue barbe grise traditionnelle et encore moins bien ses yeux de furets. Il fait signe à ses visiteurs de s'asseoir et s'installe lui-même dans un haut fauteuil en bois dont le dossier est sculpté en tête de griffon.

« Et maintenant, se dit Yena, Trellen va lui sauter à la gorge et le tuer avant qu'il n'ai eu le temps de lancer un sortilège. » Elle se prépare à dégainer son épée au cas où le chevalier ait besoin de son aide – par exemple, si les démons serviteurs du magicien tentaient de défendre celui-ci. A sa grande surprise, Trellen s'assoit.

« Vous ne venez pas du royaume de Chelbelia, n'est-ce pas ? demande le magicien.

– Non. Je suis un Chevalier Blanc du Royaume des Sept-Esprits.

– Je vois ça. Alors. Que puis-je pour vous ?

Au lieu de défier l'autre et de le combattre noblement, Trellen croise les doigts dans une pause élégante de chevalier de cour et dit :

– Le Royaume désirerait vous engager. Quel est votre prix ?

Yena ne peut pas en croire ses oreilles. Elle se demande de quelle ruse il s'agit et dans le doute reste immobile, refusant de croire ce qui se déroule sous ses yeux : pour protéger le Royaume, le Chevalier Blanc Trellen trahit les Sept-Esprits. C'est absurde.


Mais elle est bien forcée de se rendre à l'évidence, au fur et à mesure que la discussion avance en sordides tractations. Trellen n'a pas du tout l'intention de tuer le sorcier ni de détruire sa Tour, il se moque des créatures magiques chassées des Terres Sauvages qui errent dans le Royaume et s'attaquent aux humains, il ne se soucie pas de la magie engagée pour sceller la frontière des Terres Sauvages ni des accords anciens des Esprits. Pour lui, seule compte la victoire. Et il n'hésite pas à marchander avec cet assassin.

La jeune fille ne sait plus quoi faire. Tout l'amour qu'elle ressent pour le Royaume l'incite à agir, à ne pas laisser cette monstrueuse alliance se commettre. Mais toute son éducation la pousse à obéir aveuglément au Chevalier Blanc – foi et loyauté sont l'essence même de la chevalerie. Elle est déchirée.

Si elle désobéit à Trellen celui-ci pourra briser ses vœux d'écuyère pour faute grave et elle perdra tout espoir de délivrer messire Godoire. Si elle laisse le pacte se conclure messire Godoire la méprisera toujours. Et Aragan, qui admirait tant son cousin, qu'en penserait-il ?

Assez, se dit-elle.

Réfléchir à ce qui serait le mieux selon les autres ne la mène nulle part. Elle doit penser à ce qui serait le mieux pour le Royaume : une guerre féroce avec Chelbelia ou une invasion de créatures des Terres Sauvages. Les antiques guerres des magies ont prouvé qu'il est encore préférable d'affronter d'autres humains que les elfes de lunes et les hémars, les orcs et les trolls, les vouivres et les nécromants. Elle se lève et marche vers le sorcier. Elle dégaine son épée et frappe.

« Tsssss, gamine, dit Trellen qui en un éclair a paré le coup, qu'est-ce que tu es en train de me faire là ?

Le Regard du Dragon a envahit ses yeux mais au-delà des éclairs noirs Yena ne distingue que la médiocrité humaine – peut-être parce que c'est ce qu'elle a envie de voir, peut-être parce que Trellen ne se donne plus la peine de jouer un rôle devant elle. Elle répond d'une voix sourde :

– J'accomplis mon devoir. »

Son défi lancé dans les meilleures règles de la chevalerie, elle s'apprête à combattre pour sa vie.


Ils tournent, Trellen le Chevalier Blanc et Yena l'écuyère, épées en garde, ils tournent en se jaugeant du regard avant la première attaque. Trellen se moque, il lit toutes ses attaques et ses feintes directement dans son esprit et il peut facilement vaincre chacune d'entre elle. Yena a déjà réussi à battre Aragan par sa rapidité et son talent – mais Aragan n'est qu'un écuyer, tout prince qu'il est, et il n'est encore jamais allé à la bataille. Trellen la surpasse de loin à ce jeu-là.

La seule personne n'appartenant pas à sa famille pouvant battre Aragan à coup sûr, c'est Liam, le chevalier qu'un coup terrible sur le crâne a rendu fou. Pourtant ses mouvements sont désordonnés et laissent d'énormes ouvertures dans sa garde, mais Aragan est incapable de prédire ses mouvements et de calculer ses coups, il se protège à la dernière minute sans savoir comment attaquer puisque Liam ne respecte aucune logique, revivant dans sa tête le combat d'un lointain champ de bataille.

On lui avait d'ailleurs interdit d'entraîner un prince du sang – en vain puisque dans ce domaine comme dans tant d'autre Aragan n'en avait fait qu'à sa tête. Il s'entêtait à vouloir vaincre ce fou. Jusqu'à présent, en vain. Le Regard du Dragon est inutile lorsque l'adversaire lui-même ne sait pas ce qu'il fait.

Yena ignore si elle sera capable de s'en remettre aussi aveuglément à la bienveillance des Esprits et de frapper au hasard, mais c'est le seul plan qu'elle est capable de mettre en place et qui ait la moindre chance de réussir.

Ne plus penser. Ne plus calculer. Ne pas laisser la peur l'envahir. Juste la colère. La rage. L'attaque. Yena s'élance et frappe de taille pour éventrer son adversaire – un coup qui nécessite plus de force que d'adresse et que son maître a passé des années à lui désapprendre. Trellen la pare facilement mais au moins il est surpris.

Yena s'interdit de réfléchir à la façon d'utiliser son avantage et attise davantage sa rage. La rage des champs de batailles où on est prêt à s'acharner sur un ennemi déjà mort si on ne trouve plus d'ennemi vivant – pour ne plus penser aux compagnons qu'il a tué. La rage des Rats de Yella la ville-marchande, rage des enfants abandonnés prêts à tout pour survivre, rage que Yena a connu jusqu'au jour où elle est devenue écuyère mais qu'elle n'a jamais oubliée.

Ce sont les réflexes inculqués par des années d'entraînements qui lui permettent d'esquiver les coups mortellement rapides de Trellen. Mais c'est bien sa fureur qui lui donne la force de se battre de toute son âme.

Ça ralentit un peu le chevalier. Un peu seulement. Sous le regard amusé du sorcier qui déguste une coupe de vin en admirant le spectacle, il parvient à acculer l'écuyère entre deux immenses meubles de bois. Les mouvements instinctifs de Yena n'ont maintenant plus une assez grande marge de manœuvre pour le surprendre. Il donne un formidable coup dans son épée qu'il lui arrache des mains si brutalement que Yena ne peut retenir un cri de douleur. Il ne lui reste plus qu'à donner le coup de grâce.

Un chevalier aurait reconnu sa défaite et accepté cette mort honorable. Mais pour Yena la mort donnée par un traître n'a rien d'honorable. Et elle n'est pas née chevalier.





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