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La Mort et les Chevaliers - partie 4

C'est un chuchotement malfaisant qui me réveille.

Je ne suis pas un lâche, ni un paysan superstitieux, mais j'ai affronté suffisamment de sorciers pour ne pas avoir honte de faire un geste de protection lorsque j'entends ce genre de choses ; mais j'essaye en vain de bouger ma main. Sous le poids de la couverture et du manteau, je peux à peine remuer le bout des doigts. Encore tout empêtré de sommeil, je veux appeler la jeune femme à mon secours. Mon souffle n'est plus qu'un filet d'air sifflant, il ne suffirait même pas à un couinement de souris.

La voix paraît furieuse. Pourvu que je me sois trompé, que je ne sois pas la cible de cette fureur ! J'entends :

« ... et qu'en plus, vous lui laissiez le manteau le plus précieux qui existe sur la terre des Sept-Esprits comme une vulgaire couverture, au milieu de sa vermine ! J'en parlerai au Roi, et je vous prie de croire qu'il saura vous faire passez l'envie de ridiculiser les Parures du Royaume ! De toutes façons il vous renverra dès que vous daignerez vous présenter à son côté ! Ignorer ses ordres pour vivre dans la moisissure d'une hutte digne d'un mendiant, pour un renégat ! Croyez-moi, Cavalière Yena, vous serez dans les contes et les chansons que vous aimez tant, non seulement pour avoir été la première femme Chevalier Blanc, mais aussi pour avoir été le premier Chevalier blanc renvoyé sans avoir effectué même une seule mission ! De quel droit osez-vous seulement appeler ce traître messire ? Ce n'est qu'un arnaqueur !... »

Un bruit retentit alors, le bruit que ferait une gifle rapide, efficace et dénuée d'émotion. Je n'entends plus la voix malfaisante. Tant mieux. Je n'ai rien compris à son envieux charabia, mais je sais bien ce qu'il veut : mon manteau. Et bien il ne l'aura pas.

J'entends qu'on entre dans la maison. Une main aux doigts fins comme ceux d'une femme mais pleine de cals d'épée se pose sur mon front. J'entends la voix de Yena murmurer :

« Ça va, messire ? Cet imbécile ne vous a pas réveillé ? »

Dans le doute, je ne dis rien. Ce qui paraît la satisfaire. Elle repart s'activer dans la maison. Bruyamment. Je somnole quelque instants – ne suis-je pas un vieillard ? – et je ne crois pas m'être rendormi quand j'entends à nouveau la voix haineuse. Cette fois-ci, elle est toute timide et humble. C'est ainsi que j'aime les voix haineuses : matées par le fouet du maître. Le juste n'est jamais haineux.

Je regarde. Un messager – à ses couleurs, il doit être messager du Roi – se tient sur le pas de la porte. Il demande quand tout cela sera fini. Moi aussi, j'aimerais bien le savoir. La femme prend une épée dans son fourreau et, posément, la dégaine devant l'autre, dans un doux chuintement de lame. Et j'entends distinctement le bruit que fait le messager en avalant sa salive.

Elle dit :

« Prie pour que ce soit le plus tard possible. »

Il y a une telle violence dans sa voix... Pas une violence aveugle, une violence maîtrisée, qui n'attend qu'une occasion pour se concentrer un mouvement fulgurant et mortel. J'ai connu quelqu'un ainsi, dans le temps. Quelqu'un qui se servait de sa colère sans jamais se laisser aveugler par elle, comme on monterai un cheval fougueux. Je crois que c'était quelqu'un d'effrayant, mais je n'en ai jamais eu peur... Rah, maudite mémoire !

En tous cas, le messager fuit sans demander son reste. La femme reste seule avec sa colère et son épée. L'épée, elle la rengaine lentement, sans la regarder, avec l'aisance de l'habitude. Puis prend un balai de branchages. A voir de quelle manière elle le manie, je crains qu'elle n'ai pas réussi à rengainer sa colère aussi facilement.

Un nouveau jour se termine, péniblement.


Je mange. Je dors. Je bois. Je dors à nouveau. Une femme est là qui s'occupe de moi. Elle chasse les mauvais esprits. Elle est en colère, mais maintenant je sais que ce n'est pas contre moi. Elle est triste. Elle ne pleure pas, cependant. Je crois que la colère assèche ses larmes avant qu'elles n'atteignent ses yeux.

Une autre femme arrive. Une vieille sorcière. Je me défends, je ne veux pas qu'elle me touche. J'appelle ma mère. Pourquoi n'est-elle pas là ? Je suis tout seul contre ces deux sorcières, la femme qui est triste aide la vieille femme, et elles me regardent de tous les côtés. Vont-elles me guérir ? Je suis très malade, j'ai besoin d'aide ! Je pleure et je gémis, mais ces mégères m'ignorent. Puis elles s'éloignent.

La vieille dit à la jeune que je vais mourir très bientôt et que rien ne peut me soigner. Qu'est-ce qu'elle en sait, cette vieille peau ? Je veux qu'on me sauve, qu'on me ramène au Palais, il y a un médecin qui saura me sauver ! Que quelqu'un vienne à mon secours !

La femme jeune frappe le mur de terre et ça ébranle toute la maison. Je ne sais pas si elle a mal, et je crois que je ne le saurai jamais. Je la connais, je suis certain que je la connais. Je me souviens qu'elle ne montre jamais ni douleur ni faiblesse. Mais comment s'appelle-t-elle ? Comment l'ai-je connue ? Serait-ce une de mes parentes ? Elle n'a pas l'air d'être une servante...


Elle reste longtemps assise par terre, seule. Au-dehors, la nuit tombe peu à peu, sans qu'elle ne fasse mine d'allumer une lampe. Elle chantonne. Sa voix tremble un peu. Pas beaucoup.

J'aime cet air. Je le connais, je crois. Je lui demande de chanter plus fort. Aussitôt elle se lève et se rassoit près de mon lit. Elle chante. Elle a une belle voix. C'est une marche de guerre, qui parle de sang et d'honneur, de mort et de vengeance, tout ça pour l'herbe verte d'une terre de pucelle, à moins que ce ne soit les yeux de la pucelle qui soient verts comme de l'herbe, je ne sais pas, ça va trop vite. Je ne comprends pas qui attaque qui ni pourquoi, mais ces soldats se battent, leurs amis meurent, leurs ennemis aussi, et je sais ce qu'ils ressentent. Mon cœur le sait, si ma pauvre cervelle l'a oublié. A la fin, la femme me pose de nombreuses questions sur ce que ce chant m'évoque, et je ne peux y répondre. Alors elle ne dit plus rien, et en chante un autre. Elle chante vraiment très bien. Cette fois-ci, il est question d'un cheval qui accompagne son maître à la bataille et poursuit le combat, son maître mort sur le dos.

Elle chante longtemps, et je dors un peu de temps en temps, mais j'aime qu'elle me chante ces ballades. Tout mon corps commence à partir, il ne reste plus de moi qu'un esprit, deux yeux qui marchent mal et une oreille qui guette les dernières petites traces de vie autour d'elle...

Je ne sens plus mes bras ni mes jambes. J'entends mon souffle, et je ne sens pas ma poitrine s'élever. Je suis devenu étranger à moi-même. Il ne me reste qu'un morceau de rêve, des chants de batailles, des combats glorieux, des héros et des gentes damoiselles...



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