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Chapitre 6


Les odeurs entêtantes avaient succédé aux notes de musique hasardeuses dont Erik avait essayé d'user afin de bonifier l'atmosphère plaisante qui régnait au sein de cette auberge, pour l'heure privatisée. Lily et Sphinx avaient répandu sur les tables quelques mets ordinaires, qui avaient aux yeux des membres de la Huitième Brigade des allures de festins après les semaines qu'ils venaient de passer sur les routes du Royaume de Balhaan. Des bols de potage à la citrouille et aux poireaux côtoyaient donc les tourtes aux poulets et aux champignons. Quelques cailles rôties avaient également été servies, bien qu'en nombre plus réduit, et on avait tenu à agrémenter ces différents plats d'une bière amère, laquelle n'avait pas manqué de faire grimacer Jade et Sora. Le cuisinier s'était ensuite révélé, s'extirpant de son domaine pour saluer sa clientèle particulièrement prestigieuse ; il avait récolté une volée de remerciements sincères et chaleureux, puis la Huitième Brigade s'était séparée afin de sommeiller chez qui daignait les accueillir.

Toutes et tous avaient ainsi pu profiter d'un sommeil revigorant ; et le soleil s'élevait tout juste à l'horizon qu'ils entreprenaient de se rassembler, toujours à la taverne, où le cuisinier s'affairait à leur apporter thés et confitures.

— Messieurs dames, fit Rolan en enjambant le palier de la porte en dernier, j'ai dormi comme un loir.

— Et tu as ronflé comme un ours, rétorqua Malir malicieusement.

— Souviens-toi que je peux lire dans ton esprit avant de me provoquer, le corrigea le quadragénaire sans se départir de sa bonne humeur pour autant.

Malir était le petit comique de la bande. Il dansait toujours allègrement sur la ligne fine qui séparait humour et injures ; il se fichait pas mal des conventions, prenait tout à la légère et n'accordait que bien peu d'importance à l'image qu'il renvoyait de lui-même. Cela ne l'empêchait pas d'être amical : il était simplement farceur. Le meilleur moyen de le remettre à sa place était donc de faire montre d'une certaine fermeté, tout en l'enrobant dans une bienveillance manifeste... Le corriger trop vertement, c'était prendre le risque de le frustrer. Et comme il avait la rancune tenace, ce n'était pas un calcul judicieux... a fortiori quand sa faculté à devenir invisible à volonté était prise en compte.

Et Rolan était passé maître dans l'art de converser avec autrui. Il s'adaptait à ses interlocuteurs avec un doigté spectaculaire. Même pour Erik, qui le côtoyait depuis plus de vingt ans, il était souvent désarçonnant de le voir passer d'un vis-à-vis à l'autre : il en était souvent rendu méconnaissable. C'était pour cette qualité oratoire certaine que Lida avait pris sa décision, peu de temps avant l'entrée de son second dans la taverne : elle le salua donc d'un signe de la tête rigide, comme elle savait si bien le faire, avant de lui donner sa prochaine mission.

— Tu te chargeras de convaincre Akis de faire route avec nous, Rolan. Ses parents et lui doivent nous rencontrer d'ici quelques minutes.

— La belle affaire, fit-il en réponse et en s'emparant habilement d'un pot de confiture de pommes.

On allait sans doute leur donner tout un tas de vivres leur permettant de réaliser le trajet jusqu'au Pic Zygos sans avoir à marquer de halte supplémentaire, mais il valait mieux partir le ventre plein malgré tout. En outre, ils ne savaient pas encore dans quel état ils retrouveraient les réserves de la forteresse... Certes, deux apprentis y étaient restés pour continuer à entretenir l'édifice et pour s'occuper des bêtes qui y paissaient paisiblement, mais leur garde-manger était surtout approvisionné par le Bourgmestre de Lupinova, bourgade vingt fois plus imposante qu'Aville située à quelques lieues du Pic Zygos. Et comme les livraisons n'avaient lieu que deux fois l'an, les périodes d'abondance et de disette s'alternaient régulièrement, au bon vouloir des saisons et du climat rigoureux qui régnait en maître à de si hautes altitudes...

Erik, sceptique, se gratta le menton avant de soumettre une petite question à son vieux compère ; les autres les écoutèrent échanger silencieusement, encore quelque peu assoupis pour la plupart d'entre eux.

— La dernière fois, on n'était pas rentrés en ligne droite, je crois... Mais tu te souviens combien de temps ça nous avait pris pour retourner à la forteresse ?

— D'Aville, en passant par la grand-route d'Ulbariatu, un peu moins de deux semaines. Mais on avait progressé doucement... En l'occurrence, on devrait pouvoir s'en sortir en moins d'une semaine.

Tous opinèrent du chef avec plus ou moins de conviction. Ils avaient décidé depuis quelques jours qu'ils ne retourneraient pas sur la grand-route : certes, il était beaucoup plus confortable de progresser sur les pavés bien ordonnés que les Bourgmestres veillaient à entretenir entre les principales bourgades du Royaume, mais la route les contraignait nécessairement à réaliser un certain nombre de détours qui ne leur convenaient guère. Par ailleurs, ils attiraient évidemment l'attention des badauds partout où ils s'aventuraient : longer la grand-route, c'était prendre le risque de se faire alpaguer par tous les promeneurs débonnaires qui étaient susceptibles de croiser leur chemin...

En somme, ils auraient à s'acclimater à la quiétude des forêts de l'est du pays pendant encore quelques temps...

