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La Tour - partie 6

Trellen et Yena s'avancent dans la plaine et sont brutalement enveloppés par la brume. Instinctivement Yena dégaine son épée et pose la main gauche sur l'épaule du chevalier pour ne pas le perdre. Elle sent un vent glacé se promener sur son corps, un vent qui ne chasse pas le brouillard mais l'intensifie, qui souffle dans une direction sur ses cheveux et dans une autre sur ses épaules, un tourbillon de froid qui avale sa chaleur et sa vie. Yena serre les dents et avance. Elle ne craint rien puisque Trellen est là. Il ne laisserait pas ces sortilèges lui faire du mal.

Les caresses du vent se font plus précises, des mains fantomatiques se forment dans la brume et font le geste d'attraper Yena, au lieu de quoi elles la traversent et la glacent jusqu'aux os. Le bruit du vent devient des plaintes et de gémissements de damnés.

La jeune fille refuse de se plaindre à Trellen, il la traite en adulte et elle veut mériter sa confiance. Et puis elle est écuyère, future cavalière, elle ne se laissera pas effrayer par un tour de passe-passe. La colère qui brûle toujours en elle trouve un nouvel objet et la réchauffe par le défi de ne pas se laisser faire. De toute façon elle ne craint rien, Trellen la protège.

Mais le froid glace ses mains et l'épaule de Trellen lui échappe. En un instant le chevalier disparaît dans le brouillard. Yena reste parfaitement immobile et l'appelle. En vain. Elle se penche vers l'herbe pour examiner ses traces et marcher parfaitement dans ses pas – le moyen le plus efficace de profiter de ses sortilèges de protection – tout en tentant d'ignorer la terreur qui la broie et les enlacements glacés des fantômes gémissant leurs souffrances.

Les traces sont intactes. Elle avance, très lentement, prudemment, en appelant de temps en temps Trellen à son secours. Très vite elle cesse de crier et sa voix descend jusqu'au murmure. Elle sait que c'est un effet du sort des brumes, le sortilège de défense se fait de moins en moins puissant au fur et à mesure que le Chevalier Blanc s'écarte d'elle.

Ses forces diminuent. La souffrance des âmes errantes l'envahie. Elle titube et plante son épée dans le sol pour ne pas tomber. Et hurle : « Ça suffit ! »

Son cri la surprend au moins autant que les fantômes qui cherchaient à vampiriser sa vie et qui s'écartent quelques secondes. Mais elle a compris ce qu'ils sont et elle se révolte devant le rôle horrible qu'on les force à accomplir. Ces spectres sont les âmes des victimes du magicien, retenues sur terre par la force d'un sortilège et incapables de suivre le chemin des défunts jusqu'à trouver la paix au cœur des Sept-Esprits. En restant dans ce monde trop rude pour eux, sans corps pour les protéger, ils se désagrègent lentement, tentant pitoyablement de voler la chaleur des vivants pour retarder l'horrible échéance de leur destruction.

Cela ne doit pas être.

L'écuyère n'est pas une petite sœur des Sept-Esprit, encore moins une prêtresse ou une femme-sage, mais par son épée elle est servante des Sept-Esprits. Elle a prêté serment devant leurs pierres, qui ont jugée son âme et l'ont trouvée droite et pure. Un lien s'est tissé entre elle et les Esprits, un pacte d'allégeance passant par le Royaume, et elle sait où ils sont, où les morts doivent aller pour trouver la paix. Elle leur ouvre le chemin. Elle ne connait pas la magie qui peut tordre la matière, mais les mots des vivants sont une réalité puissante pour les morts, si ces mots sont sincères.

Les mots de Yena sont sincères et puisent dans son amour des Sept-Esprits et du Royaume, c'est un tunnel qu'elle ouvre pour les spectres qui disparaissent un à un, jusqu'à ce qu'elle se retrouve seule et épuisée.

Osant à peine y croire, elle examine ses mains redevenues chaudes, son épée plantée dans la terre, elle tourne la tête là où se trouvait la brume. Rien. Elle pousse alors un cri de victoire. Elle ne sait pas exactement par quel miracle mais elle a eu foi dans les Esprits et a réussi à apporter la paix aux âmes errantes. Et si jamais elle et Trellen s'en sortent vivant, c'est un exploit qui mérite d'être chanté et raconté de châteaux en châteaux.

