Affrontement
Onix tourna légèrement la tête et aperçut Lilianna en face de la piste de danse et étrangement aucun badaud autour d'elle. Un petit sourire passa sur le visage d'Itsangy l'espace d'une seconde. Elle resserra le poignard dans sa main, le leva devant Onix en inspirant bruyamment et l'abattit d'un coup sec sur son mari qui poussa un cri non pas de douleur car elle ne l'avait pas touchée, mais de peur car elle venait tout simplement de rompre la corde ensorcelée avec une extrême précision. À un centimètre près, c'était l'un de ses doigts qu'elle tranchait. Lovasoa ne comprit pas immédiatement ce qui se passait. La seconde qui suivit une déflagration explosa autour de Lilianna qui venait de frapper le sol avec son poing. Onix détourna le regard et aperçut tout juste Itsangy sauter de l'autre côté du cratère que venait de créer Lilianna. Onix comprit enfin ce qu'Itsangy avait voulu dire et il se releva précipitamment. Tout comme au jeu des éléments, ils s'étaient placés en triangle. Le cratère qu'avait provoqué Lilianna était si profond qu'il ne voyait pas le fond et plusieurs membres du royaume des demi-lunes avaient été entraînés dans la fissure de l'enfer. Medhi s'était transformé en loup et c'était joint à l'agitation à quelques pas d'Onix. Les yeux d'Itsangy avait virés au rouge sang. Elle s'éleva dans les airs et ouvrit la bouche d'où une immense flamme quitta sa bouche pour frapper le clan des demi-lunes. La seconde d'après des cris de douleurs se firent entendre. Simultanément Onix envoya une rafale de vent si puissante que plusieurs d'entre eux eurent le cou rompu. Lilianna avait transformé les bordures en bois d'un geste de la main en milliers de petites aiguilles qu'elle envoya dans le rang des ennemis. Sans même parler le royaume de la nuit s'organisa. La meute de Lawsah livrait toujours bataille, le clan des vampires venait de prendre parti dans la bataille et Loulexya était d'une agilité et d'une rapidité déconcertante. Les sorciers, dont Syléaf avait pris temporairement la tête étaient quant à eux entrain de livrer bataille à l'entrée du château ou une cinquantaine de loup montraient les crocs. Les forces du royaume des demi-lunes s'amenuisaient dangereusement. De nombreux cadavre trônaient au sol dont certains tellement déchiquetés qu'ils ne ressemblaient plus en rien à une forme humaine. Itsangy avait une telle puissance qu'elle arrivait à tuer plusieurs intrus simultanément. Subitement Onix vit du coin de l'œil, le peuple du royaume de la nuit s'écarter comme si la mer s'ouvrait en deux sur...Lisandra.
La reine de la mort qui pourtant n'était pas présente à l'ouverture du bal avança vers le clan des demi-lunes tranquillement. Même Lovasoa recula en la voyant approcher.
— Est itaque dulce mortem, et vocat te enim capiet te, prononça distinctement Lisandra en fixant les personnes dans les yeux. (traduction : Si douce est la mort, elle vous appelle et vous emporte)
Elles s'écroulaient comme des mouches, sans un cri, raide mortes. Onix resta figé, il ne l'avait jamais vu à l'action et c'était un spectacle effrayant. Provoquer la mort semblait ne lui demander aucune énergie, alors qu'Onix, Itsangy, Lilianna et les autres étaient à bout de souffle.
— Mon garçon, je ne vais pas me taper tout le sale boulot ! lâcha Lisandra en fixant Onix.
Il est vrai que pour le coup, il avait arrêté le combat pour regarder faire Lisandra. Trop obnubilé par sa facilité à donner la mort. Onix se reconcentra sur la bataille et moins d'un quart d'heure plus tard il ne restait plus que trois loups et Lovasoa dans le clan des demi-lunes. Lisandra commença son incantation devant Lovasoa mais Itsangy l'arrêta.
— Non, elle est à moi, Lisandra.
Lovasoa ne faisait plus sa fière et son sourire avait disparu face à Itsangy. Les trois loups restant venaient d'être exterminés.
— Épargne-moi Itsangy, et je m'en irai loin d'ici. Je ne t'importunerai pl...
Le poignard avec lequel Lovasoa avait menacé Mélissa se logea en plein dans son cœur. Un seul coup avait suffi à Itsangy pour mettre fin au règne de Lovasoa. Onix parcourut des yeux le carnage sanguinaire. Le danger étant éloigné dorénavant, les différents clans encore en vie regagnèrent leur domicile et Itsangy se dirigea aussitôt vers Syléaf.
— Elle est où ? demanda-t-elle en faisant référence à Mélissa.
— Elle est en sécurité. Je l'ai téléporté au repaire des sorciers avec votre mère.
Itsangy serra Syléaf dans ses bras sous la stupéfaction de celle-ci.
— Merci. Merci pour tout.
En effet, juste avant d'aller rejoindre la piste de danse, lorsqu'elle avait échangé un regard avec Syléaf, elle lui avait transmis un message par la pensée, étant donné que seules les pensées de Syléaf étaient impénétrables à tout le monde :
« Va mettre ma fille en sécurité et préviens Lilianna du trio du jeu des éléments. On doit déstabiliser Lovasoa pour sauver Onix ».
