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La Tour - partie 1


« Qu'est-ce que tu fiches ici, petit morveux ?

Yena se redresse du petit feu qu'elle commençait à préparer puis se met debout. A quinze ans elle n'est pas aussi grande que l'homme qui se permet de l'apostropher de cette manière mais à sa grande satisfaction ça sera le cas d'ici un an ou deux. Les poings sur les hanches, elle toise l'opportun sans ciller et réplique :

– Je monte mon campement pour la nuit. Cela te pose-t-il un problème, paysan ?

– C'est chez moi ici !

– C'est le royaume des Sept-Esprits ici et un écuyer des Sept-Esprit est partout chez lui. Nous sommes en guerre et je suis là pour me battre. Laisse-moi me reposer et je repartirai demain matin.

L'homme lance un regard en coin au magnifique cheval de Yena puis crache par terre avant de hurler :

– Un écuyer ? Une voleuse oui !

Il tente d'attraper Yena par les cheveux. La jeune fille le flanque par terre d'un coup de genou à l'entrejambe. Yena connaît de nombreuses façons de se battre honorablement, aussi bien au corps à corps qu'à l'épée, mais elle n'a pas l'intention de se donner ce mal pour cet homme. La journée a été dure.


Oui, le royaume est en guerre et Yena est là pour se battre, malgré les réticences des chevaliers à l'envoyer sur le champ de bataille et malgré l'absence de son maître, messire Godoire. Elle préfère naviguer de combat en combat, arriver au moment le plus dangereux pour ensuite repartir camper de son côté.

En temps normal, surtout pour sa première guerre, elle se serait installée avec les autres écuyers et aurait forcé les chevaliers à la traiter comme tel ou à trahir leur propre code – ce sont les pierres des Sept-Esprits qui ont accepté le serment de Yena l'engageant comme écuyère et aucun être humain n'a le pouvoir de briser ce serment. Sa féminité est une honte pour la noblesse, et elle l'a dissimulé toute son enfance pour éviter les ennuis. A présent, elle ne peut physiquement plus la cacher. Et elle n'a plus l'intention de la cacher. Elle a fait mille fois ses preuves. Aux autres de s'y faire et d'accepter sa place d'écuyère.

Mais à présent elle ne peut pas se le permettre.

Messire Godoire a toujours eu beaucoup d'ennemis à la cour du roi. Après toutes ces années passées comme chevalier errant, après être revenu par ses propres moyens défendre le royaume, on aurait pu penser qu'il avait assez expié. Lui en tous cas le pensait. Les seigneurs n'étaient pas du même avis. Pour une peccadille de plus, il a été jeté en prison, et n'en sortira que si quelqu'un accepte de payer son amende.

Le cheval que Yena a capturé il y a deux jours devrait suffire à en payer la moitié. Elle a eu de la chance. Au cours de ses recherches elle est tombée sur un noble ennemi qui s'était écarté des autres. Elle l'a attaqué de face et tué honorablement, c'est tout aussi honorablement qu'elle a laissé la moitié de ses affaires à coté du corps pour qu'ils soient envoyés à sa famille, car telles sont les lois de la guerre au Royaume des Sept-Esprit.

Mais elle ne peut pas nier que cette prise tombe trop à pique pour qu'elle ne se fasse pas l'impression d'être un bandit, une détrousseuse de cadavres traquant des proies sans défenses. L'homme était jeune. Yena l'était encore davantage mais s'était déjà retrouvée dans un combat à mort plus d'une fois et sa main n'avait pas tremblé. Ça avait suffit à faire la différence.

Le paysan s'éloigne en murmurant des malédictions. Inutile de tenter de lui acheter à manger plus tard. Peut-être compte-t-il revenir avec des renforts. Elle les attend de pied ferme. En retournant vers l'arrière de la ligne de combat elle est tombée sur une bataille, elle a combattu une bonne partie de la journée, a aidé à ramasser les morts et les blessés presque jusqu'au coucher du soleil, elle a vu assez de sang pour attirer une nuée de cauchemars, elle est fatiguée, affamée et blessée. Tout ça n'améliore pas son humeur par nature assez irascible.

Yena fait bouillir de l'eau pour nettoyer l'estafilade qu'on lui a fait à la hanche – rien de très grave mais elle n'a plus d'alcool et craint que la plaie ne s'infecte. Après quoi elle installe quelques branches et pierres en équilibre précaire qui la réveilleront si quelqu'un s'approche trop près de son campement. Enfin elle s'endort.


Ce ne sont pas ses pièges qui la réveillent quelques heures plus tard mais le hennissement du cheval. Immédiatement elle se remet sur ses pieds et dégaine l'épée qu'elle gardait à ses cotés. Elle ne prend pas la peine de donner un avertissement et charge les voleurs.