Et ils auraient peut-être un nouveau compagnon pour apprécier les chants des merles. Il ne fallut qu'une demi-heure supplémentaire pour qu'Akis passe le pas de la porte à son tour, accompagné d'un homme un peu plus grand que lui, et d'une femme aux cheveux de la même teinte éclatante. Rolan et Lida se levèrent afin d'aller à leur rencontre, et essuyèrent évidemment la myriade de politesses à laquelle les deux géniteurs du cancre semblaient avoir mûrement réfléchi en amont.

— Nous sommes heureux de faire votre rencontre. Nous ne pensions pas avoir un jour l'opportunité d'échanger avec des héros tels que vous... C'est une fierté pour notre village que de vous accueillir...

Malgré cette pléthore de compliments, Rolan devina dans leur regard brillant qu'ils redoutaient, au fond d'eux-mêmes, qu'Akis ait commis un impair pendant qu'il les escortait jusqu'à Aville. Le Bourgmestre ne leur avait probablement pas encore annoncé que leur fils était pressenti pour rejoindre la Huitième Brigade, ce qui n'arrangeait pas les affaires du chevalier aguerri : celui-ci avait régulièrement eu à négocier avec des familles qui ne s'imaginaient pas quitter leur progéniture du jour au lendemain, avec l'éloignement que cette nouvelle condition exigeait. Bon nombre des membres des Brigades ne revoyaient jamais leurs familles... Aussi se chargea-t-il, après quelques sommaires présentations, de remettre le clocher au milieu du village. Leur départ était imminent : mieux valait prendre les devants pour s'éviter des tergiversations absolument superflues.

— Nous voulions, avant toute autre chose, prendre le temps de remercier votre fils, Akis. Il a été... très... serviable, disons, en nous indiquant le chemin du village.

— Oh, c'est... c'est formidable... C'est lui qui devrait vous remercier, messire, intervint son paternel.

S'il savait que rien de tout cela n'était très éthique, Rolan ne put s'empêcher d'utiliser son don extralucide pour plonger dans la conscience du père d'Akis, afin de capter au vol ses pensées les plus inavouées et cerner ce qui motivait ses songes, à cet instant précis. Il comprit immédiatement que les opportunités d'entendre des compliments à propos de son fils manquaient cruellement, et que ces dits compliments étaient d'autant plus inespérés qu'ils provenaient d'une figure d'autorité qu'il respectait de toute son âme. Les deux géniteurs d'Akis semblaient effectivement considérer les Brigades Royales comme une institution noble et glorieuse. Voilà qui allait faciliter les tractations...

Le jeune rouquin, quant à lui, ne semblait pas trop comprendre l'objet de sa présence. Placé légèrement en retrait derrière ses deux parents, il baladait son regard candide sur les visages qui peuplaient la taverne, sans être animé d'une quelconque pensée. Sans doute attendait-il simplement qu'on daigne lui rendre sa liberté... Si tel était le cas, il risquait de ne pas être déçu du voyage.

— Le fait est... que nous ne sommes pas venus à Aville tout-à-fait par hasard. L'Oracle nous a demandés de venir y chercher un apprenti. Comme à chaque fois, il n'a pu nous fournir que des indications très floues ; l'âge, le genre, et la couleur de cheveux. Nous avons discuté avec le Bourgmestre, qui a été relativement catégorique quant à l'individu répondant à ces critères...

— Dites nous, messire, fit la mère d'Akis, étonnamment curieuse. Nous connaissons presque tout le monde, par ici : nous vous mènerons facilement au principal intéressé !

— Eh bien... il est derrière vous, admit Rolan à demi-mot.

L'un et l'autre des géniteurs d'Akis demeurèrent dans un premier temps interdits : ils lorgnèrent du côté de Rolan les yeux ronds, abasourdis, les bras ballants. Puis ils pivotèrent mécaniquement, avec une lenteur excessive, jusqu'à faire face à leur progéniture simplette : celle-ci balada le regard de sa mère à son père avant de faire volte-face à son tour, promenant ses yeux sur les contours de la porte fermée de la taverne.

— Une porte, articula-t-il en murmurant. Vous avez besoin d'une porte ? Y en a pas dans votre forteresse ?

Désabusés, hébétés, la plupart des membres de la Brigade capitulèrent ou se frappèrent le front avec consternation. Rolan lui-même sentit ses lèvres s'étirer nerveusement, bien malgré lui ; puis le père d'Akis se rapprocha de lui d'un pas feutré, de manière à pouvoir lui chuchoter quelques mots sans que personne d'autre ne l'entende.

— Akis ? Vous vous trompez, pas vrai ?

— N... non... C'est bien Akis que nous sommes venus recruter...

Le silence reprit ses droits, plus implacable que jamais, tandis que la silhouette du père se détachait de celle du chevalier. A nouveau, toutes les attentions et tous les regards se portèrent sur Akis, qui venait tout juste d'achever son examen minutieux de la porte de la taverne, comme s'il essayait d'y dénicher une anomalie justifiant l'étrange décision de la Huitième Brigade. A ce moment-là, il comprit enfin que c'était lui qui focalisait la pleine et entière attention de la quinzaine de personnes qui se trouvaient dans l'auberge ; puis, blême et le souffle court, il leva son index jusque devant son visage, demandant muettement si c'était bien de lui dont il était question.

Rolan opina du chef avec lenteur, sans en dire davantage. 

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