Le Chevalier Blanc n'est d'ailleurs pas loin. Il ne montre aucune surprise et lui fait signe de le rejoindre. Yena attend un moment des félicitations, en vain. Elle ne veut pas les réclamer elle-même – Trellen pense peut-être qu'il est normal pour une écuyère des Sept-Esprits de réussir à parler aux morts – et demande juste :

« Est-ce que nous sommes sur le chemin sûr à présent ?

– Oui. Nous allons voir la Tour bientôt. Reste avec moi et cette fois ne me perds pas. »


La jeune fille accepte le reproche en silence et redouble de vigilance. Elle est un peu déçue de la réaction de Trellen mais se répète que ça n'a aucune importance.

Le chemin protégé des sorts de la Tour est un havre de paix dans ces terres chaotiques, un tapis d'herbe encadré de véritables arbres protecteurs. L'air est doux et les feuilles laissent passer par endroit quelques rayons de soleil. Pour un peu, Yena pourrait se croire revenue dans le Royaume. Malgré elle le décor enchanteur engourdit ses sens et l'invite à se détendre. Elle se mord violemment la lèvre pour rester en éveil – ce n'est pas parce que les humains viennent par là que le sorcier n'a pas placé des pièges pour distinguer les ennemis des amis.

Enfin, au détour d'un virage, ils voient la fin de la route et l'imposante Tour se dresse devant eux dans toute sa terrible majesté. Yena relève la tête pour tenter, en vain, d'en apercevoir le sommet qui se perd dans les nuages. Elle a beau savoir que l'apparence d'une Tour de magicien n'a aucun rapport avec la puissance qu'elle renferme, elle ne peut s'empêcher de frissonner. Celle-ci ressemble à une montagne étrangement étirée en hauteur. Partout des pics et des arrêtes tranchantes, du roc et des éboulis, et on distingue même par endroit des illusions de neige et d'arbres rabougris. Sauf sur un coté où une longue cascade de lave descend tout droit du sommet jusqu'au pied de la Tour.

Yena connait les Tours par les récits épiques des héros légendaires qui les ont détruites. Certains ont tué le sorcier au terme d'un combat grandiose. D'autres ont détruit l'amma de la Tour, la force servant à tenir l'ensemble et à multiplier les pouvoirs du magicien qui l'a construit – la raison pour laquelle les ammas ont été interdites dans le Royaume : un tel pouvoir ne peut être concentré dans les mêmes mains. Aucun n'a réussi facilement et tous ont marché sur les cadavres des héros précédents. 

Le Chevalier Blanc avance hardiment droit sur la cascade de lave et non moins hardiment Yena le suit. Au-dessus d'eux la lave s'écarte en deux ruisseaux, laissant apparaître l'entrée d'une caverne garnie de stalactites rappelant les crocs d'une gigantesque gueule. Ils entrent.

A l'intérieur un escalier grimpe le long des murs. La Tour parait plus petite de diamètre et plus parfaitement cylindrique mais toujours aussi haute : malgré les torches le sommet de l'escalier se perd dans le noir. Yena croit d'abord que les torches sont tenues par des sculptures en forme de bras humains mais s'aperçoit vite, à la façon dont ils dirigent la lumière vers eux, que ce sont des véritables bras envoûtés. Elle trouve ça dégoûtant.

Une personne invisible sous sa longue cape et sa capuche apparaît devant eux et dit d'une voix molle et méprisante :

« Oui ? Vous désirez ?

Trellen se plante devant la silhouette et déclare d'une voix forte :

– Nous venons voir le Maître de cette Tour pour parler affaires.

– Où est votre or ?

– Il viendra.

– Mon Maître s'occupe de votre affaire. Revenez dans une semaine.

Deux pas en retrait de Trellen, Yena fulmine contre cet arrogant personnage qui s'imagine pouvoir balayer le Royaume en une semaine à peine. Elle ne comprend pas pourquoi Trellen ne le tue pas sur-le-champ. Certes, la ruse devrait leur permettre d'approcher au plus près le magicien sans avoir à tuer tous ses serviteurs... mais tout cela n'est pas très glorieux. Le Chevalier Blanc continue à marchander.

– Nous avons simplement besoin de préciser certaines instructions. Il sera dédommagé pour la difficulté occasionnée

– Combien ?

– Je n'en parlerai qu'avec lui.

– Mff. Je vois. Montez. »

Sans rien laisser voir de sa figure l'étrange créature parvient à faire comprendre qu'il grimace. Yena n'est pas étonnée de voir le magicien si vénal, ça correspond bien à la manière dont on lui a toujours décrit ces créatures. Elle est par contre étonnée de le voir si stupide. Croyait-il vraiment que personne d'autre que ses alliés ne pourrait venir par son chemin ?





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