Pas la moindre lumière mais leurs ombres filent comme le vent, emportant le cheval durement gagné et toutes les possessions de l'adolescente. Yena attrape ses armes et court à leur poursuite. Non, ils sont trop rapides, la bête doit galoper pour rester à la hauteur, leurs silhouettes sont pourtant humaines mais les voleurs courent plus vite que des fantômes. Puis s'arrêtent. Et rient. Un doux rire de jeune fille moqueuse.

Yena court de toutes ses forces pour ne pas perdre leur trace. Lorsqu'elle est suffisamment près à leur goût, les voleurs se remettent à fuir, toujours aussi rapides. Yena s'arrête. Les voleurs s'arrêtent. Murmurent et rient. « Ils se moquent de moi, pense Yena. Ils me narguent pour que je les poursuive. Mais pourquoi ? S'ils me voulaient du mal, ils n'avaient qu'à m'attaquer quand je dormais... Ils veulent sans doute me faire tomber dans un piège. »

Lentement, les yeux braqués sur ses adversaires, elle avance de deux pas. Les voleurs reculent de trois. Leurs yeux clairs brillent étrangement dans le noir. Le cheval hennit et se débat comme un fou, lui qui avait suivit Yena si docilement après la mort de son maître.

Aucun doute pour la jeune fille : les voleurs ne sont pas des créatures humaines et ils sont venu pour l'attirer vers une mort certaine. Des Engevins peut-être, ou des Farfadets, ou des Enfants-Corbeaux. Autant considérer son cheval comme perdu et abandonner cette course-poursuite trop dangereuse.

A cette pensée la main de la jeune fille se crispe sur son épée et sa colère bouillonne plus fort que jamais. C'est la moitié de l'amende de messire Godoire qui est posée sur les quatre sabots de ce cheval. C'est l'avenir de chevalier de Yena elle-même. Et plus qu'un trésor, c'est son trésor à elle et elle ne laissera personne l'en délester et surtout pas des créatures magiques qui devraient être chassées du Royaume des Sept-Esprit !

La colère, Yena la connaît bien. Elle sait ne pas se laisser aveugler par elle. Elle préfère l'utiliser pour combattre. La colère la rend plus rapide et plus forte, plus courageuse, plus dangereuse. Gare à celui qui la déclenche.

Elle recommence à poursuivre les voleurs mais en prenant cette fois bien soin de courir plus lentement que ses véritables capacités. Les voleurs s'adaptent à son rythme et font des pauses de plus en plus longues pour lui permettre de les rattraper. Pendant ce temps-là Yena observe leur manière d'avancer. Ils suivent une ligne droite vers un territoire que Yena ne connaît pas, des marais qu'on lui a déconseillé d'explorer. Aucun moyen d'utiliser un raccourci pour y arriver avant eux. Mais lorsqu'ils seront passé de l'autre coté de cette butte d'herbe et qu'ils ne pourront pas la voir, ils l'attendront sans doute une fois de plus et elle pourra les rattraper en faisant un détour, si elle court de toutes ses forces.

Dès qu'ils disparaissent à sa vue, elle se plaque au sol et rampe le plus silencieusement possible vers un bouquet d'arbres longeant le talus. Une fois à l'abri derrière les bois – elle ne peut pas prendre le risque de passer dessous, dans le noir elle serait trop bruyante – elle se redresse et court aussi vite qu'elle le peut. Elle n'est jamais venue par ici et ignore si les arbres la protègeront jusqu'à ce qu'elle atteigne les voleurs. Hélas, ce n'est pas le cas. Elle se retrouve trop vite sur la plaine sans le moindre obstacle pour la cacher aux regards.

Alors c'est maintenant ou jamais. Les créatures s'attendent à ce qu'elle arrive de l'autre coté et elle peut compter sur les brillantes parures du cheval pour la guider droit sur eux. Regrettant une fois encore d'avoir laissé son arc sur la bête, elle charge, tenant son épée dans la main droite et son long poignard dans la main gauche, prête à tout. En un clin d'œil elle est si proche d'eux qu'elle peut distinguer l'éclat de leurs dents effilées lorsque leurs bouches s'ouvrent pour pousser un cri.

Mais avant qu'elle ait pu porter le moindre coup elle sent des doigts – écailleux, griffus – caresser son dos. Ils l'attendaient. Au contact empoisonné des créatures Yena perd toutes ses forces et s'écroule dans l'herbe. Elle ne perd aucune de ses sensations et perçoit chaque main écailleuse la portant et la tirant dans l'herbe. Au moins elle ne ressent plus aucune douleur. Les créatures l'emmènent dans les marais.




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