Il débarrassait la table quand Medhi entra dans la pièce un sourire au coin des lèvres. 

— Quoi ? lâcha d'emblée Onix en déposant l'assiette dans l'évier.

— Je ne pensais pas que vous auriez aussi bien appliqué mes conseils. J'ai adoré la fin du spectacle, c'était à mourir de rire. 

—  Il n'y a que vous qui avait dû rigoler dans ce cas.

Medhi gloussa de plus belle.

— Oui tout à fait. Ah Onix...je vous adore ! lâcha Medhi avant de quitter la pièce. 

Onix finit lui aussi par sourire avant de gagner son bureau. Il se plongea dans le travail quand la porte s'ouvrit. Il releva la tête. Itsangy se trouvait dans l'encadrement de la porte, les yeux braqués sur lui. Elle resta immobile et Onix resta la fixer avant de replonger dans le courrier qu'il était en train de rédiger. Elle entra dans la pièce et claqua la porte avant de tirer une chaise et de s'asseoir en face de lui. 

—  Tu t'es bien amusé avec Jade ? 

Il releva le regard vers elle. 

—  Je ne vois pas en quoi ça te regarde, Itsangy. Je ne veux plus jouer. Je me suis montré compréhensif, attentif, aimable...pour quoi au final ? De la violence et de la désobéissance ? C'est terminé. Tu es ma femme administrativement mais ça s'arrête là. Tu ne me dois rien et je ne te dois rien. Tu peux rester vivre ici avec tes sœurs sans problème, mais attribue toi une autre chambre, tu ne dormiras plus avec moi, Itsangy. Nos petits batifolages n'avaient pas de sens et je n'arrive pas à comprendre ce que tu voulais réellement en m'épousant. C'était quoi ton but? Te servir de ton statut de reine pour aller semer la pagaille dans le royaume ? 

Itsangy tremblait et il sentait sa colère monter en elle. 

—  Tu n'es pas capable de gérer ce royaume ! Je pensais qu'en t'épousant mon clan serait protégé, j'ai eu tort... tu n'es qu'un gamin prétentieux, incapable d'imposer sa loi et ses règles. Ton peuple ne te respecte même pas, et ma famille s'est fait attaquer par des loups garous. Jade et moi sommes maintenant porteuses du gène infâme de ces bâtards et tu voulais que je reste attendre patiemment ici que tu daignes bouger ton cul royal pour trouver les coupables ? Tu es un roi pitoyable Onix. 

Celui-ci se leva, furieux. 

—  Hé bien dégage, la porte t'es grande ouverte, Itsangy. Pars ! Mais sache une chose, le clan que tu as agressé tout à l'heure, n'était pas impliqué dans l'attaque. Il y a un deuxième clan de loup garou avec des croissants de lune sur le poignet.

— Un autre clan ? s'étonna-t-elle en abandonnant toute posture défensive. 

—  Lawsah est venu avec moi à ton repaire. Elle n'a reconnu aucun des loups morts mais à tout de suite remarqué les marques sur leurs poignets. Elle n'était pas non plus au courant de l'existence d'un autre clan de loups. 

Itsangy resta silencieuse. Elle ne comprenait comment c'était possible qu'il y ait un autre clan de loup sur le territoire. Elle baissa les yeux au sol dans l'incompréhension. Onix se rassit, après un moment d'hésitation, Itsangy quitta la pièce. Onix se repassa en boucle les paroles d'Itsangy sur son inaptitude à être roi...il se demandait si elle n'avait pas raison. Comment pouvait-il ignorer qu'un autre clan s'était formé sur son territoire ? Et les nombreuses disparitions des différents peuples de la nuit ? Sans compter à présent le gène de loups chez deux sorcières. Il posa les coudes sur le bureau et pris la tête dans ses mains. Il resta ainsi un long moment, plongé dans ses pensées.  L'après-midi s'écoula rapidement. À la fin de la journée, Onix en avait gros sur le coeur. Il ne dîna pas et gagna sa chambre. Il fila sous la douche et laissa l'eau chaude lui décontracter les muscles. Il alla se coucher et Itsangy avait respecté les paroles d'Onix. Elle ne vint pas se coucher à ses côtés cette nuit-là. Étrangement à son réveil, il espérait secrètement la voir, endormie à côté de lui. Il s'étira bruyamment, se prépara et alla petit déjeuner. La cuisine était vide à l'exception d'une de ses serveuses qui l'accueillit joyeusement. Le château était étrangement silencieux puis il songea à Itsangy. Il s'en voulait de lui avoir dit de partir et voulait s'assurer qu'elle était toujours au château. Il monta les marches menant à l'étage et vérifia les chambres nonchalamment. Il entendit des éclats de rires dans la chambre où logeait Mélissa. Il s'arrêta sans ouvrir la porte et entendit Itsangy qui chatouillait sa sœur. 

—  Gygy arrête, hurlait la petite, prise dans un fou rire incontrôlable. 

Onix resta dans le couloir le sourire aux lèvres. Mélissa était la seule personne avec qui Itsangy était douce. Puis, alors qu'il allait redescendre il entendit Mélissa poser une question à sa sœur : 

— Pourquoi tu as dormis avec moi cette nuit ? Pourquoi pas avec Onix ? 

— Tu es bien trop curieuse, petit chenapan. 

—  Je veux savoir Gygy, pourquoi ? Tu t'es disputé aussi avec lui ? Il est gentil, je l'aime bien moi, Onix.

— J'ai dormis avec toi parce qu'il ne voulait tout simplement pas de moi, Méli. Mais j'ai l'habitude d'être seule, ne t'en fais pas pour moi. 

— Tu es amoureuse ? demanda-t-elle. 

Itsangy lui chuchota la réponse à l'oreille suivi d'un rire de Mélissa mais Onix n'avait pas entendu. Il colla complètement son oreille à la porte quand celle-ci s'ouvrit sur Mélissa. Onix manqua de tomber et tenta de conserver un peu de dignité. Il entraperçue un sourire moqueur sur le visage d'Itsangy avant qu'elle ne reprenne un masque d'indifférence. 

— Tu faisais quoi ? demanda Mélissa en serrant Onix dans ses bras. 

Il rougit.

— Euh, je voulais...voir si vous aviez déjà petit déjeuner, mentit-il sans oser regarder Itsangy en face. 

— On a déjà mangé. Gygy m'a fait des tartines avec du chocolat, c'était trop bon! Mais pourquoi tu ne veux plus de ma sœur ? Elle t'aime bien pourtant. 

Onix échangea un regard avec Itsangy. Elle ne le lâchait pas du regard. 

— C'est beaucoup plus compliqué que ça, Méli. Quand tu seras plus grande tu comprendras ! 

—  Je suis grande ! se défendit-elle sous les gloussement d'Itsangy. 

Onix déposa un baiser sur les cheveux de Mélissa avant de quitter pour de bon la chambre. Il était soulagé de savoir qu'elle n'avait pas quitté le château.