Celle-ci avait donc pu prévenir discrètement l'intéressée et Medhi avant de se téléporter avec Mélissa et Valana.
Onix avait regagné le château et Itsangy fila à sa recherche. Il se trouvait dans sa chambre, Medhi à ses côtés.
— Bien que tu te sois battu à nos côtés, tu n'as plus ta place ici, Itsangy, lâcha Medhi prêt à la faire sortir mais Onix souleva la main pour l'interrompre.
— Laisse-nous seul cinq minutes s'il te plaît, Medhi.
— Mais... maître...
— Medhi !
Celui-ci soupira, quitta la pièce en se postant juste derrière la porte sur ses gardes.
— Onix, je suis désolée que tu aies dû apprendre tout ça comme ça.
— La première fois que tu m'as vu, que tu m'as regardé droit dans les yeux, tu étais prête à me tuer ?
— Je me croyais prête mais je n'ai jamais pu et plus les jours passèrent et plus je m'accrochais à toi.
— Tu as le sang de notre ancien roi sur les mains... qu'est-ce que tu espères à présent ? Parcequ'avec tout ce qui s'est passé ce soir, je ne vois vraiment pas ce que je peux t'offrir de plus. Tu as conspiré contre moi, tu t'es servi de moi, tu m'as mentit... mais ôte moi d'un doute. Tu as dit que tu avais tout fait pour que les votes du peuple aillent en ma faveur, ne me dis pas que tu les as falsifiés.
— Tu serais arrivé deuxième si je n'étais pas intervenue. Le peuple avait choisi en majorité, Lisandra.
Onix soupira, il avait l'impression de perdre toute légitimité à occuper ce poste à présent.
— Tu es un bon roi Onix, n'en doutes pas.
— Explique-moi pour Mélissa, demanda Onix en changeant de sujet.
Elle l'entraîna sur le bord du lit et ils s'assirent.
— J'ai accouché de Mélissa alors que je n'avais que 14 ans. Elle est le fruit de l'inceste de mon père. J'avais fait croire à ma mère que j'étais enceinte d'un sorcier qui était partis. J'étais trop jeune pour m'occuper d'elle, trop atteinte par la perversité de mon géniteur. Durant quasiment 6 mois, je n'ai plus quitté l'appartement de mes parents. Ma mère ne voulait pas que le clan l'apprenne et voilà comment elle est devenue la mère « adoptive » de Mélissa.
Onix était choqué et à la fois blessé qu'elle ne lui en ai jamais parlé. Il n'ouvrit plus la bouche, toutes les révélations de la soirée se bousculant dans sa tête.
— Tu m'avais promis, que peu importe les secrets que je cachais, tu continuerai à m'aimer, Onix.
Celui-ci leva les yeux au ciel.
— Je n'ai pas cessé de t'aimer Itsangy, mais en revanche j'ai cessé de croire en notre avenir. Comment veux-tu qu'on poursuivre notre relation, alors que je sais que tu voulais me tuer et que tu as tué l'ancien roi ?
— J'ai acquis ma notoriété sur mes pouvoirs et mon manque de compassion. J'ai tué bon nombre de gens quand j'étais à la tête du royaume des demi-lunes. Enfin, que des barbares, je n'ai jamais tué d'innocents à l'exception de l'ancien roi. Je n'ai eu aucun scrupule, ni aucune faiblesse pour le tuer, donc si j'avais voulu te tuer tu serai déjà mort. Je t'aime Onix.
— Me voilà rassuré ! Récupère tes affaires et retourne auprès de ton clan. Nous deux ça ne peut pas continuer.
— Onix...
— S'il te plaît Itsangy, ne rends pas les choses plus difficile.
Itsangy soupira, se leva et s'apprêta à quitter la pièce.
— Attends, lâcha Onix en la rattrapant à la porte.
Celle-ci se retourna vers lui de l'espoir dans les yeux.
— Enlève-moi ta marque d'appartenance, demanda Onix.
Itsangy déglutit. Elle comprenait que c'était bel et bien terminé pour eux deux. Elle murmura le contre sort et Onix sentit une vive douleur lui brûler l'aine, mais il ne hurla pas cette fois-ci. Elle le fixait droit dans les yeux, une lueur de tristesse sur le visage. Elle passa ses bras autour de son cou et l'embrassa délicatement avec une douceur à couper le souffle. Instinctivement leur corps se cherchait et il la plaqua contre lui fermement pour approfondir ce baiser. Ils s'aimaient s'était une évidence. Elle lui agrippa les cheveux en fermant les yeux et se recula mettant fin à ses adieux. C'est le regard toujours connecté à Onix qu'elle se volatilisa dans un nuage de fumée noirâtre. Onix soupira, il était pris en plein paradoxe. D'un côté il ne se voyait pas continuer avec elle alors qu'elle avait tenté de le tuer et d'un autre côté il ne pouvait pas envisager sa vie sans elle.
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