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La Tour - partie 3

Lorsque Yena quitte l'abri glacial des bras de la vouivre, le soleil s'est levé. Elle titube un peu en cherchant un appui à ses pas précaires. Sa tête tourne. Inspirant une longue goulée d'air, elle tente de parler, échoue, réessaye avec entêtement et finit par retrouver la parole. La magie des vouivres passe par le sang et même si la créature ne lui a pas fait boire le sien, elles ont été en contact assez étroit pour que les souvenirs passent de la peau de la vouivre à l'esprit de l'écuyère, une expérience qu'elle ferait tout pour ne pas revivre.

Enfin elle peut demander aux trois vouivres de lui rendre son cheval et ses affaires. Furieuses d'avoir perdues une nuit de chasse qui aurait pu être fructueuse pour une sœur des terres qui n'avait même pas apporté de présent, les deux plus jeunes refusent. Yena leur jure alors de détruire la Tour qui les a chassé.

Les vouivres ne lui demandent pas comment elle compte s'y prendre. Elles la lient à son serment grâce à leur magie ténébreuse. Ce qui était inutile : Yena est liée bien plus étroitement au Royaume qu'elle a juré de servir. L'érection d'une Tour dans les Terres Sauvages ne peut être qu'une catastrophe pour le Royaume des Sept-Esprits, la pire de toutes les catastrophes. Leurs ennemis ont demandé l'aide d'un magicien.


La jeune fille chevauche à bride abattue, poussant pour la première fois jusqu'à ses limites la superbe bête qu'elle a gagné, éprouvant pour la première fois un pincement au cœur à l'idée de la vendre. L'animal vole presque jusqu'à Merchil, le village où les chevaliers et la famille royale ont établi le campement principal durant cette guerre. Elle sait qu'ici elle pourra trouver de l'aide.

Elle confie son cheval à un mendiant qu'elle connaît bien avant de s'approcher des quartiers royaux. Le roi a quatre fils régnant chacun sur une maison royale, hors trois de ces quatre maisons royales sont les ennemis jurés de Messire Godoire, et dans la quatrième maison le fils aîné est l'ennemi personnel de Yena. Si par malheur elle croise l'un d'entre eux en tirant innocemment son superbe cheval par la bride, ils n'auraient aucun mal à trouver une raison pour le lui confisquer – une raison qui bien sûr aurait alors force de loi.

Si elle se rend malgré tout sur place, c'est parce qu'elle y a un allié. Aragan est le quatrième fils du quatrième fils du roi, ses chances d'accéder un jour au trône sont à peu près nulles, comme adorent le lui rappeler ses frères et ses cousins. Quand à lui, il prend ce fait du bon coté, en vivant comme n'importe quel écuyer au milieu des autres écuyers et pas au cœur des intrigues et des responsabilités des héritiers royaux.

Tant qu'il reste dans les limites du raisonnable, il peut faire ce qu'il lui plait. Et il lui plait, parce qu'il est l'ami de Yena et parce qu'il estime que sa famille a traité Godoire très injustement, d'aider l'écuyère à payer l'amende qui libérera son maître. Il lui a offert une épée, il revend ses butins et garde l'argent tandis qu'elle repart en quête d'une proie, et enrage de ne pas avoir assez d'argent ou de pouvoir personnel pour régler l'affaire lui-même. Pour sa part, Yena estime qu'il est déjà d'une aide précieuse.

Elle se glisse entre les tentes et derrière les maisons, craignant de rencontrer la mauvaise personne mais trop fière pour se cacher. Enfin elle atteint les quartiers de son camarade. Celui-ci est absent, sans doute allé rejoindre les autres écuyers moins bien logés ou en train de préparer pour la énième fois les armes de son propre maître.

A moins que ses demandes répétées n'aient fini par avoir raison des résistances de son père et qu'on l'ai laissé aller sur le champ de bataille. Aragan ne se plaint jamais d'avoir un rang supérieur aux autres, il est assez mûr pour savoir apprécier ce qu'il a, mais l'idée d'être adoubé chevalier sans avoir jamais combattu pour le Royaume le rempli de honte. Quoi qu'il en soit, il finira bien par revenir. Yena s'allonge sur son lit et s'endors aussitôt.


« Yena ? Hé, debout fillette !

L'écuyère sort sa dague en une fraction de secondes avant de se rappeler où elle est, et surtout qu'elle autorise Aragan à l'appeler "fillette". Tant qu'il n'abuse pas de ce surnom en public. Elle rengaine son arme, s'assoit et baille d'une manière assez peu élégante tandis que l'adolescent la presse de questions. Elle grimace et secoue la tête en tentant de chasser les images de son cauchemar, composé de bribes de l'histoire des vouivres. Au bout d'un moment elle raccroche sur le bavardage du prince :

– ... et j'ai envoyé un page te chercher à manger et à boire, comme ça tu ne les entameras pas tout de suite, et...

– Entamer quoi ?

– Ah ça y est, tu es réveillée, tu m'écoutes ? Et bien ça fait plaisir. Tes provisions. J'ai réussi à en piquer de la réserve personnelle de papa, traitées avec un truc spécial, ça tiendra longtemps sans moisir et ça te donnera du cœur au ventre.

– Tant que ce n'est pas du poil au menton... conclut l'écuyère d'un ton las.

Aragan la regarde d'un air inquiet.

– Yena ? Ça va ? Tu as l'air dans un drôle d'état.

– Je survivrais. J'ai beaucoup de choses à te confier, pour la rançon. Dont un cheval. Très beau.

– Pas de problèmes.

– Et il faut que tu préviennes un Chevalier Blanc pour moi. Ou un de tes oncles, ce serait encore mieux.

– Qu'est-ce qui se passe ?

Yena se lèche les lèvres, ne comprenant pas pourquoi sa bouche est si sèche tout à coup. Elle se force à se répéter que ce ne sont que des mots. Les mots n'ont rien à voir avec les faits, les faits sont là et prononcer les mots est le meilleur moyen de les combattre. Ce qu'elle fait d'une traite, sans respirer.

– Un magicien a construit une Tour dans les Terres Sauvages.

– Bordel de démons écornés ! C'est quoi ce... comment... merde, pitié, dis-moi que c'est pas vrai !

– Je l'ai appris par le sang des vouivres.

– Qu'est-ce que tu es allée faire là-bas ?

– Elles chassaient chez nous, dans le Royaume. Elles ont fuit à cause de la Tour. On a un sérieux problème sur les bras, Aragan.

– Ça tu peux le dire...

Le prince réfléchit quelques instants. Pendant ce temps un page arrive avec du pain, du fromage et un pichet de vin. Yena lui enlève le plateau des mains et s'occupe de le vider rapidement.

– Je ne pense pas que ce soit la peine de prévenir ma famille, soupire Aragan. Ils savent que je n'ai aucun don de voyance et si je leur parle de toi, ça va mal finir. Le mieux c'est que tu racontes ton histoire au Chevalier Blanc Trellen. Au pire à Kark s'il est rentré.

– N'importe lequel fera l'affaire, non ? demande Yena entre deux bouchées. Ils sont indépendants.

– Tu parles, ricane Aragan, tu n'as jamais vu Herllic ou Madoran. Il suffit que grand-père siffle pour qu'ils se roulent sur le dos comme des toutous bien sages !

– C'est impossible, ce sont les sept Chevaliers Blancs choisis par les Sept Esprits eux-mêmes !

– Même les Chevaliers Blancs sont soumis aux tentations du pouvoir. Et il y en a qui cèdent. Mais tu peux avoir une confiance aveugle en Trellen, je te le garantis sur ma main droite !

Yena reste quelques secondes silencieuse, le regard égaré sur les restes de son repas, n'arrivant pas à accepter ce qu'elle vient d'entendre. Mais l'heure est à l'action et elle remet ses interrogations à plus tard.

– Bien, allons-y ! »




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